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PRIÈRE.

O mon Dieu! qui êtes tout amour, je vous remercie de n'avoir pas abandonné l'homme après son péché;

placées là où l'origine de notre mort l'avait été. » Ainsi parle saint Ambroise.

Ce n'était point là une opinion particulière à l'illustre archevêque de Milan, puisque d'abord il invoque le témoignage des Juifs, où ce sentiment était établi de temps immémorial. Il l'avait lue dans Origène, qui la fonde sur une tradition antique et non contestée. « Le lieu du Calvaire a, dit-il, reçu un privilége particulier, ayant été choisi pour le lieu de la mort de celui qui devait mourir pour tous les hommes; car une tradition qui est venue jusqu'à notre temps, nous apprend que le corps du premier homme, formé par les mains de Dieu, avait été enterré au lieu même où Jésus-Christ devait être crucifié. » Et il en donne aussitôt cette raison, également adoptée par notre saint évêque : « Afin que comme tous meurent dans Adam, tous aussi reçussent la vie en Jésus-Christ, et que le Chef du genre humain y trouvât, pour luimême et toute sa postérité, la résurrection et la vie, par la résurrection du Sauveur qui y est mort et qui y est ressuscité. » Tract. in Matth. Tertullien n'est pas moins précis. « Le Calvaire est, dit-il, le lieu du Chef, le premier homme y est enterré; la tradition nous en a conservé la mémoire, et c'est sur ce lieu même que JésusChrist a arboré l'étendard de sa victoire. » Mais saint Athanase est encore bien plus affirmatif. C'est dans un discours sur la passion et le crucifiement de Notre Seigneur, qu'il s'exprime en ces termes : « Jésus-Christ ne choisit point d'autre lieu pour souffrir et pour y être crucifié que celui du Calvaire, qui, selon le sentiment des plus habiles entre les Juifs, est le lieu du sépulcre d'Adam; car ils assurent qu'après son anathème et sa condamnation, il y est mort, et qu'il y est enterré. Que si la chose est ainsi, le rapport d'un tel lieu avec la croix de Jésus-Christ me paraît admirable; car il était tout-à-fait à propos que Notre Seigneur, venant rechercher et rap

que dis-je, ô mon Dieu! de nous avoir promis un Rédempteur qui nous rend avec usure les biens que nous avons perdus.

Je prends la résolution d'aimer Dieu par-dessus toutes choses, et mon prochain comme moi-même pour l'amour de Dieu; et, en témoignage de cet amour, je repousserai la tentation aussitôt que je m'en apercevrai.

peler le premier Adam, choisît pour souffrir le lieu où il était inhumé; et qu'en expiant son péché, il expiât aussi celui de toute sa race. Il avait été dit à Adam : Tu es terre, et tu retourneras en terre; et c'est pour cela même que Jésus-Christ est venu le trouver dans le lieu où cette sentence avait été exécutée, afin qu'il le délivråt de la malédiction, et qu'au lieu de ces paroles: Tu es terre, et tu retourneras en terre; il lui dit : « Levez-vous, vous qui dormez, et sortez du tombeau, vous qui étes mort; Jésus-Christ vous éclairera. » Au temps de saint Basile, cette tradition était une croyance universelle parmi les Chrétiens; bien qu'elle se fût plutôt conservée dans la mémoire des hommes que dans leurs écrits; toutefois, saint Épiphane, né dans la Palestine, assure avoir vu des livres qui l'attestent. Hæres. XLV, no 5.

Une opinion appuyée sur d'aussi respectables monuments, doit sourire à tous les cœurs chrétiens; et l'on s'étonne que saint Jérôme ait pu la combattre. Au reste, c'est après avoir doctement discuté ses objections, qu'un écrivain moderne conclut avec saint Cyrille de Jérusalem, avec Grotius commentant l'Évangile de saint Matthieu, que le nom de Calvaire (en syriaque, Golgotha), qui signifie chef, unissait dans une même prophétie le sépulcre d'Adam au tombeau de Jésus-Christ, tous les sacrifices et les mystères de l'ancienne loi à tous ceux de la nouvelle. Duguet, Explic. de la passion, portement de la croix, chap. v, sect. vi, page 137. Bibliothèque des Pères, par M. Guillon, tom. ix, p. 183, 184, édit. de Brux. 1829.

XVII LEÇON.

ACCORD DE LA JUSTICE ET DE LA MISERICORDE DIVINE, DANS LA PUNITION DU PÉCHE ORIGINEL.

Le roi des Indes. - Péché originel dans nos premiers parents et en nous.- Ses effets, sa transmission. -Justice et miséricorde à l'égard de nos premiers parents. —Accord de la justice et de la miséricorde dans le mystère de l'Incarnation et de la Passion. — Doctrine de saint Léon et de saint Thomas. - Nécessité de la foi au Rédempteur.

En récompense de l'attention avec laquelle vous avez suivi les leçons précédentes, nous allons, mes chers enfants, commencer celle-ci par une histoire. Un roi des Indes était parti pour la chasse avec ses principaux officiers. Arrivé au rendez-vous, le prince quitte ses gens et s'enfonce seul dans l'épaisseur de la forêt. Bientôt il entend à quelque distance une conversation fort animée dont il désire comprendre le sens. Il s'approche doucement et se cache derrière un énorme palmier. C'étaient un charbonnier et sa femme, qui se plaignaient amèrement des misères de la vie; la femme surtout murmurait tout haut contre Dieu, et accusait nos premiers parents. Ah! disait-elle, si j'avais été à la place d'Ève, jamais la gourmandise ni la curiosité ne m'auraient fait désobéir (1).

(1) Sans le péché originel, remarquons bien que nous naîtrions

Le prince les laissa dire sans les interrompre. Quand ils eurent fini, il s'approcha, et faisant comme s'il

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dans le même état que notre premier père a été créé, mais non pas dans un état meilleur. Comme lui nous serious soumis à l'épreuve; comme lui nous pourrions perdre la grâce et tomber dans un état de péché et de mort. S. Thomas examinant ex professo la question, si les enfants nés dans l'état d'innocence eussent été confirmés en la justice, répond formellement que non. Outre un texte de saint Augustin qui le suppose, il en donne la raison que voici Il est évident que les enfants en leur naissance n'eussent pas eu plus de perfection que leurs parents en l'état de génération. Or, tout le temps qu'ils eussent engendré, leurs parents n'eussent pas été confirmés dans la justice. La preuve en est, que l'homme n'y est confirmé que par la claire vue de Dieu, ce qui ne se peut avec la vie animale dans laquelle seule a lieu la génération. Vous ne pouvez voir ma face, dit le Seigneur à Moïse; car nul homme ne me verra et vivra. Exod. XXXIII, 20. Donc les enfants non plus ne seraient pas nés avec cette confirmation. « Confirmatur homo in justitia per apertam Dei visionem, quam cum parentes, quamdiu generassent, non habuissent, nec etiam in statu innocentiæ nati, in justitia confirmati fuissent. » Summ. p. 1, q. 100, art. п1. Il est bon de se rappeler ceci; car on s'imagine trop souvent que si notre premier père avait été fidèle nous n'eussions rien eu à craindre ni rien à faire. La vérité est que, ce commun ancêtre eut-il été fidèle, nos ancêtres particuliers auraient pu ne l'être pas, et par suite nous engendrer dans un péché originel. Enfin, tous nos pères eussent-ils été fidèles, nous pourrions ne l'être point, et tomber dans un état de péché et de mort. Et dans ce cas pourrions-nous compter sur la miséricorde qui a suivi la chute de notre premier père ! Pensons-y bien, et au lieu de murmurer, nous trouverons de quoi bénir. « Si aliquis ex posteris Adam peccasset eo non peccante, moreretur quidam propter suum peccatum actuale, sicut Adam mortuus fuit, sed posteri ejus morerentur propter peccatum originale. » D. Th. q. 5, de Malo, art. iv, ad 8. Tom. 8 de ses œuvres, p. 285. Voyez M. Rorbacher, De la grâce et de la nature.

n'avait rien entendu : Vous êtes bien malheureux, leur dit-il; si vous voulez, je changerai votre sort : vous n'avez qu'à me suivre.

L'air, le ton, la bonne grâce de l'inconnu, persuadèrent aisément les deux charbonniers. Il est si facile de nous persuader quand on nous promet le bonheur! Venez avec moi, leur dit le prince; et, surle-champ, quittant leur travail et leurs instruments, ils se mettent à sa suite.

Après une marche assez longue, on arrive au bord de la forêt. Là se trouvaient réunis les officiers et la suite du prince. Le monarque monte dans sa voiture, et, au grand étonnement de toute la cour, il y fait monter avec lui ses deux nouveaux protégés. Arrivé au palais, il leur fait donner des habits et des appartements convenables à leur nouvelle position; de nombreux officiers sont mis à leurs ordres; chacun s'empresse, parce qu'on voit dans les nouveaux hôtes les favoris du maître.

Quelques jours se passent ainsi dans l'abondance et la joie; et le charbonnier et son épouse de se féliciter et de bénir le prince. Cependant, un jour, celui-ci les appelle et leur dit : Vous savez de quel état je vous ai tirés; vous êtes heureux maintenant. Ce bonheur dont vous jouissez, il ne tient qu'à vous de le posséder toujours; si même vous êtes fidèles à mes ordres, vos enfants participeront aux mêmes avantages. Je ne mets à mes faveurs qu'une seule condition: vous mangerez de tous les aliments qui chaque jour vous seront apportés; je n'en excepte qu'un seul qui sera placé au milieu de la table, dans un superbe vase d'or, enrichi

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