que je prends à votre profpérité commune. Si j'étois affez malheureux pour être coupable de que'que tranfport indifcret dans cette cette vive effufion de mon cœur, je vous fupplie de le pardonner à la tendre affection d'un vrai patriote, & au zele ardent. & légitime d'un homme qui n'envifage point de plus grand bonheur lui même que celui de vous voir tous heureux pour Je fuis avec le plus profond respect, MAGNIFIQUES, TRÈS-HONORÉS, ET SOUVERAINS SEIGNEURS, Votre très-humble & très-obéissant ferviteur & concitoyen, JEAN JAQUES ROUSSEAU. A Chamberi, le 12. Juin 1754% PRÉFACE. L A plus utile & la moins avancée de toutes les connoiffances humaines me paroît être celle de l'homme (2.), (2.) & j'ofe dire que la feule infcription du temple de Delphes contenoit un précepte plus important & plus difficile que tous les gros livres des moralistes. Aufli je regarde le sujet de ce Difcours comme une des queftions les plus intére fantes que la Philofophie puiffe propofer, &, mal heureusement pour nous, comme une des plus épineuses que les Philofophes puiffent réfoudre : car comment connoître la fource de l'inégalité parmi les hommes, fi l'on ne commence par les connoître eux-mêmes ? & comment l'homme viendra-t-il à bout de fe voir tel que l'a formé la Nature, à travers tous les changements que la fucceffion des temps & des chofes a dû produire dans fa conftitution originelle ; & de démêler ce qu'il tient de fon propre fonds d'avec ce que les circonstances & Les progrès ont ajouté ou |