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teront certainement des notions utiles à l'histoire de l'Artois.

M. de Hauteclocque a continué ses études locales sur l'instruction.

M. Lecesne a également continué de nous donner la primeur de ses belles recherches sur l'histoire d'Arras. M. Paris a continué son travail si remarquable sur Dauchez.

Une visite inattendue a été celle de notre collègue, comme Membre correspondant, le comte d'Héricourt. Entendre la description de l'église de Sainte-Sophie, de Constantinople, de la bouche de quelqu'un qui a vu, et souvent vu, puisqu'il habitait le pays; écouter les récits et descriptions relatifs, soit aux bords extrêmes du Danube, soit à l'Allemagne, soit à la Norwège et à ses églises en bois, quand celui qui raconte et décrit vient de ces contrées et y retourne demain, c'est assurément une bonne fortune. Vous l'avez eu, ce bonheur rare, et vous en avez chaleureusement remercié le digne consul de France qui vous a tenu toute une séance sous le charme de ses récits.

Pour le troisième trimestre, nous avons eu beaucoup d'affaires d'administration intérieure, des examens de concours, des discussions, des rapports que vous entendrez tout-à-l'heure. Ceci ne nous a pas empêchés de nous livrer à nos travaux habituels et la plupart des Membres dont nous avons dit les noms tout-à-l'heure ont continué ou achevé leurs communications.

Je n'ai pas cherché, on le comprend, à noter semaine par semaine ce qui a été dit successivement, mais j'ai dû grouper les travaux par ordre et par noms d'auteurs,

empiétant parfois même sur un trimestre s'il le fallait pour mieux préciser l'idée.

Je termine cette longue nomenclature en citant les travaux fort remarqués d'un de nos collègues les plus actifs. M. Ricouart a entrepris l'explication et l'origine des noms de lieux de tout le département. Il nous a donné, dans plusieurs séances, des extraits de son travail, et vous avez vu avec plaisir que toujours ces explications s'appuient sur les documents d'archives, sur les pièces historiques des divers âges, sur l'analogie avec les noms de lieux des autres contrées; en un mot, c'est une œuvre sérieuse à laquelle une dernière main va être mise, et qui constituera pour le Pas-de-Calais un livre d'une utilité historique incontestable, ces origines ou étymologies jetant souvent un jour lumineux sur plus d'un point de l'histoire générale, ou du moins de l'histoire du pays.

Je n'ai pas besoin de dire la part que tous vous avez prise aux travaux que je viens de mentionner, par vos observations, vos objections, vos renseignements, vos discussions franches et toujours de si bon ton.

Je n'ai pas besoin non plus de parler de vos encouragements à l'étude, MM. les rapporteurs des concours vont le faire tout-à-l'heure. Ici seulement j'ai à déclarer que le concours de poésie n'a pas eu de récompense cette année, le sujet local : Les pigeons de la Grand Place, ayant été traité avec faiblesse au jugement du jury d'examen; sûrement l'auteur voudra remporter l'an prochain des palmes qui ne sauraient être que différées. Par contre, le prix des Beaux-Arts a été doublé cette année en faveur de M. Charles Desavary pour sa vue d'Arras à vol

d'oiseau. Disons ici qu'une autre vue d'Arras à vol d'oiseau nous a été généreusement et délicatement offerte par M. Thépaut, qui n'a pas voulu concourir. Qu'il reçoive l'expression publique de notre gratitude avec la médaille que l'Académie lui a décernée.

Pour résumer ce long rapport, nous pouvons dire que notre vieille Académie a renouvelé sa jeunesse, qu'elle travaille tous les jours avec une ardeur de plus en plus marquée, sans se laisser distraire par des préoccupations étrangères au but de son institution, poursuivant, au contraire, ce but, avec une persévérance qui jamais ne se dément. L'union qui règne entre nous tous facilite ces travaux et nous fait paraître rapides ces heures que nous passons ensemble chaque semaine dans les douces occupations de la pensée.

Nous continuerons cette vie utile, fidèles à notre devise, et nous tâcherons de toujours prendre soin de la forme en établissant solidement le fond, afin de recueillir, comme l'ont voulu nos ancêtres, des fruits et des fleurs.

UNE APRÈS-MIDI CHEZ Mme RÉCAMIER

LECTURE FAITE PAR

M. H. DE MALLORTIE

Membre résidant.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

MESDAMES,

MESSIEURS,

Il arrive, dans la vie, un âge où l'on aime surtout à se souvenir. A cet âge, l'avenir, qui du reste n'est à personne ici-bas, est tout près de nous échapper; le présent ne nous touche plus guère; nous nous réfugions dans le passé. La jeunesse, ce matin de la vie, qui, comme le matin du jour, est plein de pureté, d'images, d'harmonie, la jeunesse porte en soi des essaims de rêves; mais quand ces rêves, comme des colombes, se sont envolés et que bien peu sont revenus avec le rameau d'olivier, quand l'ombre s'est retournée, qu'elle seule désormais marche et grandit devant nous, et que le soleil couchant est sur nos têtes, alors il est doux de jeter un dernier regard sur les journées déjà lointaines de notre printemps, avant d'entrer dans la saison d'automne, dans

ses apaisements, ses tristesses, sa froide et mélancolique sérénité.

C'est ce qu'un poète de nos jours a parfaitement exprimé dans des vers tout empreints d'une simplicité rustique, et qui ne manquent pas de charme:

O le brillant tableau qu'une vaste prairie

Des fleurs de tous les tons parfumée et fleurie,
Où voltigent l'abeille et les papillons bleus!
Mais le soleil d'août, de baisers et de feux,
D'abord l'a caressée et puis il l'a flétrie !

Le moissonneur la fauche avec un chant joyeux;
Puis vient un chariot, traîné par de grands bœufs,
Qui la porte séchée aux greniers de la ferme.
Ça s'appelle du foin: un assez vilain terme.
Mais quand la terre est nue et le froid rigoureux,
Ça parfume l'étable et nourrit les grands bœufs.
Il est du souvenir comme des hautes herbes :
Le cœur a son grenier pour y serrer ses gerbes;
C'est du foin..., dit un jeune. Ami, soyez moins fier!
Quand le temps a couché, de sa faux implacable,
Nos plaisirs du printemps et nos amours d'hier,
Ça sent encor bien bon, ce foin-là; puis, l'hiver,
Ça nourrit le vieux cœur qui rumine à l'etable !

Ce n'est pas tout encore, Messieurs.

Les souvenirs de l'enfance et de la jeunesse prennent, peu à peu, en avançant dans la carrière de la vie, le caractère de l'idéal. Il est manifeste, à la moindre confrontation, que les tableaux qui restent de cet âge dans le souvenir de chacun, ne sont point conformes à la réalité. La main d'un peintre invisible leur donne, à mesure que nous nous éloignons de ces jeunes années, des couleurs plus vives et des touches qui nous émeuvent profondément. Nos impressions d'alors étaient d'une extrême vivacité et leur objet peu de chose, souvent; mais dans

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