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autre côté, le temps, par l'espèce de fascination qu'il exerce sur les hommes, a prêté à l'erreur une puissance formidable. Le Christ n'a point dogmatisé, il n'a point fondé sur un corps de doctrine théologique et philosophique définie et à jamais fixée, la société qu'il venoit établir, mais sur la règle immuable du droit et du devoir, loi commune des peuples, dont elle forme le lien. Hors de cette loi qui doit se développer d'àge en âge, non quant à son principe invariable, mais quant à ses applications progressives; hors de cette loi qui est vraiment pour la race humaine la voie et la vie, il laisse une liberté entière à la spéculation, au travail perpétuel de la pensée, d'où naît la science, qui, acquérant sans cesse, se réforme sans cesse. Il n'élève devant l'homme, divinement destiné à poursuivre le vrai jusque dans sa source infinie, aucune barrière. Et comme il faut, pour avancer, tenter plus d'une route, il ne veut pas que la diversité inévitable des opinions divise ceux que l'amour doit unir. La foi qu'il exige, ce n'est pas la foi à des solutions doctrinales des questions qu'enveloppe l'éternel problème de la nature et de son auteur, mais la foi aux préceptes, et la foi en celui qui aide à les accomplir. Or, est-ce là le Christianisme tel qu'il est conçu, enseigné, pratiqué? Si de nouveau vous apparoissiez sur la terre, ô Jésus, avec quelle douleur rediriez-vous à vos disciples « Ne comprenez-vous point encore? Serez» vous donc toujours privés de sens et d'intelligence? » Mais ce que les disciples ne comprennent point, le peuple commence à le comprendre. Vous n'aurez point, ô Jésus, parlé en vain, et votre parole est la semence d'où sortira l'arbre mystérieux qu'attend le genre humain, pour se reposer à son ombre.

CHAPITRE X.

1. Partant de là, il vint aux confins de la Judée, au delà du Jourdain et le peuple s'assembla de nouveau près de lui, et, suivant sa coutume, il les enseignoit.

2. Et, s'approchant, les Pharisiens lui demandèrent, pour le tenter, s'il est permis au mari de renvoyer sa femme.

3. Mais il leur répondit: Que vous a ordonné Moyse?

4. Ils dirent Moyse a permis d'écrire un acte de répudiation, et de la renvoyer.

5. Jésus leur dit : Il vous a donné ce précepte à cause de la dureté de votre cœur.

6. Mais au commencement, lorsqu'il créa l'homme, Dieu les fit mâle et femelle.

7. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme.

8. Et ils seront deux en une seule chair. Ainsi ils ne sont pas deux, mais une seule chair 1.

9. Ce que Dieu donc a uni, que l'homme ne le sépare point. 10. Ses disciples l'interrogèrent encore dans la maison sur le même sujet;

11. Et il leur dit : Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l'égard de celle-là.

12. Et si une femme renvoie son mari et en épouse un autre, elle se rend adultère.

13. Et ils lui présentoient des petits enfants pour qu'il les touchât. Mais ses disciples repoussoient ceux qui les présentoient. 14. Ce que voyant, Jésus se courrouça, et leur dit : Laissez ces petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez point, car c' à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume de Dieu.

c'est

I Jésus-Christ pose ici le fondement de la grande loi du mariage, d'où dépend la perpétuité du genre humain. L'homme n'est complet qu'uni à la femme, avec laquelle il forme une seule chair, un seul être, qui, se reproduisant indéfiniment, subsiste dès lors indéfiniment. Ainsi, le lien du mariage est un lien naturel, qu'aucune volonté arbitraire ne peut rompre, une loi de la nature, que ne peut détruire aucune loi positive.

15. En vérité je vous le dis: Quiconque ne reçoit pas comme un enfant le royaume de Dieu, n'y entrera point1.

16. Et les embrassant, et imposant les mains sur eux, il les bénissoit.

17. Comme il sortoit pour se mettre en chemin, un jeune homme accourant et se jetant à ses genoux, lui dit : Bon Maître, que ferai-je pour acquérir la vie éternelle?

18. Jésus lui dit : Pourquoi m'appelez-vous bon? Nul n'est bon, que Dieu seul.

19. Vous connoissez les commandements: Vous ne commettrez point d'adultère, vous ne tuerez point, vous ne déroberez point, vous ne rendrez point de faux témoignages, vous vous abstiendrez de toute fraude: Honorez votre père et votre mère. 20. Il lui répondit: Maître, j'ai observé tous ces préceptes dès ma jeunesse.

21. Jésus le regardant, l'aima et lui dit : Une seule chose vous manque; allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel : puis venez, et suivez-moi.

22. Mais affligé de cette parole, il s'en alla triste, car il avoit de grands biens.

23. Et Jésus jetant ses regards autour de lui, dit à ses disciples: Que difficilement ceux qui ont des richesses entreront dans le royaume de Dieu!

24. Ses disciples, entendant ceci, s'étonnoient grandement 2. Lors Jésus reprit : Mes petits enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses, d'entrer dans le royaume de Dieu!

25. Il est plus facile qu'un chameau passe par le chas d'une aiguille, qu'un riche entre dans le royaume de Dieu 3.

I La loi évangélique, dont l'amour est le sommaire, a, dans les cœurs simples, les âmes innocentes, comme un germe naturel, qui la leur fait reconnoître et accepter tout d'abord. Les passions seules disputent contre elle.

2 Ils devoient s'étonner d'autant plus que, dans la loi de Moyse, les richesses étoient présentées comme la récompense de la fidélité à la loi elle-même, comme le signe de la bénédiction de Jéhova. 3 La richesse endurcit, elle engendre d'ordinaire ou l'avarice, ou les faux besoins du caprice et du luxe, et l'un et l'autre ne sont que deux formes de l'égoïsme. Or, comme la charité est la racine de tout bien, l'égoïsme est celle de tout mal. La pauvreté, au contraire, rend secourable, elle développe la sympathie, et hors des cas extrêmes, resserre le lien de la fraternité humaine : maguifique compensation, pour qui sait le comprendre, de la privation de ces biens, comme on les appelle, que la plupart des hommes envient si follement.

26. Et ils s'étonnoient encore plus, et se disoient l'un à l'autre Qui pourra donc être sauvé?

27. Jésus les regardant, dit : Cela est impossible aux hommes, mais non pas à Dieu; car tout est possible à Dieu.

28. Pierre alors lui dit : Voilà que nous avons tout quitté pour vous suivre.

29. Jésus lui répondit: Je vous le dis en vérité : Nul ne quittera sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses fils, ou ses champs, à cause de moi, et à cause de l'Évangile,

30. Qui ne reçoive maintenant, en ce temps même, cent fois autant, maisons, frères, sœurs, et fils, et mères, et champs, avec des persécutions, et dans le siècle futur la vie éternelle.

31. Car des premiers beaucoup seront les derniers, et des derniers les premiers.

32. Or, ils étoient en chemin pour monter à Jérusalem, el Jésus marchoit devant eux, et ils le suivoient pleins de stupeur et de crainte. Et prenant douze d'entre eux, il commença à leur dire ce qui devoit lui arriver :

33. Voilà que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux Princes des prêtres, et aux Scribes, et aux Anciens, et ils le condamneront à mort, et le livreront aux Gentils.

34. Et ils le moqueront, et cracheront sur lui, et le flagelleront, et le tueront, et il ressuscitera le troisième jour.

35. Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, s'approchèrent de lui, disant Maître, nous voulons que quoi que ce soit que nous vous demanderons, vous le fassiez pour nous.

36. Il leur dit Que voulez-vous que je fasse pour vous? 37. Ils dirent: Que l'un de nous soit assis à votre droite, et l'autre à votre gauche dans votre gloire 1.

38. Jésus leur dit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé?

39. Ils lui répondirent: Nous le pouvons. Mais Jésus leur

1 Jésus leur parle de ses souffrances, de sa mort prochaine, et ce n'est pas de lui qu'ils s'occupent, mais d'eux-mêmes. Ils demandent le prix du combat, et n'ont pas encore combattu, et ne songent pas même à combattre. Chacun veut sa part et la meilleure part dans la gloire : mais qui veut le calice?

dit : Le calice que je dois boire, vous le boirez en effet, et vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé :

pas

40. Mais d'être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est

à moi de le donner; ce sera donné à ceux à qui il a été préparé. 41. Entendant ceci, les dix autres s'indignèrent contre Jacques et Jean.

42. Mais Jésus les appelant, leur dit : Vous savez que ceux qui possèdent l'autorité sur les peuples, les dominent, et que leurs princes ont puissance sur eux.

43. Il n'en sera pas ainsi parmi vous; mais quiconque voudra être le plus grand, sera votre serviteur :

44. Et quiconque voudra être le premier parmi vous, sera le serviteur de tous 1.

45. Car le Fils de l'homme même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour racheter celle de plusieurs.

46. Ils vinrent ensuite à Jéricho; et comme il partoit de Jéricho avec ses disciples et une grande multitude, le fils de Timée, Bartimée l'aveugle, étoit assis, mendiant, sur le bord du chemin. 47. Lequel, ayant entendu que c'étoit Jésus de Nazareth, se mit à crier, disant : Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi. 48. Et plusieurs s'efforçoient de le faire taire. Mais lui crioit encore plus haut: Fils de David, ayez pitié de moi.

49. Alors Jésus s'arrêtant, ordonna qu'on l'appelât. Et ils l'appelèrent, en lui disant : Aye confiance; lève-toi, il t'appelle. 50. Rejetant son manteau, il se lève en hâte et vient à Jésus. 51. Et Jésus lui dit : Que voulez-vous que je vous fasse? L'aveugle lui dit Seigneur, que je voie 2.

52. Jésus lui dit : Allez, votre foi vous a guéri. Et aussitôt il vit, et il le suivoit dans le chemin.

I Des enseignements de Jésus, aucun n'a été, de tous temps, plus oublié que celui-ci. C'est pourquoi la société qu'il venoit fonder, le royaume de Dieu, est encore dans l'avenir.

2 C'est l'éternelle prière de tout homme et du genre humain, à laquelle il faut en ajouter deux autres Seigneur, faites que j'aime, faites que je veuille.

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