Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

cause presque infaillible de perdition. Soit à l'égard de l'état futur, soit à l'égard de l'état présent, lorsque le jour promis de la justice viendra, qu'il est difficile qu'un riche entre dans le royaume de Dieu! Heureux donc les pauvres, est dit encore, heureux les pauvres en esprit!

comme il

CHAPITRE XIX.

1. Jésus, étant entré dans Jéricho, traversoit la ville, 2. Lorsque voilà qu'un homme, nommé Zachée, chef des publicains, et fort riche,

3. Cherchoit à le voir, désirant le connoître; et il ne le pouvoit, à cause de la foule, parce qu'il étoit très-petit.

4. Courant donc devant, il monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là.

5. Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux, et, l'ayant vu, lui dit Zachée, descendez vite; car il faut qu'aujourd'hui je séjourne dans votre maison.

6. Et il se hâta de descendre, et le reçut avec joie.

7. Ce que voyant, ils murmuroient tous, disant : Il est descendu chez un homme pécheur.

8. Mais Zachée, debout devant le Seigneur, lui dit : Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j'ai fait tort à quelqu'un en quoi que ce soit, je lui rends le quadruple1.

9. Jésus lui dit : Cette maison a reçu aujourd'hui le salut, parce que celui-ci est aussi enfant d'Abraham.

10. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui avoit péri.

11. Comme ils écoutoient tout ceci, il leur dit de plus une parabole, sur ce qu'il étoit près de Jérusalem, et sur ce qu'ils pensoient que le royaume de Dieu alloit paroître.

1 Le vrai repentir, la vraie pénitence se reconnoît à deux signes : la justice qui répare, et au delà, les torts faits; la charité qui va d'elle-même au-devant du pauvre, et partage avec lui. Remarquez encore que Zachée ne dit point: Je donnerai, je rendrai, mais je donne, je rends. Différer d'accomplir une bonne et sainte résolution, ce n'est pas vouloir, c'est à peine désirer.

12. Il dit donc : Un homme de grande naissance s'en alla en lointain pour prendre possession d'un royaume, et reve

un pays
nir ensuite.

:

13. Ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix mines, et leur dit Faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne. 14. Or, ceux de son pays le haïssoient; et ils envoyèrent après lui des députés, chargés de dire: Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous.

15. Étant revenu après avoir pris possession du royaume, il fit appeler les serviteurs auxquels il avoit donné de l'argent, pour connoître le profit que chacun en avoit tiré.

16. Le premier vint et dit: Seigneur, votre mine produit dix autres mines.

:

17. Il lui dit Bien, bon serviteur; parce que vous avez été fidèle en chose de peu, vous aurez puissance sur dix villes.

18. Un autre vint, et dit: Seigneur, votre mine a produit cinq autres mines.

:

19. Il dit à celui-ci Et vous, soyez établi sur cinq villes. 20. Et un autre vint, et dit: Seigneur, voilà votre mine, que j'ai gardée enveloppée dans un linge.

21. Car je vous ai craint, parce que vous êtes un homme sévère : vous enlevez ce que vous n'avez point posé, et moissonnez ce que vous n'avez point semé.

22. Le maître lui dit: Je te juge sur tes paroles, serviteur méchant. Tu savois que je suis un homme sévère, enlevant ce que je n'ai point posé, et moissonnant ce que je n'ai point semé ; 23. Pourquoi donc n'as-tu pas mis mon argent à la banque, afin que, revenant, je le retirasse avec le profit?

24. Et il dit à ceux qui étoient là présents: Otez-lui la mine, et donnez-la à celui qui en a dix.

25. Ils lui dirent: Seigneur, il a déjà dix mines.

26. Mais lui: Je vous le dis, on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance; et celui qui n'a pas, on lui ôtera ce qu'il a. 27. Cependant, mes ennemis, ceux qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici, et tuez-les devant moi 1.

1 Repousser le royaume de Dieu, s'opposer à son établissement, amène tôt ou tard la perte de ceux qui s'efforcent de perpétuer le règne de l'injustice. C'est la cause réelle, lente quelquefois, toujours infaillible, de ces grandes catastrophes que l'on appelle révolutions.

28. Ces choses dites, il marchoit devant eux montant à Jérusalem.

29. Et comme il approchoit de Bethphagé et de Béthanie, près du mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,

30. Disant: Allez au village qui est là devant : en y entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est encore assis déliez-le et me l'amenez.

:

31. Et si quelqu'un vous demande : Pourquoi le déliez-vous? vous répondrez ainsi : Parce que le Seigneur veut s'en servir. 32. Ceux qui étoient envoyés s'en allèrent, et ils trouvèrent l'ânon, comme il leur avoit dit.

33. Comme ils délioient l'ânon, ses maîtres leur dirent: Pourquoi déliez-vous l'ânon?

34. Ils répondirent: Parce que le Seigneur en a besoin.

35. Et ils le conduisirent à Jésus. Et jetant leurs vêtements sur l'ânon, ils le firent monter dessus.

36. Partout où il passoit, ils étendoient leurs vêtements sur le chemin.

37. Et lorsqu'il approcha de la descente du mont des Oliviers, les disciples en foule et pleins de joie commencèrent à louer Dieu à haute voix de toutes les merveilles qu'ils avoient vues, 38. Disant Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur; paix dans le ciel et gloire sur les hauteurs.

:

39. Et quelques Pharisiens, qui étoient parmi le peuple, lui dirent Maître, faites taire vos disciples.

:

40. Il leur répondit: Si ceux-ci se taisent, les pierres crieront1. 41. Et comme il approchoit, voyant la ville, il pleura sur elle, disant :

42. Si, toi aussi, au moins en ce jour qui t'est encore donné, tu connoissois ce qui feroit ta paix! mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux.

43. Des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'environneront de tranchées, et t'enfermeront et te serreront de toutes parts, 44. Et te jetteront à terre, et tes enfants qui sont au milieu de

On n'étouffe point la vérité. Les Pharisiens qu'elle blesse, ont beau vouloir imposer silence à ceux qui la proclament, ils ont beau dire: faites-les taire, elle éclate, quoi qu'on fasse, et si ceux-ci se taisoient, les pierres mêmes crieroient. Elle sort des entrailles de la terre, comme la voix de celui par qui tout est, par qui tout vit et se développe.

toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as point connu le temps où tu as été visitée 1.

45. Et étant entré dans le temple, il commença à chasser ceux qui y vendoient et y achetoient,

46. Leur disant: Il est écrit: Ma maison est une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.

47. Et il enseignoit tous les jours dans le temple. Cependant les Princes des prêtres, et les Scribes, et les premiers d'entre le peuple, cherchoient à le perdre,

48. Et ils ne trouvoient pas ce qu'ils pourroient lui faire : car tout le peuple étoit ravi en l'écoutant.

:

On doit se garder de penser que le salut individuel soit le but unique, le but principal des préceptes de Jésus, du christianisme tel qu'il l'a fondé. C'est le genre humain qu'il a voulu sauver, et le salut de chacun n'est qu'un moyen, un élément du salut de tous autrement il auroit repoussé les hommes dans l'égoïsme où vit quiconque, faisant de soi son affaire souveraine, ne s'occupe non plus que de soi. Au contraire, les devoirs qu'il impose ont tous les autres pour terme il ordonne qu'on s'oublie pour eux, qu'on travaille pour eux, se donnant comme lui-même s'est donné, et, selon sa doctrine, c'est ainsi qu'on travaille avec fruit pour soi. Malheur à qui s'endort dans la solitude et la quiétude ! Malheur à l'ouvrier paresseux et làche qui se repose avant l'heure, qui se retire à l'écart et s'assied à l'ombre, pendant que ses frères fatiguent sous le soleil! Le repos n'est pas

:

de

la terre, et le repos absolu n'est pas même du ciel, car le repos absolu c'est le néant. Partout il y aura des devoirs à remplir et des fonctions à exercer, fonctions seulement de plus en plus hautes, de plus en plus faciles, à mesure que

Il y a pour chaque peuple un temps où il est visité, et s'il ne connoît point ce temps, s'il ne veut pas le reconnoître, il est puni de son endurcissement par une suite de calamités. Or, le temps de la visitation est aujourd'hui venu, non pour un peuple seulement, mais pour tous les peuples. Que Jérusalem leur soit en exemple.

tout en nous se perfectionnera. L'homme est né pour agir, pour creuser son sillon, pour faire valoir la mine qu'il a reçue du Maître, et dont le Maître lui demandera compte lorsqu'il reviendra. Entendez-le bien, Jésus ne dit pas : Celui-là sera rejeté de la maison du Maître, retranché de sa famille, qui aura dissipé la mine qui lui étoit confiée : non; mais, celui qui l'aura gardée avec un soin fidèlement stérile, et n'aura rien à rendre de plus. Agissez donc, travaillez donc; que chacun, sans se lasser jamais, accomplisse l'œuvre qu'il doit accomplir. Elles sont toutes égales quant à leur prix et quant à leur fin. Le Roi, l'Apôtre, l'Envoyé de Dieu pour établir son règne sur la terre, étoit le Fils du charpentier.

CHAPITRE XX.

1. Un de ces jours-là, comme il enseignoit et évangélisoit dans le temple, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens vinrent ensemble,

2. Et lui parlant, dirent: Dites-nous par quelle puissance vous faites ces choses? ou : Qui vous a donné cette puissance?

3. Et Jésus, répondant, leur dit : Moi aussi je vous ferai une question. Répondez-moi.

4. Le baptême de Jean étoit-il du ciel ou des hommes? 5. Mais ils pensoient en eux-mêmes, disant : Si nous disons du ciel, il dira: Pourquoi donc n'y avez-vous point eru?

6. Et si nous disons des hommes, tout le peuple nous lapidera car ils tiennent pour certain que Jean étoit Prophète. 7. Et ils répondirent qu'ils ne savoient d'où il étoit.

8. Et Jésus leur dit : Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle puissance je fais ces choses 1.

I A quiconque venant apporter la vérité aux hommes, ranimer parmi eux les principes de justice et de charité, continue la mission de Jésus, les pouvoirs établis font la même question : Qui vous a donné cette puissance? Et comme ils ne reconnoissent de légitime puissance que la leur, qu'ils interrogent, non pour s'éclairer, mais pour condamner, il n'y a pas d'autre réponse à leur faire que celle de Jésus.

« ZurückWeiter »