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d'une grandeur bornée par l'étendue des facultés humaines, c'est-à-dire par la poffibilité d'être bien gouvernée, & où chacun fuffifant à fon emploi nul n'eût été contraint de commettre à d'autres les fonctions dont il étoit chargé : un Etat où tous les particuliers fe connoiffant entr'eux, les manoeuvres obfcures du vice ni la modeftie de la vertu n'euffent pu fe dérober aux regards & au juge

ment du Public, & où cette douce habitude de fe voir & de fe connoître fît de l'amour de la pa trie l'amour des citoyens plutôt que celui de la

terre.

J'aurois voulu naître dans un pays où le Souverain & le peuple ne puffent avoir qu'un feul & même intérêt, afin que tous les mouvements de la machine ne tendiflent jamais qu'au bonheur commun; ce qui ne

pouvant le faire à moins que le peuple & le Souverain ne foient une même perfonne, il s'enfuit que j'aurois voulu naître fous un gouvernement démocratique, fagement tem

péré.

J'aurois voulu vivre & mourir libre, c'eft-à-dire tellement foumis aux loix que ni moi ni perfonne n'en pût fecouer l'honorable joug; ce joug falutaire & doux, que les têtes les plus fieres por

tent d'autant plus docilement qu'elles font faites pour n'en porter aucun

autre.

n'eût

J'aurois donc voulu que perfonne dans l'Etat pu fe dire au-deffus de la loi, & que perfonne au dehors n'en pût imposer que l'Etat fût

A

obligé de reconnoître.Car

quelle que puiffe être la

conftitution d'un gouver

nement, s'il s'y trouve

un feul homme qui ne

foit pas

foumis à la loi,

tous les autres font néceffairement à la difcrétion de celui-là; (1) & (1) s'il y a un chef national, & un autre chef étranger, quelque partage d'autorité qu'ils puiffent faire, il eft impoffible que l'un & l'autre foient bien obéis, & que l'Etat foit bien gouverné.

Je n'aurois point voulu habiter une république de nouvelle inftitution, quelques bonnes loix qu'elle pûtavoir; de peur

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