Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

» elle, laissez cela. Jésus-Christ, notre époux, » est venu en ce monde pour servir et non pour » être servi; et moi qui suis votre prieure, je dois, à » son exemple, me servir moi-même et toutes vous >> autres aussi 1. »

Il arriva un autre jour qu'une religieuse lui donna dans la conversation le titre de Madame. La Bienheureuse, tout émue de ce titre qui semblait un souvenir de son ancienne dignité de duchesse, ne put s'empêcher de reprendre avec quelque aigreur la religieuse qui lui parlait: « Je » n'ai pas nom Madame; je m'appelle sœur Fran»çoise, humble servante de Jésus-Christ; et, de » l'autorité que j'ai sur vous, je vous défends de » m'appeler autrement. Voulez-vous qu'après moi » je vous laisse une duchesse ou une princesse » mondaine? »

Le soin qu'elle avait de maintenir la règle et de prévenir tous les abus qui auraient pu, même légèrement, l'ébranler, parut dans l'exactitude avec laquelle elle fit toujours respecter la clôture. La jeune duchesse de Bretagne et son frère le cardinal de Foix, firent exprès le voyage de Nantes à Vannes pour la visiter. Ils désiraient la voir dans sa cellule, mais elle ne voulut pas leur permettre l'entrée du monastère et ne les reçut qu'au parloir: ce qui édifia grandement la duchesse et le car

1 LÉON DE RENNES et ALBERT DE MORLAIX, locis citatis,

2 ALBERT DE MORLAIX, N° XXXIII,

dinal, et est d'autant plus remarquable que le concile de Trente n'avait pas encore fait les règlements qui établirent avec tant de sévérité la clóture des monastères. Lorsque le Père général faisait la visite canonique de la maison, elle ne laissait entrer avec lui que le Père vicaire. Néanmoins, par respect pour le Saint-Siége, elle permit l'entrée du monastère des Trois-Maries au cardinal d'Angers, légat du pape en Bretagne, et à deux personnes de sa suite, ainsi qu'à l'évêque de Vannes qui l'accompagnait, et au moment où ils entrèrent elle se tint à la porte pour empêcher qu'aucune autre personne n'essayât d'y pénétrer '.

Pour achever de faire connaître Françoise comme supérieure, il faudrait rapporter les instructions spirituelles qu'elle donnait à ses religieuses et exposer les mesures qu'elle prit afin d'assurer dans l'avenir la régularité de la maison, en obtenant du pape certains priviléges particuliers. Mais ce qui nous reste des instructions et des maximes de la Bienheureuse nous a paru assez important, bien que les historiens ne nous aient conservé que quelques fragments détachés, pour que nous en fassions l'objet d'une étude spéciale. Après avoir parlé de ses vertus, nous consacrerons un chapitre entier à l'exposition de sa doctrine spirituelle. Quant aux priviléges qu'elle

ALBERT DE MORLAIX, ibid.

sollicita et obtint des Souverains-Pontifes, l'ordre chronologique exige que nous en traitions seulement après avoir raconté la fondation du monastère des Couëts. La pensée qui dirigea Françoise dans la demande de ces priviléges sera mieux comprise, quand nous aurons exposé les dernières circonstances de sa vie.

Ajoutons seulement que c'est durant le temps de sa supériorité qu'elle semble avoir pris l'habitude de répéter souvent cette parole, qui est demeurée comme sa devise: « Faites sur toutes » choses que Dieu soit le mieux aimé! » Parole vraiment belle dans sa simplicité. C'est l'expression d'une âme qui s'oublie elle-même et désire uniquement que son Dieu soit aimé. Bienheureux est celui qui comprend ce que c'est qu'aimer Jésus et se mépriser soi-même pour l'amour de Jésus! a écrit l'auteur de l'Imitation '. Et encore: Ne désirez pas qu'un autre s'occupe de vous dans son cœur, et ne vous embarrassez pas vous-même dans l'affection d'un autre, mais souhaitez que Jésus soit aimé en vous et en tout homme de bien . « Faites sur toutes choses que Dieu soit le mieux » aimé » Qu'on nous permette de répéter une

Beatus qui intelligit quid sit amare Jesum et contemnere se ipsum propter Jesum. DE IMIT. CHRIST., lib. I, C. vi, N° 1.

Nec velis quod aliquis tecum in corde suo occupetur, neque tu cum alicujus occuperis amore; sed sit Jesus in te et in omni bono homine. Ibid. ch. vi, N. IV.

seconde fois cette douce parole de notre sainte, pour clore ce chapitre, comme elle terminait ellemême par sa maxime de prédilection tous ses discours.

1 ALBERT DE MORLAIX, N° XXXIV.

CHAPITRE XIX.

LA BIENHEUREUSE FRANÇOISE EST TRANSFÉRÉE AU MONASTERE DE NOTRE-DAME DES COUETS PAR LE PAPE SIXTE IV. ORIGINE DE CE MONASTÈRE.

PRISE DE POSSESSION PAR LA BIENHEUREUSE FRANÇOISE ET LES RELIGIEUSES CARMÉLITES. OPPOSITION DES RELIGIEUSES BÉNÉDICTINES. PIERRE DU CHAFFAULT, ÉVÊQUE DE NANTES, FIN DES DISCUSSIONS SUR LA RÉGALE.

UNION DU MONASTÈRE DES COUETS ET DE CELUI DES TROISMARIES.

[blocks in formation]
[ocr errors]

L n'y avait pas longtemps que la Bienheureuse Françoise était placée à la tête du couvent des Trois-Maries, lorsqu'elle dut songer à quitter sa retraite pour aller fonder un nouveau monastère. Peut-être même, cet événement, important dans la vie de notre sainte, avait-il été déjà préparé avant son élection à la charge de prieure.

Il paraît tout à la fois par le récit des biographes et par les bulles des Souverains Pontifes qui concernent cette translation, que la première pensée en vint au duc François II. Ce prince avait toujours porté une affection sincère à la Bienheu

« ZurückWeiter »