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Les biographes de la sainte mentionnent comme objet spécial de son zèle pour la religion, la réformation du clergé . Dom Morice nous a conservé une série de statuts synodaux de deux évêques de Tréguier, qui embrassent et dépassent même les sept années du règne de Pierre . En même temps qu'ils sont une preuve du zèle avec lequel

avènement au trône ducal, défendit de fulminer et d'exécuter les bulles de Rome, avant de les avoir fait voir au conseil, et d'avoir obtenu la permission de s'en servir. Le savant historien ne nous a point donné le texte de cette ordonnance, qui ne se trouve point dans les Mémoires de Dom Morice. Nous ne pensons pas qu'on puisse y voir une attaque contre l'autorité pontificale que Pierre II respecta sincèrement pendant tout son règne, comme le démontrent les documents cités et analysés par nous dans cette histoire. Mais il faut se rappeler qu'une grande partie des bénéfices était obtenue en cour de Rome. D'après une bulle de Martin V, du 9 juin 1430 (Doм MORICE, Mémoires, t. I, col. 1229), les ducs de Bretagne étaient autorisés par les Souverains-Pontifes à connaitre du possessoir des bénéfices, c'est-à-dire, à juger les causes qui se rapportaient à la possession des biens ecclésiastiques. Il était donc nécessaire que les provisions, obtenues en cour de Rome, fussent entérinées au conseil du duc. Tel est, croyons-nous, le véritable sens et la portée de l'ordonnance de Pierre II. Du reste, au moment même où il la rendait, loin de chercher à empiéter sur les droits du Saint-Siége, il réclamait l'intervention du légat, le cardinal d'Estouteville, pour régler les questions de la juridiction ecclésiastique dans son duché. Travers n'a pas manqué (t. 11, ch. xc, éd. de 1837) de rappeler l'ordonnance du 17 août, en ajoutant que les rescrits de Rome mettaient le trouble partout. Il se garde bien d'ailleurs de parler des actes de respect et de soumission envers le Saint-Siége, accomplis par le duc Pierre. Il nous est difficile d'excuser Travers en cette circonstance, comme en beaucoup d'autres, de mauvaise foi ou d'ignorance.

ALBERT DE MORLAIX, N° XII. LÉON DE RENNES, ch. VII.

DOM MORICE: Mémoires, etc. Statuts synodaux de Jean, évêque de Tréguier, t. 1, col. 1522. Ces statuts portent la date de 1450, 1455, 1456, 1457, 1459 et 1462. Dans les Mémoires de Dom Morice tous ces statuts sont indiqués comme appartenant au même prélat, mais, d'après le catalogue des évêques de Tréguier, donné par Dom Taillandier, ceux de 1450 doivent être de Jean de Plouet qui occupa le siége de cette ville de 1442 à 1453. Les autres sont de Jean de Coetquis, qui lui succéda, et fut évêque de Tréguier jusqu'en 1464.

ces prélats travaillaient à maintenir la discipline dans leur diocèse, ils nous donnent un aperçu de la situation de l'Église en Bretagne au xve siècle. La grande question qui préoccupe les prélats, et qui revient dans tous leurs synodes, est celle de la résidence des curés ayant charge d'âmes. Si nous rapprochons les statuts des évêques de Tréguier de ceux publiés par Guillaume de Malétroit, évêque de Nantes, en 1446 ', nous reconnaîtrons que là devait être une des plaies de l'Église de Bretagne. Aussi les prélats travaillent-ils avec persévérance et avec énergie à y porter remède. Les évêques de Tréguier ordonnent dans chaque synode que tous les curés non résidant soient tenus sous les peines de droit de revenir dans leurs paroisses avant l'espace de trente jours. Ils prescrivent à tous ceux qui auraient des bénéfices incompatibles, c'est-à-dire, qui exigeraient leur présence dans deux endroits différents, de justifier des dispenses qu'ils ont pu obtenir.

L'évêque de Nantes défend que les curés puissent se décharger sur d'autres du soin de leurs paroisses, en leur en abandonnant les revenus et s'en réservant seulement une partie; il veut que rien ne puisse être fait, en ce genre, pour l'administration des paroisses, sans l'approbation et l'ordonnance de l'évêque.

DOM MORICE: Mémoires, etc. Statuts de Guillaume, évêque de Nantes, t. If, col, 1402.

Plusieurs autres règlements de détails montrent la sollicitude des prélats pour le gouvernement des diocèses qui leur sont confiés. Les quêtes faites par des inconnus sans autorisation épiscopale sont prohibées par l'évêque de Nantes et les évêques de Tréguier. Ces derniers ont des statuts importants pour déterminer le nombre des fêtes de précepte et la manière de les observer; l'établissement des sépultures dans les églises; le nombre des parrains et marraines à admettre au baptême, qu'ils défendent de porter au-delà de trois, etc. Un abus que signale un des évêques de Tréguier, et qui paraît attirer toute son attention, c'est celui des fileries nocturnes (filatoria nocturna). Ces réunions de nuit devaient donner occasion à de graves désordres, puisque le prélat croit nécessaire de les interdire sous des peines sévères.

On nous pardonnera cette digression, qui aidera à faire connaître l'état religieux de la Bretagne à l'époque où notre sainte Duchesse était sur le trône. Ses exemples et ses inspirations encourageaient puissamment tous les efforts tentés alors pour le bien des âmes.

Un grand acte religieux, qui intéressait nonseulement la Bretagne, mais l'Église entière, s'accomplit sous son règne; elle y eut la part principale: nous voulons parler de la canonisation de saint Vincent Ferrier.

On se souvient que la pieuse Jeanne, épouse de

Jean V, avait recueilli avec amour les saintes instructions du grand prédicateur. Quand Dieu eut confié à ses soins la petite Françoise, elle lui répéta les leçons qu'elle avait reçues de saint Vincent; elle lui apprit à faire oraison selon la méthode qu'elle-même avait apprise du saint; et devinant, en quelque sorte, les desseins que la Providence avait sur cette enfant, elle lui recommanda à son lit de mort de ne pas oublier le serviteur de Dieu, et de solliciter sa canonisation.

Françoise n'avait que six ans quand elle recevait de Jeanne mourante cette recommandation dernière et cette belle mission. Duchesse de Bretagne à vingt-trois ans, elle se souvint des promesses de son enfance. Déjà, sous Jean V, de premières démarches avaient été faites pour la canonisation de saint Vincent Ferrier. Le duc François s'était peu occupé de cette affaire. Notre Bienheureuse la reprit avec zèle et engagea Pierre à la poursuivre avec activité. Par ses soins, le chapitre général des Dominicains fut convoqué à Nantes et s'y réunit l'an 1453. Le R. P. Auribelli un des plus doctes théologiens de ce siècle, y fut élu vingt-neuvième général de l'ordre. On voit par les mémoires du temps la part que le duc et la duchesse de Bretagne prirent à cet événement.

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LÉON DE RENNES: Vie de la trés-illustre Duchesse Françoise d'Amboise. Chap. vi. Les exemples de vertu qu'elle donna étant Duchesse de Bretagne. ALBERT DE MORLAIX, N° XI.

Ils demeurèrent en prière dans le chœur de l'église, pendant que se faisait l'élection. Le jour même, le duc, l'évêque de Nantes et plusieurs seigneurs partagèrent au réfectoire le repas des religieux, et le nouveau général, ayant réuni les Pères dans la salle ordinaire de leurs séances, le duc et l'évêque de Nantes les pressèrent de solliciter du Saint-Siége la canonisation de saint Vincent Ferrier. Pierre II s'offrit généreusement à en faire les frais1.

C'est donc à Pierre et à la Bienheureuse que revient l'honneur de l'initiative dans cette cause. Ils ne furent pas seuls à demander au pape la glorification du grand prédicateur du xve siècle. Saint Vincent Ferrier avait parcouru avec un zèle infatigable l'Espagne, l'Italie et la France. Le roi Charles VII, l'Université de Paris, les prélats de plusieurs royaumes unirent leurs supplications à celles de la Bretagne et de l'ordre des Dominicains. Nicolas V chargea le cardinal Georges, évêque d'Ostie, le cardinal de Saint-Ange et le cardinal d'Arragon de faire les informations juridiques sur les vertus et les miracles de saint Vincent. Des commissaires apostoliques furent délégués par les trois cardinaux pour recevoir les dépositions des témoins et dresser les procèsverbaux dans les divers États de l'Europe. En Bretagne, ce furent les évêques de Dol et de Saint

ALBERT DE MORLAIX: Histoire de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, N° xi, et la Conversation de saint Vincent Ferrier, N° xxvI.

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