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main, les seix mil livres de rente autresfoiz lui ordonnées, comme dit est, jucques audit premier jour de janvier prouchain venant. Et avecques ce, ledit duc de sa libéralité, a voulu et octroyé donner, et de fait donna et octroya à ladicte duchesse, en augmentant sondit troussel, cinq mil saluz d'or, oultre les quinze mil saluz qui, à celle cause, lui avoint autresfoiz esté ordonnez, et par tant lui parfournir et faire valoir sondit troussel, jucques à la somme de vingt mil saluz d'or, à estre poiez lesdiz cinq mil saluz, par cinq années, qu'est mil saluz par an, dont elle sera assignée et de fait l'en assigna, pour en estre poiée, sur les revenus des ports et havres de Triguier, à commencer en l'endroit que fauldra l'asignacion que elle y a de présent, en parpoiement desdiz quinzemil saluz, laquelle assignacion demeure en sa vertu. Et sans ce que, par les causes dessusdictes, ladicte duchesse soit tenue contribuer à aucunes charges ou debtes dudit Pierre, son seigneur.

Desquelles ordonnances et octroiz, ainsi par ledit duc faiz à ladicte duchesse, tant pour douaire, troussel, que toutes autres choses comme dessus, elle s'est tenue et tient contente, et en les lui fournissant et accomplissant ainsi que dit est, elle, pour son bon plaisir, pour elle et pour ses hoirs, a quicté et quicte ledit duc et les siens, de tout ce que elle lui en peust jamais quérir ne demander en quelcomque manière que ce soit pour le temps passé et avenir. Et toutes les choses et chacunes dessusdictes, lesdiz duc et duchesse pour et chacun pour ce que lui touche, ont promis et juré tenir, fournir et loyaument acomplir par leurs sermens et soubz l'obligation de tout le leur, présent et futur, et jamais n'aler ne procurer au contraire, ne à l'encontre de ce quérir ne avoir aucunes dilacions en aucune manière, et de leurs assentements les y avons, par le jugement de nostredicte court, jugez et condempnez.

Donné, tesmoign le séel estably aux contraz de nostredite court, avecques les signes manuelx et seaulx desdictes parties, le vingt seixième jour de septembre, l'an mil quatre cens cinquante neuf. Signé FRANCOYS. FRANCZOYSE.

RABOCEAU, passe. RICHART, passe.

Original parchemin, scellé de trois sceaux, dont deux brisés. (TRÉSOR DES CHARTES, armoire F, cassette C, 9.)

XIII.

Bulle de Pie II pour la fondation du monastère des Carmélites au Bon-Don.

16 FÉVRIER 1460.

La bulle de Pie II n'existe plus parmi les pièces du couvent des Cquets conservées aux archives de la préfecture de la Loire-Inférieure. Nous reproduisons ici la traduction donnée par Albert de Morlaix, telle qu'on la lit dans l'édition de 1637: Vie de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, No xvII, p. 306. Albert n'a pas transcrit la bulle intégralement, mais il l'analyse en la traduisant :

Le Pape (Pie II), dit cet auteur, louant les pieuses résolutions (de la Bienheureuse Françoise), luy accorda sa requête et envoya un ample pouvoir et commission à l'Evesque de Vennes d'accepter son don et faire construire un monastère près l'église du BonDon, avec ses dortoirs, chambres et autres officines, et prati quer dans le mur de ladite église, en l'endroit qu'il jugerait le plus propre, une grande ouverture, où serait disposée une fenêtre garnie de fortes grilles de fer dehors et dedans et d'une courtine, par laquelle les religieuses, de leur chœur, pussent voir et entendre la messe et réciter l'office canonial à chant, après que les religieux auraient achevé de chanter le leur; auquel monastère il establirait une religieuse, appellée de quelque autre monastère dudit ordre, en qualité d'abbesse, qui présiderait à dix-sept autres religieuses professes, quatre novices et trois sœurs converses ou servantes, dont la communauté serait composée; pour la substentation et entretien desquelles, il acceptast de ladite Princesse les mille livres, monnoye de Bretagne, de rente, qu'elle offrait de donner de son propre bien, supposé en tout la permission des supérieurs dudit ordre ; et qu'aucune n'y fût vestüe novice, qui n'eust passé le dix-huitiesme an de son âge. Veut Sa Sainteté que lesdites abbesse et religieuses gardent les trois vœux essentiaux, et vivent selon les Constitutions dudit ordre modifiées et mitigées par son prédécesseur Eugène quatriesme, lesquelles

derechef il approuve; qu'elles gardent inviolablement la closture perpétuelle, sans jamais l'enfraindre, n'y en permettre l'entrée aux hommes, sous quelque prétexte que ce puisse estre (fors et excepté en cas d'extrême nécessité), voulant qu'en cas de contravention, outre les peines taxées ès Constitutions, elles encourent sentence d'excommunication ipso facto. Veut qu'en cas que les religieuses dudit monastère abandonnent la vie régulière, l'estroite observance de leurs Règle et Constitutions, enfraignent et violent la closture, si, après trois admonitions et sommations leurs faites par leurs supérieurs, elles ne se remettent en ladite observance, qu'elles soient privées desdites mille livres de revenus, desquelles cinq cens livres seront acquis à l'hospital commun de la cité de Vennes et les autres cinq cens seront applicables à autres œuvres pieuses à la discrétion de l'évêque de ladite ville. Permet toutefois audit évêque, ensemble avec les confesseurs dudit monastère, de pouvoir, sans scrupule, dispenser lesdites religieuses des jeusnes, abstinences, etc., en cas de nécessité jugée par l'abbesse et les Mères Discrettes. Item de recevoir audit monastère femmes et filles vertueuses pour remplir le nombre susdit et non oultre, lesquelles y seront trois ans en habit séculier pour expérimenter les austérités de la règle, voyre mesme d'y pouvoir admettre les religieuses de quelque autre ordre que ce soit, pourveu qu'elles aient demandé licence à leurs supérieurs, bien qu'elles ne l'ayent obtenu. Enfin reçoit en sa protection et des B. HH. apostres S. Pierre et S. Paul ledit monastère, luy accordant toutes les grâces, priviléges, exemptions, libertez, immunitez et indults concédez par les Souverains Pontifes ses prédécesseurs, aux autres monastères dudit ordre, en quelque lieu qu'ils soient situés, nonobstant Constitutions et Ordonnances apostoliques, Statuts ou Coustumes dudit ordre, mesme approuvés par le Saint-Siége, ny autre chose quelconque à ce contraire. Par bulle donnée sous plomb, à Sienne, l'an de grâce 1459, le second de son pontificat et le 15me jour de février 1. Signé B. DE Breudis.

1 D'après une note mise à la marge, par Albert lui-même, dans son édition de 1637, la bulle qui commence par les mots : Inter innumerabilia pietatis officia, est datée du xiv des kalendes de mars 1459; et par conséquent, selon l'usage actuel de compter les années, du 16 février 1460.

XIV.

Sur la date qui doit être assignée au voyage de Louis XI en Bretagne.

:

Albert de Morlaix dit que Louis XI entreprit le voyage de Bretagne au mois d'octobre 1461; et quelques pages plus loin 2, il raconte le miracle que Dieu opéra en faveur de la Bienheureuse, aussitôt après le départ du roi, et il ajoute Plusieurs ont écrit que cette merveille arriva au mois de juin 1462. Il y a là une contradiction évidente, puisque, d'après les données fournies par Albert lui-même, le voyage de Louis XI ne dura que trois ou quatre semaines. Laquelle des deux dates, d'octobre 1461 ou de juin 1462, doit être admise? C'est une question vraiment importante, puisqu'il s'agit d'une des circonstances les plus remarquables de la vie de Françoise.

En étudiant avec soin les monuments historiques qui nous restent, on est amené tout d'abord à conclure que Louis XI n'a pu venir en Bretagne au mois d'octobre 1461. Ce prince succéda à son père, Charles VII, le 22 juillet de cette même année 1461. Dans les mois qui suivirent, il reçut une ambassade de François II, et il envoya lui-même une ambassade au duc de Bretagne. François II vint ensuite à Tours lui faire hommage du duché le 18 décembre; il y demeura jusqu'au commencement de l'année suivante; et le 4 janvier 1462, Louis XI l'établit son lieutenant général en Normandie et dans les autres provinces situées en deçà de la Seine. Cet acte est daté de Tours 3. Il est donc certain que le voyage de Louis XI n'a point eu lieu dans l'intervalle qui s'écoula depuis son avènement au trône jusqu'à la fin de l'année 1461.

D'un autre côté, ce voyage ne saurait être retardé au-delà du

1 N° XXI.

2 N° XXV.

3 DOM MORICE : Mémoires, etc. Hommage rendu à Louis XI, par le duc François II, t. I, col. 1762. mandie, etc.; ibid., col. 1762. liv. xvin, N. cxxx et suivants.

François II établi lieutenant général en Nor

DOM LOBINEAU: Histoire de Bretagne,

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mois de juin 1462. Les historiens sont unanimes pour nous apprendre que le roi vint en Bretagne avant les États de Redon, dont l'ouverture fut faite par François II le 14 juin de cette année. Il en résulte que le voyage de Louis XI en Bretagne doit être placé dans les six premiers mois de l'an 1462. Dom Taillandier nous apprend que François II, presque aussitôt après son arrivée de Tours, se rendit près d'Alain, vicomte de Rohan, qui était dangereusement malade, pour terminer le mariage de Marie de Bretagne avec le fils du vicomte. On a vu dans notre vie de la Bienheureuse que ce mariage avait été arrêté aux États de Vannes en 1455; mais il avait été différé jusqu'à ce moment à cause du bas âge des futurs époux. Le contrat auquel François II intervint est du 8 mars 1462 3. Le vicomte de Rohan mourut douze jours après le mariage. C'est à la suite de ces événements, d'après Dom Taillandier, que Louis XI vint en Bretagne, et par conséquent au mois d'avril ou de mai.

Arrivés à ce point, nous trouvons des indications précieuses dans le Registre de la Chancellerie ducale et dans le Registre du Conseil, conservés aux archives départementales de la Loire-Inférieure. A l'aide de ces renseignements, nous pouvons déterminer d'une manière précise, croyons-nous, les dates du voyage de Louis XI ".

En parcourant le Registre de la Chancellerie, on remarque que le lieu où les actes sont scellés et enregistrés est soigneusement marqué en tête de chaque jour, toutes les fois du moins qu'il y a un changement de résidence. Ce registre ne devait pas toujours accompagner le duc; mais, en le comparant avec les autres documents historiques, il peut beaucoup aider à déterminer les lieux où

t. III,

1 DOM MORICE : Mémoires, etc. Parlement général tenu à Vannes l'an 1462, col. 1. DOM LOBINEAU: Histoire de Bretagne, liv. xvIII, N° CXXXVIIL Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. I, liv. x, an 1462. 3 DOM MORICE: Mémoires, etc. Traité de mariage entre Jean vicomte de Rohan et dame Marie de Bretagne, t. 1, col. 1768.

4 Registre de la Chancellerie commencé le 1" jour de janvier 1461: FONDS DE LA CHAMBRE DES COMPTES. Registre du Conseil du duc, l'an mil quatre cent soixante-un et soixante-deur: TRÉSORS DE CHARTES DE BRETAGNE. Armoire N, Cass. D, Inv. 1.

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