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Le Catalogue des actes de Philippe-Auguste, publié en 1856 par M. Delisle 1, est, par sa nature même, du nombre de ces œuvres qu'il est impossible de conduire du premier coup à leur complet développement, et qu'on risquerait fort de garder bien longtemps en portefeuilles, si l'on voulait arriver à réunir tous les monuments que nous a légués le passé. On connaît l'apologue de « la bavarde, condamnée à lancer d'une tour élevée à travers la campagne aux caprices de l'atmosphère, ludibria ventis, un sac de plumes qui va roulant dans l'air au gré de la tourmente et s'éparpille à l'infini; les frêles blancheurs s'en vont aux quatre coins de l'horizon, s'accrochent aux frondaisons des arbres, se cachent dans l'herbe dense, s'infiltrent dans la forêt des moissons touffues, ou viennent se poser, timide esquif, sur l'eau qui les emporte lentement. Alors, l'œuvre de dispersion consommée, il s'agit de TOUT réunir la pauvrette en recueille bien quelques-unes, que le hasard a laissées près d'elle, mais combien lui échappent, malgré tous ses efforts, malgré ses courses laborieuses, malgré ses recherches incessantes, qui ne peuvent arriver à remplir le sac, véritable tonneau des Danaïdes. >>

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1. Catalogue des actes de Philippe-Auguste, avec une introduction sur les sources, les caractères et l'importance historique de ces documents, par LÉOPOLD DELISLE. Paris, 1856, in-8° de cxxvin 654 pages.

C'est un peu la situation, experto crede, de l'érudit qui s'attelle à la tâche de dresser un catalogue d'actes : si, de nos jours, on ne peut arriver à reconstituer, dans son intégralité originale et réelle, la collection des billets, des lettres, qu'un grand homme, écrivain ou politique, artiste ou philanthrope, a lancés au monde dans la plénitude de son activité, on peut juger si la difficulté s'amoindrit quand il s'agit de réunir de vieilles épaves des anciens âges, mortes comme eux, et quand, au lieu de rayonner d'une personnalité, si considérable qu'elle soit, la correspondance émane de cet ensemble de forces qui constitue le gouvernement d'un État1. Les portefeuilles se gonflent lentement, les notes s'accumulent et, à mesure qu'on avance, le but semble reculer devant le marcheur, qui voit son œuvre dans un état de perpétuel devenir, suivant le terme de la philosophie hégelienne.

De même que les plumes, aussi légères et plus fragiles peut-être qu'elles, les paperasses documentaires ont été dispersées aux quatre coins des archives et des bibliothèques, ensevelies dans des collections particulières ou enfouies dans des dépôts parfois peu accessibles ou imparfaitement classés; il y en reste toujours quelques-unes, sur les feuillets d'une collection où rien ne permettait de soupçonner leur existence, ou dans les flancs mystérieux d'une liasse inexactement décrite 2. Aussi, quelle que soit la patience sagace et l'érudition minutieuse apportées à l'œuvre de reconstitution, la tâche n'est jamais complètement achevée : toujours, en dehors des masses réunies, il reste des réfractaires, insignifiants ou considérables, nombreux ou rares, importants ou minuscules. Pour Philippe-Auguste, la récolte a été très abondante, et le catalogue de l'éminent administrateur de

1. Il est inutile de rappeler les lacunes de la Correspondance de Napoléon Io, et des Lettres missives de Henri IV publiées dans la collection des documents inédits.

2. C'est le cas pour le document que je publie la liasse qui le renferme porte à l'inventaire, comme dates extrémes, 1284-1495.

la Bibliothèque nationale doit être considéré comme un modèle du genre, d'autant plus accompli qu'il fut rédigé à une époque où les inventaires d'archives et les catalogues de bibliothèques n'avaient pas encore pris le développement qu'ils ont depuis reçu; mais il reste encore des glanures c'est ainsi que M. Molinier aîné a publié, en 1876, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, quatre actes inédits de ce roi 2; j'ai la bonne fortune de pouvoir apporter également ma modeste contribution, en publiant un document qui avait sa place marquée dans le catalogue où il eût occupé le no 743.

C'est une confirmation par le roi de France d'une convention intervenue entre Eudes III, duc de Bourgogne, et l'abbé de Saint-Martin d'Autun, concernant Anzy-le-Duc (décembre 1202). Sans étudier le document au point de vue de l'histoire locale, ce qui revient de droit à l'éditeur du Cartulaire de Saint-Martin, je me suis borné à reproduire scrupuleusement le texte de l'acte d'après la copie assez défectueuse du vidimus de 1468 qui existe aux archives départementales de Saône-et-Loire, dans le fonds du prieuré d'Anzy-le-Duc. Il m'a semblé d'autant plus utile de le publier qu'il n'est signalé ni dans l'Histoire de Saint-Martin publiée en 1849 par M. Bulliot3, ni dans les pages consacrées, par M. Cucherat, à l'histoire du prieuré d'Anzy.

1. T. XXXVII, pp. 381-386.

2. Si j'ai bonne mémoire, il en existe également dans l'Historia monasterii Sancti Augustini Cantuariensis (de Cantorbéry), publiée dans la collection anglaise des Rerum Britannicarum medii ævi scriptores, autrement dite du Maître des rôles. Je ne puis d'ailleurs contrôler à Mâcon ce souvenir.

3. Essai historique sur l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, par J.-Gabriel BULLIOT. Autun, 1849, 2 vol. in-8°, dont 1 de « chartes et pièces justificatives ».

4. Le B. Hugues de Poitiers, le Prieuré, l'Église et les Peintures murales d'Anzyle-Duc, par l'abbé F. CUCHERAT, aumônier de l'hospice de Paray-le-Monial. Mâcon, 1862, in-8°, pp. 73 et suiv. Ce travail avait été annoncé dans la Notice historique sur l'abbaye de Saint-Rigaud, adressée à l'Académie de Mâcon en novembre 1851, et publiée par cette compagnie dans le t. II de ses Annales (1853). Cf. p. 36, note 1: Notice inédite sur le prieuré et l'église d'Anzy-le-Duc.

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CHARTE DE PHILIPPE - AUGUSTE

POUR L'ABBAYE DE SAINT-MARTIN D'AUTUN

CONCERNANT LE PRIEURÉ D'ANZY-LE-DUC.

Paris, décembre 1202.

Philipus, Dei gracia Francorum rex, dilecto consenguineo et fideli suo Od.', duci Bourgondie, salutem et dilectionem. Noveritis quod nos bene volumus et concedimus ut vos teneatis id quod abbas 2 Eduensis vobis dedit in villa de Anziaco 3, sicut carta vestra testatur, quam idem abbas inde habet, tali modo quod extra manum vestram non possitis ponere, neque dare, neque vendere. Actum Parisius, anno Domini millesimo ducentesimo secundo, mense decembris. 4

Copie collationnée du temps, sur papier, d'un vidimus du 1er juillet 1468. — Archives départementales de Saône-et-Loire, fonds du prieuré d'Anzy-le-Duc, H. 213, n° 1.

Philippe, par la grâce de Dieu roy de France, à mon cher et féal cousin Odon, duc de Bourgogne, salut et dilection. Vous sçaurés que nous voulons bien et que nous vous accordons de retenir ce que l'abbé d'Autun vous a donné dans le bourg d'Anzy, comme le témoigne votre écrit que led. abbé a devers luy, de telle sorte que vous ne puissiés mettre hors de vos mains, ny donner, ny vendre. Fait à Paris, l'an mil deux cent deux, au mois de décembre.

Traduction moderne informe du vidimus du 1er juillet 1468. départementales, même fonds, H. 213, no 3.

Archives

1. Il s'agit d'Eudes III qui, d'après M. Bulliot (t. I, p. 220), fut, à côté d'« Isa

» belle, épouse du vierg Raynald », le principal bienfaiteur de l'abbaye ».

2. L'abbé, en 1202, était Hugues III.

3. Anzy-le-Duc, prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Martin.

4. Philippe-Auguste était bien alors à Paris. Cf. l'itinéraire donné par M. Delisle dans l'Introduction, p. cvi.

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1881.

PRÉSIDENCE DE M. BULLIOT.

La Société Éduenne s'est réunie le jeudi 17 février 1881, à une heure, sous la présidence de M. Bulliot.

Étaient présents à la séance :

MM. Hippolyte Abord; baron d'Anglejan; Eugène Baron; Prosper Baron; Belloeuf; Joseph de Champeaux; George de Champeaux; Changarnier; de Charmasse; Th. Charvot; Félix Charvot; Alfred de Comeau; F. Delagrange; Gabriel Delagrange; F. Dejussieu; l'abbé Doret; Dumay; de Ferry; Eugène de Fontenay; Harold de Fontenay; l'abbé Garnier; docteur Gillot; Gauthey; Laguille; André Léger; l'abbé Legros; l'abbé Martin; l'abbé Mathieu; Alphonse de Monard; Nichault; Paris; Léon Perrin: l'abbé Planus; l'abbé Pequegnot; Perrouin; de Ribains; Marc Royer; l'abbé Sebille; l'abbé Simon; l'abbé Truchot; Verger; l'abbé Violot; Anatole de Charmasse, secrétaire.

M. le président a communiqué les lettres par lesquelles MM. Jules Regnier et l'abbé Lereuil s'excusent de ne pouvoir assister à la séance, et celles de MM. Paul de Champeaux, Marc Royer, Philippe Virey, Jeannez, Paul Gauthey, l'abbé de Musy et Paul Gillot, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres.

Il est ensuite procédé à l'admission en qualité de membres titulaires, de MM. Antoine Prénat, à Volognat, par Nantua (Ain), présenté par MM. Alexis Rérolle et Bulliot; l'abbé Mazoyer, chanoine à Autun, présenté par MM. l'abbé S. Truchot et Anatole de Charmasse; le comte Adhémard d'Antioche, 28 rue Saint-Guillaume, à Paris, présenté par MM. Changarnier et Harold de Fontenay; Gabriel Lhomme

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