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d'enfants; ses crimes furent reconnus par la juridiction inquisitoriale et punis de mort par la justice séculière. Les pièces de la procédure ont été publiées. M. S. Reinach montre l'insuffisance des preuves assignées contre Gilles de Rais, la singulière concordance des témoignages à charge, obtenus par la torture, le peu de valeur qu'on doit attacher aux aveux de Gilles, également extorqués, enfin le caractère invraisemblable des accusations portées contre lui. Comme le duc de Bretagne et son chancelier, l'évêque de Nantes, avaient acheté à réméré des terres du maréchal, leur intérêt personnel les poussait à machiner sa perte; or, le procès inquisitorial fut engagé à l'instigation de l'évêque de Nantes, ennemi personnel de Gilles de Rais, et conduit avec un mépris absolu des droits de la défense. Tout ce que l'on peut affirmer, c'est que Gilles se mêlait d'alchimie; de tous les meurtres qui l'ont fait qualifier, par Michelet, de «< bête d'extermination », aucun n'a été juridiquement établi.

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COMMUNICATIONS

LETTRE DE M. GAUCKLER A M. CAGNAT,
MEMBRE DE L'ACADÉMIE,

SUR L'EMPLACEMENT DU CAMP DE LA PREMIÈRE COHORTE URBAINE
A CARTHAGE.

Je suis enfin parvenu, après trois ans de négociations, à louer le terrain habbous des Ouled l'Agha, au sommet de la colline de Bordj-Djedid, et immédiatement au Nord des citernes et des parcelles que j'ai explorées en 1902-1903 à Carthage. J'ai aussitôt fait commencer, dans cette région encore absolument inexplorée, quelques sondages destinés à vérifier une fois de plus l'exactitude de la théorie que j'ai eu l'honneur d'exposer à l'Académie des inscriptions dans sa séance du 16 octobre dernier, et je suis heureux de vous.

faire connaître que mon attente n'a pas été trompée. La rue longitudinale 5 a été retrouvée à la place exacte où nous l'avions supposée, et nous l'avons déjà suivie sur un parcours d'une trentaine de mètres. Le dallage est détruit; mais le tracé de la voie est nettement déterminé par les énormes contreforts en escalier qui l'étageaient en contrebas, jouant le même rôle que ces longues galeries voûtées que j'ai signalées le long des rues 11 et 12 sur les pentes de la colline de l'Odéon.

D'autre part, au point où nous devions retrouver le carrefour des rues 5 et I, nous avons rencontré un dallage en croix donnant exactement la direction de ces deux voies à angle droit, et l'égout longitudinal qui déversait les eaux、 vers le Sud, en dévalant la pente qui se dirige du côté de Dermech. Sur ce dallage, nous avons découvert, en outre, deux pierres de taille superposées qui pourraient avoir formé l'angle d'une construction de basse époque, laquelle aurait reçu l'orientation habituelle, mais aurait empiété légèrement sur le tracé de la rue; toutefois cette irrégularité est trop insignifiante pour constituer une objection, d'autant plus que les deux pierres en question sont isolées, sans aucune trace des deux murs au point de rencontre desquels elles se seraient trouvées. Je n'en signale donc l'existence que par acquit de conscience, et sans m'y arrêter davantage.

Toutes les autres constructions que nous avons déblayées jusqu'ici dans le terrain des Ouled l'Agha s'intercalent exactement dans le damier de rues longitudinales et transversales tel que je l'ai tracé hypothétiquement sur le papier. Elles sont toutes orientées de la même façon. La plus importante a conservé presque intacts tous ses pavements tandis que les murs ont, comme d'habitude, été en grande partie rasés par les chercheurs de pierre. C'est un édifice de très basse époque, presque à fleur de terre. Le sol y est partout pavé de mosaïques à gros cubes en pierre calcaire du pays. Le marbre n'est employé que par exception : les

smaltes, s'il y en avait quelques-uns, ont aujourd'hui totalement disparu. Le style et la technique de ces mosaïques sont franchement byzantins, et je n'hésite pas à les dater de la dernière période de Carthage, vie ou même viie siècle. Je ne puis insister aujourd'hui sur cet ensemble qui mérite une étude à part, et je me contente de vous faire connaître que les mosaïques ont un caractère mixte pagano-chrétien fort curieux, et que les plus importantes représentent :

1° Une grande scène de chasse au sanglier (long. 6 m 80, haut. 3m 50) avec nombreux fauves meublant les coins du tableau, et, dans le haut, détail que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs, un personnage dont on ne voit que la tête sortant d'une sorte de guérite et contemplant le paysage qui s'étale sous ses yeux, sans doute le propriétaire de l'immeuble. A l'entrée de la salle, et précédant un large seuil en marbre, une grande inscription incomplète aux deux bouts et rédigée en un latin barbare que je renonce à interpréter :

BIDE DIOTE BIDE POSSAS PLVRIMA BIDE

Par ce seuil, la chambre à la chasse communique avec une sorte de cour centrale où, dans un magnifique motif d'acanthe et de rosaces admirablement nuancés, se détache un tableau figurant un nouveau paysage avec maison de maître, palmier, brebis et cerf, etc., traités dans le style des mosaïques de Tabarka.

Au Nord-Ouest de la cour se développe une mosaïque à médaillon avec animaux divers, fantastiques ou réels, griffon, éléphant, antilope, bœuf, etc.

Au Sud-Est existe un autre pavement qui devait se diviser en deux compartiments égaux, dont le plus septentrional est seul conservé à peu près intact. Cette mosaïque a un caractère religieux si nettement accusé qu'elle me conduit à supposer que l'édifice auquel elle appartenait, et qui ne peut, en aucun cas, être une basilique ou un baptistère,

n'avait cependant pas une destination entièrement profane. Ce pouvait être un couvent ou la demeure d'un grand dignitaire de l'Église, avec oratoire privé. Au centre est figurée la croix latine, accostée de deux colombes et de deux agneaux, et inscrite dans une large couronne que soutiennent aux quatre angles quatre fidèles vêtus d'une tunique-blouse, serrée à la taille par un ceinturon, sans doute les quatre Évangélistes : des palmiers et des calices séparent au milieu, de chaque côté, les télamons d'un nouveau genre qui occupent les écoinçons du tableau.

L'édifice encore indéterminé qui renfermait ces curieux pavements a été établi à l'époque byzantine sur l'emplacement d'une autre construction dont il subsiste quelques traces et notamment une assez jolie mosaïque absidale en marbre représentant une mer poissonneuse. On a utilisé dans la construction la plus récente les matériaux trouvés à pied d'œuvre, pierres de taille, colonnes en marbre ou en calcaire, chapiteaux de diverses provenances, etc. De ces fragments divers, les plus importants sont deux misérables débris d'inscriptions latines, qui tirent toute leur importance de la place où ils ont été recueillis, et de l'analogie qu'ils présentent avec d'autres fragments trouvés tout à côté dans d'autres constructions de basse époque. Ce sont des documents militaires qui vont peut-être nous permettre d'identifier le quartier qui s'étendait au sommet de la colline de Bordj-Djedid, avec l'un de ceux que nous a fait connaître l'Appendix Probi et que l'on s'accorde aujourd'hui pour placer à Carthage et non pas à Rome.

Voici ces divers débris épigraphiques, classés autant que possible par ordre de date :

Plaque de marbre blanc grisâtre, brisée de partout, épaisse de 0035. Lettres bien gravées et de bonne époque, hautes de 0 m 07 à la première ligne, de 0m 18 à la seconde, 0m 016 aux suivantes. Les lettres finales des noms superposés sont séparées du reste du cognomen et rangées l'une

au-dessous de l'autre dans une même colonne verticale, pour assurer la symétrie de l'ensemble disposition caractéristique, et depuis longtemps signalée, des listes militaires et des documents relatifs à l'armée:

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Voici deux autres fragments se raccordant ensemble Trouvés au même endroit, et en lettres pareilles, ils présentent les caractères suivants :

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Voici enfin un quatrième fragment, sinon de la même table au moins d'une table analogue, insignifiant par sa teneur, intéressant pourtant, car il prouve que les belles plaques de marbre blanc sur lesquelles étaient gravées les listes étaient entourées d'une élégante bordure soigneusement moulurée.

Plaque de marbre blanc grisâtre, épaisse de 0m 035, bri

1. Cagnat, Cours d'épigraphie latine, 3° éd.,

1904.

p. 297.

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