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VIE DE LA BIENHEUREUSE

FRANÇOISE D'AMBOISE

CHAPITRE I.

NAISSANCE DE LA B. FRANÇOISE D'AMBOISE. COUP D'ŒIL SUR LE XVe SIÈCLE. SITUATION DE L'ÉGLISE;

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A Bienheureuse Françoise d'Amboise, dont nous entreprenons d'écrire la vie, naquit en 1427. Elle eut pour père Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, prince et seigneur de Talmont, et pour mère Marie de Rieux 1.

La famille d'Amboise était une des plus illustres de France, et sans vouloir entrer dans des détails

LÉON DE RENNES. La Vie de la très-illustre Duchesse de Bretagne, Françoise d'Amboise, fondatrice des religieuses carmélites en Bretagne. Chap. I". De son illustre naissance.- ALBERT LE GRAND, de Morlaix. La Vie, gestes, mort et miracles des saints de la Bretaigne armorique. Nantes, 1637. La Vie de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretaigne, fondatrice des Carmelines audit pays, le 28 septembre. N° I.

généalogiques qui nous entraîneraient trop loin, il nous suffira de remarquer que, parmi les ancêtres de la Bienheureuse, on trouve au x1° siècle un seigneur Hugues d'Amboise qui prit une part glorieuse à la première croisade, sous Godefroy de Bouillon, et mourut à Jérusalem où il fut enterré sur le mont des Oliviers. Du temps même de notre sainte, nous rencontrons dans sa famille un homme qui occupe une grande place dans l'histoire de France, le cardinal Georges d'Amboise, successivement archevêque de Narbonne et de Rouen, l'ami et le ministre de Louis XII. Prélat recommandable par la vertu aussi bien que par l'élévation du génie, il eut peut-être la part principale dans le bien qui s'opéra sous un roi à qui sa bonté mérita le titre de Père du Peuple '.

La mère de Françoise appartenait à la Bretagne. La famille de Rieux que l'on voit figurer à la cour des ducs dès le x1° siècle, possédait la baronnie d'Ancenis, l'une des neuf grandes baronnies du duché; et ce fut le cousin germain de notre Bienheureuse, Jean de Rieux, maréchal de Bretagne,

LÉON DE RENNES. Abrégé généalogique en tête de la Vie de la Bienheureuse Françoise d'Amboise. Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des Pairs, Grands officiers de la couronne et de la maison du Roi, et des anciens Barons du Royaume, etc., par le P. ANSELME, Augustin déchaussé, continuée par M. DU FOURNY, revue, corrigée et augmentée par les soins du P. ANGE et du P. SIMPLICIEN, Augustins déchaussés, 3 éd., t. vii, Paris, 1733. Généalogie de la maison d'Amboise, p. 119. La Bienheureuse Françoise était parente du cinquième au sixième degré avec le cardinal Georges d'Amboise.

que le dernier duc François II établit le tuteur de ses filles Anne et Isabelle '.

Ce n'est pas sans doute l'illustration de la naissance qui fait la sainteté : Dieu choisit ses élus dans les rangs les plus obscurs, comme dans les conditions les plus élevées; mais nous devions, à l'exemple des biographes des saints, ne pas omettre les circonstances qui rendirent illustre, selon le monde, la famille de la Bienheureuse Françoise. Les distinctions sociales appartiennent à l'ordre de la Providence; l'Église les a toujours respectées, et en même temps, par les exemples des saints, elle nous enseigne comment nous devons dédaigner, pour l'amour de Jésus-Christ, toutes les grandeurs de la terre.

Nous ne connaissons d'une manière certaine, ni le lieu, ni le jour de la naissance de Françoise. Les monuments historiques qui nous restent de cette époque, indiquent comme la résidence la plus habituelle de son père, le château de Thouars, et nous serions porté à croire qu'elle vint au monde dans cette ville. On peut aussi conjecturer que le jour de sa naissance fut le 28 septembre. Albert de Morlaix ne le dit pas expressément; mais en plaçant à ce jour la vie de la Bienheureuse, il nous

1 DOM LOBINEAU. Histoire de Bretagne, t. 1, liv. III, N° cxxxIII. - DOM MORICE. Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. 1. Préface. Dissertation sur les barons, ch. IV. LE P. ANSELME. Histoire généalogique et chronologique, etc., t. vi, Paris, 1730. Généalogie de la maison de Rieux, p. 763.

donne lieu de penser que ce fut celui de sa naissance. Albert met les vies des saints le plus souvent au jour de leur mort. Il connaissait la date de la mort de Françoise qui arriva le 4 novembre 1485. Il n'y a aucun fait remarquable dans l'histoire de notre sainte qui ait pu le déterminer à préférer la date du 28 septembre. Nous ne voyons donc pas d'autre motif qui la lui ait fait choisir, si ce n'est qu'elle fut celle de la naissance de la pieuse princesse dont il écrivait la vie. Il a pu en trouver l'indication précise dans les anciens manuscrits qu'il eut entre les mains, quoiqu'il ait omis de le mentionner.

Les deux dates que nous venons de rapprocher, celle de 1427, époque de la naissance de Françoise, et celle de 1485, époque de sa mort, montrent que sa vie appartient tout entière au xv° siècle. Il n'est pas dans notre pensée de tracer ici un tableau complet et détaillé d'une période historique dont le caractère n'est pas facile à définir. Mais si nous ne devons pas nous permettre de longues excursions hors de notre sujet, nous croyons néanmoins utile, nous allions dire nécessaire, de faire connaître la société religieuse et politique au milieu de laquelle vécut la Bienheureuse Françoise. Issue de deux grandes familles de notre pays, épouse d'un des princes les plus puissants de son temps, elle fut associée par la Providence à plusieurs des événements les plus importants qui s'accomplirent à cette époque; et

en rappelant le milieu où elle se trouva placée, nous aiderons à mieux comprendre le caractère de sa sainteté.

L'Église, au commencement du xv° siècle, sortait de l'une des crises les plus redoutables qui lui aient été ménagées par l'action mystérieuse de la Providence. L'élection du pape Martin V, au concile de Constance, en 1417, avait mis fin au grand schisme d'Occident. L'unité catholique, un moment ébranlée, se montrait de nouveau au monde dans toute son énergie. Il y eut bien encore des tentatives de rupture et de scission: c'étaient les dernières secousses qui se font nécessairement sentir après toutes les grandes commotions. Le concile de Bâle s'éteignit après quelques efforts impuissants, et le concile général de Florence, réuni près du pape Eugène IV, successeur de Martin V, vit toutes les nations de l'Europe se confondre dans l'unité religieuse autour de la chaire inébranlable de Pierre. L'Orient se joignit à l'Occident dans ce mouvement d'unité, et, à Florence, les Grecs, les Arméniens et les Syriens, s'accordèrent à reconnaître la primauté de l'Église romaine, formulée dans un décret solennel qui constatait la pleine puissance que le Pontife romain a reçue de Jésus-Christ de régir et gouverner l'Église universelle'. Admirable conduite de Dieu sur son Église !... L'empire d'Orient suc

▲ Definimus Sanctam Apostolicam Sedem et Romanum Pontificem in universum orbem tenere primatum, et ipsum Pontificem Romanum successorem esse

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