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a donné des descriptions attentives; il a précisé l'origine des matériaux et le procédé de construction; enfin il vient d'envoyer, en même temps que des croquis et des photographies, le résultat d'une première fouille sommaire, pratiquée à l'intérieur de ce même cercle de Maka vu en passant par M. Todd, et qui permet d'affirmer la nature funéraire de tout cet ensemble de monuments, véritables tumulus comme ceux dont MM. Rançon et Corre ont déjà parlé, mais entourés d'une enceinte mégalithique d'un caractère tout spécial.

II

«La vallée de la Gambie, nous dit notre voyageur, est uniformément plate dans sa partie inférieure, puis à la hauteur du grand coude de Kaour-Balangar, et jusqu'au delà de Yarboutenda, cette uniformité est rompue par des lignes de stratification d'un relief de 30 à 40 mètres, donnant au pays l'aspect d'une région qui se serait affaissée en laissant de place en place des témoins du niveau antérieur. La vallée se décompose ainsi en une suite de cuvettes fort régulières, aux bords très aplatis, fortement ébréchés par le ruissellement de l'époque quaternaire et au travers desquelles la Gambie et ses rares affluents ont dessiné leurs méandres.

« Au fond de ces cuvettes, continue le capitaine Duchemin, se sont accumulés les limons de la rivière, au temps où elle coulait dans son lit majeur, et les terres entraînées depuis par les pluies d'hivernage forment des îlots fertiles. où l'homme a toujours eu ses établissements. »

C'est là que sont situés, en effet, les villages des Noirs contemporains, et c'est là aussi que se dressent les monuments mégalithiques qui viennent de faire l'objet des recherches de notre correspondant.

La zône qu'ils occupent sur la rive droite de la Gambie s'étend, d'après lui, depuis la rivière jusqu'au parallèle de Malem, qui marque à peu près la limite sud du Ferlo désertique. Elle englobe la partie saine et fertile de la vallée comprise entre le pays plat à l'ouest de Malem et de Nioro, et le ruisseau de Touba Couta qui sépare le Sandougou du Ouli.

<< Dans ces limites, dit l'explorateur, j'ai relevé la position de trente-sept gisements rencontrés pour la plupart au hasard de mes allées et venues dans le voisinage de la frontière; une exploration méthodique donnerait assurément des résultats plus importants.

Les tombeaux sont, en effet, très dispersés. On les découvre soit isolés, soit accolés deux par deux, soit plus fréquemment par groupes de cinq ou six, soit enfin, mais d'une manière exceptionnelle, en groupes encore plus nombreux. Ceux-ci sont dissimulés dans la brousse, ceux-là dispersés au milieu des cultures ou dans le voisinage des villages. Ils se présentent sous deux aspects bien différents : « Les uns, disposés sur un terrain légèrement bombé, à l'abri des inondations, sont parfaitement conservés, d'autres, moins bien situés, sur une pente ou près d'un thalweg, ont souffert des affouillements des pluies d'hivernage; leurs pierres sont renversées, parfois brisées et dispersées. » Il est probable que quelques-uns ont disparu sous l'accumulation des alluvions.

<«< Le tumulus isolé, poursuit le capitaine Duchemin, est circulaire et se compose de dix à douze monolithes espacés régulièrement sur la circonférence d'un cercle, dont le diamètre est de 8 à 10 mètres et au centre duquel se trouve presque toujours un tumulus recouvert d'un grand nombre de fragments de pierre de petites dimensions.

<< Les monolithes sont taillés en forme de cylindre d'une régularité presque parfaite; leurs dimensions peuvent atteindre 2m 50 à 3 mètres de hauteur, 0m 70 à 1 mètre de

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Fig. 1. Tumulus avec enceinte de monolithes cylindriques. (D'après un dessin de M. le Capitaine Duchemin.)

diamètre. Ils sont enfoncés en terre de 1 mètre à 1m 50 et souvent un peu penchés en arrière. »

Ils ont été pris dans les parties dures et compactes des bancs de latérite1 qui affleurent sur le bord des escarpements dont il était question plus haut. « L'extraction et le transport des monolithes devaient être facilités par cette disposition du terrain qui permettait de faire rouler les blocs une fois terminés au bas de la pente formée par les éboulis », puis de les traîner jusqu'à l'emplacement qu'ils devaient occuper dans l'enceinte, toujours située en contrebas de la falaise, qui servait de carrière.

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Croquis du double tumulus de Pakol (Gambie).

Le tumulus double offre une disposition spéciale; les deux cercles qui le composent sont inégaux, le nombre des pierres n'est point le même et une ligne de six à huit monolithes plus élevés est rangée en avant des deux enceintes (fig. 1). Un spécimen de ce type, en parfait état de conservation, se trouve près du village anglais de Pakol, à 10 kilom. au nord de Kassang, sur la Gambie.

Mais le plus grand nombre des gisements comprend plusieurs tombes qui sont disposées sans ordre apparent.

1. La latérite est le résultat de l'altération chimique des roches superficielles sous l'action des influences atmosphériques. Elle se présente sous des aspects fort divers, graviers mouvants, roche friable, roche dure, tantôt caverneuse, tantôt compacte et vitrifiée, toujours ferrugineuse. 2. Cette rangée correspond à ce que M. Todd a appelé entrance.

Le diamètre des enceintes et le nombre des pierres varient dans un mème groupe, mais « celles-ci sont toujours d'un type uniforme pour le même tombeau ».

J'ai dit qu'un de ces monuments a été fouillé. C'est M. du Laurens, adjoint des affaires indigènes, qui a procédé à cette petite opération, faite malheureusement d'une façon beaucoup trop sommaire.

<< Entre le poste et le village de Maka, dit M. Duchemin, on remarque deux cercles de pierre et quelques pierres éparses qui proviennent peut-être d'une de ces lignes de monolithes placées sur le front des enceintes. Les deux cercles se composent chacun de dix-huit pierres de 2 m 20 de hauteur et de 0m 50 de diamètre. Le plus vaste, celui qu'on a fouillé, a 7 mètres de diamètre, l'autre n'en a que 5. » Les pierres sont enlisées profondément, puisqu'on n'en voit sortir que le tiers supérieur, de la terre rouge silicoargileuse, dure et compacte qui forme le sol. A 1m 10 de profondeur on a trouvé des fragments de poterie grossière et sans ornement. A 1m 80 gisaient sur le dos deux squelettes, l'un orienté presque exactement la tête à l'est, l'autre formant avec celui de son compagnon un angle de 30o. Les os tombaient en poussière; on ne put extraire qu'un crâne, mal conservé, mais dont la longueur et l'étroitesse. d'une part, l'extrême prognathisme de l'autre, indiquent manifestement une origine purement nigritique.

Il n'y avait, à côté des deux corps, ni arme, ni ornement, aucune trace de mobilier funéraire1. »

1. M. Duchemin fait d'ailleurs remarquer dans sa lettre que les recherches ont été interrompues avant même que les squelettes aient été complètement dégagés, et que les terres retirées de la fosse n'ont été ni lavées ni criblées.

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