monuments où j'ai retrouvé ce motif. Dans la chapelle 45, le Christ est assis sur un trône byzantin au milieu d'une gloire; la partie supérieure de la figure du Christ a disparu dans une cassure, mais de son corps on voit s'échapper des rayons lumineux. Des quatre animaux de l'Apocalypse il ne reste plus que le lion et le bœuf. A chacune des extrémités de cette partie du tableau est un personnage debout, vêtu d'une longue robe blanche. L'un est Pierre et l'autre Paul ayant dans les mains les symboles eucharistiques: Pierre porte le pain et Paul le vase contenant le vin. De cette peinture on peut rapprocher celle qui a été trouvée à Alexandrie et où Pierre et André présentent les Eulogies au Christ assis entre les deux Apôtres. Dans la fresque de Baouît, bien que le nom de Paul ait disparu, il n'est pas douteux que c'est bien cet apôtre qui présente le vin, car André figure audessous, avec son nom écrit à côté de lui. Dans cette peinture, un autre détail est digne d'attention. A la place de la Vierge qui prend place d'habitude au milieu des Apôtres, nous y voyons figurer le prophète Ezéchiel vêtu du costume scythe, esquissant une danse joyeuse en montrant de la main le Christ dont il avait annoncé la venue. Autour du prophète sont rangés les autres Apôtres dans diverses attitudes, avec leur nom écrit en blanc à côté d'eux (fig. 2).

Dans une autre chapelle (numéro 51) l'artiste ne nous a donné qu'une partie de la scène; la zone inférieure est absente, mais autour du Christ le peintre a fait figurer deux personnages debout, dont l'un à gauche, vieillard barbu à la chevelure bouclée, tient dans une main un vase et de l'autre un encensoir. Celui de droite, la main allongée, montre un troisième personnage foulé par les roues du char qui supporte le trône du Christ. La main gauche qui se trouve dans une cassure ne nous permet pas de savoir s'il portait comme le personnage de droite un symbole. Malgré ces lacunes, je pense que l'on peut rapprocher ce tableau du précédent et qu'il y avait identité entre eux. Dans cette

scène un point reste encore obscur : c'est le personnage couché sous les roues du char. Déjà dans une autre abside (chapelle 26), je l'avais remarqué sans pouvoir comprendre le rôle qu'il jouait dans le tableau, rôle que j'avoue ne pas comprendre davantage aujourd'hui. Le fait, je crois, mérite d'être signalé, bien que dans notre nouvelle fresque le problème se complique de cet autre personnage qui le montre du doigt et qui n'existait pas dans le tableau précédent.

Parmi cette série de monuments, je signalerai encore le Triomphe du Christ de la chapelle 46. Bien qu'offrant moins d'intérêt que les autres scènes analogues, que je viens de décrire, il mérite une mention. Le Christ, toujours assis sur son trône, n'a plus la douceur et la jeunesse que d'autres artistes lui ont données, comme dans la chapelle 26. Il est ici représenté dans la maturité de l'âge la barbe taillée en rond, la chevelure ondulée retombant sur les épaules, l'ovale et les traits de la figure réguliers, le geste sévère font songer immédiatement au Christ Pantocrator tel que l'a produit l'école byzantine à partir du xe siècle. Au-dessous, dans une deuxième zone, la Vierge, dans l'attitude des Orantes, la tête levée vers son Fils, est entourée par les Apôtres. Les uns sont prosternés à ses pieds, tandis que d'autres, d'un geste naïf et de sublime adoration, montrent de la main le Christ. A chaque extrémité de cette zone l'artiste a représenté un moine debout: à droite est « le frère An[toine] » nacои Aн[тWOнE], l'index de la main gauche devant la bouche, dans le geste du silence; le second, qui porte une clef de la main gauche, est « le frère Juste, homme du lieu « ПАСОН отсте пропе пеїил нушпе, lequel lieu doit vraisemblablement être Baouît (fig. 3).

En dehors de l'abside, la chapelle 51 offre dans ses diverses peintures murales un intérêt multiple. C'est ainsi que l'une des fresques, qui se développe sur toute la largeur de la paroi nord, nous montre quatre épisodes de la vie de la Vierge l'Annonciation, la Visitation, le Départ de chez Elisabeth et la Nativité.