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« Un prix de mille francs à M. de Ridder, pour son Catalogue des vases peints de la Bibliothèque nationale. »

M. HELBIG, associé étranger, prouve que l'equitatus romain, jusqu'à l'époque des guerres samnites, n'était pas une troupe de cavalerie, mais une troupe de fantassins montés qui mettaient pied à terre quand il fallait combattre.

A peu près tous les annalistes avaient oublié le caractère originaire de l'equitatus; ils supposaient généralement que les equites, dès le début, entraient en campagne comme des soldats de cavalerie. C'est pourquoi ils attribuaient à cette troupe des actions qu'aucune cavalerie de l'antiquité n'était capable d'accomplir. D'après les annalistes, dans les batailles du vie et du ve siècle avant J.-C., les equites décidèrent des batailles en rompant la phalange ennemie. La cavalerie grecque arriva à l'apogée de son développement à l'époque d'Alexandre le Grand et des diadoques. Même alors, nous ne rencontrons aucun exemple qu'elle ait attaqué une phalange encore intacte.

Il est impossible de supposer que la cavalerie romaine du vie et du ve siècle ait été supérieure à la cavalerie d'Alexandre le Grand et de ses généraux. En outre, les annalistes rapportent souvent que les equites, dans les moments décisifs de la bataille, descendaient de leurs chevaux et combattaient à pied. Il est clair que ce procédé aurait été un non-sens, si les equites avaient été une troupe de cavalerie. Sans aucun doute, les actions que les annalistes attribuaient aux equites sont déterminées par des réminiscences qui s'étaient conservées quant au caractère originaire de l'equitatus. Ce dernier était une troupe de fantassins montés qui ne se servaient des chevaux que comme moyen de transport, mettaient régulièrement pied à terre avant le combat, et de cette façon étaient capables de rompre une phalange

ennemie.

Un annaliste pourtant avait une idée juste de l'ancien caractère de l'equitatus. Dans une des peizi publiées récemment par M. d'Arnim, d'après un manuscrit du Vatican, un Romain, Fabius Kaeso, déclara expressément que les Romains avaient organisé une véritable cavalerie, seulement à l'époque des guerres samnites. Le rédacteur des pɛït, à ce qu'il semble, a puisé cette donnée

dans les historiae de Fabius Pictor, le plus ancien ouvrage historique romain. Il va sans dire que l'equitatus existait déjà avant les guerres samnites. La déclaration de Fabius Kaeso prouve qu'anciennement elle n'était pas une troupe de cavalerie. Elle ne peut donc avoir été autre chose qu'une troupe de fantassins montés.

Ce résultat est confirmé par les monuments archaïques de l'Étrurie et du Latium. Les guerriers à cheval qui y sont représentés ne peuvent pas être des soldats de cavalerie. Ils sont armés du grand bouclier rond que portaient les hoplites grecs. Il était impossible de manier un pareil bouclier en combattant à cheval. Donc, les guerriers à cheval que l'on voit sur les monuments archaïques de l'Italie n'étaient pas des soldats de cavalerie, mais des fantassins montés'.

MM. POTTIER, DIEULAFOY, BOUCHÉ LECLERCQ, S. REINACH, BRÉAL prennent part à cette discussion sur l'ancienneté de la cavalerie.

M. BRÉAL s'étonne qu'on ait préféré le char au cheval.

M. CHAVANNES dit qu'en Chine les chars ont aussi précédé la cavalerie jusqu'au ve siècle av. J.-C. La grande muraille de Chine a été construite pour arrêter les invasions des cavaliers.

M. DIEULAFOY explique l'usage tardif du cavalier. Pour avoir des troupes de cavalerie, il fallait qu'on se servît de l'étrier.

M. BRÉAL étudie l'origine et le sens des mots grecs μépones, ὄλβος, ἀλλοπρόσαλλος, αἰμύλος.

1. Voir ci-après.

COMMUNICATIONS

MUNICIPIUM FELIX THABBORA, PAR M. GAUCKLER,
CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

Le tracé du nouveau chemin de fer que le gouvernement tunisien fait construire pour relier le Pont du Fahs (Thuburbo majus) au Kef (Sicca Veneria) traverse des régions très fertiles, véritables greniers à blé d'où, bien avant l'arrivée des Romains, Carthage tirait déjà ses plus sûres ressources.

Aussi le pays est-il couvert de ruines; les terrassements de la voie ferrée amènent chaque jour de nouvelles trouvailles épigraphiques que nous surveillons attentivement, pour assurer dans les meilleures conditions possibles la conservation de documents qui courraient sans cela grand risque d'être immédiatement utilisés comme pierre à bâtir.

J'ai déjà fait connaître les textes découverts au cours des premiers travaux et sur les premiers kilomètres du tracé, notamment la belle dédicace à Valentinien, Valens et Gratien, qui m'a permis de fixer d'une façon précise l'emplacement et le nom du Castellum Biracsaccarensium, voisin de Bijga (Bisica) 1.

Aujourd'hui la voie ferrée atteint les bords de l'OuedSiliana qu'elle longe sur la rive gauche pendant une quinzaine de kilomètres, d'Henchir-Tambra à Gaffour. Cette région, très négligée par les archéologues jusqu'à ces dernières années, a été explorée méthodiquement, sur ma demande, en 1896, par M. Hilaire, alors lieutenant au 4o

1. Gauckler, Castellum Biracsaccarensium, dans les Mélanges Boissier, p. 209 et suiv.

bataillon d'infanterie légère 1. La découverte faite par cet officier d'une borne limite inter Thabborenses et Thimisuenses placée à mi-distance entre Henchir-Tambra et Henchir-Tayma m'avait fait supposer que la première de ces deux localités indigènes devait correspondre à l'antique Thabbora déjà connue par la liste d'évêques de la Conférence de Carthage en 411 (ecclesia Taborensis) et par la lettre de 646 à Paul, patriarche de Constantinople, contre les monothélites (Talborensis) 2.

Mon hypothèse vient d'être définitivement confirmée par la trouvaille de la dédicace suivante gravée sur un bloc calcaire, haut de 0m 55, large de 0m 40 et épais de 0m 50. Celuici était encastré dans l'un des murs très ruinés de la citadelle byzantine heptagonale d'Henchir-Tambra, dont M. le lieutenant Hilaire a levé et publié le plan en 1896 3. L'inscription est gravée en lettres usées, mais pourtant encore très lisibles, hautes de 0m05 à 0m 04.

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1. Hilaire, Étude sur la défense de la vallée de la Siliana pendant l'occupation byzantine, dans le volume des Congrès de Carthage de l'Association pour l'avancement des sciences, p. 829 et suiv.; Gauckler, Note sur la vallée inférieure de la Siliana à l'époque romaine, dans le Bull. arch. du comité, 1896, p. 287 et suiv.

Cf. Morcelli-Toulotte, Géographie de

2. Gauckler, ibid., p. 300 suiv. l'Afrique chrétienne, I (la Proconsulaire), p. 257. 3. Hilaire, ibid., p. 835 et fig. 4.

Imperatori) Caes (ari) Flavio Valerio Constantino Pio, Felici, Invicto, Aug(usto), pontifici) max(imo), tribun(icia) potestate) VIII, co(n)suli III, imp(eratori) VII, p(atri) p(atriae), proco(n)s(uli), municipium Felix Thabbora numini majestatique ejus devotum.

Ce texte est exactement daté par les titres de l'empereur Constantin auquel il est dédié, de l'année 313 de notre ère. Il en résulte qu'au début du Ive siècle, la bourgade antique dont les ruines subsistent à l'Henchir-Tambra avait acquis assez d'importance pour s'élever au rang de municipe. L'épithète de Felix qui lui est attribuée indique assez que le développement de sa prospérité était dû à la fécondité de son sol, comme celle de Frugiferum attribué au municipe voisin de Thignica.

D'autres textes épigraphiques récemment découverts au même endroit confirment l'importance de ce centre agricole, presque ignoré jusqu'ici. Ce sont des ex-voto à Vénus ou à Mercure, des fragments de dédicaces impériales et un assez grand nombre d'épitaphes païennes ou chrétiennes. En voici la liste :

2o Fragment de bas-relief en pierre calcaire, brisé à gauche et mesurant dans l'état actuel 0m 80 de largeur,075 de hauteur totale, 0m 16 d'épaisseur. Le sujet représente la défaite des Géants qui assaillent l'Olympe; deux de ces monstres anguipèdes ont roulé au bas des pentes rocheuses de la montagne sainte, recouverte de pins aux troncs tordus, aux branches tourmentées et rabougries, chargées de cônes squameux. L'un d'eux, retombant en arrière, cherche à se raccrocher à un rameau. L'autre, incliné et presque prosterné en avant, s'efforce de préserver sa tête des atteintes du foudre, qu'il pare du bras droit, tandis que de la main gauche il cherche encore à ramasser un fragment de rocher pour en frapper les Olympiens vainqueurs. Ceux-ci devaient être groupés à gauche du bas-relief, dans la partie qui manque aujourd'hui.

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