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ment, disait, à la nouvelle de sa mort: « Nous sommes tous maintenant comme des orphelins, tant il a été bon pour tous ceux qui ont eu le grand bonheur de le connaître et de profiter de son enseignement. » Ajoutons enfin à ces témoignages du dehors celui d'un Français distingué, qui exprime délicatement ce que beaucoup d'autres ont senti : « Je ne connais personne, écrivait-il, au moment où le savant venait de disparaître, qui ait eu autant d'amis, de vrais amis, que M. Paris; et tous sont cruellement frappés. Il leur faudra bien du temps pour désapprendre l'habitude qui les conduisait dans la grande bibliothèque, où l'on venait se réconforter à la chaleur de son amitié et à la lumière de son esprit. >>

Cette belle existence, si entourée d'affections et d'admiration, si utile à la science et à notre pays, semblait devoir se prolonger longtemps encore. Gaston Paris touchait à peine à la vieillesse, lorsque se firent sentir à lui les premières atteintes du mal qui devait l'emporter. Il n'interrompit ni ses travaux, ni son enseignement, ni les soins de l'administration qui lui était confiée. Il ne changea rien non plus aux habitudes de sa vie et ne voulut se dégager d'aucune de ses obligations de société. Il mettait une sorte d'héroïsme à rester jusqu'à la fin tout ce qu'il avait voulu être et à ne pas se diminuer volontairement avant l'heure dernière. Pourtant, l'altération de sa santé faisait de rapides progrès. A la fin de 1902, il fut gravement malade; mais il reprit le dessus, et l'espérance nous était revenue à tous, lorsqu'au mois de janvier 1903, il vint, pour la dernière fois, présider au Collège de France l'assemblée trimestrielle des professeurs. Il était pâle et chancelant, mais il se croyait en voie de rétablissement, et nous retrouvâmes en lui, ce jour-là, non seulement la lucidité ordinaire de son intelligence et l'à-propos de son esprit, mais jusqu'à son enjouement. Quelques jours après, il se sentait moins bien; ses forces ne revenaient pas; il se décida, vers la fin de

février, à partir pour Cannes. Ce fut pour lui le suprême départ. Bien peu de jours après être arrivé là-bas, il s'y éteignait, comme épuisé par le mal qui le minait, le 5 mars 1903.

Sa mort fut vraiment un deuil public. Le 12 mars, jour de ses obsèques, ses amis et ses admirateurs, ses anciens élèves et ses collègues, réunis, avec les délégations officielles, autour du catafalque qui se dressait dans la cour du Collège de France, eurent le sentiment unanime et profond qu'ils n'avaient pas sous les yeux une pompe vaine, mais que la douleur et les regrets manifestés par cet appareil funèbre étaient réellement dans tous les cœurs. Le Collège de France, en particulier, avait toute raison de se voiler de deuil; car il voyait s'éloigner de lui pour jamais un des hommes qui l'avaient le plus aimé et le plus honoré.

Aujourd'hui que le temps a déjà fait son œuvre, l'amertume des regrets du premier jour doit se mélanger d'un autre sentiment plus durable et plus digne d'un homme de cette haute valeur. Gaston Paris, malgré sa fin prématurée, a pu accomplir une œuvre considérable, qui demeure après lui, en témoignage impérissable de ce qu'il a été. Son nom est inscrit à tout jamais dans l'histoire de la philologie française, comme celui d'un des maîtres qui ont le plus fait pour son développement. Et non seulement il sera toujours connu et cité avec honneur par les érudits attachés à suivre les voies qu'il a frayées, mais il ne pourra même être oublié ou méconnu de quiconque voudra embrasser en son ensemble le mouvement des idées dans la seconde moitié du XIXe siècle. Car, en se donnant tout entier à une méthode et à un ordre d'études spécial, il en a tellement manifesté la valeur qu'il a plus contribué que personne à en faire une des acquisitions durables de l'esprit humain. Ajoutons que, voué pendant quarante années à la langue et à la littérature françaises, il a très étroitement associé son nom à celui même de notre pays. Et il me semble que

c'est là justement la récompense qui a dû toucher le plus son noble cœur, s'il lui a été donné de l'entrevoir dans l'avenir. Il a pu se dire que nul désormais ne pourrait étudier l'âme française dans son évolution historique et dans les œuvres où elle s'est manifestée, sans rendre témoignage au grand amour qu'il a eu pour elle et au labeur admirable qu'il lui a consacré.

Le Gérant, A. PICARD.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNÉE 1904

PRÉSIDENCE DE M. L. HAVET

SÉANCE DU 4 MARS

Le Préfet de la Seine adresse au Président la lettre suivante :

Monsieur le Président,

Paris, le 3 mars 1904.

Les fouilles que la Commission municipale du Vieux Paris poursuit en ce moment près du Collège de France ont précisé les premières constatations qui avaient été faites, et dont j'ai eu l'honneur de vous donner communication.

On se trouve en présence de vestiges appartenant à trois époques différentes.

Le monument le plus ancien repose sur un sol bétonné situé à une profondeur de 4 75 du sol de la rue Fromentel. Il a 17 m 30 de diamètre intérieur.

Des massifs de briques concentriques d'un excellent travail délimitent une salle ayant un diamètre de 10m 40, dans laquelle on a rencontré les bases de six piliers d'hypocaustes.

1904.

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Une seconde aire bétonnée, située à 1m 12 de la première, repose à la fois sur des remblais et sur les massifs de briques du premier monument. Le béton qui le constitue est de moins belle qualité.

On a trouvé près du mur d'élévation qui la circonscrit un pilier de briques qui ressemble à ceux des hypocaustes, ayant, à l'entour, une masse de suie.

Il semblerait ainsi qu'une seconde salle chauffée ait été aménagée sur les ruines de la première.

A 140 de ce second sol, le mur circulaire est recouvert d'un dallage que l'on a retrouvé sur une certaine longueur, dans une tranchée ouverte rue Fromentel.

Mais à certains endroits, ce dallage est recouvert de très légères traces de constructions qui appartiendraient à un troisième aménagement du monument primitif.

La nature du mortier utilisé, briques concassées et chaux, indique encore le procédé des constructeurs gallo-romains.

Les fouilles vont se continuer dans la rue Fromentel, et, dans une dizaine de jours, je serai en possession des relevés.

Si l'Académie désirait avoir communication de plus amples informations, le président de la Commission des fouilles, M. Georges Villain, serait à sa disposition pour telle séance qu'il lui plairait d'indiquer.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments de haute considération.

Le Préfet de la Seine,

Président de la Commission municipale du Vieux Paris,

De Selves.

Sur la demande de M. CAGNAT, il sera écrit à M. Villain de communiquer à l'Académie le plan de ces fouilles.

M. PERROT Communique une lettre de l'Académie des sciences de Madrid qui demande l'adhésion de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à son admission dans l'Association internationale des Académies.

L'Académie se prononcera sur cette demande dans la prochaine séance, après avoir reçu l'avis de notre Académie des sciences.

M. René Fage, dans une lettre qu'il adresse au Président, sollicite l'adhésion de l'Académie à une souscription que vient

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