monuments mégalithiques, aussi bien que sur des roches à l'entrée des montagnes, sont comme une écriture dont le secret est perdu. Dans tous ces faits dont le faisceau grossit chaque jour, Bertrand voyait les indices d'un état religieux analogue au chamanisme des peuples de la Mongolie; à ce chamanisme ancien il attribuait les sacrifices humains qui se perpétuèrent jusqu'au temps de César, et certaines superstitions relatives aux vertus des pierres et à l'astrologie qui se sont transmises presque jusqu'à nous; puis, reprenant une idée de François Lenormant, il admettait que ces coutumes et ces notions provenaient d'une prépondérance des peuples touraniens ou scythiques antérieurement aux migrations indo-européennes. Cette hypothèse grandiose ne paraîtra pas chimérique à ceux qui voient en Chaldée la civilisation la plus ancienne être réputée d'origine touranienne, tandis qu'à l'extrémité de l'Orient toute la primitive histoire n'est que le récit des luttes soutenues par les Chinois pour conquérir graduellement leur territoire sur des tribus turques, cependant qu'en Occident les plus récentes recherches sur l'étrusque tendent à expliquer cette langue soit par le finnois, soit par le turc, c'est-à-dire par des idiomes touraniens, Les Aryens, introducteurs des métaux en Europe, apportèrent avec eux le culte du feu sacré et celui du soleil qui ont laissé dans notre civilisation une empreinte profonde; les feux de la Saint-Jean sont la continuation des Palilies que Rome célébrait au solstice d'été; le feu sacré de Tara, la capitale sainte de l'Irlande, est l'équivalent du feu des Vestales; la croix gammée ou svastika et la roue sont des symboles qui attestent que le culte du soleil se répandit et subsista partout où pénétrèrent des Aryens. Il y a là tout un ensemble de croyances ineffaçables dont les origines se confondent avec celles de la famille indo-européenne. Si nous quittons ces pratiques et ces superstitions qui sont générales, les unes dans le groupe touranien, les autres dans le groupe aryen, et si nous considérons ce qui appartient en propre à la religion gauloise, nous nous trouvons en présence d'un corps de prêtres qui sont les druides, et d'un panthéon bizarre où des dieux cornus figurent au milieu de divinités grecques ou romaines plus ou moins modifiées par l'adjonction de symboles celtiques. Je n'ose aborder ici ces deux sujets qui sont encore pleins d'obscurité; j'ai lu avec le plus vif intérêt les considérations de Bertrand sur les collèges de druides dans lesquels il voyait des communautés analogues aux lamaseries du Tibet, et sur les divinités kimro-belges qui furent adoptées par l'art gallo-romain; mais il me serait difficile de résumer ses idées sans les altérer, et je n'ai pas l'autorité nécessaire pour les critiquer. Arrivé au terme de mon étude sur l'homme qui fut un des fondateurs d'une science encore en voie de formation, je crains de n'avoir su lui rendre qu'imparfaitement justice. Je voudrais dire du moins l'attrait singulier que m'ont paru offrir ces recherches, la grande estime que j'ai conçue pour Bertrand. Argonaute improvisé, j'ai dû m'aventurer malgré moi«< au milieu des lacs orageux qui s'étendent dans le pays des Celtes »; nous voguions sur une mer immense d'humanité; la houle qui nous portait se creusait toujours plus profonde; dans notre sillage émergeaient par delà l'histoire les siècles innombrables qui l'ont précédée; et j'ai gardé de ces visions étranges comme un éblouissement. Un vieux pilote nous guidait; les yeux fixés sur des constellations nouvelles, il poursuivait de découverte en découverte sa course hardie, et dans son clair regard je distinguais la lueur sacrée, la flamme qui brûle dans les prunelles de tous ceux, poètes ou trouveurs, qui font œuvre créatrice et qui vont vers les rivages inexplorés de l'art ou de la science à la conquête de la Toison d'or. 1858. 1858. 1859. 1861. 1861. 1861. 1861. BIBLIOGRAPHIE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS D'ALEXANDRE BERTRAND Étude de mythologie et d'archéologie grecques. D'Athènes à Argos. (In-12 de 297 p.) Essai sur les dieux protecteurs des héros grecs et romains dans l'Iliade. (In-8 de 190 p.) De fabulis Arcadiæ antiquissimis. (In-8° de 91 p.) p. Les tombelles d'Auvenay. (Rev. archéol., 1861, I, p. 1-11.) 1862. Le musée Campana. (Rev. archéol., 1862, I, p. 268-272.) 1862. 1863. 1863. 1863. 1863. 1863. 1863. 1863. L'enceinte du Haram-ech-chérif et le temple de Salomon à Jérusalem. Analyse d'un mémoire de M. de Sauley. (Rev. archéol., 1863, I, p. 12-31.) Les monuments primitifs de la Gaule. Monuments dits celtiques. Dolmens et Tumulus. (Cet article reproduit la conclusion d'un mémoire couronné l'année précédente par l'Académie des inscriptions.) Rev. archéol., 1863, I, p. 217-237.) Un mot sur les mesures itinéraires en Gaule à l'époque gallo-romaine. (Rev. archéol., 1863, I, p. 344-349.) Les voies romaines en Gaule. (Résumé du travail fait pour Le calice de Chelles, œuvre de saint Éloy. Analyse d'un Monuments dits celtiques dans la province de Constantine, 1864. 1864. 1864. 1865. Les anciennes populations de la Gaule. (Rev. archéol., 1864, Opinion de M. de Vogüé sur le temple de Jérusalem. (Rev. De la distribution des dolmens sur la surface de la France. 1866. Collier en coquillages découvert à Vignely (Seine-et-Marne). (Rev. archéol., 1866, I, p. 285-286.) Compte rendu de l'ouvrage de M. de Saulcy: Les derniers jours de Jérusalem. (Rev. archéol., 1866, II, p. 446.) Compte rendu de l'ouvrage de M. de Mortillet : Le signe de la croix avant le christianisme. (Rev. archéol., 1866, II, p. 447.) Quelques inscriptions du sud-est de la Gaule. (Rev. archéol., 1869, I, p. 301-309.) Tumulus de la Tauride. (Rev. archéol., 1873, I, p. 203-206.) Deux mors de cheval en bronze (Mæringen et Vaudrevanges.) (Rev. archéol., 1873, I, p. 327-332.) Sceaux ou cistes en bronze à côtes. (Extrait du mémoire Note sur quelques découvertes récentes : trois épées en fer Celtes, Gaulois et Francs (Lettres au docteur Broca). Rev. Le kestre ou kestrosphendone (Note lue à l'Académie des inscriptions). Rev. archéol., 1874, I, p. 73-78.) 1874. 1874. 1875. 1875. 1875. 1875. 1876. 1876. 1877. 1878. -- Sépulture à incinération de Poggio-Renzo près Chiusi (Italie). Le vase de Graeckwyl. (Rev. archéol., 1875, II, p. 174-185.) Rapport sur les questions archéologiques discutées au Congrès de Stockholm. (Rapport adressé au ministre de l'instruction publique dont Bertrand avait été le délégué au Congrès de Stockholm.) (Rev. archéol., 1875, II, p. 246398 et p. 322-337.) Archéologie celtique et gauloise. (In-8° de xxx11 et 464 p.) De la valeur des expressions Κελτοί et Γαλάται, Κελτική et Talatia dans Polybe. (Lu à l'Académie des inscriptions en décembre 1875.) Réponse aux critiques suscitées par l'article sur les Gaulois. (Rev. archéol., 1876, I, p. 1-24, p. 73-98 et p. 153-161.) Numismatique de la province du Languedoc. Période antique. (Résumé des opinions de M. P.-Charles Robert.) (Rev. archéol., 1877, II, p. 91-101.) Conférence sur les populations primitives de la Gaule et de la Germanie. (Extrait du Bulletin de l'Association scien- · tifique.) Rev. archéol., 1878, II, p. 112-128.) 1878. Les peuples préhistoriques de la région centrale de l'Europe. (Conférence faite à l'Association scientifique de France à la Sorbonne, le 25 avril 1878; compte rendu analytique par M. Grignet, dans le volume intitulé: << Conférences de l'Association scientifique de France à la Sorbonne pendant les années 1878, 1879, 1880 ». Paris, chez Ghio, 1881.) ་་ De la valeur historique des documents archéologiques. (Conférence faite à la séance générale de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, le 15 mai 1879.) Note précédant le rapport d'Abel Maître sur le Casque en fer du musée d'Agen. (Rev. archéol., 1879, I, p. 216.) |