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antiquités en Tunisie, et nous souhaitons que le gouvernement de S. M. le Bey et notre résident à Tunis aussi bien que le Gouvernement français encouragent largement des travaux qui donnent de semblables résultats. >>

M. Maurice CROISET étudie le sommaire nouvellement retrouvé et publié du Dionysalexandros du poète comique Cratinos. Ce morceau permet d'établir, d'abord que la comédie mythologique avait à Athènes, au ve siècle, une tendance satirique, aussi bien que la comédie mélangée de fantaisie et d'observation, telle que nous la trouvons chez Aristophane; en second lieu, que les pièces tirées de la mythologie avaient même structure que les autres. C'est ce que montre M. Maurice Croiset, en reconstituant, d'après le sommaire conservé, la division en scènes, et en faisant voir que cette division répond au type ordinaire des comédies d'Aristophane; il indique en même temps par conjecture ce que pouvait être la première partie de la pièce, dont l'analyse n'a pas été conservée. Enfin, il établit, par un rapprochement entre la pièce de Cratinos et un fragment des Moirai d'Hermippos, que le Dionysalexandros a dû être joué aux Lénéennes de l'année 430.

L'Académie se forme en comité secret pour entendre la lecture du rapport de la Commission des antiquités de la France sur le concours de cette année'.

1. Voir ci-après.

APPENDICE

RAPPORT

FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES ANTIQUITÉS DE LA FRANCE SUR LES OUVRAGES ENVOYÉS AU CONCOURS DE L'ANNÉE 1904, PAR M. SALOMON REINACH, MEMBRE DE L'ACADÉMIE,

ET LU DANS LA SÉANCE DU 8 JUILLET 1904.

MESSIEURS,

L'an dernier, 33 concurrents vous avaient adressé 46 volumes; cette année, notre Commission a reçu 54 volumes, soumis à son examen par 30 concurrents. Parmi ces ouvrages, elle a dû, dès l'abord, en éliminer un certain nombre comme ne rentrant pas dans le cadre du concours, ou n'y rentrant pas d'une manière assez complète. Il est nécessaire de rappeler une fois de plus que par ces mots «< antiquités de la France » nous entendons les antiquités monumentales et historiques de notre pays antérieurement à la fin du xvie siècle, c'est-à-dire à peu près jusqu'à l'avènement d'Henri IV. Assurément, nous pouvons classer ou récompenser un ouvrage qui, traitant d'un sujet antérieur à cette limite, en poursuit le développement à travers le xvIIe siècle et le XVI; mais il est indispensable que la partie essentielle du travail concerne l'antiquité, le moyen âge où la Renaissance. D'autre part, les écrits relatifs à la numismatique, à la bibliographie et à la grammaire doivent être, de préférence, dirigés par leurs auteurs vers d'autres Commissions de l'Académie, qui décernent des récompenses spéciales,

instituées en vue de ces différents ordres de travaux. La stricte observation de ces règles ne faciliterait pas seulement notre tâche commune, mais assurerait une répartition plus régulière et plus sûre des encouragements dont nous dispo

sons.

La première médaille est attribuée à M. le comte Bertrand de Broussillon, auteur d'un ouvrage considérable sur la maison de Laval et éditeur de plusieurs cartulaires importants. La Maison de Laval, formant un ensemble de cinq volumes dont le dernier a paru en 1903, est une œuvre historique de grande valeur. Une connaissance approfondie des sources, tant imprimées que manuscrites, a permis à M. de Broussillon de restituer en tous leurs détails les annales d'une des plus illustres parmi les maisons féodales du Maine. On trouve dans cette histoire le texte ou tout au moins l'analyse de 3.410 pièces, datant de 1020 à 1605, époque à laquelle Laval et Vitré cessèrent d'appartenir à la famille qui en portait le nom. Ces documents ont été empruntés aux archives locales et aux principaux dépôts parisiens. M. de Broussillon a témoigné d'une patience inlassable et d'excellentes qualités de méthode en réunissant et en classant cette masse énorme de matériaux. Grâce à la collaboration de M. Paul de Farcy, il a pu enrichir son livre de nombreuses gravures, reproduisant des sceaux et des monuments funéraires, qui le recommandent spécialement à l'attention des archéologues. Enfin, un index très complet des noms propres de personnes et de lieux, dû à M. Vallée et qui ne comprend pas moins de 350 colonnes d'impression, permet de s'orienter facilement dans cet ouvrage et rend ainsi plus accessibles une foule de documents de tout ordre, d'un prix inestimable pour l'histoire du Maine, de la Bretagne orientale, de l'Anjou et de plusieurs autres provinces.

1904.

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Sous le titre de Cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, M. de Broussillon n'a pas seulement reproduit la teneur d'un précieux recueil d'actes composé vers 1175: il a reconstitué, pour ainsi dire, la partie plus ancienne, antérieure au début du xe siècle, des archives d'un des plus fameux monastères de l'Anjou. Le premier tome comprend la transcription de 392 chartes du Cartulaire de Saint-Aubin; le second donne le texte ou l'analyse de 554 pièces antérieures à l'an 1200, qui ont été recueillies dans divers dépôts de Paris ou de la province; enfin, le troisième est presque entièrement rempli par un index très soigné dû à M. Eugène Lelong.

A ces huit volumes, qui ont motivé le jugement de notre Commission, M. de Broussillon a joint neuf autres volumes ou brochures qui, en raison des millésimes inscrits sur les titres, ne pouvaient être admis au présent concours. Il faut les signaler cependant, car ils attestent hautement le zèle de M. de Broussillon pour tout ce qui concerne l'histoire du Maine. L'auteur n'est pas un inconnu pour nous; son nom a déjà figuré avec honneur à l'un de nos précédents concours, et ç'a été un plaisir pour notre Commission de pouvoir enfin récompenser, par la distinction la plus élevée dont elle dispose, une œuvre historique qui conservera un rang honorable parmi les plus solides de notre temps.

La belle monographie de M. Rupin sur Roc-Amadour obtient la seconde médaille; la Commission a regretté de ne pouvoir placer en tête de sa liste un ouvrage dont la rédaction atteste des connaissances si variées, une si parfaite intelligence des méthodes qui s'imposent aux recherches d'archéologie et d'histoire. Dans l'étude des légendes plus ou moins anciennes sur les origines du célèbre pèlerinage de Roc-Amadour, M. Rupin a fait preuve d'autant de sens critique que d'érudition; s'il ne laisse rien subsister d'un vaste cycle de traditions qui constitue comme l'épopée de ce

sanctuaire, c'est par des arguments précis et irréfutables qu'il en a démontré le caractère apocryphe et démêlé la genèse. De pareilles légendes ont souvent été plus fécondes que l'histoire vraie, car leur influence s'est puissamment exercée sur les arts, en particulier sur l'architecture. M. Rupin connaît admirablement les monuments de RocAmadour, et les descriptions qu'il en a données, accompagnées d'excellentes photographies, peuvent être considérées comme définitives. Du reste, il ne s'est pas borné à RocAmadour; il a fait entrer dans son sujet une partie des événements historiques dont le Quercy a été le théâtre, tant pendant l'occupation anglaise qu'à l'époque des guerres de religion. Il a joint à son livre vingt-cinq documents très instructifs, parfaitement édités et commentés, ainsi qu'une copieuse table des matières qui satisfait à toutes les exigences. Cet ouvrage sera désormais consulté par tous les savants en quête d'informations précises sur l'archéologie militaire, civile et religieuse du moyen âge; il a également sa place marquée dans les bibliothèques historiques et contribuera sans doute à donner un nouvel essor aux études sur les antiquités du Quercy.

Le titulaire de la troisième médaille, M. François Abbadie, a publié un ouvrage remarquable sous ce titre : Le Livre Noir et les Établissements de Dax. Le Livre Noir, le Livre Rouge et les Établissements de Dax sont trois précieux registres échappés au funeste incendie qui, en 1631, réduisit en cendres une grande partie des archives dacquoises. Le plus ancien.de ces manuscrits est le Livre Rouge, exécuté à la fin du xive siècle, qui renferme un recueil de chartes transcrites sans ordre. Le Livre Noir, qui date du xvo siècle, contient le recueil des coutumes de Dax et une copie du Livre Rouge; les Établissements sont un recueil d'ordonnances de la mairie, qui nous est parvenu dans une transcription fautive. La publication de M. Abbadie a pour objet le

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