Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Leur ligne de contact représente le tracé du pomoerium qui séparait la ville proprement dite de ses faubourgs.

La découverte de M. Gauckler ouvre une ère nouvelle pour l'archéologie de Carthage aux fouilles sporadiques, souvent très fécondes, il est vrai, mais sans cohésion réelle, qui ont été pratiquées jusqu'ici sur les points les plus opposés de la ville antique, il sera désormais possible de substituer des recherches méthodiques, établies sur une base topographique précise, et suivant un programme vraiment scientifique qui seul peut permettre d'en recueillir utilement tous les fruits.

M. Espérandieu, correspondant de l'Institut, entretient l'Académie d'un fragment d'inscription trouvé à Orange, au mois d'avril dernier, en construisant un égout. Il s'agit de parcelles de terres concédées à perpétuité, et sous caution, à des colons, contre le paiement d'une redevance annuelle. M. Espérandieu cherche à éclairer le sens de quelques lettres embarrassantes. Il conclut que les lots, composés chacun de deux parcelles, avaient une forme carrée. Ce fragment d'inscription est en rapport étroit avec un fragment de plan parcellaire que l'on a découvert dans la même ville. L'un et l'autre n'ont rien qui leur soit comparable en d'autres lieux, et leur intérêt, pour l'histoire de la colonisation romaine, est considérable '.

COMMUNICATION

CONCESSION DE TERRES A DES COLONS D'ORANGE,
PAR M. ESPÉRANDIEU, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie la photographie d'un fragment d'inscription qui a été trouvé à Orange, au mois d'avril dernier, dans les travaux nécessités pour la

1. Voir ci-après.

construction d'un égout, près de l'angle méridional de la sous-préfecture. Ce fragment est gravé sur une plaque de marbre, en fort mauvais état, de 0m 45 de haut, 0m 52 de large et 0 027 d'épaisseur. La hauteur des lettres est de 0 017. Ce qui reste de l'inscription est ainsi conçu :

m

m

mANC NAEVIVS RVSTIC VS

IN PERPET EIVS REI FIDE

IVSSOR C VESIDIVS QVA

[blocks in formation]

5 MERIS III IN FRONTE P XXXIV-XLXIX S
S ET MERIS IIII IN FRONT

10

P.XXXV IN ANN SING XI

[ocr errors]

MANC C NAEVIVS RVSTICVS

IN PERPET EIVS REI FIDE

IVSSOR C VESIDIVS QVADRA

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

M. Félix Digonnet, qui vient de publier ce texte, en lui consacrant une note pleine d'intérêt dans les Mémoires de l'Académie de Vaucluse1, lit à la fin de la 5o ligne : denarii LXIX s(emis); je ne crois pas qu'il s'agisse à cette place, et sous cette forme, de la sigle du mot denier. Ainsi que Mommsen l'a fait observer dans une lettre à Allmer relative au plan parcellaire d'Orange 2, le trait horizontal ne

1. Année 1904, p. 209 et suiv.

2. Revue épigr., III (1892), p. 142.

[graphic]

Inscription d'Orange.

sément le total des nombres XXXIV et XXXV qui indiquent la longueur de front des parcelles III et IV. La 12o ligne n'est pas complète, mais le nombre qui la terminait était supérieur à C. Or, les parcelles V et VI avaient respectivement LV pieds et demi et LXXV pieds de front, en tout

CXXX pieds et demi, et il est facile de se rendre compte, par la photographie de l'inscription, que trois X suivis d'un S (semis) conviennent parfaitement pour remplir la lacune et donner à la ligne 12 la longueur de la ligne 5. Ainsi le nombre mutilé serait encore le total de la longueur de front des deux parcelles. On voit, par ce qui reste de l'inscription, que deux parcelles réunies ne formaient qu'un seul lot. Pour faire de ce lot une figure rectangulaire et supprimer, par ce moyen, le tracé en ligne brisée de la face. opposée au front, on se trouvait conduit à donner à chaque parcelle une même profondeur, et le carré, qui de tous les rectangles devait venir le plus naturellement à l'esprit, ne s'obtenait évidemment que par une profondeur commune égale à la longueur totale des deux fronts. Comme conséquence, je crois que, dans le texte nouvellement retrouvé, de même que dans le plan parcellaire d'Orange où elle est restée inexpliquée, la sigle x et les lettres qui la suivent indiquent une mesure linéaire, celle des parts dans le sens de la profondeur (in agro). La lettre S, qui suit le nombre LXIX, et doit signifier s(emis), l'I qui peut avoir complété le nombre CXXX, ne s'opposent pas à cette hypothèse. Il est fort possible, en effet, et je choisis cette explication parmi d'autres, que la colonie ait exigé la construction d'une clôture dont elle fournissait, en sus du lot concédé, l'emplacement total ou partiel. Un autre argument contre la lecture denarii est la difficulté d'admettre que l'on ait payé 69 deniers de redevance annuelle pour une parcelle de 34 pieds de front, et seulement 11 deniers (in annos singulos X7) pour la parcelle de 35 pieds, c'est-à-dire de même étendue ou à peu près, qui lui faisait suite. On peut objecter que le nombre XI n'est, à la 7o ligne, précédé d'aucune sigle; mais on comprendrait mal si la sigle X devait se traduire, à la 5o ligne, par le mot denier, que l'on se soit servi deux lignes plus loin, sans que rien en prévienne le lecteur, d'une autre mesure monétaire. M. Digonnet, à qui

cette remarque n'a pas échappé, interprète l'S, qui commence la 6o ligne, par le mot s(emel) et suppose qu'il s'agit d'une redevance une fois payée dans le premier cas, perpétuelle dans le second. C'est bien peu probable; outre que cette manière de procéder semblerait peu logique, l'écart entre les deux sommes ne serait pas assez grand. Les parts étant les mêmes, juxtaposées et suffisamment petites pour qu'on puisse leur supposer la même valeur, il aurait fallu, pour que le produit de leur cession ne changeât pas, que la somme versée annuellement comme location perpétuelle de la seconde, représentât l'intérêt de celle payée pour l'acquisition de la première. Or, il n'en est rien, car il n'est pas admissible que la colonie ait réclamé 11 deniers d'intérêt pour un capital de 69 deniers.

Le reste de l'inscription est d'une intelligence plus facile. Il ne doit manquer au début, indépendamment de quelque formule protocolaire probable et, peut-être, d'une énumération de parts sur un autre point du territoire concédé, que trois lignes, d'une rédaction comparable à celle des lignes 5-7; mais on ne peut se faire aucune idée de la lacune finale. On voit, ce qui se conçoit d'ailleurs, que les colons concessionnaires étaient des citoyens romains, et que chacun devait fournir une caution, celle peut-être d'un autre concessionnaire, pour le paiement de la redevance annuelle1. Les lettres AD K signifient presque sûrement ad kardinem); il est probable qu'il s'agit du cardo maximus et de la rue qui en marquait le tracé. Ainsi que l'a fait observer M. Digonnet, des parcelles d'un aussi faible front ne se conçoivent que pour des terrains à bâtir ou des emplacements commerciaux2. La lettre S, qui commence la sixième

1. Une inscription de Praeneste rappelle une dédicace faite à la Fortune Primigenia par un manceps aedis per annos XIII (Wilmanns, Exempla, n. 1802).

2. Le mot grec meris est ici employé pour la première fois dans un texte latin. Il faut y reconnaître une preuve de l'influence exercée par Massilia sur les villes de la vallée du Rhône.

« ZurückWeiter »