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VIE DE LA BIENHEUREUSE

FRANÇOISE D'AMBOISE

CHAPITRE XVI.

LA BIENHEUREUSE FRANÇOISE REVET L'HABIT DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL CÉRÉMONIE DE SA VÊTURE, LE 25 MARS 1468. - LES VERTUS QU'ELLE PRATIQUE PENDANT L'ANNÉE DE SON NOVICIAT.

1468-1469.

Le moment était venu où la Bienheureuse Françoise pouvait enfin quitter le monde et se donner toute à Dieu. Elle avait accompli les devoirs que la Providence lui imposait envers sa famille, devoirs qui n'avaient pas été sans amertumes et sans difficultés, dans plusieurs circonstances. Elle avait jusqu'au bout travaillé au bonheur de la Bretagne, qu'elle aimait. Elle avait pourvu avec prudence à l'entretien du nouveau monastère fondé par elle, en procurant les revenus nécessaires à la subsistance des religieuses. Rien donc ne la retenait plus dans le siècle. Elle alla se jeter aux pieds du Révérend 1

TOME II.

Père général des Carmes et sollicita humblement d'être admise au nombre des sœurs du Carmel '.

La règle de l'ordre prescrivait à la maîtresse des novices de conduire les postulantes qui désiraient revêtir l'habit religieux à la Mère prieure et successivement aux autres religieuses. La postulante se mettait à genoux devant chacune d'elles et demandait la grâce d'être admise au noviciat. Elle était ensuite appelée au chapitre à trois jours différents; et chaque fois elle renouvelait sa demande en présence de toute la communauté. Le troisième jour, la prieure interrogeait la postulante sur ce qu'elle voulait, et celle-ci répondait : Je demande la miséricorde de Dieu et votre compagnie; je vous prie, par les mérites de la mort et passion de Notre-Seigneur, et par ceux de sa Sainte Mère, de me faire l'honneur et la grâce de me recevoir novice, quoique je n'en sois pas digne; je tâcherai de mieux faire à l'avenir que par le passé, moyennant la grâce de Dieu et vos saintes prières.

L'admission de la postulante se faisait par un scrutin secret, auquel prenaient part les religieuses professes, à qui les constitutions donnaient le droit de suffrage. Lorsque la postulante était admise, la maîtresse des novices la conduisait au chapitre; elle se mettait à genoux et écoutait humblement la Mère prieure qui lui exposait les

4 LÉON DE RENNES : Vie de la très-illustre Françoise d'Amboise, ch. xx. La Duchesse prend l'habit de religieuse, etc. ALBERT DE MORLAIX, N° XXIX.

devoirs de la vie religieuse, et lui représentait la faute commise par la personne qui aurait la témérité d'embrasser une règle, sans vouloir y être fidèle. La postulante répondait que pour Dieu et son salut, elle était prête à tout faire; et la prieure lui disait « Deus qui tibi dedit velle, donet et » perficere, ut vitam merearis æternam! Que Dieu » qui vous a donné la volonté, vous accorde de la » mettre à exécution, afin que vous méritiez la vie » éternelle! » Les religieuses répondaient : « Amen. » Ainsi soit-il. » La postulante s'approchait alors de la prieure, les mains jointes, et s'agenouillait devant elle. La prieure lui disait : « Ma fille, pour » l'amour de Dieu et de Marie, nous vous recevons » dans notre compagnie. » La postulante répondait : « Deo gratias. Grâces en soient rendues à Dieu . »

Françoise, qui aimait les pratiques d'humilité et qui se jugeait indigne d'être admise parmi les épouses de Jésus-Christ, dut observer avec joie. tous ces pieux usages du Carmel. Le jour fixé pour la cérémonie de sa vêture fut celui de l'Annonciation, 25 mars 1468 .

Nous empruntons ces détails à l'opuscule qui a pour titre : Règle et Constitutions des Religieuses Carmélites des Couets. Nantes 1755. C'est l'édition faite par M de la Muzanchère, évêque de Nantes. On sait avec quelle fidélité les usages se conservent dans les communautés religieuses. Nous regardons comme certain que les Constitutions reproduisent ce qui se pratiquait dans le monastère de la Bienheureuse dès l'origine. Voyez la Vingtième Rubrique : De la Véture.

2 ALBERT DE MORLAIX, N° XXIX, et LÉON DE RENNES, ch. XXI, mettent à

La veille, elle assura la dotation du couvent des Trois-Maries, par un acte passé au Bon-Don. On y trouve énumérés les revenus qu'elle donnait au monastère, et qui s'élèvent à cinq cent trente quatre livres de rente par an. La bulle de Pie II 1 avait fixé d'abord à mille livres la dotation du futur monastère des Carmélites. Le duc de Bretagne trouva cette somme trop considérable: il ne voulut pas que le chiffre de la fondation dépassât six cents livres de rentes. Françoise recourut à

l'année 1467 la prise d'habit de la Bienheureuse Françoise. L'épitaphe placée sur son tombeau donnait la date de 1468, ainsi qu'il est constaté dans l'Inventaire de 1544 et dans le Procès-Verbal de Mer de la Muzanchère de 1762. Dans le mémoire présenté à la Sainte-Congrégation des Rites, sous le titre de : Disquisitio historica et liturgica, nous avions cru devoir suivre l'autorité des deux historiens de la sainte, de préférence à l'inscription de la pierre sépulcrale. Il nous semblait qu'on avait pu assez facilement confondre dans cette inscription la date de la vêture avec celle de la profession, qui ent lieu l'année suivante, le même jour 25 mars. Nous connaissions d'ailleurs l'exactitude d'Albert de Morlaix et de Léon de Rennes, et nous avions peine à croire qu'ils se fussent mépris sur une date aussi remarquable dans la vie de notre Bienheureuse. Mais une pièce conservée par DOM MORICE (Mémoires, t. ш, col. 161) ne laisse aucun doute sur l'année où Françoise revêtit l'habit du Carmel c'est l'acte de dotation du couvent des Trois-Maries dont nous donnons l'analyse dans ce chapitre. Cet acte, rédigé la veille de la vêture de la sainte Duchesse, porte la date du 24 mars 1467. Or, l'année en Bretagne et en France ne commençait qu'à Pâques, jusqu'à l'édit de Charles IX, de 1564. Le 24 mars 1467 répond par conséquent à l'année 1468, d'après notre manière actuelle de compter les années. Ce qui achève de mettre cette date hors de toute contestation, c'est que dans le cours de l'acte de dotation sont relatés plusieurs contrats passés dans les mois de juillet, août, octobre et décembre 1467. L'acte de dotation n'a donc pu être signé que le 24 mars 1468, et le lendemain 25 mars, fête de l'Annonciation, comme le racontent les biographes, la sainte Duchesse reçut l'habit religieux. Sa profession eut lieu un an après, ainsi qu'il est mentionné par les historiens et par l'épitaphe placée sur son tombeau, et doit par conséquent être fixée au 25 mars

Voyez t. 1, ch. xi, p. 219.

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