Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

En cela nous suivons non-seulement le conseil et l'exemple de saint Augustin et des plus illustres Pères de l'Église, mais encore l'invitation formelle du Saint-Esprit. Interrogez les animaux, nous dit-il, et ils vous enseigneront; et les oiseaux du ciel, et ils vous feront connaitre leur créateur. Parlez à la terre, et elle vous répondra; et les poissons de la mer vous raconteront ses merveilles (1).

[ocr errors]

On sait que nos maîtres dans l'enseignement de la Religion, tels que saint Basile, saint Grégoire, saint Ambroise, saint Augustin, saint Chrysostôme, se faisaient un devoir sacré d'expliquer à leurs peuples l'ouvrage de six jours (2). Mais peut-être ne connaissons-nous pas bien la raison de leur conduite instruisons-nous aux paroles de l'éloquent Patriarche de Constantinople.

<< Vous nous demandez, dit saint Chrysostôme, comment, avant qu'il y eût des livres, Dieu enseignait aux hommes à le connaître ? Comment? De la même manière que nous nous y sommes pris nous-mêmes pour vous amener à la connaissance de cet Être souverain. Nous vous avons promenés en esprit sur le théâtre tout entier de

(1) Interroga jumenta, et docebunt te; et volatilia coli, et indicabunt tibi. Loquere terræ, et narrabunt pisces maris. Quis ignorat quod omnia hæc manus Domini fecerit? Job XII.

(2) Voyez leurs hexaemeron et leurs sermons sur la Genèse.

l'univers; nous vous avons montré le ciel, la terre, la mer, les campagnes, les vergers, les richesses et les variétés de la nature; nous sommes remontés jusqu'aux éléments des productions diverses; et tous ensemble, unissant nos voix à l'aspect de tant de merveilles étalées à nos yeux, nous nous sommes écriés dans le transport de l'admiration Que vos ouvrages sont grands, ô Seigneur! que vos desseins sont profonds (1)! »

Ainsi, les pères de l'Église commençaient l'enseignement de la Religion comme Dieu luimême l'a commencé. Ils expliquaient avant tout le grand livre dans lequel le Créateur a voulu que les enfants des hommes lussent d'abord son existence et ses perfections adorables.

« On demande encore, continue saint Chrysostôme, pourquoi, le livre des Écritures étant si utile, Dieu ne l'a pas donné au monde dès le commencement? C'est que Dieu voulait instruire les hommes par les choses, c'est-à-dire par les créatures, et non par les livres... Si Dieu eût commencé à nous instruire au moyen des livres et des caractères intelligibles pour le savant, ils auraient été sans aucune utilité pour l'ignorant. Le riche en aurait pu faire l'acquisition; le pauvre, non. Il eût fallu, pour les entendre, con

(1) Serm. 1 in Gen.

naître la langue dans laquelle ils auraient été écrits: ils eussent été perdus pour le Scythe, le Barbare, Î’Indien, l'Égyptien ; pour tout homme, en un mot, à qui cette langue eût été étrangère. << Il n'en est pas ainsi du grand spectacle du ciel tous les peuples du monde entendent son langage. Ce livre est ouvert indistinctement au sage comme au simple, au pauvre comme au riche. Aussi le Prophète ne dit pas que les cieux témoignent, mais qu'ils racontent la gloire de Dieu : Prédicateurs éloquents, qui ont pour auditoire le genre humain tout entier, et pour livre le magnifique spectacle qu'ils développent (1). »

Fidèle à l'exemple de nos maîtres, nous commençons comme eux l'enseignement de la Religion par l'explication de l'œuvre des six jours. Dans un siècle où les hommes ne comprennent plus que ce qui tombe sous les sens, cette explication semble plus nécessaire que jamais. Elle rend pour ainsi dire palpables les grandes vérités comme les grands devoirs du Christianisme. Elle ramène Dieu dans toutes les parties du monde physique, dont la science matérialiste du dernier siècle l'avait banni, et dont l'indifférentisme du nôtre s'efforce de le tenir éloigné. L'univers n'est plus pour l'homme un temple vide Dieu s'y

(1) Homil. ix, ad popul. Antioch.

présente animant tout, conservant tout, vivifiant tout. Se pourrait-il que son auguste présence ne dît rien au cœur? Se pourrait-il que l'homme, environné de merveilles dont on aura pris soin de lui faire connaître l'harmonie, le but et la raison, ne devînt pas à la longue plus reconnaissant et plus chrétien?

Peut-être sommes-nous dans l'erreur; mais il nous semble que l'ouvrage des six jours offre aujourd'hui le sujet des instructions le mieux appropriées aux dispositions des esprits : celles-là du moins auraient tout l'intérêt de la nouveauté. Quoi qu'il en soit, faire servir la nature à la Religion, n'est-ce pas répondre aux intentions du Créateur, et imiter un exemple souvent donné dans l'Évangile par le divin Précepteur du genre humain?

Dans cet admirable récit nous montrons les créatures inférieures gravitant toujours vers une création supérieure, celles qui précèdent appelant celles qui suivent, et toutes ensemble réclamant l'HOMME : l'homme, qui doit leur donner le complément en devenant le centre de tous ces rayons divers; l'homme, la clef de voûte de ce temple auguste; l'homme, le médiateur, l'organe, le pontife par lequel tous les êtres descendus de Dieu doivent sans cesse remonter à Dieu. Voilà pourquoi l'homme paraît le dernier.

« Reconnaissez, dit encore ici l'éloquent patriarche de Constantinople, l'inépuisable bonté du souverain Dominateur de la nature, et sa magnificence à l'égard de l'homme. Il a commencé par dresser un magnifique banquet, servi avec autant de

pompe que de variété, par construire un palais qu'il destine au roi du nouvel empire, rassemblant à l'avance tout ce qu'il y a de plus éclatant en beautés diverses; ce n'est qu'à la suite de ces préliminaires qu'il crée l'homme pour le mettre en possession de tant de biens, et l'établir le maître de la nature. C'est ainsi que lorsque l'empereur doit faire son entrée dans une ville, toutes les personnes attachées à son service prennent les devants, afin qu'à l'arrivée du maître tout se trouve disposé à le recevoir (1). »

Après cela est-il difficile de faire comprendre à l'homme cette parole salutaire: Homme, reconnais ta dignité, et garde-toi de te dégrader par une conduite indigne de ta grandeur (2)?

Nous disons la création de l'homme, sa gloire, sa puissance, sa royauté primitive. Nous le suivons au Paradis terrestre : avec lui nous jouissons de ce délicieux séjour. Là, nous entendons le Créateur intimant à nos premiers parents ce facile

(1) Homil. vii, in Gen. Serm. et Homil. vii, in id. —(2) Leo, serm. 1 de Nativit.

« ZurückWeiter »