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M. L. HAVET, en prenant le fauteuil de la présidence, prononce l'allocution suivante :

« MESSIEURS,

« Je dois une gratitude particulière au confrère, si justement renommé dans le monde de la science, si justement aimé dans tous les corps dont il fait ou a fait partie, qui me cède aujourd'hui ce fauteuil. Un triste hasard allait m'improviser président sans vice-présidence préalable, et, ce qui était plus grave, président de l'Institut tout entier. Certes, ceux qui ont demandé à entrer dans cette compagnie ne doivent se dérober, sans motif sérieux, ni aux honneurs ni aux charges qui viennent à leur heure, mais, dans les circonstances données, je pouvais demander un sursis. Vous me l'avez accordé ; j'ajoute que ce vote-là a été unanime; aussi est-ce au nom de toute l'Académie que 'je remercie M. Georges Perrot d'avoir donné à la présidence de l'Institut de France l'éclat et l'autorité qui convenaient.

<«< Il est un autre remerciement que je puis formuler par avance. Quand je me sentirai inexpérimenté dans mes nouvelles fonctions, je n'aurai qu'à me tourner vers ma droite pour connaître les précédents d'un demi-siècle. Si quelque chose marche bien dans nos travaux de 1904, l'Académie l'attribuera à son vénéré Secrétaire perpétuel.

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Messieurs, j'aborde la présidence de cette Académie avec une idée singulièrement haute des études qui forment son domaine. Alors que d'autres catégories de savants maîtrisent soit des abstractions immuables, soit des phénomènes toujours semblables à eux-mêmes, les érudits savent saisir ce qui est local, momentané et fugace.

« Vous démêlez des enchaînements dans ce qu'il y a de plus déconcertant au monde, les activités diverses de l'intelligence humaine. L'intervention de l'homme est ce qui définit l'objet spécial de vos sciences, mais ceux qui les ont créées ont été des précurseurs pour d'autres sciences du momentané. La géologie est une histoire, bien qu'elle soit celle d'un bloc de matière. Au temps de notre enfance ou de notre jeunesse, l'étude des espèces a pris décidément l'orientation historique. Sous nos yeux enfin,

l'astronomie continue de devenir une science du passé et une science des origines. Elle sait maintenant que l'univers, commet l'humanité, est incapable de répétition, et elle a fondé ses plus brillantes découvertes sur ce qui ne peut revenir tel quel. Toutes ces sciences du momentané ont un outillage peu semblable au vôtre, mais qu'importe? Leur méthode est la vôtre, parce que, comme vos sciences, elles constatent et observent, mais n'expérimentent pas.

Les archéologues, les historiens, les philologues construisent. des hypothèses; on ne voit guère comment un géologue ou un astronome pourrait construire autre chose. Les hypothèses, l'érudition les confronte avec toute donnée nouvelle qui vient s'offrir, afin que l'épreuve les ruine ou les affermisse; les autres sciences de ce qui change procèdent de la même manière. Elles mettent leurs systèmes, quand par bonheur elles le peuvent, en contact avec quelque fragment encore inexploité du réel, et elles guettent les occasions de se prouver qu'elles n'errent pas.

«Dans toutes les sciences du momentané la capacité générale de certitude est la même. Et quiconque isole vos sciences pour les dénigrer en particulier, quiconque leur dénie à elles seules ce beau nom de sciences, ou fait mine de le leur concéder par une insultante politesse, n'en veut aux disciplines spéciales de cette Académie que parce qu'il est un adversaire des sciences et de la science.

«Messieurs, votre illustre confrère, Ernest Renan, est probablement le penseur du XIXe siècle qui a le mieux senti et fait sentir la noblesse des études historiques. Puisque mon sujet me fait invoquer le souvenir d'un de nos plus grands morts, c'est sur ce souvenir que je vous laisse. »

M. le Ministre de l'instruction publique et des beaux-arts adresse à l'Académie l'ampliation d'un décret, en date du 30 décembre 1903, par lequel M. le Président de la République a approuvé l'élection de M. HIRSCHFELD, de Berlin, à la place d'associé étranger, vacante par la mort de M Mommsen.

M. LAIR, au nom de la Commission du prix Gobert, donne lecture de la liste des ouvrages adressés au concours.

Le PRÉSIDENT fait connaître, ainsi qu'il suit, la situation des concours de l'Académie pour 1904:

PRIX ORDINAIRE DE L'ACADÉMIE, dont le sujet mis au concours était une Étude critique sur l'origine des textes imprimés ou manuscrits des ordonnances de saint Louis Aucun concurrent.

ANTIQUITÉS DE LA FRANCE: 29 concurrents.

PRIX DE NUMISMATIQUE DU MOYEN AGE (Mme veuve Duchalais): Aucun concurrent.

PRIX GOBERT 3 concurrents.

PRIX BORDIN (au meilleur ouvrage relatif à l'Orient) : 6 con

currents.

PRIX FOULD (au meilleur ouvrage sur l'histoire des arts du dessin) 3 concurrents.

PRIX STANISLAS JULIEN (au meilleur ouvrage relatif à la Chine) : 4 concurrents.

PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (au meilleur ouvrage concernant le moyen âge ou la Renaissance): 3 concurrents.

PRIX DE LA GRANGE: 2 concurrents.

PRIX LOUBAT (au meilleur ouvrage concernant le Nouveau Monde) 2 concurrents.

PRIX SAINTOUR (au meilleur ouvrage relatif à l'antiquité classique) 4 concurrents.

PRIX DE CHENIER (à l'auteur de la meilleure méthode pour l'enseignement de la langue grecque): Aucun concurrent.

PRIX AUGUSTE PROST (au meilleur ouvrage historique sur Metz et les pays voisins) : 3 concurrents.

L'Académie procède à la nomination des diverses commissions de prix.

Sont élus :

PRIX BORDIN (au meilleur ouvrage relatif à l'Orient): MM. Barbier de Meynard, Oppert, Senart, Ph. Berger.

PRIX FOULD (Histoire des arts du dessin): MM. Perrot, de Lasteyrie, Saglio, Babelon.

PRIX STANISLAS JULIEN MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

PRIX DELALANDE - GUÉRINEAU (moyen âge ou Renaissance): MM. d'Arbois de Jubainville, Longnon, de Boislisle, Lair.

PRIX DE LA GRANGE: MM. Delisle, Paul Meyer, Longnon, Émile Picot.

PRIX LOUBAT MM. Hamy, Oppert, Senart, Barth.

PRIX SAINTOUR (antiquité classique): MM. Perrot, Boissier, Alfred Croiset, Bouché-Leclercq.

PRIX DE CHENIER MM. Foucart, Alfred Croiset, S. Reinach, Maurice Croiset.

PRIX AUG. PROST MM. d'Arbois de Jubainville, Longnon, de Barthélemy, de La Trémoïlle.

M. Henri OMONT a la parole pour une communication : «Notre éminent confrère M. Delisle a bien voulu me confier le soin de donner la primeur à l'Académie d'une nouvelle qui sera accueillie avec joie par tous les amis de l'histoire et de la littérature française du xvIe siècle.

<< Treize volumes originaux et en partie autographes de Brantôme, contenant l'ensemble à peu près complet de ses œuvres, viennent d'entrer dans les collections de la Bibliothèque nationale, grâce à une récente et nouvelle libéralité de Mine la baronne James de Rothschild.

« Ces volumes, dont l'existence seule avait jusqu'ici été signalée sous le nom de manuscrits de Bourdeille, et qui étaient restés inutilisés ou à peu près par tous les éditeurs de Brantôme, offrent la première rédaction, en différents états, des œuvres du grand écrivain, dont la Bibliothèque nationale possédait déjà, depuis le xvIIe siècle, la dernière rédaction dans les manuscrits de Béthune.

1904.

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<< Il est bien peu de nos vieux auteurs pour lesquels on soit en mesure de suivre ainsi pas à pas, grâce aux manuscrits euxmêmes, la genèse de leurs œuvres et étudier avec autant de certitude et de précision la pensée et le style, comme on le pourra faire désormais pour Brantôme. »>

M. Ph. BERGER présente à l'Académie, au nom de M. Perdrizet, la photographie d'un bas-relief fort beau, trouvé en Tripolitaine, et représentant trois nymphes qui se suivent en se tenant par le pan de leur manteau. Ce monument, que M. de Mathuisieux a signalé récemment à M. Clermont-Ganneau, était connu depuis un certain temps déjà, et il a été publié pour la première fois, avec la collaboration de M. Perdrizet, en 1896, dans l'Annuaire de l'École anglaise d'Athènes, t. III, pl. XIV, p. 170.

M. BERGER communique ensuite un certain nombre de découvertes épigraphiques faites dans ces derniers temps par le R. P. Delattre. Ce sont d'abord un nouvel exemplaire du petit disque en plomb qui porte une dédicace à un dieu inconnu, mipartie en phénicien, mi-partie en grec; puis une inscription funéraire sur laquelle le P. Delattre croit lire le nom de Malte; enfin, une grande inscription, malheureusement mutilée, donnée il y a déjà six ans au Musée Lavigerie par M. le capitaine Bernard, du 4 chasseurs. Elle est tracée sur un fragment de calcaire gris, à peu près circulaire, qui paraît avoir appartenu soit à la jambe d'une statue, soit à une colonne '.

M. CLERMONT-GANNEAU étudie une série de monogrammes byzantins.

M. Léon Dorez communique une relation latine inédite des fêtes qui eurent lieu à Tours, le 28 août 1576, à l'occasion de l'entrée de François d'Anjou, frère de Henri III. Cette relation, qui est l'œuvre du médecin Nicolas de Nancel, permet de préciser la part, très importante, prise par Ronsard à l'organisation. de ces fêtes.

1. Ces deux dernières inscriptions feront l'objet d'une note spéciale.

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