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ayant bénis, il les présenta à ses apôtres, disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps; prenez et buvez, ceci est mon sang; ou, selon saint Luc : le nouveau testament en mon sang, qui sera répandu pour vous. Ici, comme à Capharnaüm, la pensée de Jésus est en partie couverte d'une obscurité mystérieuse. Il le savoit, et c'est pourquoi, sans toutefois lever le voile, il dit aux disciples: C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Or, par là il est clair, d'abord, que l'esprit qui seul vivifie est sa parole même, puisque ses paroles sont esprit et vie. Elle est le vrai pain du ciel, donné par le Père, le pain éternellement destiné à nourrir le monde où Jésus vient l'apporter. Et, comme il a en soi la parole de Dieu, le Verbe de Dieu, il est lui-même le pain descendu du ciel, le pain qui donne la vie au monde, et le monde ne vivra pas seulement de sa parole, il vivra encore de sa chair et de son sang; car sa chair sera immolée, son sang sera versé pour le monde, et c'est par sa chair, par son sang, par la communion de la grande victime sacrifiée sur le Golgotha, que la vie qui est en elle deviendra la vie du monde, nourri du pain descendu du ciel. En tout ceci, rien qu'il ne soit aisé de comprendre. Divin mélange de symbole et de réalité, l'enseignement de Jésus, ce qu'il dit de soi et de son œuvre a la clarté de la lumière même. On sent néanmoins que cet enseignement recèle encore dans ses profondeurs quelque chose de caché, d'enveloppé, que Jésus n'a point découvert à ses disciples, sans doute parce qu'il leur suffisoit de connoître ce qu'il leur en expliquoit; mais aussi par ce motif qu'il ne venoit point proposer des dogmes à l'intelligence, et enfin par cette raison péremptoire, que le dogme lié à l'institution eucharistique ne pouvoit alors être entendu ni des disciples, ni d'aucun autre, et qu'il ne seroit, jusqu'à ce que le temps en eût éclairci le mystère, qu'un de ces germes destinés à croître avec l'esprit humain et à s'épanouir dans un avenir éloigné, une de ces vives intuitions des grandes

lois des êtres, providentiellement accordée à ceux qui, marchant à la tête de l'humanité, la guident dans la voie qu'elle doit suivre pour arriver au but qui lui est assigné. Oui, la symbolique communion du pain et du vin, de la chair et du sang, représente réellement à la fois et mystiquement, la communion substantielle et universelle des êtres, laquelle est pour eux la loi de vie, l'expression du devoir, inséparable du droit. Toutes les créatures vivent, se nourrissent les unes des autres, et toutes vivent, se nourrissent de Dieu, aliment nécessaire, aliment éternel de tout ce qui subsiste hors de lui. Et c'est pourquoi toute morale, tout culte se résume dans l'Eucharistie, dans le sacrifice et la communion dont la communion du pain et du vin est l'emblème mystérieux, et dont la vie est, dans l'univers, l'effet perpétuel comme elle-même.

CHAPITRE VII.

1. Après cela Jésus parcouroit la Galilée, ne voulant point aller en Judée, parce que les Juifs cherchoient à le tuer.

2. Or, le jour de la fête des Tentes 1 étant proche,

3. Ses frères lui dirent : Quittez ce pays-ci et allez en Judée, afin que vos disciples voient aussi les œuvres que vous faites. 4. Car personne n'agit en secret, lorsqu'il désire lui-même paroître si vous faites ces choses, montrez-vous au monde 2.

5. Car ses frères non plus ne croyoient point en lui.

6. Jésus leur dit : Mon temps n'est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt 3.

7. Le monde ne sauroit vous hair: il me hait moi, parce que je rends de lui ce témoignage que ses œuvres sont mauvaises.

Ainsi appelée parce que les Juifs dressoient des tentes qui figuroient leur campement dans

le désert.

Ils mettent en doute ses œuvres mêmes : Si vous faites, disent-ils.

3 C'est toujours le temps de ceux qui vivent dans le monde en s'accommodant au monde tel qu'il est.

8. Allez, vous, à cette fête, pour moi je n'y vais point, parce que mon temps n'est pas encore accompli.

9. Ayant dit cela, il demeura en Galilée.

10. Et lorsque ses frères furent partis, il alla lui-même à la fête, non publiquement, mais comme en secret.

11. Or, le jour de la fête, les Juifs le cherchoient, et disoient : Où est-il?

12. Et il couroit à son sujet une rumeur dans tout le peuple, car les uns disoient: C'est un homme de bien; et d'autres disoient Non, mais il séduit la foule 1.

13. Cependant personne ne parloit de lui ouvertement par crainte des Juifs.

14. Vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il y enseignoit.

15. Et les Juifs s'étonnoient disant : Comment sait-il les Écritures, ne les ayant point apprises?

16. Jésus leur répondit: Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé.

17. Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il connoîtra si ma doctrine est de lui, ou si je parle de moi-même 2.

18. Celui qui parle de soi-même, cherche sa propre gloire ; mais qui cherche la gloire de celui qui m'a envoyé, celui-là dit la vérité, et il n'y a point d'injustice en lui.

19. Moyse ne vous a-t-il pas donné la loi? et nul de vous n'accomplit la loi.

20. Pourquoi cherchez-vous à me tuer? Le peuple répondit : Vous avez en vous le démon qui cherche à vous tuer?

21. Jésus répondant, leur dit : Je n'ai fait qu'une œuvre3, et vous vous étonnez tous.

22. Cependant Moyse vous a donné la circoncision (bien qu'elle soit, non de Moyse, mais des Patriarches): et vous circoncisez le jour du sabbat.

23. Or si un homme est circoncis le jour du sabbat, afin que la loi de Moyse ne soit point violée ", comment vous indignez

1 Vive image des contestations que suscite quiconque touche aux choses établies.

2 Jésus en appelle à la conscience, il veut que ce soit elle qui juge de sa doctrine. Il faut sous-entendre, le jour du sabbat.

Afin que la circoncision soit faite au jour prescrit par la loi de Moyse.

vous contre moi, parce que j'ai rendu un homme sain tout entier le jour du sabbat 1?

24. Ne jugez point sur l'apparence, mais jugez un juste juge

ment.

25. Quelques-uns de Jérusalem disoient: N'est-ce pas là celui qu'ils cherchent pour le faire mourir?

26. Et voilà qu'il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Les princes du peuple auroient-ils reconnu qu'il est vraiment le Christ?

27. Cependant celui-ci nous savons d'où il est, mais quand viendra le Christ, personne ne saura d'où il est,

28. Jésus donc crioit dans le temple, enseignant et disant : Vous savez qui je suis, et d'où je suis; et je ne suis point venu de moi-même 2; mais celui-là est vrai qui m'a envoyé, et que vous ne connoissez point.

2

29. Moi je le connois, parce que je suis de lui, et que c'est lui qui m'a envoyé.

30. Ils cherchoient donc à se saisir de lui, et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n'étoit pas encore venue. 31. D'entre le peuple, beaucoup crurent en lui, et ils disoient : Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de signes que celui-ci n'en fait?

32. Les Pharisiens entendirent le peuple murmurant de lui ces choses; et les Princes des prêtres et les Pharisiens envoyèrent des gardes pour le prendre.

33. Jésus donc leur dit: Je suis encore avec vous un peu de temps; et puis je m'en vais à celui qui m'a envoyé.

34. Vous me chercherez et ne me trouverez point, et où je serai vous ne pouvez venir.

35. Les Juifs dirent entre eux : Où donc ira-t-il, que nous ne le pourrons trouver? Ira-t-il dans la dispersion des Gentils 3, et les enseignera-t-il?

36. Qu'est-ce que cette parole qu'il a dite : Vous me cherche

I Guérir un homme malade, n'est-ce pas plus que de le circoncire, n'est-ce pas opérer une œuvre plus grande, remplir un devoir plus saint?

2 Jésus, en toute occasion, insiste sur ce point; et en effet s'il venoit de lui-même, pourquoi l'écouteroit-on plus qu'un autre? Qui vient de soi-même, s'en va comme il est venu : c'est ce qui se voit tous les jours.

3 Chez les Gentils, dispersés sur toute la terre.

rez et ne me trouverez point: et où je serai vous ne pouvez venir?

37. Le dernier jour, qui est le plus grand de la fête, Jésus debout, crioit, disant : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive.

38. Qui croit en moi, de son sein, comme dit l'Écriture, couleront des fleuves d'eau vive.

39. Il disoit cela de l'esprit que devoient recevoir ceux qui croiroient en lui; car l'esprit n'étoit pas donné encore, parce que Jésus n'étoit point encore glorifié1.

40. Ayant entendu ces paroles, ils disoient parmi ce peuple : Celui-ci est vraiment Prophète.

soient

41. D'autres disoient : C'est le Christ. Mais quelques-uns diEst-ce que le Christ viendra de Galilée? L'Écriture ne dit-elle pas:

42. De la semence de David et du village de Bethlehem, d'où étoit David, viendra le Christ? 43. Il s'éleva donc des dissensions dans le peuple à cause de lui. 44. Quelques-uns d'eux le vouloient prendre; mais aucun ne mit la main sur lui.

45. Les gardes revinrent vers les Pontifes et les Pharisiens, qui leur dirent Pourquoi ne l'avez-vous point amené?

46. Les gardes répondirent : Jamais homme ne parla comme cet homme.

47. Les Pharisiens leur dirent Vous a-t-il séduits, Vous aussi?

48. D'entre les Princes des prêtres, ou d'entre les Pharisiens, en est-il un qui ait cru en lui 2?

49. Mais cette populace, qui ne connoît pas la loi, ce sont des maudits.

50. Nicodème, qui étoit venu de nuit à Jésus, et qui étoit l'un d'entre eux, leur dit :

51. Est-ce que, selon notre loi, on juge un homme sans auparavant l'avoir entendu, et s'être informé de ce qu'il fait?

1 Lorsque l'Envoyé commence à être glorifié, lorsque l'on commence à reconnoître sa mission, l'Esprit qui l'éclairoit et faisoit sa force, passe en ceux qui ont foi en lui.

2 Aveu remarquable : il y avoit dans la synagogue unanimité contre Jésus. Ceux que sa parole entraînoit, qui écoutoient ses enseignements, étoient, aux yeux des Pharisiens et des Princes des prêtres, une troupe de maudits.

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