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COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNÉE 1904

PRÉSIDENCE DE M. L. HAVET

SÉANCE DU 2 SEPTEMBRE

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M. CAGNAT communique une inscription de Khamissa en

Algérie, relative à un personnage nommé A. Larcius Macrinus et

qui fut princeps gentis Numidarum'.

MM. BOISSIER et CLERMONT-GANNEAU présentent quelques obser

vations.

M. CLERMONT-GANNEAU fait une communication sur le prétendu dieu Ogénès, que l'on trouve mentionné dans une inscription de Palmyre, publiée par Waddington.

M. CAGNAT présente quelques observations.

M. CLERMONT-GANNEAU lit ensuite une note intitulée : Hermès Herakles et Eschmoun-Melkarth.

1. Voir ci-après.

1901.

31

M. CHAVANNES commente une inscription chinoise de l'année 1256 dont l'estampage lui a été envoyé par M. Joseph Beauvais, vice-consul de France. Ce monument est gravé sur le roc dans un cirque de montagnes situé au nord de la ville de K'ing-yuanfou (province de Kouang-si); il nous apprend que, en 1255, le gouverneur de cette ville fit aménager un vaste camp retranché où la population pourrait se réfugier et se défendre au cas où elle serait attaquée par les Mongols. Les Mongols étaient devenus maîtres du Yun-nan en 1254; ils menaçaient le flanc sud-ouest de l'empire des Song, et c'est pour les tenir en échec que certains points stratégiques du Kouang-si durent être fortifiés par les Chinois.

COMMUNICATION

INSCRIPTION INÉDITE DE KHAMISSA (THUBURSICUM NUMIDARUM), PAR M. CAGNAT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Le Service des Monuments historiques vient de faire à Khamissa une découverte assez intéressante. Depuis deux ans, on déblaie les ruines d'une grande place que les documents épigraphiques ont fait connaître pour être la platea vetus1, par opposition avec le forum novum cité par un autre texte. On a trouvé dans les déblais, outre des fragments de statues, des inscriptions gravées en l'honneur d'empereurs, de gouverneurs, de magistrats municipaux. La dernière qui ait été mise au jour est la suivante : je me

1. La découverte est due à M. Joly, conservateur du Musée de Guelma. 2. C. I. L., VIII, 4878.

3. R. Cagnat et Besnier, Ann. épigr,, 1904, n. 4.

hâte de dire que les lettres sont de belle époque et indiquent le e siècle, au plus l'âge des Antonins :

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LARCIA E

LA ETA E

A LARCIMA CRIN
PRINCIPIS GENTIS NV MI
DARVM ET FLAMINIS PERPETVI
VXORI CVI ORDO STATVAM PVBLI
CE PONENDAM CVM DECREVISSET
IPSA HONORE CONTENTA SVA PECVN
POSVIT D·D

Larciae Laetae, A. Larci(i) Macrini, principis gentis Numidarum et flaminis perpetui uxori; cui ordo statuam publice ponendam cum decrevisset, ipsa, honore contenta, sua pecun(ia) posuit. Decreto) decurionum).

C'est, on le voit, une base de statue dédiée à une femme qui avait épousé un personnage de la ville; il était flamine perpétuel de Thubursicum et princeps gentis Numidarum. Ce dernier titre fait l'intérêt principal du monument.

Nous savons, en effet, que les tribus berbères qui occupaient le pays à l'époque pré-romaine n'avaient pas disparu avec la conquête 1. Les unes continuèrent à occuper leurs anciens lieux de campement; les autres furent soit cantonnées dans une partie de leur antique territoire, soit transplantés et établies dans quelque coin de la province d'Afrique ou de Mauritanie. Tel paraît être précisément le cas des Numidae a Khamissa. « Quant aux gentes Numi

1. Sur cette question des gentes on peut consulter Tissot, Géogr. de l'Afr., II, p. 389 et suiv.; Maurice, dans les Mém. de la Soc. des antiq. de France, 1896, tome LV, et Schulten, Rhein. Museum, 1895, p. 509 et suiv., 542 et suiv.

darum qui ne portaient que ce nom générique, nous y voyons, dit Tissot1, des fractions de tribus transplantées, ayant perdu le souvenir de la gens particulière à laquelle elles appartenaient primitivement, mais conservant celui de leur race vis-à-vis des populations romaines ou romanisées au sein desquelles elles étaient établies. » Tel est aussi l'avis de Mommsen qui parle dans son Histoire de «< ces tribus dont on changea de force la résidence, par exemple ces Numides expatriés qui fondèrent la ville de Thubursi

cum ».

Quoi qu'il en soit de cette question, il est certain qu'il existait aux environs de Khamissa une tribu berbère qui avait à sa tête un princeps. Nous possédions déjà une inscription de la même ville, une épitaphe où on lisait le même titre3: Florus Chanaris f. princeps gentis Numidarum p. v. ann. LXXV. H. s. e.

On n'a pas hésité à reconnaître dans ces «< princes » des chefs administratifs donnés par Rome aux tribus numides ou maures dont elle voulait diriger l'activité pour en assurer la soumission. Nous avons, d'ailleurs, d'autres exemples du même titre et, par suite, de la même organisation sur d'autres points de l'Afrique, pour les Numidae cantonnés auprès de Kherbet-Guidra (Sertei), à l'ouest de Sétif", et pour les Saboides organisation toute monarchique, comme le remarque Mommsen, nettement en opposition avec le système de collégialité en vigueur dans les cités phéniciennes et latines, mais fort bien appropriée à des populations qui avaient l'habitude d'une royauté féodale 6.

1. Géogr. de l'Afr., II, p. 457.

2. Hist. rom. (trad. Cagnat et Toutain), t. XI, p. 293.

3. C. I. L., VIII, 4884.

4. C. 1. L., VIII, 8826, 8828.

5. Ibid., 7641.

6. Rex, regulus sont les termes dont se servent les inscriptions ou les auteurs pour désigner les chefs indigènes, grands ou petits. Cf. C. 1. L., VIII, 2615 Bavaribus qui, adunatis IIII regibus in prov. Numidiam irruperant, et 20216: rer gentis Ucutaman(orum).

Ces princes de tribus, autant que nous les connaissons, sont quelquefois, comme il est naturel et comme cela dut être tout d'abord, des indigènes; mais non point, si l'on peut ainsi parler, de francs indigènes, des hommes portant un nom berbère et issus de berbères tels que le Milcin Mioinedin[is f.] princeps, ex castello Tulei d'une inscription de Diar-Mami, en Kabylie 1. Les princeps gentis cités par les inscriptions sont plus ou moins gagnés aux habitudes romaines.

Les uns ont pris un nom latin, traduction, sans doute, au moins approximative de leur nom indigène, suivant l'usage bien connu2; mais leur père a encore un nom berbère; c'est le cas du Florus, Chanaris filius, cité plus haut. Rarement le père a un nom romain; Florus Labaeonis filius3, prince de la gens des Saboides en serait un exemple, s'il faut voir dans le mot Labaeonis un mot latin, non une dénomination étrangère à cette langue. En tout cas, tout conduit à croire que ces gens ne sont pas des citoyens romains, mais bien des indigènes à peine déguisés.

4

D'autres, comme A. Larcius Macrinus de notre nouvelle inscription, possèdent, au contraire, la cité romaine et ont droit aux tria nomina; il en est de même d'un Sextius Victor et d'un Claudius Capito 5, cités par des textes de Kherbet-Guidra. En pareil cas, ces « princes » ont obtenu auparavant des fonctions civiles ou religieuses dans les municipalités voisines, fonctions qui semblent les avoir précisément désignés pour le « principat ».

Bien entendu, ces principes gentium n'ont rien de commun avec les praefecti gentium signalés par certaines inscriptions africaines. Ceux-ci sont des chevaliers romains

1. Ibid., 9005.

2. Toutain, Les cités romaines de la Tunisie, p. 183 et suiv.

3. C. I. L., VIII, 7041.

4. Ibid., 8826.

5. Ibid., 8828.

6. Cf. mon Armée d'Afrique, p. 327 et suiv.

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