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c'est-à-dire des habitants de la Celtique orientale dans le voisinage du Pont-Euxin. Denys d'Halicarnasse en l'an 8 avant J.-C. ne connaît pas les Celtes de la péninsule ibérique, il donne pour limites à la Celtique, Kɛλtxń, les Pyrénées, les Alpes, le Danube, l'océan Atlantique, la Thrace et la Scythie. La Celtique est, dit-il, de forme carrée, elle comprend presque le quart de l'Europe, le Rhin la coupe en deux par le milieu1. Cette Celtique n'a aucun rapport avec le territoire des Celtes resserré entre la Seine, la Marne et la Loire, suivant Jules César. Si Tite Live et Pline ont eu la faiblesse de reproduire la définition de la Celtique telle qu'elle résulte du De bello gallico, Auguste, moins dominé qu'eux par la mémoire du grand dictateur, n'a pas maintenu cette Celtique dans la nomenclature des provinces de l'Empire romain.

Au moment où a été écrit et publié le De bello gallico, Jules César a pensé qu'il y avait pour lui intérêt politique à dire aux plébéiens de Rome et à leur faire croire qu'il avait conquis toute la Celtique comme toute la Gaule. C'était un des moyens qui devait le conduire à la dictature. Auguste, arrivé, a pensé qu'il était inutile de mentir aussi effrontément, et alors apparut le nom de provincia Lugdunensis 2.

.1. Denys d'Halicarnasse, 1. XIV, c. 1, § 1-2; édition donnée chez Didot, par B. Kiessling et V. Prou, p. 700-701.

2. L'expression géographique Lugdunensis a dû d'abord apparaître soit dans le Breviarium totius imperii, composé par l'empereur Auguste, soit dans un mémoire d'Agrippa sur la géographie de l'empire romain (TeuffelSchwabe, Geschichte der römischen Literatur, 5e édition, p. 469; Martin Schanz, Geschichte der römischen Litteratur, seconde partie, 1re section, 2e édition, p, 10-11, 290-291). C'est de là qu'elle est passée chez Pline, 1. IV, § 105, 107; 1. IX, § 10 (Martin Schanz, 2° partie, 2 section, p. 379), cf. Strabon, 1. IV, c. 1, § 1; p. 147, l. 15-21; c. iv, § 1; p. 159, l. 19-26.

LIVRES OFFERTS

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL offre à l'Académie, au nom de M. G. Saige, correspondant de l'Institut, le tome II du Trésor des Chartes du comté de Rethel (1329-1445), publié par ordre de S. A. S. le prince Albert Ier, par MM. Gustave Saige et H. Lacaille (Monaco, 1904, in-4o).

M. BOUCHE-LECLERCQ dépose sur le bureau de l'Académie le deuxième volume de son Histoire des Lagides. Tome II: Décadence et fin de la dynastie 181-30 av. J.-C. (Paris, 1904, in-8°).

SÉANCE DU 22 AVRIL

Le PRÉSIDENT annonce qu'il vient d'apprendre à l'instant même la mort de M. Böhtlingk, correspondant de l'Académie des inscriptions. Le célèbre indianiste était né à Saint-Pétersbourg en 1815. A vingt-quatre ans, en 1839, il publiait déjà une édition remarquable du grammairien Pânini. Il est connu avant tout comme l'un des deux auteurs du grand Dictionnaire sanskrit dit de Saint-Pétersbourg. Il s'est éteint à Leipzig le 1er avril, à l'âge de quatre-vingt-huit ans, en pleine activité intellectuelle. M. Böhtlingk était notre correspondant depuis 1881.

Le PRÉSIDENT annonce ensuite qu'il a reçu du capitaine Lenfant la lettre suivante :

Monsieur le Président,

Le grand honneur et l'aimable accueil que vous, et votre honorable Assemblée, venez de me faire laisseront un souvenir inoubliable dans mon esprit.

De tout cœur je vous en remercie.

M. Viollet a formulé une opinion qui, vous l'avez vu, loin de me déconcerter, a tout à fait confirmé les sentiments généreux dont s'illustre vore Assemblée. Il a parlé sous l'influence de cet esprit bien français pour qui la justice et l'humanité sont les fleurons de notre gloire nationale; je suis heureux d'avoir travaillé dans le sens véritable.

Vous constaterez bientôt, dans ma comptabilité concernant le don généreux de l'Académie, le témoignage des largesses et des paiements que j'ai faits en son nom pour attirer vers nous ces indigènes que des procédés pacifiques doivent nous amener calmes et dévoués avant qu'il soit longtemps.

Votre bienveillante réception honore un soldat dont l'unique souci est la grandeur du Pays, et qui vous prie, Monsieur le Président, d'agréer, pour vous et pour MM. vos honorables collègues, l'hommage de son dévouement reconnaissant et de son profond respect. E. LENFANT.

Le 17 avril 1904.

Sur la proposition de M. LEGER, la Commission des travaux littéraires sera invitée à donner son avis sur la place où il convient d'exposer le pavillon porté par le Benoit-Garnier dans le cours. de la mission et offert par le capitaine Lenfant à l'Académie.

M. DE VOGUE communique une note du R. P. Lagrange au sujet de découvertes archéologiques en Palestine.

M. E. BABELON communique des monnaies qui donnent pour la première fois l'image du dieu phénicien Eschmoun, que les Romains ont assimilé à leur Esculape. Ces monnaies sont, les unes, de Berytus; les autres, des monnaies romaines frappées. en l'honneur de Carthage. Le dieu Eschmoun avait l'aspect d'un jeune homme debout accosté de deux dragons ailés; dans certaines légendes il fut assimilé à Adonis'.

M. Huart fait une communication sur une nouvelle source du Coran 2.

1. Voir ci-après. 2. Voir ci-après.

COMMUNICATIONS

LE DIEU ESCHMOUN

PAR M. BABELON, MEMBRE DE L'ACADÉMIE

Au Congrès international des Sciences historiques qui se tint à Rome au printemps de l'année dernière, j'eus l'occasion de communiquer un court mémoire sur les Monnaies de Septime Sévère, de Caracalla et de Géta, relatives à l'Afrique1. Parmi les monnaies dont j'ai essayé, dans ce travail, d'interpréter les légendes et les types, il en est qui se rapportent à la grande déesse de Carthage, la Tanit ou Astarté punique, devenue Cælestis et assimilée par les Romains à la fois à Junon et à Cybèle. Sur d'autres, j'ai proposé de reconnaître l'image du fameux temple d'Eschmoun, avec la statue de ce dieu, l'Esculape punique; c'est sur ce dernier groupe de pièces que je voudrais revenir en peu de mots devant l'Académie, pour confirmer mon interprétation et ajouter quelques éclaircissements aux arguments que j'ai fournis dans le travail précité.

Les monnaies de Septime Sévère, de Caracalla et de Géta dont le revers représente, comme je l'ai établi, le temple et la statue d'Eschmoun, sont de l'an 207, année qui précéda le départ de Septime Sévère pour son expédition de Bretagne, où il devait, en 211, trouver la mort. Je ne reviendrai pas sur la fixation de la date et sur les variétés de cet intéressant groupe monétaire qui comprend des aurei fort rares de Septime Sévère et de Caracalla et des pièces de bronze de Septime Sévère et de Géta. Je

1. Publié dans la Rivista italiana di numismatica, anno XVI, fasc. II, Milan, 1903, in-8°.

me contente de présenter à l'Académie une image agrandie du revers de la mieux conservée de ces pièces (fig. 1. Aureus de Septime Sévère) et d'en rappeler et préciser la description.

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La légende est : P M TR P XV COS III P P (Pontifex maximus tribunicia potestate decima quinta consul tertio pater patriæ). Le type est l'image d'un temple distyle à fronton triangulaire sous lequel on voit une statue d'Eschmoun debout, de face. Le dieu est entièrement nu, imberbe, et sa tête paraît ceinte d'une couronne ou d'une torsade (?); de la main droite, il s'appuie sur un bâton autour duquel est enroulé un serpent; il ramène et appuie la main gauche sur sa hanche; à ses pieds sont deux serpents enroulés et dressés sur leurs anneaux, symétriquement, à droite et à gauche; ces serpents ont leur tête munie d'une aigrette ou peut-être de petites cornes. Le fronton du temple est orné d'acrotères qui ont la forme de dragons ailés; le sommet du fronton est surmonté d'un ornement sans doute architectural, qui paraît être une tige sur laquelle sont enlacés deux serpents, et assez semblable au caducée de Mercure. Dans le tympan, on distingue une couronne. Quelque schématique et conventionnelle que soit cette image du temple, elle provoque notre curiosité en raison

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