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les sains qui ont besoin de médecin, mais les malades : je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs1.

18. Les disciples de Jean et les Fharisiens jeûnoient souvent. Ils vinrent le trouver et lui dirent : Pourquoi les disciples de Jean et ceux des Pharisiens jeûnent-ils, et que vos disciples ne jeûnent point?

19. Jésus leur dit Les fils de l'époux 2 peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux. Aussi longtemps qu'ils ont avec eux l'époux, ils ne peuvent jeûner,

20. Mais viendront les jours où l'époux leur sera enlevé : et ils jeûneront en ces jours-là.

21. Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, autrement le drap neuf emporte encore une partie du vieux, et la rupture est plus grande.

22. Et personne ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement le vin rompra les outres, et le vin se répandra, et les outres seront perdues: mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.

23. Il arriva encore que le Seigneur passant le long des blés, ses disciples en marchant arrachèrent des épis.

24. Les Pharisiens lui dirent : Pourquoi font-ils ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du sabbat?

25. Il leur répondit : N'avez-vous jamais lu ce que fit David, dans le besoin qui le pressoit, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étoient avec lui?

26. Comment il entra dans la maison de Dieu, au temps du grand-prêtre Abiathar, et mangea les pains de proposition, qu'il n'étoit permis qu'aux prêtres de manger, et les donna à ceux qui étoient avec lui?

27. Il leur dit encore : Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat'.

1 Si, vivant à part, les forts se séparoient des foibles, les bons des mauvais, où ceux-ci trouveroient-ils l'appui nécessaire pour se reformer? La charité se fait toute à tous, suivant l'expression d'un apôtre.

2 Selon le grec. La vulgate dit: Les fils des noces, ceux que l'époux y a invités, ses amis. Le sens des deux textes est le même.

3 La loi cérémonielle n'a de valeur que celle qu'elle tire de l'utilité dont elle est à l'homme : c'est pourquoi elle ne crée aucun devoir absolu, et il y a des cas où le principe de la loi dispense de la loi même.

28. C'est pourquoi le Fils de l'homme est maître du sabbat

même.

Toutes les paroles du Christ ont un sens profond : « On »ne coud pas, dit-il, une pièce de drap neuf à un vieux » vêtement; on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles » outres. » Les vieilles outres, ce sont les sociétés usées par le temps, dissoutes par la corruption, qui n'ont plus de force ni de consistance. Le vin nouveau, c'est la nouvelle effusion de l'esprit qui doit ranimer le monde. Les sociétés vieillies n'en sauroient supporter l'action; elles se rompent et le laissent écouler; il faut, pour le conserver, pour qu'il serve aux besoins des hommes, de nouvelles sociétés, des outres neuves. Ceux-là donc se trompent étrangement qui, aux époques où se renouvelle la vie de l'humanité, croient pouvoir renfermer cette vie nouvelle, ce vin nouveau, dans des vaisseaux caducs, des institutions décrépites. Ils ne font qu'en hâter la dernière destruction, et il n'y auroit qu'à s'en réjouir, si, par cette tentative insensée, ils ne privoient les autres et ne se privoient eux-mêmes du bienfait divin. La sève du printemps ne monte point dans les feuilles qu'a séchées l'automne. Croyez aux enseignements du Christ, croyez aux exemples que vous ont donnés ses disciples. Estce que sa loi eût pu germer, se développer dans le sein de la synagogue? La synagogue c'est le passé, la vieille outre, le vieux vêtement. Tous les vêtements s'usent. Qu'ont aujourd'hui les peuples pour se recouvrir, que des lambeaux? Qu'ils jettent là ces haillons, au lieu d'y coudre follement le drap neuf. Qu'au lieu d'un vain travail d'impossible réparation, d'un travail dont l'unique effet seroit d'agrandir la rupture, ils imitent le Père céleste, qui, lorsque l'hiver a passé sur ce qu'avoit vivifié le soleil, renouvelle le vêtement de la terre.

CHAPITRE III.

1. Jésus étant entré une autre fois dans la synagogue, il s'y trouva un homme qui avoit une main desséchée.

2. Et ils l'épioient, pour voir s'il le guériroit le jour du sabbat, afin de l'accuser.

3. Et il dit à l'homme qui avoit une main desséchée : Tenezvous là debout au milieu.

4. Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien ou du mal le jour du sabbat? de sauver la vie ou de l'ôter? Et ils se taisoient.

5. Alors, les regardant avec colère, contristé de l'aveuglement de leur cœur, il dit à cet homme : Étendez votre main. Et il l'étendit, et sa main devint saine.

6. Mais les Pharisiens étant sortis, tinrent aussitôt conseil contre lui avec les Hérodiens, sur les moyens de le perdre 1. 7. Et Jésus se retira vers la mer avec ses disciples et une troupe nombreuse le suivit de la Galilée et de la Judée,

8. Et de Jérusalem, et de l'Idumée, et d'au delà du Jourdain et ceux d'autour de Tyr et de Sidon, entendant ce qu'il faisoit, vinrent à lui en grande foule.

9. Et il dit à ses disciples de lui amener une barque, à cause de la multitude, pour n'en être pas accablé.

10. Car il en guérissoit beaucoup, de sorte que tous ceux qui avoient quelque mal se jetoient sur lui pour le toucher.

11. Et, en le voyant, les esprits immondes 2 tomboient à ses pieds et crioient, disant :

12. Tu es le Fils de Dieu. Et il leur défendoit, avec de grandes menaces, de révéler qui il étoit.

1 Ils ne répondent rien que pourroient-ils répondre à la question de Jésus? mais ils conspirent sa perte. Tout pouvoir qui se tait quand on l'interroge, qui, dans sa muette peur, ne sait se défendre que par des moyens ténébreux, des trames secrètes, des prisons et des échafauds, est un pouvoir mort.

2 Ceux que possédoient des esprits immondes. Certaines maladies étoient attribuées aux mauvais esprits, que l'on supposoit s'emparer des hommes. L'Évangile parle selon les idées du temps, idées, au reste, qui se sont perpétuées pendant beaucoup de siècles, et qui, bien que très affoiblies, subsistent encore de nos jours chez quelques personnes crédules.

13. Étant monté sur une montagne, il appela à lui ceux que lui-même voulut et ils vinrent à lui.

14. Il en choisit douze pour être avec lui, et pour les prêcher;

envoyer

15. Et il leur donna le pouvoir de guérir les infirmités et de chasser les démons:

16. Simon, à qui il donna le nom de Pierre;

17. Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, auxquels il donna le nom de Bonaergès, c'est-à-dire fils du tonnerre ;

18. Et André, et Philippe, et Barthélemi, et Matthieu, et Thomas, et Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée, et Simon le Gananéen, 19. Et Judas Iscariote, qui le trahit.

20. Ils vinrent à la maison, et la foule s'y assembla de nouveau, de sorte qu'ils ne pouvoient pas même manger.

21. Ce que les siens ayant entendu, ils vinrent pour se saisir de lui, car ils disoient : Il a perdu l'esprit 1.

22. Et les Scribes, qui étoient descendus de Jérusalem, disoient: Il est possédé de Béelzébub; et il chasse les démons par le prince des démons.

23. Mais Jésus les ayant appelés, il leur disoit en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan?

24. Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister.

25. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister.

26. Que si Satan s'élève contre lui-même, il est divisé, et ne pourra subsister, et ce sera sa fin.

27. Nul ne peut entrer dans la maison de l'homme fort, et piller ses meubles, s'il ne l'a lié auparavant, et ensuite il pillera sa maison.

28. En vérité je vous le dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront proférés.

29. Mais celui qui aura blasphémé contre l'Esprit Saint, jamais il n'en obtiendra la rémission; mais il sera coupable d'un crime éternel.

Quand est-ce que le zèle du bien, l'oubli de soi n'a pas été taxé de folie? C'est le prix ordinaire dont les hommes payent le dévouement, et il faut l'accepter comme Jésus.

30. Parce qu'ils disoient : Il est possédé d'un esprit immonde 1. 31. Sa mère et ses frères vinrent, et se tenant dehors, ils l'en

voyèrent appeler.

32. Or, le peuple étoit assis autour de lui; et on lui dit : Voilà, dehors, votre mère et vos frères qui vous cherchent.

33. Il leur répondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? 34. Et regardant ceux qui étoient assis autour de lui, il dit : Voilà ma mère et mes frères.

35. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.

La société juive, politiquement ruinée par les Romains, n'existoit désormais que dans le temple, et la corruption, la superstition, qui détruisoit la loi par des interprétations dérisoires la réduisant à des formes stériles, à une lettre morte, avoient profané le temple même. Alors Jésus vient renverser ce temple que Dieu n'habitoit plus; il vient bâtir un temple nouveau, fonder une société nouvelle. Comment accomplira-t-il cette œuvre d'où dépend le salut de l'avenir? Cherchera-t-il un appui parmi les ministres de l'ordre ancien? Rattachera-t-il son autorité à leur autorité? Non, il se sépare de ce passé. Fort de sa foi, de la vertu qu'il sent en lui, qui le pousse à remplir sa mission, il parle, agit au nom de Dieu seul. Mais est-ce vraiment Dieu qui l'envoie? où en est la preuve? Dans ce qu'il dit, dans ce qu'il fait, dans l'instinct de la multitude, dans l'écho que sa voix éveille au fond des cœurs simples et droits. Il ne relève que de l'esprit dont l'inspiration le guide. C'est pourquoi il enseigne comme ayant puissance, et non comme les Scribes. Mais il faut que son enseignement se propage et se perpétue. Que fera-t-il pour cela? Qu'a-t-il autour de lui? Ni savants, ni riches, ni gens en pouvoir; de pauvres hommes du

Dire de Jésus qu'il étoit possédé d'un esprit immonde, c'étoit blasphémer contre l'Esprit Saint qui étoit en lui.

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