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C'est que nous valons mieux que nos détracteurs le disent; c'est que notre temps peut, en définitive, être rangé au nombre de ceux où l'esprit humain ne reste pas stérile. S'il fallait lui trouver un analogue parmi les époques qui ont marqué dans l'histoire des littératures, nous lui assignerions volontiers une place auprès du siècle des Antonins. Alors comme aujourd'hui, la civilisation était arrivée à son comble, le bien-être se faisait sentir de toutes parts et il se traduisait par un goût excessif pour les belles et bonnes choses. On recherchait, avant tout, la sagesse qui, sous le nom de philosophie, comprenait l'ensemble des connaissances humaines. Une foule de gens, qui en faisaient métier, la distribuaient à pleines mains. Les riches employaient leur fortune à se procurer les satisfactions intellectuelles. C'est le beau temps des conférences. Pour se donner le plaisir d'entendre quelques discoureurs en renom, les hauts seigneurs de Rome, d'Alexandrie, de Milan, de Lyon et des principales villes de l'Empire se faisaient construire, au fond de leurs somptueuses demeures, des amphithéâtres qui étaient comme les sanctuaires de la science, doctrinæ templa serena. Malheureusement, cet entrainement si généreux produisit plus de rhéteurs que de grands hommes. Mais le mouvement n'existait pas moins, et il fit surgir une quantité d'esprits distingués, qui répandaient autour d'eux la lumière. Il est vrai que la plupart n'ont pas atteint les sommets, et que leurs noms sont à peine parvenus jusqu'à nous; mais plusieurs ont survécu, un ou deux même commandent encore le respect et l'admiration n'est-ce pas assez pour mériter la reconnaissance de la postérité ?

De même le XIX siècle se recommandera par la quantité, sinon par la qualité. Bien des auteurs s'y sont montrés dont les œuvres ont un mérite incontestable ; quelques-uns dépassent de beaucoup le niveau ordinaire et peuvent prétendre à être aperçus longtemps encore, peut-être toujours, comme des points de repère sur lesquels l'attention aimera à se fixer. Avec cela nous pouvons, sans trop de crainte, attendre le jugement que nos descendants porteront de nous: si nous n'avons pas de Tacite, nous avons mieux que Juvénal.

RAPPORT

sur les

TRAVAUX DE L'ANNÉE

PAR

M. le Chanoine VAN DRIVAL

Secrétaire-Général.

MESSIEURS,

Chaque année, depuis bien longtemps, chose dont je ne me plains pas, puisqu'elle atteste la continuité de votre confiance, j'ai la charge de vous rendre compte de l'ensemble et des principaux détails de vos travaux. Cet examen rétrospectif a pour but de vous mettre sous les yeux les œuvres accomplies et de vous montrer ainsi ce qui reste toujours à accomplir. Heureusement je rencontre de temps en temps, dans l'histoire même de ces travaux, quelque circonstance spéciale qui m'aide à éviter la monotonie assez inhérente à un tel sujet qui, sans cela, pourrait devenir fastidieux. C'est cette bonne fortune que j'ai encore cette année, où l'Académie a vu une

innovation réclamée depuis plusieurs années, innovation qui a produit d'heureux résultats. Permettez-moi de vous rappeler celte innovation, votée dans votre séance du 14 octobre 1881, séance qui a suivi immédiatement celle de la rentrée.

Lorsque, en 1737, notre Société prit naissance à Arras, elle mit dans son premier règlement, article 5, la clause suivante: « Il y aura une réunion hebdomadaire tous les samedis à trois heures. >>

Dans les statuts rédigés en 1738, on lit les dispositions que voici :

ART. VI.

Les assemblées se tiendront tous les samedis, dans le lieu dont on conviendra, à trois heures après-midy, et dureront jusqu'à six.

ART. XIV.

Les réceptions seront publiques et fixées au premier samedy après la Chandeleur.

Indépendamment de cette assemblée solennelle, il y en a trois autres générales, pour la distribution du travail, conformément à l'art. 8, sçavoir aux premiers samedys des mois de mai, août et novembre. Le travail y est distribué au sort à neuf des associés.

Dans les statuts définitifs de 1773, lorsque l'Académie est reconnue solennellement par Louis XV, on lit ce qui suit:

ART. IX. Les séances de l'Académie se tiendront tous les samedis, depuis cinq heures jusqu'à sept; et il y aura chaque année une assemblée publique, la veille du dimanche des Rameaux...

Je trouve, en 1786, que la séance publique a lieu à quatre heures un quart.

En 1788, le 9 février, on décide que les séances ordinaires, à partir du 15, auront lieu dorénavant le vendredi au lieu du samedi.

Dans le règlement du 5 novembre 1817 on change le jour, en maintenant l'heure. Il est décidé, en effet, que les séances ordinaires auront lieu le premier mercredi de chaque mois, à cinq heures précises du soir.

En 1822, on revient aux séances hebdomadaires, sans préciser le jour. C'est alors que l'on fixe la séance publique au mois d'août.

En 1836, je trouve une preuve que l'on était revenu au vendredi. Je trouve aussi alors une séance ordinaire à six heures un quart, puis un projet de séance publique, qui n'a pas lieu, à sept heures. Généralement, vers cetle époque, les séances publiques ont lieu à deux heures.

Enfin, dans le règlement intérieur actuel, rédigé en 1872, après études longuement faites par M. Wattelet et par deux autres d'entre nous, l'article 1er dit : « L'Académie se réunira une fois par semaine en séance ordinaire. >>

Je me souviens parfaitement que j'avais indiqué dans la rédaction projetée, un jour et une heure, vendredi et sept heures du soir: l'Académie, réunie au nombre réglementaire, a décidé de laisser le jour et l'heure facultatifs, prévoyant dès lors qu'il pourrait y avoir des raisons de les changer.

Quant au jour, a-t-on dit alors, il n'offre que des avantages, le vendredi étant un jour où tout le monde est ordinairement libre. Il n'en est pas de même de l'heure. le soir pouvant n'être pas convenable aux membres âgés ou valétudinaires: il faut donc éviter de s'engager et on

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