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fendus par la déclaration générale que Dieu a faite qu'il ne les voulait pas. Les autres choses qu'il a laissées sans défense générale, et qu'on appelle par cette raison permises, ne sont pas néanmoins toujours permises. Car quand Dieu en éloigne quelqu'une de nous, et que par l'événement, qui est une manifestation de la volonté de Dieu, il paraît que Dieu ne veut pas que nous ayons une chose, cela nous est défendu alors comme le péché, puisque la volonté de Dieu est que nous n'ayons non plus l'un que l'autre. Il y a cette différence seule entre ces deux choses, qu'il est sûr que Dieu ne voudra jamais le péché, au lieu qu'il ne l'est pas qu'il ne voudra jamais l'autre. Mais tandis que Dieu ne la veut pas, nous la devons regarder comme péché; tandis que l'absence de la volonté de Dieu, qui est seule toute la bonté et toute la justice, la rend injuste et mauvaise'.

106. « Je m'en suis ? réservé sept mille. » J'aime les adorateurs inconnus au monde, et aux prophètes mêmes.

107.

Les hommes n'ayant pas accoutume de former le mérite, mais seulement le récompenser où ils le trouvent formé, jugent de Dieu par eux-mêmes.

108.

... J'aurais bien pris ce discours d'ordre comme celui-ci : pour montrer la vanité de toutes sortes de conditions, montrer la vanité des vies communes, et puis la vanité des vies philosophiques (pyr

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a Et mauvaise. » Cette chose que Dieu ne veut pas , serait-ce le succès du jansénisme dans le monde, la fortune de Port Royal ? Il semble que l'ardent sectaire par ces paroles gourmande l'impatience de son parti , qui ne peut plus se contenir. Mais au lieu de dire avec Pascal, que le péché n'est péché que parce que Dieu le défend, ne vaut-il pas mieux croire que Dieu ne le défend que parce qu'il est péché ?

? « Je m'en suis. » 439. « Je me suis réservé sept mille hommes dans Israël, o qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. » C'est la réponse que Dieu fait aux plaintes du prophète Elie dans l'épitre aux Romains, X1, 4 , où saint Paul altère et détourne le texte d'un passage du troisième livre des Rois, xix, 18. C'est là pour Pascal une figure de la petite église janseniste persécutée et fidèle.

• « Les hommes. » 90. Pascal tâche de s'expliquer pourquoi les hommes en général répugnent si fort à la doctrine de la grâce nécessitante et toute gratuite.

^ « J'aurais bien pris. » Copie. En titre, Ordre. Il semble qu'il faille construire, J'aurais pris d'ordre, comme on dirait bien , J'aurais pris de biais. J'aurais pu prendre ce discours d'après un ordre, suivant un ordre tel que celui-ci.

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rhoniennes, stoïques'); mais l'ordre ne serait pas gardé?. Je sais un peu ce que c'est, et combien peu de gens l'entendent. Nulle science humaine ne le peut garder'. Saint Thomas ne l'a pas gardé. La mathématique le garde, mais elle est inutile en sa profondeurs.

109. Ordre par dialogues. — Que dois-je faire ? Je ne vois partout qu'obscurités. Croirai-je que je ne suis rien ? croirai-je que je suis dieu ?

Toutes choses changent et se succèdent. — Vous vous trompez, il y a...

« Pyrrhoniennes , stoiques. » C'est la grande division des philosophies : voir l'Entretien avec Saci sur Epictète et Montaigne.

« Pas gardé. » Pourquoi ? La suite du raisonnement serait alors celle-ci: La vie du commun des hommes n'est que vanité; la philosophie, soit pyrrhonienne, soit stoique, n'est aussi que vanité ; donc ce qui est de l'homme n'est que vanité ; done, si on veut quelque chose de solide, il faut chercher ailleurs, c'est-à-dire en Dieu. Où est le défaut de ce plan? C'est que pour comprendre les efforts des philosophes, et entendre leurs systèmes, il faut déjà avoir reconnu, d'une part le vide de l'bomme, de l'autre son besoin de plénitude : c'est alors qu'on se rend comple, et du désespoir de ceux qui n'ont été frappés que de ce vide (les pyrrhoniens), et de l'orgueil de ceux (les stoiques) qui ont cru que l'homme pouvait trouver en soi-même de quoi le remplir. C'est alors aussi qu'au-dessus des uns et des autres, on voit avec admiration la religion alliant dans un Dieu homme l'infini néant et l'étre infini. Voici donc quel sera le vrai ordre : Vanité de la vie humaine : besoin que l'homme a de quelque chose de substantiel et de solide, c'est-à-dire d'un Dieu. Recherche de ce Dieu par la philosophie. Illusion des stoiques qui croient le trouver dans leur sagesse. Abattement des pyrrhoniens, qui renoncent à le trouver. Jésus-Christ , consolation et lumière. - On lit en effet, page 29 du manuscrit, cet autre fragment : « Lettre pour porter à rechercher Dieu. Et puis le faire chercher chez les philo» sophes, pyrrhoniens et dogmatistes, qui travaillent celui qui le recherchent. »

s « Ne le peut garder. » Parce que dans la science humaine tout est si complexe et si mělé , que pour entendre pleinement ce qui est au commencement, il faudrait déjà savoir ce qui viendra ensuite. Pascal, en se vantant d'avoir plus d'ordre que personne, n'espérait donc pas lui-même un ordre parfait.

a Pas gardé. » Il fallait peut-être en ce temps-là la phrase précédente pour faire passer la bardiesse de celle-ci. Mais les élèves d'Augustin, de Jansenius et de Saint-Cyran goutaient peu la scholastique, même dans les livres de l'Ange de l'Ecole (voir Sainte-Beuve, t. II, pages 35, 96, 163.). ILo'y a en effet dans saint Thomas qu'un ordre extérieur et objectif, qui suppose la science toute faite, et qui l'impose à l'esprit arbitrairement; tandis que l'ordre intérieur et subjectif que Pascal de mande est celui méme que suit notre intelligence pour arriver à la vérité. Saint Thomas commence par la notion de Dieu, Pascal par la connaissance de soi-même. Mais à qui devait-il cet ordre, sinon à Descartes, qui savait si bien ce que c'est, que c'est lui qui l'a enseigné aux hommes de son temps ?

5 « En sa profondeur. » Remarquons ces derniers mots. Les éléments de la science sont utiles, mais ces conclusions reculées où elle mène l'esprit par des voies si abstruses et si sûres paraissent ne l'étre plus. L'analyse mathématique, pour servir aux applications, doit abandonner de sa rigueur.

• « Ordre par. » 29. — Il faut sans doute suppléer à la fin, il y a quelque chose de permanent et d'immuable.

110.

... Une lettre', de la folie de la science humaine et de la philosophie. Cette lettre avant le divertissement.

111. Dans la lettre ?, de l'Injustice, peut venir la plaisanterie des ainés qui ont tout. Mon ami, vous êtes né de ce côté de la montagne; il est donc juste que votre aîné ait tout.

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112.

Il faut mettre : au chapitre des Fondements ce qui est en celui des Figuratifs touchant la cause des Figures : pourquoi Jésus-CARIST prophétisé en son premier avénement"; pourquoi prophétisé obscurément en la manière 6.

113. Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu'il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu'il nous en délivre.

114.

Si Dieu' nous donnait des maîtres de sa main, oh! qu'il leur faudrait obéir de bon cour! La nécessité et les événements en sont infailliblement.

115.

Eritis. sicut dii, scientes bonum et malum. Tout le monde fait

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« Une lettre. » 485. Sur le divertissement, voir tout l'article iv. Ce fragment , où Pascal parait vouloir écrire sur la folie de la philosophie avant le divertissement, ne semble pas d'accord avec celui du paragraphe 108.

? « Dans la lettre. » 25. A la fin de ce fragment, le manuscrit ajoute : « Pourquoi » me tuez-vous ? » Voir vi, 3.

3 « Il faut mettre. v 45. Il s'agit sans doute des fondements de l'interprétation des Écritures. Les Figuratifs sont les auteurs qui interprètent la Bible figurément. On lit encore page 15 : « Parler contre les trop grands figuratifs. » 4 « Avénement. » Cf. xv, 8.

« En la manière. » Voir xx, 7, cinquième fragment. 6 « Nous implorons. » 89. Il faut sous-entendre : Ne nous plaignons donc pas, si nous avons à souffrir.

« Si Dieu. » 89.

« Eritis. » 99. « Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. » Gen., ju , 5. Ce sont les paroles par lesquelles le serpent tente la femme. Voir l'Augustinus, I, IV,

22.

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le dieu en jugeant. Cela est bon ou mauvais; et s'affligeant ou se réjouissant trop des événements.

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116.

Faire les petites choses comme grandes, à cause de la majesté de JÉSUS-CHRIST qui les fait en nous, et qui vit notre vie; et les grandes comme petites et aisées, à cause de sa toute-puissance.

1 « Faire les petites choses. » 99.

1.

Jésus souffre dans sa passion les tourments que lui font les hommes ; mais dans l'agonie il souffre les tourments qu'il se donne à lui-même : turbavit semetipsum. C'est un supplice d'une main non humaine, mais toute-puissante, et il faut être tout-puissant pour le soutenir.

Jésus cherche quelque consolation au moins dans ses trois plus chers amis, et ils dorment. Il les prie de soutenir un peu avec lui , et ils le laissent avec une négligence entière, ayant si peu de compassion qu'elle ne pouvait seulement les empêcher de dormir un moment. Et ainsi Jésus était délaissé seul à la colère de Dieu.

Jésus est seul dans la terre, non-seulement qui ressente et partage sa peine, mais qui la sache : le ciel et lui sont seuls dans cette connaissance.

Jésus est dans un jardin', non de délices comme le premier Adam, où il se perdit, et tout le genre humain; mais dans un de supplices, où il s'est sauvé, et tout le genre humain.

Il souffre cette peine et cet abandon dans l'horreur de la nuit.

Je crois que Jésus ne s'est jamais plaint que cette seule fois; mais alors il se plaint comme s'il n'eût plus pu contenir sa douleur excessive : Mon âme est triste jusqu'à la mort.

Jésus cherche de la compagnie et du soulagement de la part des hommes. Cela est unique en toute sa vie, ce me semble. Mais il n'en reçoit point, car ses disciples dorment.

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« Le mystère de Jésus. » Ce morceau précieux a été publié pour la première fois par M. Faugère. Il se trouve à la page 87 du cahier autographe. On doit le regarder comme faisant partie des Pensées. Nous le rattachons à l'article xxv.

a Semetipsum. » Jean, XI, 33, en parlant de l'émotion que Jésus éprouve à la vue de ceux qui pleurent sur Lazare mort. Il y a seipsum dans le texte.

« Plus chers amis. » Pierre et les deux fils de Zébédée (Jacques et Jean), Matth. xxvi, 37.

a De soutenir. » Pascal traduit mot å mot l'expression latine : Sustinele hic (patientez ici). Ibid., 38.

« Dans un jardin, » Le jardin des Oliviers. Ibid., 30.

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