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Joh., vi, 26 : Non quia vidistis ' signa, sed saturati estis. .

Ceux qui suivent Jésus-Christ à cause de ses miracles, honorent sa puissance dans tous les miracles qu'elle produit; mais ceux qui, en faisant profession de le suivre pour ses miracles, ne le suivent en effet que parce qu'il les console et les rassasie des biens du monde , ils déshonorent ses miracles, quand ils sont contraires à leurs commodités ?.

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Juges injustes, ne faites pas des lois sur l'heure 4; jugez par celles qui sont établies, et établies par vous-mêmes 5 : qui conditis leges iniquas.

La manière dont l'Église' a subsisté est, que la vérité a été sans contestation; ou, si elle a été contestée, il y a eu le pape , et sinon, il y a eu l'Église

Miracle. C'est un effet ' qui excède la force naturelle des moyens

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et les autres champions du jansenisme (cf. xxiv, 25). Le pape Libère s'était laissé intimider ou surprendre par les ariens, et avait signe une de leurs formules; et cet exemple célèbre a été mis en avant par tous ceux qui ont combattu la doctrine de l'infaillibilité des papes : Pascal regardait Innocent X et Alexandre Vll comme étant dans le cas de Libére. Quant aux miracles, Pascal me parait avoir en vue ceux qui éclatèrent à Milan, au rapport de saint Ambroise et de saint Angustin, lors de la découverte des reliques des martyrs Gervais et Protais, miracles dont le prodigieux retentissement fut la force et la défense d'Ambroise contre la cour arienne de Justine et de Valentinien (en 385).

1 « Non quia vidistis. » 419. Manque dans P. R. Le texte est, sed quia manducaslis e.r panibus, el sal est C'est Jésus qui parle à la foule qui le poursuit après le miracle des cinq pains : « En vérité je vous le dis, vous me cherchez, non parce » que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez eu à manger avec ces » pains, et que vous avez été rassasiés. »

« A leurs commodités. » Il est clair que cela s'adresse aux jésuites.

Juges injustes. » 402. Manque dans P. R. Ce sont toujours les jésuites.

« Des lois sur l'heure. » Comme ils font quand ils soutiennent que Dieu ne peut pas faire un miracle pour les jansenistes, ou qu'il ne peut plus y avoir de miracles.

5 « Et établies par vous-mêmes. » Voir à la fin du paragraphe 8 : « Que vous » éles aise de savoir les règles générales ! » Elles étaient donc posées dans le livre du père Annat.

« Væ qui conditis. » Il y a dans le texte : Væ qui condunt. Is., X, v heur à ceux qui établissent des lois iniques. » ? a La maniere dont l'Eglise. » 402. Manque dans P. R.

« Il y a eu l'Eglise. » Manifestée dans les conciles généraux, comme à Nicée, ou simplement dans le consentenient général du monde chrétien.

9 « C'est un effet, » 415. Manque dans P. R.

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: « Mal

qu'on y emploie ; et non-miracle, est un effet qui n'excède pas la force naturelle des moyens qu'on y emploie. Ainsi ceux qui guérissent par l'invocation du diable ne font pas un miracle; car cela n'excède pas la force naturelle du diable. Mais...

Les miracles prouvent ? le pouvoir que Dieu a sur les cæurs par celui qu'il exerce sur les corps.

Il importe aux rois, aux princes, d'être en estime de piété; et pour cela, il faut qu'ils se confessent à vous.

Les jansenistes ressemblent aux hérétiques par la réformation des mæurs ; mais vous leur ressemblez en mal.

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ARTICLE XXIV.

1.

Le pyrrhonisme o est le vrai; car, après tout, les hommes, avant Jésus-Christ, ne savaient où ils en étaient, ni s'ils étaient grands ou petits. Et ceux qui ont dit l'un ou l'autre 'n'en savaient rien, et devinaient sans raison et par hasard : et même ils erraient toujours, en excluant l'un ou l'autre. Quod ergo ignorantes quæritis, religio annuntiat vobis

I « La force naturelle du diable. » Quelle étrange alliance de mots ! comme si on ne sortait pas de l'ordre de la nature du moment que l'on conçoit un être tel que le diable ! Et quelle difficulté à discerner ce qui passe les forces d'une puissance si mystérieuse! Mais combien on s'étonne qu'un géomètre et un physicien comme Pascal portát si légèrement l'idée d'un miracle, c'est-à-dire de la nature dérangée !

? « Les miracles prouvent. » 343. Manque dans P. R. 3 « ll importe aux rois. » 344. Manque dans P. R. Toujours adressé aux jésuites.

• « Les jansenistes. » 647. Manque dans P. R. On reprochait aux jansénistes que l'austérité qu'ils affectaient était un signe commun aux hérétiques de diverses époques : ce caractère avait paru tout récemment dans les dissensions du XVIe siècle, du côté de la religion réformée.

5 « En mal. » Par l'incrédulité à l'égard des œuvres de Dieu, dos miracles. Cf. 8, sixième fragment, et xxiv, 19.

6 « Le pyrrhonisme. » 125. Manque dans P. R. Rapprochez de cette pensée le premier Discours du Socrale chrélien.

? a L'un ou l'autre. » Comme les stoiciens et les épicuriens. 8 « En excluant l'un ou l'autre. » Cf. XII, 7.

9 « Annuntiat vobis, » Pris du discours de Paul à l'Aréopage dans les Actes des Apolres , xvii, 23 : Quod ergo ignorantes colitis, hoc ego annuntio vobis : « En » parcourant votre ville, et considérant vos statues, j'ai trouvé un autel avec cette o inscription, au Dieu inconnu. Ce que vous adorez sans le connaitre, c'est ce que » je viens vous annoncer. »

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2. Croyez-vous ? qu'il soit impossible que Dieu soit infini, sans parties? Oui. Je vous veux donc faire voir une chose infinie et indivisible : c'est un point se mouvant partout d'une vitesse infinie ?; car il est en tous lieux, et est tout entier en chaque endroit.

Que cet effet de nature, qui vous semblait impossible auparavant, vous fasse connaitre qu'il peut y en avoir d'autres que vous ne connaissez pas encore. Ne tirez pas cette conséquence de votre apprentissage, qu'il ne vous reste rien à savoir ; mais qu'il vous reste infiniment à savoir.

3. La conduite de Dieu ', qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le ceur par la grâce. Mais de la vouloir mettre dans l'esprit et dans le caur par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur, terrorem potius quam religionem".

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Commencer par plaindre 5 les incrédules; ils sont assez malheureux par leur condition. Il ne les faudrait injurier qu'au cas que cela servit; mais cela leur nuit.

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« Croyez-vous. » 8. Manque dans P. R. ? « D'une vitesse infinie. » Mais il n'y a pas de point réel; ni de vitesse réelle qui soit infinie; ni rien de réel qui puisse se mouvoir d'un même mouvement partoul, c'est-à-dire en tout sens, à droite et à gauche, en haut et en bas, en avant et en arrière : ce n'est pas là un effet de nature, comme il va l'appeler tout à l'heure, c'est une pure fiction de l'esprit.

« La conduite de Dieu. » 409. Manque dans P. R.

« Quam religionem. » Belle doctrine, que Pascal avait méconnue dans d'autres temps. Voir la note 14 sur sa Vie. La persécution la lui a fait comprendre. Je ne sais d'où la citation latine est tirée.

« Commencer par plaindre. » 25. Manque dans P. R. 6 a Mais cela leur nuit. » Belles paroles encore, humaines et sensées. Il ne s'était pas toujours exprimé ainsi. « Je vous prie de considérer que, comme les vérités > chrétiennes sont dignes d'amour et de respect, les erreurs qui leur sont contraires » sont dignes de mépris et de haine... C'est pourquoi, comme les saints ont toujours » pour la vérité ces deux sentiments d'amour et de crainte..., les saints ont aussi » pour l'erreur ces deux sentiments de haine et de mépris; et leur zèle s'emploie » également à repousser avec force la malice des impies, el à confondre avec risée » leur égarement et leur folie. » Et encore : « Ne voyons-nous pas que Dieu hait et >> méprise les pécheurs tout ensemble, jusque-là même qu'à l'heure de leur mort, » qui est le temps où leur état est le plus déplorable et le plus triste, la sagesse » divine joindra la moquerie el la risée à la vengeance et à la fureur qui les con» damnera à des supplices éternels. In interitu vestro ridebo vos el subsannabo » (Prov., 1, 26). » Onzième Provinciale. Voir toute la lettre. Pourquoi l'auteur

4.

Toute la foi' consiste en JÉSUS-Carist et en Adam?; et toute la morale : en la concupiscence et en la grâce.

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5.

Le cæur a ses raisons “, que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses. Je dis que le cæur aime l'étre universel naturellement, et soi-même 6 naturellement, selon qu'il s'y adonne ; et il se durcit contre l'un ou l'autre, à son choix. Vous avez rejeté l'un et conservé l'autre' : est-ce par raison que vous aimez? C'est le cæur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au cæur', non à la raison.

6.

Le monde subsiste pour exercer ao miséricorde et jugement, non pas comme si les hommes y étaient sortant des mains de Dieu , mais comme des ennemis de Dieu , auxquels il donne, par grâce, assez de lumière pour revenir, s'ils le veulent chercher et le suivre; mais pour les punir ??, s'ils refusent de le chercher ou de le suivre's.

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des Provinciales de prend il pas ces textes sacrés figurément, ainsi que l'a fait l'auteur des Pensées (xvi, 12,? Il semble que la tolérance n'était pas la pente première de l'âme de Pascal.

1 « Toute la fui. » hö. Manque dans P. R.

? « Et en Adam. » Il semble qu'il aurait dû dire plutôt, en Adam et en JésusChrist, c'est-à-dire le péché originel et la rédemption.

3 « Et toute la morale. » La morale est ici la science de l'homme moral, la science du caur humain.

a Le cæur a ses raisons. » 8. P. R., XXVII. Sur le cœur et la raison, cf. viu, 1, dernier fragment, p. 428.

« Et soi-même. » Et que d'un autre côté, il s'aime aussi lui-même naturellement.

« Qu'il s'y adonne. » Il aime Dieu ou il s'aime selon qu'il s'adonne à aimer Dieu ou à s'aimer.

ia Et conservé l'autre, » Rejeté l'amour de Dieu, et conservé l'amour de vousmême. Il s'adresse au mondain, au philosophe, qui se refuse à être chrétien, et à aimer Dieu , parce que Dieu ne se manifiste pas à sa raison ; et il lui dit : Vous avez beau n'aimer que vous-même; même en vous aimant, ce n'est pas par raison que vous aimez : vous obéissez à vos penchants, à la concupiscence. Cf. 18.

8 a Dieu sensible au cæur. » Voir, dans la note 16 sur la vie de Pascal, le papier mystique qu'il poriait dans ses habits.

a Le monde subsiste. » Dans la Copie. Manque dans P. R. 10 « Pour exercer. » C'est-à-dire pour que Dieu ait à y exercer.

« Mais comme. » C'est-à-dire , mais comme les hommes étant des ennemis de Dieu.

« Mais pour les punir. » C'est-à-dire, mais à qui il laisse assez de corruption pour avoir à les punir.

« Ou de le suivre. » Voici le sens de ce fragment. Si les hommes étaient encore

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7. On a beau dire, il faut avouer que la religion chrétienne a quelque chose d'étonnant. C'est parce que vous y êtes né?, dirat-on. Tant s'en faut; je me roidis contre, par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne. Mais, quoique j'y sois né, je ne laisse pas de le trouver ainsi.

8. Il y a deux manières de persuader les vérités de notre religion : l'une par la force de la raison, l'autre par l'autorité de celui qui parle. On ne se sert pas de la dernière, mais de la première. On ne dit pas : Il faut croire cela ; car l'Écriture, qui le dit, est divine; mais on dit qu'il le faut croire par telle et telle raison, qui sont de faibles arguments, la raison étant flexible à tout “.

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... Mais ceux là mêmes 6 qui semblent les plus opposés à la gloire

tels qu'ils sont sortis des mains de Dicu, alors il dépendrait d'eux de bien ou de
mal faire : s'ils faisaient bien, ils auraient droit à faveur et à récompense ; s'ils
faisaient mal, ils mériteraient jugement et condamnation. Mais par le péché originel,
tous les hommes sont devenus ennemis de Dieu, et dès lors tous coupables et pu-
nissables. Mais Dieu leur donne encore, par grâce, a-sez de lumière pour revenir
s'ils le cherchent. Il fallait ajouter , afin d'avoir toute la doctrine janseniste de la
gráce, qu'ils ne peuvent le chercher qu'autant qu'il les y excite, et qu'il tourne
leur volonté vers lui; que Dieu, comme il lui plait, donne sa grâce aux uns et la
refuse aux autres; et qu'en punissant ces derniers, il ne fait cependant que justice.
Car il les punit, non pour n'avoir pas eu la grâce, qu'il n'a pas voulu leur donner;
mais pour le péché originel, par lequel ils se sont öté eux-memes tout droit à la
grâce. Tous étant condamnés, il lui plait de relever les uns de celle condamnation,
il exerce alors miséricorde ; il lui plait d'y laisser les autre, il exerce alors juge-
ment. Il semble que Pascal n'ait pas osé ici pousser jusqu'au b ut celle doctrine
troublante. Il y avait pourtant une théologie plus rigide encore, qui refusa't meme à
l'homme sortant des mains de Dieu, le pouvoir de mériter par lui-même. Voir Sainte-
Beuve, t. 11, p. 134.
1 « On a beau dire. » 40. Manque dans P. R.

« Parce que vous y étes né. » Cr. x, 4.
« Il y a deux manières. » 19. Manque dans P. R.

« Flexible à tout. » Ce reproche est parfaitement juste, s'il s'adresse à ceux qui ont prétendu, comme Raimond Sebonde dans sa Théologie naturelle, établic par la raison les dogmes de la foi chrétienne. Il veut qu'on cruie la Trinité, l'Incarnation, la Rédemption, par tel et tel raisonnement philosophique : Pascal fait bien de lui répondre qu'il n'y a qu'une raison à en donner, qui est qu'il faut croire cela, parce que l'Ecriture qui le dit est divine. Mais on ne peut douter que Pascal ne veuille condamner aussi les philosophes, tels que Descartes, qui tàchent d'établir, sans le secours de la révélation, les premiers fondements de la foi religieuse, comme Dicu , l'àme, la loi morale. Tout ce que croit Pascal, il le croit parce que l'Ecriture qui le dit est divine, mais comment reconnait-il que l'Ecriture est divine? Il répondrait que c'est par le cœur. Voir 5, et l'article x.

« Mais ceux-là mêmes. » 205. Manque dans P. R.

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