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XVe LEÇON.

OUVRAGE DES SIX JOURS.

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Fin du sixième jour. Malice et pouvoir des mauvais Anges. — Bons Anges, leur nombre.-Leurs hiérarchies.- Fonctions des bons Anges. Ils louent Dieu. Ils président au gouvernement du monde visible et invisible; ils veillent à la garde du genre humain. - Des empires. De chaque église. — De l'Église universelle. De chacun de nous. - Grandeur de l'homme.

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1° Malice et pouvoir des mauvais Anges. Jaloux du bonheur de nos premiers parents, le démon les a perdus et il ne cesse, mes chers enfants, de nous tenter pour nous perdre aussi. L'apôtre saint Pierre nous représente le démon comme un lion rugissant qui rôde nuit et jour autour de chacun de nous, cherchant à nous dévorer. Il osa bien pousser l'insolence jusqu'à s'approcher de Notre Seigneur dans le désert, pour le tenter!

Une partie de ces Anges de ténèbres sont sur la terre ou dans l'air grossier qui l'environne, ce que Dieu permet pour l'instruction ou pour l'exercice de ses élus; mais leur peine n'en est pas moindre: partout ils portent l'enfer avec eux (1). « C'est le sentiment

(1) Diabolus ubicumque sit, sive sub aere, sive sub terra, secum fert tormenta suarum flammarum. Glos. in cap. ш Jacobi.

Saint Thomas dit la même chose: Dæmonibus duplex locus pœ

de tous les Docteurs, dit saint Jérôme, que l'air qui est entre le ciel et la terre cst rempli de mauvais Anges (1). » Saint Augustin ne craint pas de dire que cette doctrine appartient à la foi apostolique (2). Il le dit avec très-grande raison, puisqu'elle se trouve dans les épîtres de saint Pierre, de saint Paul, de saint Jude, et dans l'Apocalypse. Saint Paul nous déclare en propres termes que nous avons à lutter, non contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les esprits de malice, répandus dans l'air,

Ainsi, l'occupation continuelle des démons, c'est de nous tenter. Le démon, nous dit l'apôtre saint Jean, est ce grand dragon, cet antique serpent qu'on appelle Satan et qui séduit l'univers entier. La haine de ces esprits réprouvés contre l'homme est si grande, que le tort qu'ils se font à eux-mêmes ne peut en arrêter les effets. « Ils attaquent, dit saint Chrysostôme, ceux-mêmes qu'ils n'ont aucune espérance de vaincre, par le seul motif de les fatiguer, de les inquiéter, de les troubler, s'ils ne peuvent faire autre chose (3). »

Quoique l'intention principale du démon soit toujours de perdre notre âme par le péché et de nous

nalis debetur : unus quidem ratione suæ culpæ, et hic est infernus; alius autem ratione exercitationis humanæ, et hic est caliginosus aer. P. 1, q. 64, art. IV.

(1) Hæc omnium doctorum opinio est quod aer iste qui cœlum et terram medius dividit et inane apellatur, plenus est contrariis fortitudinibus. Hier. in c. vi ad Ephes.

(2) Lib. 11, de Gen. ad litt.

(3) Homil. de Lazaro.

priver des dons de la grâce, sa haine l'excite à nous faire tous les maux temporels qui sont en son pouvoir. Les excès auxquels il se porta contre Job; les vexations corporelles par lesquelles il tourmenta les possédés (1) et qui sont décrites en plusieurs endroits de l'Évangile; les sacrifices cruels et inhumains qu'il exige de ses adorateurs, comme l'atteste l'histoire de presque toutes les nations; ses apparitions à tant de saints solitaires, sous des formes affreuses; ses menaces toujours suivies des effets, quand Dieu n'arrêtait pas sa fureur, sont autant de preuves de cette haine prédite et annoncée dès le commencement du monde (2).

Les démons sont aussi en grande partie cause des maux temporels qui nous affligent. Dans tous les temps, l'Église a été vivement persuadé du pouvoir que Dieu a laissé aux démons sur les créatures, et de l'usage qu'ils font de ce pouvoir pour nuire aux hommes.

De là, les prières, les exorcismes, les bénédictions qu'elle fait sur les créatures qui doivent servir aux sacrements et aux autres usages de la Religion. Il est certain qu'en général le pouvoir des démons, beaucoup diminué depuis l'incarnation du Fils de Dieu, est moindre parmi les Chrétiens que parmi les Idolâtres. Cette diminution de pouvoir paraît surtout en ce qui regarde les apparitions sensibles, les processions, les vexations corporelles, beaucoup plus communes où l'idolâtrie règne encore, comme l'attestent les relations

(1) Sur les possessions, voyez histoire du peuple de Dieu, 2o partie, t. 1, p. 199, édit. de Besançon.

(2) Gen. III.

les plus dignes de foi (1). « La malice opiniâtre du démon subsiste, dit saint Cyprien, jusqu'à ce qu'on vienne aux eaux salutaires du Baptême; mais elle perd sa force dans ce sacrement (2). »

Concluons que la puissance des démons surpasse beaucoup les forces de l'homme. Les effets extraordinaires que l'Écriture leur attribue, ne peuvent laisser aucun doute sur cet article. Les bâtiments de Job renversés, ses troupeaux disparus, ses enfants mis à mort dans un même jour, soit par le feu du Ciel, soit par les secousses de la terre, soit par l'impétuosité des vents; ceux qu'il est prédit que l'Ante-Christ opèrera à la fin des siècles; ce que nous lisons dans l'Évangile, des différents possédés guéris par Notre Seigneur, sont autant de preuves que la puissance des démons est bien supérieure à toutes les forces humaines. Aussi, saint Grégoire n'a pas craint de dire que quoique le démon ait perdu le bonheur dont il jouissait, il n'a pas perdu la grandeur de sa nature dont la force surpasse celle de tous les hommes (3).

2° Bons Anges, leur nombre, leurs hiérarchies. Si la puissance et le nombre des mauvais Anges vous effraient, mes chers enfants, ce que je vais vous dire des bons Anges est bien capable de vous rassurer.

(1) Voyez le P. Bouchet, Lettres édif. Inde.

(2) Sciat diaboli nequitiam pertinacem usque ad aquam salutarem valere, in Baptismo vero omnes nequitiæ suæ vires amittere. Lib. ep. IV.

(3) Quamvis enim internæ felicitatis beatitudinem perdidit, naturæ tamen suæ magnitudinem non amisit, cujus adhuc viribus omnia humana superat. Lib. 34, moral. c. 17.

Quelque nombreuse que soit la multitude des démons, le nombre des bons Anges leur est bien supérieur : saint Augustin l'enseigne expressément (1). D'ailleurs, ce que dit l'apôtre saint Jean des prédestinés de toutes les nations, savoir que leur multitude est innombrable, peut se dire avec encore plus de raison des esprits célestes. On convient que le nombre des Anges sera beaucoup plus grand que celui des Saints.

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Les théologiens remarquent, après les Pères, que les termes de milliers et de millions dont se sert l'Écriture en parlant des Anges, ne signifient pas un nombre déterminé, mais que les auteurs sacrés ont employé ces expressions, parce qu'ils n'ont pu en trouver d'autres pour marquer un plus grand nombre, qu'on peut regarder comme étant en quelque sorte infini (2).

Quelque grand que soit ce nombre, il n'y a cependant parmi les Anges ni désordre ni confusion. Le Dieu puissant qui entretient cette magnifique harmonie entre ces millions de soleils suspendus au-dessus de nos têtes et roulant dans l'espace, entretient aussi dans l'armée des Cieux un ordre admirable et une subordination merveilleuse. Parmi les Anges, sont diverses hiérarchies dont chacune renferme des chœurs différents, inégaux en dignité et subordonnés les uns aux autres.

La première hiérarchie comprend les Trônes, les Chérubins et les Séraphins;

(1) Bonorum longe major numerus, in cœlestibus suæ naturæ ordinem juvans. De Civ. Dei, lib. 11, c. 23.

(2) Non quod tante solum esset multitudo, sed quia majorem dicere non poterat. — Cyril, Hieros. Catech, 15.

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