Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

INTRODUCTION.

Saint Augustin, interrogé par un Diacre de l'église de Carthage, sur la meilleure manière d'enseigner la Religion, lui répondit par son admirable traité : De catechizandis rudibus (1).

« La vraie manière d'enseigner la Religion, dit le grand évêque d'Hippone, c'est de remonter à ces paroles, Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, et de développer toute l'histoire du Christianisme jusqu'à nos jours. Ce n'est pas qu'il faille rapporter d'un bout à l'autre tout ce qui est écrit dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament la chose n'est ni possible ni nécessaire. Faites un abrégé : insistez davantage sur ce qui

(1) Manière d'enseigner la religion aux ignorants.

vous paraît plus important, et passez légèrement sur tout le reste. De cette sorte, vous ne fatiguerez point celui dont vous voulez exciter l'ardeur pour l'étude de la religion, et vous n'accablerez point la mémoire de celui que vous devez instruire.

« Or, pour montrer toute la suite de la religion, souvenez-vous que l'Ancien Testament est. la figure du Nouveau; que toute la religion mosaïque, les Patriarches, leurs vies, leurs alliances, leurs sacrifices, sont autant de figures de ce que nous voyons; que le peuple juif tout entier et son gouvernement n'est qu'un grand proPHÈTE de Jésus-Christ et de l'Église (1). »

Tel doit être, suivant saint Augustin, l'enseignement de la lettre de la Religion. Quant à l'esprit, le saint docteur, interprète fidèle du divin Maître, le fait consister dans l'amour de Dieu et du prochain. Voici ses remarquables paroles :

(1) Narratio plena est cum quisque primo catechizatur ab eo quod scriptum est, In principio fecit Deus cœlum et terram, usque ad præsentia tempora Ecclesiæ. Non tamen debemus totum Pentateuchum totosque Judicum et Regum, et Esdræ libros... narrando evolvere et explicare: quod nec tempus capit, nec ulla necessitas postulat; sed cuncta summatim, generatimque compleeti, etc., etc.- N° 5 et seqq.

Quapropter in veteri Testamento est occultatio novi, in novo Testamento est manifestatio veteris. — Id. n. 8.

Denique universa ipsa gens totumque regnum prophetia Christi, Christianique regni. Contra Faust. lib. 22 et passim.

« Vous commencerez donc votre récit à la création de toutes choses dans un état de perfection, et vous le continuerez jusqu'aux temps actuels de l'Église. Votre but unique sera de montrer que tout ce qui précède l'Incarnation du Verbe tend à manifester l'amour de Dieu dans l'accomplissement de ce mystère. Le Christ luimême immolé pour nous, que nous apprend-il, sinon l'amour immense que Dieu nous a témoigné en nous donnant son propre Fils?

<< Mais si, d'une part, la fin principale que le Verbe s'est proposée en venant sur la terre, a été d'apprendre à l'homme combien il est aimé de Dieu, et si cette connaissance elle-même n'a d'autre but que d'allumer dans le cœur de l'homme l'amour d'un Dieu qui l'a aimé le premier, et l'amour du prochain dont ce Dieu lui-même est venu donner le précepte et l'exemple; si, d'autre part, toute l'Ecriture antérieure au Christ a pour but d'annoncer son avènement, et si toute celle qui lui est postérieure ne parle que du Christ et de la Charité, n'est-il pas évident que non-seulement la Loi et les Prophètes, mais encore tout le Nouveau Testament, se réduisent à ces deux grands préceptes : l'amour de Dieu et l'amour du prochain?

« Vous rendrez donc compte de tout ce que vous rapporterez; vous expliquerez la cause et le

but de tous les événements par l'amour, en sorte que cette grande idée soit toujours devant les yeux de l'esprit et du cœur. Ce double amour de Dieu et du prochain étant le terme auquel se rapporte tout ce que vous avez à dire, racontez tout ce que vous racontez, de manière que votre récit conduise votre auditeur à la foi, de la foi à l'espérance, de l'espérance à la charité (1). »

Tel est le plan que nous avons essayé de remplir. Pouvions-nous en choisir un meilleur? La jeunesse du dix-neuvième siècle y perdrat-elle, si nous lui donnons pour catéchiste saint Augustin? Ainsi l'exposé de la Religion depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours, la Religion avant, pendant et après la prédication de Jésus-Christ, voilà l'objet de cet ouvrage. Le cours de nos leçons dure quatre ans.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

(1) Hac ergo dilectione tibi tanquam fine proposito quo referas omnia quæ dicis, quidquid narras ita narra, ut ille cui loqueris audiendo credat, credendo speret, sperando amet. Catechiz. rud.

-

- Aug. de

ment qui précède tous les commencements, nous adorons dans son essence ineffable le Dieu de l'Éternité, qui a créé le temps et toutes les créatures qui doivent vivre dans le temps. L'existence et les perfections de cet Étre par excellence, fixent d'abord notre attention. Nous disons sa puissance, sa sagesse, sa bonté, sa liberté, son immutabilité, sa providence.

Après l'avoir contemplé en lui-même, nous le considérons dans ses œuvres. Avec les astres du matin (1), nous assistons au magnifique spectacle de la création de l'univers. Chaque jour de cette grande semaine ajoute une nouvelle syllabe à ce mot que nous lisons enfin gravé en lettres de flammes au front de chaque créature: DIEU.

Tout nous dit l'unité, la puissance, la sagesse, la bonté, la providence paternelle de ce grand Être qui veille avec le même soin et sur les globes immenses dont la course majestueuse doit durer autant que les siècles, et sur le brin d'herbe dont la vie commencée avec l'aurore finit avec le jour. Des hymnes de reconnaissance et d'admiration s'échappent involontairement de nos lèvres, et l'univers devient le premier livre où l'enfant chrétien apprend à connaître et à aimer son Dieu.

(1) Ubi eras quando ponebam fundamenta terræ, cum me laudarent simul astra matutina, et jubilarent omnes filii Dei? Job XXXVIII.

« ZurückWeiter »