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son amour à l'homme, à cause de la communauté de nature et de la perfection plus élevée de cette nature, d'où dérivent de plus hautes fonctions. A ce point de vue, tout change. De l'égoïsme individuel sortoient l'orgueil, la cupidité, les convoitises sensuelles, l'envie, la colère, les inimitiés : du sentiment d'une vie commune dont le centre est en Dieu, naissent l'oubli de soi, la douceur, le support mutuel, le calme intérieur, les pures joies de l'espérance qui se mêlent aux pleurs mêmes, et transforment les souffrances terrestres en un gage assuré de félicité future. Mais, souvenez-vous de ceci, plus vous avancerez dans cette voie de l'ordre véritable, plus vous vous efforcerez d'y introduire les autres, plus les enfants du siècle, les sujets du roi du passé, vous susciteront d'obstacles. Ils vous haïront, vous persécuteront, vous traîneront devant leurs tribunaux, vous jetteront au fond des cachots pour étouffer le bien dans son germe, le bien dont vous répandez la semence autour de vous, et perpétuer le mal dont ils sont les ministres. Affermissez vos cœurs, fortifiez votre courage, pour qu'il ne succombe pas dans cette lutte sacrée. Léguez-la, comme la plus sainte portion de votre héritage, à ceux qui vous suivront. Le repos après le combat, et le combat jusqu'au jour où il sera dit

Dieu a vaincu, son royaume est maintenant établi sur la terre, et ses enfants ont une patrie.

CHAPITRE VI.

1. Prenez garde à ne pas faire vos bonnes œuvres devant les hommes, afin d'être vu d'eux : autrement vous ne recevrez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux.

2. Quand donc vous faites l'aumône, ne sonnez pas de la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les rues

et les synagogues, afin d'être honorés des hommes 1. Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense.

3. Pour vous,

quand vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait la droite,

4. Afin que votre aumône soit dans le secret; et votre Père, qui yoit dans le secret, vous le rendra.

5. Et lorsque vous priez, vous ne ferez point comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et dans les angles des places publiques, afin d'être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense.

6. Pour vous, quand vous prierez, entrez dans votre chambre, et en ayant fermé la porte, priez votre Père en secret, et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra.

7. Ne multipliez pas les paroles en priant, comme font les payens, car ils s'imaginent être exaucés à force de paroles.

8. Ne leur ressemblez point, car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous ne le demandiez.

9. Vous prierez donc ainsi : Notre Père qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sanctifié.

10. Que votre règne advienne, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

11. Donnez-nous aujourd'hui notre pain supersubstantiel 2. 12. Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui nous doivent,

3

13. Et ne nous induisez pas en tentation 3, mais délivrez-nous du Mauvais. Ainsi soit-il.

14. Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra les vôtres;

15. Mais si vous ne remettez pas les leurs aux autres, votre Père céleste ne vous remettra pas non plus les vôtres.

On a vu, chap. V, v. 16, un précepte en apparence opposé à celui-ci. Il ne l'est pas en réalité. Le premier s'applique aux œuvres liées à un devoir public, qui inculquent par l'exemple une doctrine enseignée; le second aux œuvres de l'individu qui, dans l'accomplissement d'un devoir personnel, ne peut, sans violer le devoir même, y chercher une pâture pour la vanité.

2 Non-seulement le pain matériel du corps, mais aussi le pain spirituel de l'àme, et ce dernier surtout.

3 L'homme est si foible qu'il ne sauroit jamais se répondre de ne pas céder à la tentation; c'est pourquoi il doit demander de n'être pas soumis à cette épreuve. Que si néanmoins elle survient, cette défiance de soi est déjà la meilleure des préparations pour y résister.

16. Lorsque vous jeûnez, ne soyez point tristes comme les hypocrites, car ils exténuent leur visage, pour que leur jeûne apparoisse aux hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense.

17. Pour vous, quand vous jeûnez, parfumez votre tête et votre face,

18. Afin qu'il n'apparoisse pas aux hommes que vous jeûnez, mais à votre Père présent dans le secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra.

19. Ne vous amassez point des trésors sur la terre, où la rouille et les vers rongent, et où les voleurs fouillent et dérobent.

20. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la rouille ni les vers ne rongent, et où les voleurs ne fouillent ni ne dérobent.

21. Car où est votre trésor, là est votre cœur.

22. L'œil est la lampe du corps; si donc votre œil est pur, tout votre corps sera dans la lumière;

23. Et si votre œil est obscurci, tout votre corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en vous est ténèbres, les ténèbres mêmes que seront-elles 1?

24. Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il aimera l'un et haïra l'autre, ou il sera docile à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon 2.

25. C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez point de votre vie, comment vous mangerez, ni de votre corps, comment vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?

26. Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne recueillent en des greniers; et votre Père céleste les nourrit. N'êtes-vous pas de plus de prix qu'eux?

27. Qui de vous pourroit, par son industrie, ajouter une coudée à sa stature?

28. Et le vêtement, pourquoi vous en inquiéter? Voyez les lis des champs, comme ils croissent: ils ne travaillent ni ne filent :

1 Si l'on appelle ténèbres la privation de la lumière qui éclaire les corps, que sera-ce donc que les vraies ténèbres, la privation de la lumière qui éclaire l'âme intérieurement?

2 Le démon des richesses, selon les idées des Juifs.

29. Or, je vous le dis: Salomon, dans toute sa gloire, n'étoit pas vêtu comme l'un d'eux.

30. Que si l'herbe des champs, qui est aujourd'hui, et demain sera jetée dans le four, Dieu la vêtit ainsi, combien plus vous, hommes de peu de foi?

31. Ne vous inquiétez donc point, disant : Que mangeronsnous? que boirons-nous? ou comment nous vêtirons-nous?

32. Les Gentils s'enquièrent de ces choses, mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

33. Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné de surcroît.

34. N'ayez donc point de souci du lendemain; demain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Ce n'est pas l'insouciance et l'indolence que le Christ recommande ici; mais il enseigne aux hommes à s'affranchir des appréhensions exagérées qui ont leur source dans une préoccupation dominante des choses matérielles, des besoins du corps. Il leur apprend à vivre d'une vie plus haute que celle qui leur est commune avec les animaux et les plantes mêmes car s'ils vivoient de cette vie élevée, la véritable vie des créatures intelligentes et libres, ils auroient peu à s'inquiéter de la vie inférieure, aux nécessités de laquelle la nature, associée au travail de l'homme, pourvoit comme d'elle-même. Où seroit l'indigence, si chacun cherchoit premièrement le royaume de Dieu et sa justice, c'est-à-dire si, docile à la loi de Dieu, aux devoirs qu'elle impose, chacun s'efforçoit avant tout de les accomplir fidèlement? Chargez l'équité, la charité de la distribution des biens que la terre nous prodigue, et il y aura pour tous de la nourriture, des vêtements pour tous. La misère est la fille de l'injustice, de la cupidité égoïste, du criminel mépris des saints devoirs de l'humanité, de leur violation si générale, si permanente, qu'on s'est presque habitué, par une effrayante aliénation de

la conscience, à la confondre avec l'ordre même. Donc, Seigneur, que votre royaume advienne : Que votre loi devienne la loi du monde régénéré : Que la faim et la nudité n'y soient plus le partage des trois quarts de la race humaine : Qu'il soit la demeure, non plus d'ennemis acharnés à se nuire, mais de frères empressés à se secourir mutuellement : Que, plus nombreux de jour en jour, vos enfants s'unissent pour détruire le mal, pour abattre le temple de Satan, et reconstruire le vôtre sur ses ruines.

CHAPITRE VII.

1. Ne jugez point, et vous ne serez point jugé; ne condamnez point, et vous ne serez point condamné.

2. D'après le jugement selon lequel vous aurez jugé, vous serez aussi jugés; selon la mesure avec laquelle vous aurez mesuré, vous serez aussi mesurés.

3. Pourquoi voyez-vous un fétu dans l'œil de votre frère, et ne voyez point une poutre dans votre œil?

4. Ou comment dites-vous à votre frère: Laissez-moi ôter ce fétu de votre œil; et vous avez une poutre dans le vôtre?

5. Hypocrite, ôtez d'abord la poutre de votre œil, et ensuite vous songerez à ôter le fétu de l'œil de votre frère.

6. Ne jetez pas aux chiens les choses saintes, et ne répandez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant contre vous, ils ne vous déchirent.

7. Demandez, et on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et on vous ouvrira.

8. Car qui demande, reçoit; et qui cherche, trouve; et l'on ouvrira à celui qui frappe.

9. Quel est celui de vous, si son fils lui demande du pain, qui lui donne une pierre?

10. Ou, s'il lui demande un poisson, qui lui donne un serpent?

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