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Pour compléter ces notices, il faut rappeler ici quelques indications que fournit l'utile ouvrage M. Hænel1. La bibliothèque d'Arras possède un manuscrit latin de la Politique : il est du xv° siècle. Celle d'Abbeville en a également un; celle de Laon, deux; celle de Rhodez, un; celle de Rouen a la traduction d'Oresme. Enfin la bibliothèque de Saint-Omer a deux traductions latines sous les nos 594 et 598. Mais le catalogue que M. Hænel a copié renferme une erreur : le n° 623 ne contient pas, comme il l'indique, une traduction de la Politique; il contient un commentaire sur la Morale, traduit de l'arabe. Je dois ces dernières indications au savant M. Piers, conservateur de la bibliothèque de Saint-Omer.

Parmi les bibliothèques d'Europe que M. Hænel a visitées, celles de Bâle, de Bruges, de Glascow, de l'Escurial, de Tolède, ont des traductions manuscrites de la Politique. Je citerai enfin la fameuse bibliothèque de sir Philipps, baronnet, à Middlehill: elle possède deux manuscrits de la Politique.

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1 Catalogi librorum manuscriptorum qui in bibliothecis Galliæ, Belgii, Britanniæ, Hispaniæ, Lusitaniæ asservantur, a Gust. Hænel, Lipsiæ, 1830, in-4°. M. Hænel nous a rendu l'immense service de nous révéler le premier les richesses de nos bibliothèques départementales. Il est triste que ce soit à un étranger que nous devions avoir cette obligation.

Voici les principes qui m'ont guidé dans mon travail. Le premier de tous, c'est un respect absolu pour les textes. J'ai été assez heureux pour trouver dans les manuscrits toutes les ressources dont je pouvais avoir besoin. Je n'ai pas admis un seul des changements hasardeux faits ou proposés par Schneider et Coraï, et qu'un examen plus attentif leur aurait peut-être épargnés. Ma plus grande hardiesse a été de considérer comme manuscrit, et par conséquent comme autorité irrécusable, la vieille traduction de Guillaume; et je crois qu'ici j'étais parfaitement dans mon droit, car cette traduction est exactement calquée sur le grec, et le mot y répond toujours au mot. C'était du reste un exemple que me donnaient tous mes prédécesseurs. Pour choisir entre des variantes souvent assez nom

breuses, je n'ai jamais consulté que les exigences de la logique. Avec ce fil, il n'est point à craindre de se tromper, quand il s'agit de comprendre Aristote. C'est ce qui fait que j'ai quelquefois préféré la leçon donnée par un manuscrit unique, mais qui me semblait la seule conséquente, à la leçon appuyée sur quatre ou cinq autorités. Dans ces cas cependant, j'ai redoublé d'attention et n'ai pris parti qu'après une longue étude du contexte.

Quant aux principes de traduction, je pense avec le savant M. Letronne, que « le dernier effort

« d'un traducteur est de rendre les idées de son auteur avec exactitude, de conserver avec soin « l'énergie de son expression et la tournure particu«lière qu'il donne à sa pensée1. » Je crois que l'un des reproches les plus graves qu'on puisse adresser aux traducteurs de la Politique, c'est de n'avoir point respecté cette déduction logique d'Aristote, si spéciale à son génie, si remarquable, et qui mérite si bien d'être conservée. Champagne et M. Millon, qui refont non-seulement le style mais la pensée même de leur auteur, ont complétement bouleversé sa physionomie, changé son allure, rompu ses raisonnements. Thurot s'est tenu beaucoup plus près du texte, mais il ne s'est point mis à la distance nécessaire pour en suivre et en montrer nettement tous les développements logiques. Les objets cessent d'être visibles quand on les regarde de trop près. J'ai cherché, avant d'étudier chacun des mots à part, à comprendre le raisonnement d'Aristote; et une fois que je l'ai eu saisi dans son ensemble, il m'a toujours été facile de le suivre dans ses détails. Si j'ai manqué quelquefois le but, ce ne sera certainement point par défaut de recherches et d'études de tout genre, dans le champ de la logique et dans celui de la grammaire.

Notice sur le prospectus d'une traduction d'Hérodote par Paul-Louis Courrier. (Journal des Savants, 1823.)

Après avoir suivi à travers les siècles la pensée d'Aristote, dans les citations, dans les éditions et les traductions dont elle a été l'objet, depuis le Ive siècle avant J. C, jusqu'à nos jours, en un mot, dans sa transmission matérielle, il me resterait à la montrer encore dans sa transmission intellectuelle, c'est-à-dire, dans les ouvrages politiques qu'elle a inspirés. Je tâcherai de traiter ceci fort brièvement, de peur d'allonger cette préface déjà si longue; le sujet d'ailleurs bien que de grande importance, semble appartenir à un autre ouvrage que celui-ci.

J'ai déjà dit quel mouvement d'études politiques Aristote avait excité parmi ses contemporains et ses successeurs. L'école péripatéticienne, de Théophraste à Conring, est presque la seule qui se soit occupée formellement de politique ; et cela se conçoit sans peine, si l'on songe au caractère général de cette science et à celui du chef de cette école. Brucker a hautement reconnu les éminents services qu'elle avait ici rendus (Hist. crit. phil., tome V, page 777), et en cela du moins il a su être juste envers elle. J'ai déjà dit aussi que l'influence du philosophe grec n'avait pas été stérile, même au moyen âge, et j'ai cité les deux derniers livres du traité de Regimine principum, et les Questions de Buridan. La traduction française d'Oresme, faite en 1370 par les ordres de Charles V, révèle

que, dès cette époque, les esprits commençaient à se diriger vers l'étude de la politique. Ce n'était point cependant la France, c'était l'Italie, qui devait voir naître le premier monument politique des temps modernes. Il est évident l'idée générale que du Prince de Machiavel est empruntée au Ve livre de la Politique. Souvent même, l'illustre Florentin se rencontre jusque dans les détails avec le philosophe grec, dont il estimait très-haut le génie, et qu'il cite plusieurs fois. Dans les Discours sur les Décades, la trace d'Aristote se retrouve encore ; et certes, ce que je dis ici n'a point pour but de diminuer en rien le mérite de Machiavel. En présence de faits à peu près pareils à ceux qu'Aristote avait sous les yeux, occupé du même sujet que lui, il en tira les mêmes pensées, les mêmes observations; et des réminiscences de lecture donnèrent à son expression une identité, qui, du reste, était dans le fonds bien plutôt que dans la forme. A mon avis, c'est une sorte de garantie pour la certitude de la science politique que cette imitation. Machiavel a été d'ailleurs calomnié par la haine de l'église romaine; et les travaux d'une vie telle que la sienne, consacrée tout entière au service d'une république, n'ont pu le défendre de l'odieuse imputation de fauteur et de conseiller de la tyrannie.

Dans Bodin, adversaire de Machiavel qui, selon

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