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nul n'est condamné à prouver l'existence du soleil. Mais pour fixer immuablement dans le Christianisme les générations naissantes, malgré la mobilité de leur cœur, malgré les orages dont elles sont battues dès le berceau, malgré les scandales de parole et de conduite qui leur prêchent sans cesse, et sur tous les tons, précisément le contraire de ce qu'elles doivent croire, aimer et pratiquer; que sont, je le demande, les fugitives leçons de la première enfance? Superficiels enseignements que la faiblesse et la légèreté de l'âge empêchent de comprendre et de retenir, et qui, ne pénétrant point jusqu'au fond de l'âme, ne sauraient y laisser ces impressions profondes capables de déterminer la conduite pendant le reste de la vie.

Interrogez les Prêtres vénérables qui, chaque année, reçoivent à la Table-Sainte un si grand nombre des jeunes Chrétiens; demandez-leur combien il en est qui persévèrent?

Ils vous répondront dans l'amertume de leur âme, en vous montrant à peine çà et là quelques enfants, tristes débris, échappés comme par miracle au vaste naufrage dans lequel tous les autres périssent. Ils vous répondront que depuis quelques années surtout, leur ministère saint semble réduit au rôle crucifiant d'engraisser des victimes pour la corruption et pour l'impiété.

Autrefois il n'en était pas ainsi : l'enfance trouvait dans la famille les moyens de persévérer.

Mais depuis que la religion a généralement déserté le foyer domestique, force a été, sous peine de jeter de la poussière au vent et de voir. les générations naissantes périr comme celles qui les précèdent, de suppléer à l'action des parents, par des soins extraordinaires, des instructions plus suivies, plus solides, et continuées jusqu'audelà de cet âge critique, où les passions éveillées agitent de leurs terribles secousses et jettent si souvent loin de leurs voies l'esprit et le cœur inexpérimentés de l'adolescence.

Examinez maintenant la question; tournez-la, retournez-la sous toutes ses faces, et dites si vous connaissez un meilleur moyen d'atteindre ce but dans les paroisses, que les Catéchismes de Persévérance après la première communion?

Tout ce que nous savons, c'est que les souverains Pontifes ne cessent d'encourager ce moyen de salut si impérieusement réclamé par les circonstances (1). Tout ce que nous savons encore, c'est qu'ils pensent comme le Pasteur des pasteurs, les pieux évêques qui gouvernent nos églises. De

(1) Voyez les rescrits de Pie VIII, en date du 10 mai 1830, et de Grégoire XVI, en date du 13 septembre 1831.

toutes parts ils s'empressent d'établir dans leurs diocèses cette précieuse institution.

Sans doute elles sont utiles les autres associations paroissiales; elles ont porté et portent encore des fruits abondants. Toutefois il semble qu'elles répondent moins directement aux nécessités actuelles.

Établies principalement dans le but de nourrir la piété, elles supposent dans leurs membres une instruction solide des vérités de la foi; car elles n'offrent plus le lait des enfants, mais la nourriture des forts. Cette instruction qu'elles ne donnent pas, la famille la donnait autrefois.

Aujourd'hui les choses ont bien changé; la connaissance de la religion manque à la jeunesse. Vouloir la former à la piété sans commencer par établir le fondement solide de l'instruction, c'est bâtir sur le sable; c'est compter sur les sentiments affectueux d'un cœur de quinze ans, pour soutenir la vertu au milieu des doutes et des scandales du reşte de la vie : c'est s'exposer à de nombreuses et cruelles déceptions.

Le Catéchisme de Persévérance ayant pour but, comme son nom l'indique, de faire persévérer dans l'étude de la religion et la pratique des devoirs, nous le regardons, avec nos maîtres dans la foi, comme le meilleur moyen de former aujourd'hui des générations solidement chrétiennes.

La Providence, qui ne manque jamais de placer le remède à côté du mal, fit naître parmi nous cette œuvre éminemment utile, au moment précis où la famille, oubliant sa noble vocation, allait cesser d'être une église domestique : c'était vers le milieu du dix-septième siècle.

Le Protestantisme, qui avait envahi une partie des classes élevées, allait bientôt s'unir à la corruption des mœurs et enfanter cette indifférence déplorable qui est devenue le fléau de notre époque. C'est alors que le vénérable M. Olier fut nommé curé de Saint-Sulpice, à Paris. Il prit possession de cette paroisse en 1642.

Telles étaient l'ignorance et l'immoralité qui régnaient dans ce quartier, qu'on le nommait l'égoût de Paris. Cela dit tout. Le zélé Pasteur ne se laissa point décourager. Il comprit qu'il lui restait un moyen de renouveler cette terre d'iniquités l'éducation de l'enfance attira toute sa sollicitude. Prêtre saint, que le monde vous bé-nisse pendant que le Ciel couronne vos mérites!

Des Catéchismes préparatoires à la première communion, et surtout des Catéchismes de Persévérance furent établis : rien ne fut négligé pour en assurer le succès. Tandis que le nouvel apôtre plantait et arrosait, Dieu donnait l'accroissement; et bientôt, grâce aux Catéchismes, cette paroisse de Saint-Sulpice, la plus décriée de la Capitale,

en devint la plus édifiante et la plus pieuse (1). Dirigés avec le même zèle par les successeurs de M. Olier, les Catéchismes de Persévérance continuèrent à produire les mêmes fruits. Il en fut ainsi jusqu'à la révolution française. A cette époque désastreuse, ils dûrent cesser comme tout autre exercice public de la religion. Cependant des jours plus calmes étant venus, on s'empressa de les rétablir ce fut en 1804.

Jamais ce grand moyen de salut n'avait été plus nécessaire. Aussi la réouverture des Catéchismes de Saint-Sulpice fut le signal de l'établissement d'un grand nombre d'autres dans la Capitale et dans les provinces. L'expérience la plus consolante n'a cessé de justifier les encouragements nombreux que tant de Prélats distingués et de Prêtres vénérables ont donnés et donnent encore à cette précieuse institution.

Appelé nous-même, depuis plusieurs années, à diriger un de ces Catéchismes, nous devons aussi rendre gloire à Dieu des bénédictions attachées à cette œuvre. C'est pour contribuer autant qu'il est en nous à la propager en la facilitant, que nous publions le cours complet de nos instructions.

(1) Voyez Histoire des Catéchismes de Saint-Sulpice, in-12. Sur la discipline des Catéchismes de Persévérance, voyez Méthode de Saint-Sulpice, in-12.

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