S'il m'est permis, MONSEIGNEUR, de révéler en partie que je garde au fond de l'âme de reconnaissance et d'affect filiale, après avoir été associé pendant quinze années aux s licitudes les plus intimes de votre ministère pastoral, j'ajo terai que ces quelques pages, écrites sous votre inspiration comme sous vos yeux, ont pour moi un prix que votre ca a su y attacher. Vous donnez aujourd'hui vos souffran quotidiennes à votre troupeau comme vous n'avez cessé de consacrer vos labeurs pendant votre Épiscopat tout entier m'a semblé que, durant vos heures de maladie, vous a pris intérêt à la lecture de ces pages; et les conversations vous teniez après en avoir entendu quelques-unes, m' laissé cette douce impression que saint Augustin conservait discours de sa mère qui l'élevaient à travers les images fu tives de la vie présente vers les réalités du Ciel.

Je vous remercie, MONSEIGNEUR, de m'avoir dirigé par conseils paternels. Bénissez une seconde fois, au moment elle s'achève, l'œuvre dont vous avez encouragé les co

mencements.

Daignez agréer l'hommage du religieux respect et de l'e tier dévouement avec lesquels je suis,

MONSEIGNEUR.

De Votre Grandeur,

Le fils très-humble et obéissant,

F. RICHARD,

Vic.-Gén.

PRÉFACE.

J

I.

E regarde comme une grâce de Dieu d'avoir été appelé à écrire la vie de la Bienheureuse Françoise d'Amboise, et d'avoir reçu la mission de travailler à la confirmation du culte que nos pères n'ont pas cessé de lui rendre pendant quatre siècles. Lorsque j'entendis parler, il y a une quinzaine d'années, des premières enquêtes faites pour recueillir les souvenirs et les monuments que nous avaient légués sur la sainte Duchesse de Bretagne les générations chrétiennes qui se sont succédé dans notre pays, j'étais loin de penser que j'aurais un jour le bonheur d'apporter, à la suite des premiers travailleurs, ma part de coopération à cette grande œuvre. Plus d'une fois en écrivant

le mémoire sur son culte ou en rédigeant l'histoire de sa vie, je me suis rappelé la parole de Notre-Seigneur dans l'Évangile : Alii laboraverunt

et vos in labores eorum introistis'. « D'autres ont travaillé avant vous et vous êtes venu recueillir le fruit de leurs labeurs. Des prêtres pieux ont ouvert le sillon que je devais creuser après eux. Il m'est doux surtout de retrouver, au début de cette tâche qui s'achève aujourd'hui, inspirant le travail et renouant les traditions du passé aux espérances de l'avenir, un homme, breton par le cœur autant que par le nom et la famille, un des ecclésiastiques les plus vénérables de notre temps, M. l'abbé Louis de Courson, pendant vingt-deux ans vicaire-général à Nantes, et mort, en 1850, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice. Prêtre véritablement plein de l'esprit de Dieu, il eut l'intelligence des choses du ciel et l'amour des saints;

⚫ JOAN. IV, 38.

Je dois nommer spécialement M. l'abbé Cadoret, chanoine honoraire de la cathédrale de Nantes, et aumônier du couvent de la Grande-Providence, décédé en 1862; et M. l'abbé Lagrange, successivement professeur au collège de Notre-Dame des Couets et missionnaire diocésain, mort aumônier de l'école impériale de Grand-Jouan, dans le diocèse de Nantes, en 1854M. l'abbé Cadoret fit les premières enquêtes pour constater l'authenticité des reliques de la Bienheureuse déposées dans le couvent de la Grande-Providence; et M. l'abbé Lagrange commença à recueillir les documents qui ont servi à prouver le culte immémorial de la sainte Duchesse, comme nous le raconterons dans le cours de cet ouvrage.

et, quoique dans son humilité il s'accusât de ne

pas

avoir suivi avec assez de zèle les intérêts de notre Bienheureuse', je ne puis m'empêcher de reconnaître en lui l'instrument que Dieu avait choisi pour amener la restauration de son culte. Chargé de la direction des maisons d'éducation diocésaines, il acheta, le 7 mai 1842, l'ancien couvent des Couëts pour y placer une partie des jeunes élèves ecclésiastiques. Sa piété lui avait rendu chères et vénérées les pierres de la maison sainte et il conserva avec grand soin à l'édifice que la Providence allait rajeunir le patronage séculaire de la sainte Duchesse.

La maison des Couëts redevint le centre du culte de la Bienheureuse Françoise. Un des professeurs de cette maison, M. l'abbé Lagrange, se livra bientôt avec persévérance aux travaux nécessaires pour constater l'identité des reliques sauvées pendant la Révolution et réunir les preuves du culte rendu à la sainte Duchesse. Quelques années plus tard, les élèves du collège des Couëts retraçaient, dans la solennité littéraire qui cou

1 Lettre de M. l'abbé de Courson à M. l'abbé Lagrange, prêtre, missionnaire du diocèse de Nantes. (De cultu immemorabili B. Francisca Ambosia Disquisitio historica et liturgica. Summarium N° XXXI.)

ronnait les classes de 1852, l'histoire de la maison qu'ils habitaient. Sous la plume de ces enfants, habilement dirigée par leurs maîtres, l'antique monastère revivait avec son cortége de souvenirs religieux et de gloires patriotiques'. Ainsi Dieu rendait de plus en plus populaire le nom de Françoise d'Amboise. Au jour où Ms l'Évêque de Nantes bénissait la nouvelle chapelle, dont la flèche gracieuse semblait annoncer au loin la résurrection du culte de la sainte, on saluait par l'espérance un autre jour encore plus désiré, celui où le Vicaire de Jésus-Christ confirmerait par un décret solennel les hommages que la piété bretonne offrait à l'ancienne souveraine de la province 2.

Je me rappelle avec quel bonheur nous nous entretenions alors de ces projets. Je n'osais pourtant me flatter que la cause de Françoise pût arriver promptement à une heureuse conclusion. On sait les lenteurs que la Cour romaine apporte avec sagesse dans la béatification des serviteurs de Dieu; et, quoique les causes de culte im

Souvenirs littéraires de l'Institution de Notre-Dame des Couets, recueillis et mis en ordre par M. l'abbé J.-S. Allard, chanoine honoraire, licencié èslettres, préfet des études. 1 vol. in-12, Nantes, 1859.

* Bénédiction de la nouvelle chapelle de Notre-Dame des Couets. (Notice portant la date du 20 mai 1861.)