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les sentimens qui devoient animer et unir les pères et les enfans, se faisoit sentir d'une manière terrible. Les peuples apprenoient à mépriser l'autorité et à la regarder avec dédain, jusqu'à ce que des circonstances favorables les missent en état de la renverser et de la fouler aux pieds. Bon Dieu s'écrièrent les observateurs effrayés; à présent que la France s'est mise à penser, que va-t-elle devenir ?... Et qu'est-elle

devenue?.

...

CHAPITRE XVI.

Conclusion.

Ici finit le second écrit de Clairville; et là 'se termine aussi le Recueil que je vous adresse. Je pense, mon cher Belmont, qu'il est inutile d'y joindre aucun commentaire. Les passages que je viens de mettre sous vos yeux sont clairs et précis: mieux que le grand et sublime livre de la nature, ils parlent un langage intelligible à tous les esprits: ils rendent sensible à tout homme de bonne foi, la vérité de ce que dit Pascal des ennemis du Christianisme; « si on leur fait rendre » compte de leurs sentimens et des raisons qu'ils » ont de douter de la religion, ils diront des » choses si foibles et si basses qu'ils persuaderont >>"plutôt le contraire. » Et je ne doute pas qu'en

les lisant, vous ne vous soyez écrié plusieurs fois avec le même auteur. « En vérité, il est glorieux » à la religion d'avoir pour ennemis des hommes » si déraisonnables; et leur opposition est si peu > dangereuse, qu'elle sert au contraire à l'éta>blissement des principales vérités qu'elle nous » enseigne. Car la foi chrétienne ne va principa»lement qu'à établir ces deux choses; la cor>> ruption de la nature, et la rédemption de Jésus» Christ. Or, s'ils ne servent pas à montrer la » vérité de la rédemption par la sainteté de leurs > mœurs, ils servent au moins admirablement à >> montrer la corruption de la nature par des sen>> timens si dénaturés. » Telle est la réflexion qui m'a souvent occupé.

>> Si vous continuez à discourir de la sorte, >> leur disoit un jour quelqu'un, en vérité vous >> me convertirez et il avoit raison. Car qui » n'auroit horreur de se voir dans des sentimens

» où l'on a pour compagnons, des personnes si » méprisables.» (Pens. de Pasc., part. 2, art. 2.)

Au reste, ne croyez pas que je vous aie rapporté toutes les folies, toutes les extravagances, toutes les abominations de la philosophie : la matière n'est véritablement qu'ébauchée. Dans les longs et nombreux entretiens que j'ai eus avec Clairville et Valcourt, j'en ai appris vingt fois plus que mon Recueil n'en contient. Ce spectacle m'amusa d'abord par sa bizarrerie, et il me fournit

plusieurs instructions utiles; ensuite je n'y vis plus que ce qu'il a d'affligeant ; et enfin, il me devint, absolument insupportable. Aussi Clairville et moi nous l'abandonnâmes pour nous occuper des grandes et importantes vérités de religion, de métaphysique, et de morale qui ont été attaquées avec tant de fureur par nos écrivains philosophes. Clairville ne s'attacha point à discuter ces vérités, ni à combattre les sophismes par lesquels ils ont prétendu les détruire, la chose étoit faite depuis long-temps. Mais sur tous ces points, il se contenta de les mettre en opposition avec les écrivains dont le christianisme s'honore, et avec eux-mêmes lorsque, oubliant qu'ils sont philosophes, le flambeau de la raison se rallume momentanément pour eux. C'étoit d'un côté le bon sens, la dignité, l'éloquence; le langage de la décence, de la vertu et du savoir de l'autre, la folie, la bassesse, la bouffonnerie; le langage de l'infamie, du vice et de l'ignorance. Le moyen de résister à l'effet qui résulte d'un tel contraste ! Ce fut là le dernier coup porté dans mon esprit à la philosophie et aux philosophes je regrette de ne pouvoir vous envoyer encore ces derniers entretiens. Vous recherchez les instructions solides, vous les auriez trouvées dans les admirables morceaux que Clairville a extraits de nos meilleurs écrivains mais pour ce moment vous êtes condamné à ne vous repaître que des sottises que nos philosophes ont écrites.

>> qui font horreur; je te couvrirai d'infamie, et >> je ferai de toi un exemple. » (Nahum, c. 3.) Est-ce la sentence de la philosophie que Dieu a prononcée dans cette terrible prédiction? On seroit tenté de le croire en voyant qu'une sentence semblable a été exécutée sur elle avec éclat presque depuis le moment où elle a commencé à montrer son front hideux. Sa nudité et son ignominie ont été exposées aux yeux des nations, par les systèmes extravagans qu'elle n'a cessé d'enfanter sur Dieu, sur l'homme, et sur l'univers. Elle s'est couverte d'infamie et d'ordures qui font horreur, en publiant impudemment à la face de l'Europe entière, des principes qui ouvrent la porte à tous les crimes. C'est une vérité à laquelle rend hommage celui de ses écrivains dont elle se glorifie le plus, et s'il en falloit des combien n'en trouve-t-on pas preuves, dans ce Recueil, qui ne contient que la doctrine, et souvent même les propres paroles des auteurs qu'elle inspire?

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Mais voici un autre vêtement d'ignominie et d'ordure qui couvre la philosophie, et qu'on ne peut méconnoître qu'en s'obstinant à repousser l'évidence même : ce sont les crimes de notre révolution. Ces crimes sont bien incontestablement son ouvrage. Ils sont une suite et un résultat de ses principes. Ce sont proprement ses maximes mises en pratique. La philosophie ne peut pas les

venez de m'exposer. Il balbutia quelques mots que j'eus de la peine à entendre ; mais bientôt reprenant toute son audace, êtes-vous, me dit-il, un ami ou un adversaire de la philosophie ?- Depuis ce que vous m'en avez appris, j'en suis l'ennemi irréconciliable. - Ah ! quel tour ! Quoi ! vous êtes. . . . . . - Tout ce qu'il vous plaira. Le seul nom que je refuse de votre part, c'est celui de philosophe. Adieu donc, ame basse et indigne de penser, vil superstitieux, sanguinaire fana. tique, dupe et esclave imbécile des prêtres plus cruels que les bourreaux; allez-vous joindre à nos persécuteurs, aiguisez ensemble vos poignards, et préparez contre nous une SaintBarthélemi. J'ai voulu vous éclairer, je serai votre victime: hélas ! tel est le sort d'un ami de l'humanité. Valcourt me quitta brusquement en disant ces mots, et depuis ce temps j'ai cessé de le voir. Cette rupture ne me laissa qu'un regret, celui de n'avoir pu lui témoigner à mon aise au moment où elle éclata, tout le mépris et toute l'horreur que j'éprouvois pour les abominables principes de ses maîtres, et de me dédommager ainsi de la pénible contrainte à laquelle je m'étois condamné si long-temps avec lui.

« Je te rejèterai sur le visage les vêtemens qui ste couvrent, est-il dit dans les prophetes, j'expo>> serai ta nudité aux nations, et ton ignominie à > tous les royaumes. Je jetterai sur toi des ordures

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