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plus puissants. Nous connaissons les intentions libérales et les lumières du gouvernement colonial: il assurera certainement à l'École, en frais d'impression et en frais de mission, les moyens de rester fidèle à sa tâche. Les travaux dont M. Finot envisage maintenant la publication, l'Art du Gandhåra de M. Foucher, la Grammaire pâlie de M. Henry, en formeront le développement naturel. Nous sommes persuadés que la colonie tout entière apprécie ce que des sacrifices d'argent relativement faibles lui assurent d'honneur et même de réel profit.

L'unanimité avec laquelle, au Congrès international de Hambourg, les représentants les plus autorisés de l'orientalisme ont rendu solennellement hommage à la création de l'École et à ses féconds débuts; l'empressement avec lequel, au Congrès de Hanoï, les délégués de plusieurs gouvernements d'Europe et des principales institutions savantes de l'Extrême-Orient se sont groupés autour de l'École comme en un foyer commun, de pareilles manifestations ne sauraient être indifférentes pour ce bon renom, pour cet ascendant intellectuel qui, en Indo-Chine comme par tous pays, constitue une force, force de sentiment sans doute et d'opinion, mais force précieuse. Tandis que, en subventionnant la grammaire sanscrite de M. Henry, l'IndoChine donnait aux étudiants de France en même temps qu'à ses propres travailleurs un instrument d'étude indispensable, vous n'hésitez pas à consacrer une somme importante à l'achèvement des relevés commencés à Angkor aux frais de l'École. Cette union d'efforts n'est-elle pas pour tous honorable et utile? N'y a-t-il pas un gage pour la colonie en même temps qu'une force pour la science française dans un pareil échange, la métropole et son établissement lointain associant leur effort sur ce terrain de la haute culture dont c'est plus que jamais pour nous un intérêt supérieur de ne pas laisser la tradition défaillir entre nos mains? Nous remer

cions l'Indo-Chine et son gouvernement d'en savoir comprendre toute l'importance.

La ville rapidement grandissante de Hanoï ne peut d'ailleurs manquer d'apprécier la parure que lui font les collections déjà si remarquables, Bibliothèque et Musée, de l'École. Le laborieux transfèrement de Saïgon s'est opéré sans avaries graves; des dons nombreux, notamment à la clôture de l'Exposition, ont continué à enrichir le patrimoine acquis. Malheureusement nous avons lieu de craindre que le dernier cyclone qui a fait cette année de si fâcheux ravages n'ait atteint plusieurs pièces provisoirement déposées dans l'ancien palais de l'Exposition. C'est une raison de plus de souhaiter ardemment que ces collections reçoivent sans plus de retard, avec les autres services de l'École, un asile définitif, digne des richesses présentes et des acquisitions certaines de l'avenir. La colonie couronnera sans regret, par une mesure vraiment indispensable, la libéralité qu'elle a jusqu'ici mise au service d'une institution que, je puis le dire sans exagération, lui envient tant d'autres établissements européens, justement fiers de puissantes ressources et d'une vieille gloire.

Quant à nous, Messieurs, nous ne pouvons résumer notre impression sur le rapport dont s'inspirent ces remarques, qu'en proclamant notre satisfaction la plus sincère. L'œuvre à laquelle vous avez dès le début accordé un patronage si cordial, vit et se développe pour l'honneur de l'Indo-Chine et de la France. Nous ne pouvons embrasser ses progrès sans éprouver une reconnaissance joyeuse pour les travailleurs consciencieux qui s'en sont faits les ouvriers persévé

rants.

DIEU CAVALIER SUR UN BAS-RELIEF SYRIEN.

NOTE ENVOYÉE A L'ACADÉMIE PAR LE R. P. RONZEVALLE,

DE L'UNIVERSITÉ DE SAINT-JOSEPH A BEYROUTH.

Ce bas-relief grossièrement sculpté dans une plaque de calcaire blanc à peu près carrée, de 0m 54 de côté moyen,

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a été découvert, au témoignage digne de confiance de la personne qui en a fait récemment l'acquisition, « dans une

commune de la banlieue de Damas, située à quelques heures au sud de cette ville ». D'un style et d'une barbarie d'exécution qui contrastent singulièrement avec son intérêt documentaire, ce bas-relief représente un dieu, revêtu de l'uniforme romain d'officier de cavalerie, monté sans selle sur un cheval trottant à droite; le paludamentum du cavalier, correctement agrafé, vers l'épaule droite, au-dessus de la cuirasse, flotte au vent en plis nombreux. Le personnage a le buste tourné de face; sa figure, sans avoir l'aspect juvénile, est imberbe. Sa tête nue est régulièrement encadrée par une luxuriante chevelure à mèches serrées, ondulées et rayonnantes, dont l'ampleur insolite accuse avec exagération le caractère solaire de la divinité figurée. De la droite, le cavalier brandit un fouet à manche court, et de la gauche, que cache l'encolure du cheval, une massue noueuse. Inutile d'insister sur les autres détails de la représentation, d'ailleurs très nettement rendus par la photographie.

Ce singulier monument vient enrichir la série des dieux équestres orientaux qu'on a signalés ces dernières années. Qu'il me suffise de renvoyer surtout à l'étude magistrale que M. Heuzey consacrait naguère au dieu l'evvézg1, étude dont les conclusions principales reçoivent aujourd'hui la plus intéressante confirmation.

Mais avons-nous réellement affaire à un dieu oriental? Un Hélios-Hercule à cheval constitue un amalgame mythologique des plus bizarres; on peut, partant, se demander si ce bas-relief ne serait pas plutôt l'image de MaximienHerculius. M. Clermont-Ganneau a déjà judicieusement proposé de reconnaître cet empereur dans le cavalier romain qui fait partie d'une curieuse scène de gigantomachie

Pour d'autres

1. Comptes rendus de l'Acad. des inscript., 1902, p. 190. rapprochements, cf. F. Cumont, Textes et documents relatifs à Mithra, II, p. 424, et Clermont-Ganneau, Recueil d'archéol. orient., V, p. 158.

découverte à Soueida, dans le Haurân1. Nous trouvons encore Maximien mentionné dans une inscription récemment relevée dans le village d'Aqraba: or cette antique pτpoxwpía est précisément dans le voisinage de Damas, à une journée de marche vers le S.-S.-E. de cette ville, et il ne serait même pas invraisemblable que notre bas-relief en provînt, bien qu'il m'ait été impossible d'obtenir sur ce point des informations suffisamment précises.

Tout bien pesé, il n'y a cependant pas lieu d'attacher une trop grande importance à ces coïncidences. Plusieurs empereurs, parmi les prédécesseurs de Maximien, et à un plus fort titre encore, ont pu être représentés sous les traits mixtes d'Hélios-Hercule 3. Nous savons, d'autre part, que l'attribution du costume guerrier aux divinités syriennes les plus diverses était un fait courant à l'époque romaine. De plus, le village même d'Aqraba, dans la région duquel a été découvert notre monument, est précisément une des rares localités qui aient livré des textes épigraphiques attestant le culte d'Hercule dans la Syrie propre 4. Que cet. Hercule ne soit ni Maximien ni aucun autre empereur, c'est ce qui ressort du texte même de l'épigraphe 5, et peut être aujourd'hui rigoureusement démontré. En effet, l'Hercule à la massue des monuments syriens d'époque romaine recouvre bien, comme on pouvait s'y attendre, un dieu oriental indigène. La preuve en est fournie par un intéressant bas-relief de Nihâ qu'on n'avait pas encore signalé,

1. Étud. d'arch. or., I, p. 178.

2. Dussaud et Macler, Mission dans les régions désertiques de la Syrie moyenne, dans les Nouv. archives des missions, t. X, p. 700.

3. Cf. Roscher, Ausführliches Lexicon d. Mythol., I, col. 2980 et suiv. 4. Waddington 2113 c.

5. Une autre inscription de Nadjrân dans le Ledja mentionne un Hercule πατρικός (Wadd. 2428).

6. Village de la Colésyrie, au pied du Liban, où l'on a relevé pour la première fois le nom du dieu Hadaranes (cf. Comptes rendus, 1901, p. 479).

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