sept ans après Manuce, la seconde édition complète d'Aristote. (Basilea, ap. Jo. Rehelium, 2 vol. in-fol.) Celle-ci est encore toute grecque, sans traduction, sans notes, et plus incorrecte que la première. Érasme cependant affirme avoir eu d'excellents manuscrits; mais il ne paraît pas qu'il ait su en faire un bon usage. Cette édition fut réimprimée sept ans plus tard par Bébel et Isingrinius à Bâle, avec les corrections de Simon Grynée, le premier éditeur de l'Almageste de Ptolémée. Grynée était partisan des idées de la réforme et ami de Luther et de Mélanchthon. Cette édition fut encore reproduite par les mêmes imprimeurs en 1550, en trois vol. in-fol. comme la précédente. On y trouve des notes de plusieurs savants du temps, entre autres, Vettorio et Conrad Gessner. C'est là que le texte entier d'Aristote fut pour la première fois divisé en chapitres, innovation dont les manuscrits grecs n'offraient pas de traces, mais que présentaient pour la Politique tous les manuscrits latins et la traduction d'Oresme. Cette édition est du reste entièrement grecque comme les précédentes1. L'année suivante, 1551-52, les héritiers d'Alde Manuce donnèrent en 6 vol. in 8°, une édition con 1 La division par chapitres pour la Politique date de la première édition spéciale de 1540. (Voir plus loin, page cj.) nue sous le nom d'Aldina minor. La révision du texte en fut confiée à J. B. Camosio, l'un des plus savants hellénistes de son temps et que Pie IV appela plus tard à Rome pour traduire les pères de l'Église. On employa pour cette édition de nouveaux manuscrits mais ils étaient peu corrects sans doute et de peu d'importance, puisque ce second texte des Aldes ne fait guère que reproduire toutes les fautes du premier, comme on le peut voir par les variantes que j'ai données. De 1584 à 1587, Sylburg, le collaborateur de notre Henri Étienne dans son Thesaurus, l'un des philologues les plus distingués du XVIe siècle, et qui, parti des rangs les plus obscurs de la société, ne devait guère qu'à lui seul ses lumières et son instruction, Sylburg donna en trois années une édition complète d'Aristote, qui passait pour la plus correcte avant celle de l'Académie de Berlin. Elle ne présente pas de traduction; mais les notes qui l'accompagnent sont pleines d'érudition et surtout de bon sens, caractère distinctif du génie de Sylburg. Destinée aux étudiants, elle parut successivement par cahiers détachés in-4°, qui forment onze vol., le plus souvent réunis en cinq. Elle fut publiée à Francfort, chez les successeurs de Wéchel, dont Sylburg était le prote, comme il fut celui de Commelin à Heidelberg. Son édition est un des plus beaux monuments de la philologie. Il n'eut au reste en aide que les travaux de ses prédécesseurs : sans manuscrits, il sut faire mieux qu'ils n'avaient fait, par la sagacité et la rare justesse de son esprit. J'ai souvent cité cette excellente édition dans les variantes. Trois ans après Sylburg, Casaubon, de Genève, qui professa la langue grecque à Paris où il fut aussi le bibliothécaire d'Henri IV, publia la première édition grecque et latine des œuvres complètes. (Lugd. apud Lemarium, 2 vol. in-fol., 1590.) Il y réunit pour les divers traités les traductions les plus estimées; et celle de la Politique est de Denis Lambin. Casaubon eut aussi le soin d'y rassembler les fragments épars jusque-là, et entre autres ceux des Constitutions. Il avait quelques vieux manuscrits qui lui offrirent d'assez bonnes leçons : et il fit de lui-même des corrections judicieuses. Cette édition fut plusieurs fois réimprimée moins à cause de son mérite que pour les traductions dont elle était accompagnée. A Genève, 1596, deux vol. in-fol., 1597 deux vol. in-8°; à Lyon, 1597, deux vol. in-fol. ; à Genève, 1605, deux vol. in-fol., chez Pierre de la Rovière : ibid., 1606, 7, 8, deux vol. in-8°, chez Jac. Pascius; enfin à Genève, 1646, deux vol. in-fol. En 1619 fut publiée à Paris et avec les caractères de l'Imprimerie royale, l'édition de Duval, médecin et professeur de philosophie grecque à l'académie. Elle est en deux vol. in-fol. et d'une fort belle impression. Duval n'a point eu de secours nouveaux pour le texte : il indique quelques rares variantes à la marge. La Politique y est traduite par Lambin. L'éditeur a eu soin de donner une analyse complète de la doctrine aristotélique. Cette édition dédiée à Louis XIII, fut réimprimée trois fois : en 1629, deux vol. in-fol. : puis en 1639 par les soins de G. Morel, directeur de l'Imprimerie royale, quatre vol., in-fol., et enfin, en 1654, quatre vol. in-fol. Dans ces deux dernières, on trouve des tables et des notes que ne présentent pas les autres. Plus d'un siècle s'écoula avant que la philologie entreprit une nouvelle édition complète. Enfin, en 1791, J. G. Buhle, professeur de philosophie à Gættingue et à Moscou et mort il y a quinze ans, tenta de donner une édition d'Aristote qui fût à la hauteur des connaissances modernes et de la philologie allemande de cette époque. Son plan était fort vaste, et il essaya, essaya, chose que nul éditeur n'avait tenté avant lui, de refaire la traduction de toutes pièces; mais, sans doute par le malheur des temps, Buhle ne put mener ses travaux plus loin que le cinquième volume, c'est à dire, au quart à peu près de sa tâche. Ces cinq volumes in-8° parurent à Deux-Ponts, et sous les auspices de la Société pour laquelle Buhle travailla de 1791 à 1800. Dans le premier, il a donné la biographie d'Aristote, une notice des manuscrits existants, une analyse de tous les travaux relatifs au fondateur de l'école péripatéticienne, et les Catégories. On doit regretter qu'un pareil monument soit demeuré inachevé mais peut-être aussi les mains d'un seul homme, quelque laborieuses, quelque fortes et persévérantes qu'elles fussent, ne suffisaient pas rassembler et à mettre en ordre tout ce qu'avaient produit sur Aristote la philosophie et la philologie, depuis vingt-un siècles. La dernière grande édition complète est celle de Berlin, en 1831, en trois volumes in-4°, dont les deux premiers renferment le texte grec, et le troisième les traductions latines. C'est l'académie de Berlin qui, sur la proposition de M. Schleiermacher, chargea MM. Bekker et Brandis de ce laborieux enfantement. Pendant trois années, ils parcoururent toutes les bibliothèques de l'Europe pour y collationner les manuscrits; ils n'en consultèrent pas moins de cent-un. Jusqu'à présent, les notes et la partie philologique, confiées à M. Brandis, n'ont point encore paru. Ce ne sera pas la portion la moins intéressante de la publication entière. On peut s'étonner que dans une entreprise de ce genre l'académie de Berlin n'ait point tenu à ce que la DE LA ILLE DE g. |