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XVIII LEÇON.

HISTOIRE DE JOB.

Conséquence de la doctrine de saint Léon et de saint Thomas. Les hommes ont toujours eu la grâce nécessaire pour croire au Rédempteur.-Preuves de raison. - Témoignages historiques. -Job témoin et prophète du Rédempteur.

Ses richesses. - Sa gloire. Ses revers.

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- Son histoire.·

Sa patience. — Visite

La foi au Rédempteur ayant toujours été nécessaire au salut, il faut en conclure, mes chers enfants, que tous les hommes sans distinction d'âge ou de pays, ont toujours eu la grâce nécessaire pour croire au mystère de la Rédemption. La raison de ceci est que Dieu veut le salut de tous les hommes, et que Notre Seigneur est mort pour tous les hommes, sans exception. Il a donc donné et conservé aux hommes les lumières et les grâces nécessaires pour se sauver, de manière que le salut n'a jamais été impossible à personne.

Nous savons bien que les Juifs ont toujours eu la connaissance suffisante pour être sauvés de ce Rédempteur futur; en est-il de même des Gentils? Comment ont-ils eu, comment ont-ils conservé la connaissance et la foi nécessaires au mystère de la Rédemption?

Nous ne pouvons pas sonder l'abîme des conseils de Dieu, ni compter tous les moyens qu'il a de se com

muniquer à sa créature bien-aimée; il en est cependant plusieurs qui nous sont connus.

1o Les Gentils étaient, comme les Juifs, enfants d'Adam et de Noé. Ils avaient donc eu connaissance de l'état du premier homme, de sa chute, des premières promesses d'un Réparateur. En s'éloignant du berceau commun, ils avaient emporté avec eux ces traditions diverses : leur histoire en fait foi (1). Les vestiges de la croyance à un Rédempteur se trouvent jusque dans les oracles des Sibylles et dans les chants populaires (2). C'est là sans doute un de ces dogmes fondamentaux de la Religion, dont les évêques de France ont dit dans une déclaration récente, qu'on trouve les vestiges dans les traditions des différents peuples (3). « Ceux qui parmi vous, disait Tertullien aux Païens de son temps, ont imaginé leurs fables pour décréditer la vérité par un faux air d'imitation, savaient qu'au fond le Christ devait venir (4). »

Il en est même parmi les Gentils qui ont prédit la venue du Messie; témoin le saint homme Job. Saint

(1) Tout le monde connaît les témoignages célèbres de Tacite et de Suétone, nous les rapportons au commencement du tome troisième de cet ouvrage.

(2) Sur les Sybilles, leur nombre et l'authenticité de leurs livres, voyez Lactance, Div. Instit.; S. Augustin, Cité de Dieu; S. Justin, Apolog. et surtout le savant père Grisel, jésuite, dans son ouvrage intitulé: Le Mystère de l'Homme-Dieu.

(3) Libenter agnoscimus cum doctoribus Religionis apologistis vestigia primitivæ revelationis circa veritates quæ basis et fundamenta sunt Religionis et morum, in variorum traditionibus populorum deprehendi. Censure des ouvrages de M. de La Mennais. (4) Apol. xxi.

Augustin dit que la Providence a permis que cet homme, quoiqu'au milieu de la Gentilité, appartînt à la vraie Religion, pour nous apprendre qu'il y en avait d'autres encore parmi les Païens qui faisaient partie de cette sainte et universelle société (1). Témoin encore le fameux tombeau qui fut ouvert quelques siècles après la venue du Messie, et dans lequel on trouva une lame d'or placée sur la poitrine du mort, portant cette inscription: Le Christ naîtra de la Vierge; et moi je crois en lui. O soleil! tu me reverras sous le règne de Constantin et d'Irène.

2o Saint Thomas dit que la révélation du Messie fut faite à un grand nombre de Païens. « Si cependant, ajoute-t-il, il en est qui furent sauvés sans cette révélation, ils ne furent pas pour cela sauvés sans la foi du Médiateur; car, quoiqu'ils n'eussent pas une foi explicite, ils eurent cependant une foi implicite en la divine Providence, croyant que Dieu sauverait les hommes par les moyens qui lui conviendraient et suivant que son Esprit l'avait révélé à ceux qui connaissaient la vérité (2). »

(1) S. Aug. Cité de Dieu, l. 1, c. 47.

(2) Dicendum quod multis Gentilium facta fuerit revelatio de Christo, ut patet per ea quæ prædixerunt; nam Job 19 dicitur: Scio quod Redemptor meus vivit. Sibylla etiam prænuntiavit quædam de Christo, ut Aug. dicit lib. 13 contra Faust. c. 15. Invenitur etiam in historiis Romanorum quod tempore Constantini Augusti et Irenæ, matris ejus (*) fuit quoddam sepulcrum, in quo jacebat homo auream

(*) Ce Constantin n'est pas le Grand Constantin, mais le cinquième ou le sixième empereur de ce nom, dont la mère s'appelait Irène. Voyez Baronius, t. ix, ad annum 780, n. 12, qui rapporte le même fait.

Ainsi, ni les Païens ni les Juifs, n'ont jamais pu être sauvés sans la foi au moins implicite, suivant l'explication de saint Thomas, au mystère de la rédemption. «< De plus, dit un grand théologien, Notre Seigneur étant mort pour tous les hommes qui ont été, qui sont et qui seront à jamais, il faut en conclure que Dieu a toujours donné et qu'il donne encore à tous les hommes, même aux infidèles, les grâces de salut qui, par conséquent, tendent directement ou indirectement à conduire ces infidèles à la connaissance de Jésus-Christ. S'ils étaient dociles à y correspondre, Dieu, certainement, leur en accorderait de plus abondantes; par conséquent, aucun infidèle n'est réprouvé à cause du défaut de foi en Jésus-Christ, mais pour avoir résisté à la grâce (1).

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Le plus célèbre de tous ces Prophètes du Messie dans la Gentilité est sans contredit le saint homme Job. Sa vie pleine de grandes instructions et d'utiles exemples, trouve naturellement ici sa place. Modèle achevé de patience, vrai héros de l'adversité, Dieu semble l'avoir spécialement choisi pour offrir en sa

laminam habens in pectore, in qua scriptum erat : Christus nascetur ex Virgine, et ego credo in eum. O sol! sub Irenæ et Constantini temporibus iterum me videbis. Si qui tamen salvati fuerunt quibus revelatio non fuit facta, non fuerunt salvati absque fide Mediatoris; quia et non habuerunt fidem explicitam, habuerunt tamen fidem implicitam in divina Providentia; credentes Deum esse liberatorem hominum secundum modos sibi placitos, et secundum quod aliquibus veritatem cognoscentibus Spiritus relevasset. D. Th. 2, q. 2, art. XIV.

(1) Bergier, art. Infidélité. Voyez encore l'excellente dissertation de saint Liguori sur le Jansenisme, dans sa Réfutation des hérésies, dissert. XIV.

personne, à tous les siècles, le touchant spectacle de l'homme vertueux aux prises avec l'infortune; mais qui, soutenu par la pensée du Ciel, se montre supérieur aux misères de la vie présente. Voici, mes chers enfants, son intéressante histoire.

Un homme habitait la terre de Hus; son nom était Job simple et droit, il craignait le Seigneur et fuyait le mal. Il avait sept fils et trois filles. Outre cette belle et nombreuse famille, il possédait ce genre de biens qui faisaient alors le fonds et le patrimoine des maisons les plus distinguées. Sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, un nombre proportionné d'officiers et de domestiques, le rendaient un des princes les plus opulents de l'Orient.

Il élevait ses filles auprès de lui. Pour ses sept garçons, il leur avait donné des maisons et des terres. Abondamment pourvus de ce qui était nécessaire à leur entretien, ils vivaient séparément chacun chez soi. Un des plus grands soins du vertueux père, était d'entretenir la paix et l'union parmi ses enfants. C'est pourquoi il consentait volontiers que ses fils invitassent leur famille, au moins une fois chaque année, le jour de leur naissance. Il envoyait alors ses trois filles chez leurs frères, et leur permettait d'être de la fête.

Dès que le jour du festin était passé, ce qui arrivait sept ou dix fois chaque année, il réunissait tous ses enfants, il les instruisait de leurs devoirs, et les disposait, par ses saintes leçons, au sacrifice qu'il voulait offrir au Seigneur pour chacun d'eux; car, enfin, disait-il, ce sont des jeunes gens qui auront bien pu

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