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COMMUNICATION

UNE

NOUVELLE GROTTE PRÉHISTORIQUE A PAROIS GRAVÉES :
LA GROTTE DE LA GRÈZE (DORDOgne),

PAR LE D' CAPITAN, L'ABBÉ BREUIL ET M. AMPOULANGE.

Nous avons l'honneur, comme suite à nos communications précédentes sur le même sujet, de présenter à l'Académie le résultat encore inédit des premières observations que nous venons de faire dans une nouvelle grotte à parois gravées, la grotte de la Grèze; c'est la onzième des grottes à parois gravées actuellement connues1; cinq des précédentes se trouvent aux environs des Eyzies, dans la vallée de la Beune, non loin de celle-ci; elles ont été signalées par M. Rivière et par nous-mêmes.

Cette grotte, propriété de M. Veyret, se trouve sur la terre de la Grèze, commune de Marquay (Dordogne), à quelques centaines de mètres avant d'arriver à ce hameau, à peu près à 6 kilomètres des Eyzies, sur la route de Saint-Geniès, et à 50 mètres environ de ce chemin. Elle s'ouvre au midi, tout en haut d'un coteau dénudé, sur la rive droite de la Beune, en vue d'un des sites les plus pittoresques de cette curieuse vallée, resserrée en cet endroit en une étroite gorge de chaque côté de laquelle on peut voir le castel de

1. Ces grottes sont, par date de découverte : 1o Altamira (Espagne), la seule située hors de France, de Santuola, 1875, Cartailhac et Breuil, 1903; 2o Chabot (Ardèche), Chiron, 1879, Capitan, 1903; 3° La Mouthe (Dordogne), Rivière, 1895; 4° Pair-non-Pair (Gironde), Daleau, 1896; 5o Les Combarelles; 6° Font-de-Gaume, 1902, puis 7o Bernifal, 1903 (Dordogne), Capitan, Breuil et Peyrony; 8° Marsoulas (Haute-Garonne), Regnault, 1897, Cartailhac et Breuil, 1903; 9° Teyjat, 1903, puis 10° La Calévie, 1903 (Dordogne), Capitan, Breuil et Peyrony, et enfin 11o La Grèze (Dordogne), 1904, Capitan, Breuil et Ampoulange.

Lausselle sur la rive droite, et sur la rive gauche, les imposantes ruines du grand château féodal de Commarques.

L'entrée de cette grotte est basse (1m 50). Elle débute par une antichambre, large de 3m 50, en grande partie occupée par de grands rochers éboulés sur le seuil et qu'il

HB

Figure 1. - Gravure de bison. - / de grandeur naturelle.

faut contourner pour pénétrer, par une petite arche haute de moins de 1 mètre, dans une salle ronde de très modestes dimensions (5 mètres sur 6 mètres et 2 mètres maximum de hauteur). Elle se termine au fond et à droite de l'entrée par un corridor étroit où l'on ne peut que bien péniblement

faire quelques mètres en rampant, par suite de l'argile sableuse qui le comble en grande partie. Il y a peu de temps encore, la salle en était aussi presque entièrement remplie. Son déblaiement partiel permit de découvrir dans

Figure 2.- Gravure du train postérieur d'un grand animal. -
1/s de grandeur naturelle.

ces couches intactes une belle série de silex et d'os dont nous parlerons plus loin.

Cette opération mit à nu une partie du bas des murailles, et l'on put alors distinguer quelques figures d'animaux gravées sur ces parois.

Nous pûmes, non sans d'assez grandes difficultés, exécuter le décalque très exact des figures d'animaux; ce sont, à gauche de l'entrée et au fond, une bonne figure de bison, mesurant 0m 60 de longueur sur 0m 40 de hauteur (fig. 1); à sa droite, les deux jambes et le bout de la queue d'un grand animal (fig. 2); sur la paroi droite, on distingue près du fond une ligne d'échine (?) associée à d'autres lignes incertaines, et plus à droite encore, vers l'entrée, les pattes antérieures et postérieures et le ventre d'un animal aux formes légères, cervidé ou équidé (fig. 3).

Ce petit nombre de dessins sauvés de la destruction présente des caractères dignes d'être relevés ici : sur trois

Figure 3.- Gravure de la partie inférieure du corps d'un cervidé ou équidé.— 1 de grandeur naturelle.

figures, deux sont tracées profondément en profil absolu, c'est-à-dire que deux pieds sur quatre sont seulement indiqués; ce procédé est employé dans la très ancienne grotte de Pair-non-Pair, étudiée par M. Daleau, où, comme à la Grèze, les figures sont profondément entaillées. Au contraire, les dessins des Combarelles, très souvent aussi d'un tracé fortement creusé, sont plus habiles, et déjà les quatre membres sont soigneusement dessinés et bien placés, et les cornes des bisons figurées en perspective.

Le dessin de bison de la Grèze présente encore une autre particularité les deux cornes sont figurées en totalité,

comme si l'animal était de face, bien qu'il soit entièrement de profil. Cette naïveté, jointe à la façon de figurer les membres et à la raideur de ce dessin un peu rudimentaire, sans détails dans le rendu des formes, indique chez l'artiste, auteur de ces silhouettes, une conception bien élémentaire de la perspective qui, dans certains dessins des autres grottes, ne se retrouve que parmi ceux pouvant être considérés comme les plus anciens. C'est aussi ce même rendu simplifié, plus raide et plus incorrect, qu'on retrouve dans les figures de la grotte de Pair-non-Pair et surtout de la grotte Chabot.

L'étude du contenu des couches intactes recouvrant ces gravures permet de faire les constatations suivantes :

La faune présente une prédominance considérable du Renne contre quelques dents seulement de cheval, de bœuf, de grand cerf, et de quelques ovidés de petite taille, ainsi qu'une canine de grand loup ou de hyène.

La couche tout à fait superficielle a donné quelques vestiges de sépulture néolithique: tessons de grossière poterie, fusaiole en calcaire de forme quadrilatère percée artificiellement d'un trou biconique, et divers ossements humains (vertèbres, os des extrémités, débris d'occipital et d'un os long).

Le mobilier des assises quaternaires supérieures a été partiellement extrait et recueilli en entier.

Les os travaillés sont peu abondants: cinq ou six débris de poinçon ou de zagaie en corne de renne, une dent de renard perforée, une phalange de ruminant transformée en excellent sifflet par un trou latéral.

Les silex sont nombreux; les grandes et belles lames abondent; les grattoirs sur base de lame et les burins et leurs composés sont en grande quantité et de formes classiques magdaléniennes, ainsi que quelques menues lamelles à un tranchant rabattu (lames de canif), de doubles grattoirs concaves avec doubles burins sur la même pièce et un

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