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M. CHATELAIN donne lecture du rapport suivant :

<< La Commission des Écoles françaises d'Athènes et de Rome propose d'accorder une troisième année de séjour à l'École d'Athènes à M. Bizard, une deuxième année à MM. Bulard et Cavaignac, et une deuxième année de séjour à l'École de Rome à MM. Albertini, Bourgin et Martin. »

La proposition de la Commission est adoptée.

M. Salomon REINACH donne lecture d'un mémoire de M. le Dr Amelung au sujet de deux marbres célèbres, l'Apollon du Belvédère et la Diane à la biche, Comme d'autres archéologues, il y reconnaît des copies de deux statues de bronze dues à un même artiste du ive siècle; dans l'Apollon, le copiste a cru devoir soutenir le bras gauche avancé par une draperie d'un effet fâcheux, qui n'existait pas dans l'original. La restauration de la Diane, exécutée au xvie siècle, est exacte et a été contestée à tort. Depuis quelques années, on a attribué les originaux des deux statues du Vatican et du Louvre à Léocharès, auteur d'un Ganymède dont nous possédons une copie. M. Amelung essaie de montrer que cette attribution est mal fondée et qu'il faut plutôt songer à un autre artiste de la même époque, à la fois sculpteur et peintre, Euphranor. Les statues dites de Pâris, dont M. Furtwaengler attribue l'original à Euphranor, ne représentent pas Pâris, mais Ganymède, et ne dérivent pas d'Euphranor; la seule réplique connue du Pâris de cet artiste, d'ailleurs mal restaurée et médiocre, a été signalée au Vatican par M. Helbig.

L'Académie se forme en comité secret pour entendre la lecture du Rapport de M. CAGNAT sur les travaux des Écoles françaises d'Athènes et de Rome pendant les années 1902-1903.

APPENDICE

RAPPORT

SUR LES TRAVAUX DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE ROME PENDANT LES ANNÉES 1902-1903,

PAR M. CAGNAT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE,

LU DANS LA SÉANCE DU 7 OCTOBRE 1904.

MESSIEURS,

L'année 1902-1903 a été heureuse pour l'École française d'Athènes. Bien que, dans son rapport de l'an passé, M. Collignon ait déjà fait allusion aux différents événements qui l'ont marquée, je ne saurais les passer sous silence dans un compte rendu destiné à retracer l'activité de l'École pendant cette période. Elle a vu la fin d'une grande entreprise scientifique à laquelle la France a attaché son nom et la reprise d'une autre non moins française. Les fouilles de Delphes ont été terminées avec quel succès, vous le savez, et le musée a été remis officiellement au gouvernement hellénique. Mais, malgré les apparences, l'œuvre de l'École d'Athènes n'était pas encore absolument achevée; il lui restait à réédifier sur place, en réunissant les débris antiques épars sur le sol, un des monuments les plus importants qui aient été découverts dans les fouilles, le 'fameux trésor des Athéniens. Le dème d'Athènes lui en avait confié le soin en lui votant un crédit de 25.000 drachmes. Une telle libéralité honore ceux qui l'ont reçue autant que ceux qui en sont les auteurs.

C'est également à une libéralité que nous devons le renouveau des fouilles de Délos. M. le duc de Loubat, notre

correspondant, a mis à la disposition du directeur de l'École une somme de 50,000 francs. Grâce à cette très généreuse subvention, on a pu porter à nouveau la pioche dans un domaine que plusieurs générations d'Athéniens avaient successivement interrogé. MM. Dürrbach, professeur à l'Université de Toulouse, et Jardé, membre de l'École, ont donc entrepris, comme il leur était prescrit, de relier entre eux les différents chantiers d'autrefois et de poursuivre, par la mise au jour des parties encore inexplorées, le déblaiement méthodique de la ville sainte. Les premiers résultats de cette œuvre de patience, dont nos comptes rendus contiennent le récit, ont déjà donné des résultats importants. Je signalerai surtout l'exploration du quartier marchand, que M. Jardé a continuée en 1904. Délos est une mine féconde en découvertes, sur laquelle l'activité de l'École d'Athènes va se concentrer; c'est un chantier où les anciens pensionnaires, comme M. Dürrbach en 1903 ou M. Chamonard en 1904, viennent retrouver leurs cadets et les guider de leur expérience, pour tirer le meilleur parti possible des fonds que met à leur disposition le plus libéral des évergètes

En même temps, l'École poursuivait dans d'autres coins du monde grec des recherches non moins fructueuses. Tandis que M. Mendel s'employait à fouiller Tégée, MM. Jouguet et Lefebvre continuaient leurs explorations en Égypte, au Fayoum. Vous savez qu'ils ont été assez heureux pour mettre la main sur un grand nombre de papyrus d'époque ptolémaïque dont quelques-uns ont paru dans le Bulletin de correspondance hellénique ou dans nos Comptes rendus. L'Académie, qui s'inquiétait de voir la France devancée sur ce terrain par d'autres nations, ne peut que se féliciter de cet heureux résultat.

De son côté, la section étrangère de l'École ne restait point inactive. Deux membres belges, MM. Demoulin et Graindor, et un membre néerlandais, M. Vollgraff, la composaient. Tous trois ont conduit des fouilles heureuses,

M. Demoulin à Ténos, M. Graindor à Céos, et M. Vollgraff à Argos. Je me reprocherais de ne point vous rappeler à cette occasion la libéralité d'un compatriote de ce dernier, M. Goedoop. C'est avec les fonds fournis par lui la que fouille d'Argos a pu être menée à bien; et, cette année encore, le même M. Goedoop, toujours désireux de servir la science et d'aider ses jeunes concitoyens, a mis à la disposition de la section néerlandaise de l'École une somme de 10.000 francs pour lui permettre de déterminer une fois pour toutes l'emplacement d'Ithaque, qui est encore objet de discussion.

A tous égards, nous n'avons donc qu'à nous louer de la création de cette section étrangère qui a déjà fait ses preuves malgré sa jeunesse.

Nous avons reçu de l'École d'Athènes, pour l'année classique 1902-1903, quatre mémoires, deux remis par des membres de première année, MM. Bizard et Xoual, et deux qu'ont envoyés les membres de deuxième année, MM. Jardé et Lefebvre.

M. Jardé avait déjà soumis, l'an passé, à l'Académie un travail digne d'éloges sur des inscriptions grecques; cette année, il s'est encore consacré à des études épigraphiques. Il s'est occupé d'une inscription de Delphes qui avait été gravée sur le piédestal de Paul Émile, document de haute importance, malgré son état de mutilation. Il y a reconnu la traduction grecque d'une loi romaine, votée sous le sixième consulat de Marius, et ayant pour objet la répression de la piraterie. En 102, le préteur, M. Antonius, avait déjà conquis la Cilicie, qui avait été le premier foyer du brigandage; la loi en question, portée en l'année 100, prend des précautions permanentes pour que les citoyens romains et les alliés latins puissent naviguer en sûreté dans le bassin oriental de la Méditerranée. L'intitulé n'a pas été retrouvé, non plus que la première partie, où étaient indi

quées les mesures prises par les Romains eux-mêmes agissant directement. A la suite venait un premier fragment d'une trentaine de lignes, reconstitué avec quatre morceaux d'inégale grandeur, encore bien incomplet. Dans un premier paragraphe, dont le sens est certain, il est prescrit au consul d'adresser des lettres aux cités libres, au roi de Cypre, au roi d'Égypte, au roi de Cyrène, aux rois de Syrie, pour inviter ces alliés du peuple romain à veiller à ce qu'aucun pirate ne puisse partir de leur territoire ou s'y procurer des ressources. Des prescriptions un peu plus douteuses terminent le fragment, en particulier celle d'envoyer aux cités libres une copie de la loi avec ordre de la faire graver sur l'agora, ce qui explique comment le texte s'est rencontré à Delphes. Les dernières lignes, plus mutilées encore, enjoignaient au gouverneur de la Macédoine et de la partie de la Thrace conquise par T. Didius de prendre, au sujet des revenus publics de la province, des dispositions dont le sens nous échappe.

Un second fragment, dont les premières lignes seules ont souffert, fixait le rôle des questeurs de Macédoine et d'Asie. La suite comprenait la formule du serment par lequel tous les magistrats devaient s'engager à respecter et à faire observer la loi, ainsi que les pénalités encourues par ceux qui la violeraient.

Le mémoire de M. Jardé contient la copie épigraphique de l'inscription avec deux photographies, la transcription, la traduction et un commentaire. Celui-ci est fait avec soin; les éclaircissements sur les royaumes d'Orient nommés dans la loi sont approfondis, sans trop de développements; l'auteur a bien étudié les documents de même nature déjà connus et en a tiré des rapprochements utiles; il a discuté les restitutions possibles avec méthode et aussi avec la réserve que nécessite l'état défectueux du texte. En terminant, il a réuni les particularités du grec étrange que les bureaux de la questure romaine employaient pour traduire

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