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justice et équité, c'est-à-dire qu'il faisait servir toutes les créatures à la fin pour laquelle Dieu les avait tirées du néant et soumises à son empire. Chacune d'elles servait à l'homme comme d'un degré pour s'élever au Créateur; chacune d'elles était un miroir où se réfléchissaient aux yeux de l'homme la sagesse, la puissance et la bonté du Créateur. Chaque service qu'elles lui rendaient produisait en lui un acte de reconnaissance et d'amour pour Dieu. C'est ainsi que toute la création descendue de Dieu remontait sans cesse à Dieu par l'intermédiaire de l'homme.

Depuis la chute tout a changé. Au lieu d'élever l'homme à Dieu, comme des tableaux qui font penser à la personne qu'ils représentent, les créatures ne servirent trop souvent qu'à faire perdre à l'homme la pensée de Dieu. Ce ne fut pas leur faute, ce fut celle de l'homme, et nous en sommes héritiers. Voilà pourquoi, au lieu d'exciter dans notre cœur des sentiments de reconnaissance, le spectacle et la jouissance de l'univers nous amusent et nous dissipent. Nous usons des bienfaits qui pleuvent sur nos têtes et qui naissent sous nos pas, comme cet animal stupide qui mange avidement le gland nourricier, sans élever les yeux vers la main bienfaisante qui le fait tomber.

Bien plus, nous nous servons des créatures pour nous dégrader davantage. Entre nos mains elles sont tour-à-tour des instruments d'orgueil, d'avarice, de corruption personnelle et étrangère. Nous tenons dans l'oppression ces créatures que nous rapportons à nous sculs et dont l'institution naturelle les porte nécessai

rement à Dieu (1); nous les arrêtons en chemin au lieu de leur servir de guides; nous les contraignons à gémir en secret contre l'ordre de la Providence qui les empêche de se soustraire à nos usages dépravés; nous les forçons de demander à Dieu d'être délivrés de la part que nous les obligeons à prendre à notre corruption.

C'est pour cela 1° qu'à la fin du monde toutes les créatures, devenues entre les mains de l'homme autant d'instruments de péché, deviendront à leur tour autant d'instruments de la vengeance divine: comme on voit, au jour de la délivrance, des esclaves longtemps asservis, bondir de fureur et briser sur la tête de leur superbe tyran les fers dont il les avait accablés.

C'est pour cela 2o que toutes les créatures attendent en soupirant la résurrection générale où les Saints désormais impeccables ne les feront plus servir qu'à la gloire de Dieu. Alors, elles seront pleinement et pour toujours rachetées de la servitude et participeront à la gloire des enfants de Dieu (2).

C'est pour cela 3° qu'elles seront à la fin du monde purifiées par le feu. Les pécheurs relégués dans l'enfer ne seront plus en état de souiller les créatures dont l'usage leur sera interdit. L'homme pleinement justifié et parfaitement rétabli dans l'ordre, y fera rentrer tout l'univers, et le Ciel et la terre, qui n'ont été créés que pour les justes, ne seront habités que par

(1) Rom. vIII, 22.

(2) Rom. vii, 21. Aug. Cité de Dieu, liv. xx. c. 16. — Voyez le résumé général du Catéchisme à la fin du t. vIII, où tout cela est expliqué d'après les Pères et les Théologiens.

eux. La création tout entière accomplira sa destinée en retournant à Dieu, qui, comme aux jours de l'innocence, mais d'une manière plus parfaite encore, sera tout en toutes choses (1).

PRIÈRE.

O mon Dieu! qui êtes tout amour, je vous remercie de m'avoir comblé de tant de gloire et de puissance; que vous rendrai-je pour le monde que vous m'avez donné, que vous rendrai-je surtout pour votre sang que vous avez répandu pour moi?

Je prends la résolution d'aimer Dieu par-dessus toutes choses, et mon prochain comme moi-même pour l'amour de Dieu; et, en témoignage de cet amour, chaque jour je mortifierai quelqu'un de mes sens.

(1) II Petr. II, 12 et 13.

XIVe LEÇON.

OUVRAGE DES SIX JOURS.

Suite du sixième jour.—Bonheur de l'homme innocent.

Créa

tion de la femme. — Société de l'homme avec Dieu. - Création

des Anges.

Image de Dieu, roi, usufruitier, pontife de l'univers, l'homme, en sortant des mains de son auteur, fut comblé de tous les dons naturels dont la libéralité divine peut enrichir une créature. Entre les mains de l'homme, ces dons précieux étaient autant de moyens de parvenir à une béatitude naturelle, c'est-à-dire à un bonheur proportionné à sa double nature corporelle et spirituelle. C'est pour cela même que Dieu les lui avait accordés; seulement il fallait que l'homme en fît un bon usage, c'est-à-dire un usage conforme à la volonté du Créatenr.

Nous comprenons sans peine, mes chers amis, que Dieu bon et sage, créant pour sa gloire une créature raisonnable et libre, composée d'un corps et d'une âme, ne pouvait lui refuser ni les secours naturels pour les fonctions de la vie, ni les moyens nécessaires pour obéir à ses ordres, ni même une récompense si elle répondait à ses desseins. La nature de l'homme créé et la providence du Dieu créateur l'exigaient également. Mais Dieu ne devait pas à l'homme l'exemption des

misères et des accidents de la vie, des infirmités et des maladies, de la vieillesse et de la mort, des combats de la cupidité, et de l'importunité des passions; triste et humiliante condition de la nature, dans laquelle Adam eût pu être créé sans avoir lieu de se plaindre de son Créateur, et sans qu'on pût dire que l'homme n'était pas bon; car dans toutes ses imperfections, il n'y a point de mal, c'est-à-dire de péché.

Avec cela, l'homme aurait pu parvenir à un bonheur naturel, c'est-à-dire au contentement de toutes ses facultés. Son esprit aurait connu, son cœur aurait aimé Dieu médiatement, ou par le moyen des créatures en qui se réfléchissaient avec éclat, comme dans un beau miroir, sa puissance, sa sagesse et sa bonté. Il aurait joui de son Dieu tout le temps marqué par une Providence aussi libérale dans ses récompenses que sage dans ses voies.

Tel est l'état de simple nature dans lequel l'homme aurait pu être créé; Dieu ne le voulut pas. Nonseulement l'homme sortit de ses mains avec tous les priviléges et tous les dons d'une nature parfaite, exempt de misères et de faiblesses; il fut encore destiné à une fin surnaturelle. Ce fut pour ainsi dire une nouvelle création qui perfectionna la première (1). Grâce à ce nouveau bienfait, tout son être fut élevé. Ce n'est plus la vue médiate et obscure, mais la vue claire, immédiate, intuitive de son Dieu qui doit faire son bonheur.

(1) Cum igitur gratia non tollat naturam sed perficiat, oportet, etc. D. Th. Summ. 1, q. 1, art. vi. ad 2. — Tel paraît être aussi le sens profond du ch, xvii de l'Ecclésiastique.

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