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l'Orient; langue qui n'est plus entendue que des Bramins; et qui fut jadis parlée d'un grand peuple, dont le nom même a disparu de la terre: il est certain que, le premier coup-d'œil qu'on jette sur l'histoire des hommes, suffiroit pour nous con. vaincre que notre courte chronologie en remplit à peine la dernière feuille; si les monumens de la nature ne démontroient cette vérité, au de-là de toute contradiction.t

La destruction et le renouvellement d'une partie du genre humain, est une autre conjecture égale

* Hist. of Ind. from the Earliest Acc. Robertson. Appendix to his Disquis.-La langue Sanscrit, ou Sacrée, vient enfin d'être révélée au monde. Nous possédons déjà la traduction de plusieurs poëmes, écrits dans cet idiôme. La puissance et la philosophie des Anglois aux Indes ont fait à la republique des lettres ce présent inestimable.

+ Buffon,. Th. de la Ter.-J'avois recueilli moi-même un grand nombre d'observations, botaniques et minéralogiques, sur l'antiquité de la terre. J'ai compté sur des montagnes, d'une hauteur médiocre, qui courent du Sud-Est au Nord-Ouest, par le 42e degré de latitude septentrionale en Amérique; jusqu'à 13 générations de chênes, évidemment successives sur le même sol, On m'a montré en Allemagne une pierre calcaire seconde, formée des débris d'une pierre calcaire première: ce qui nous jette dans une immensité de siècles. A Gracioza, l'une des Açores, j'ai ramassé des laves si antiques, qu'elles étoient revêtues d'une croûte de mousse pétrifiée, de plus d'un demi-pouce d'épaisseur. Enfin, à l'île St. Pierre, sur la côte désolée qui regarde l'île de Terre-Neuve, dont elle est séparée par une mer bruyante et dangereuse, toujours couverte d'épais brouillards, j'ai examiné un rocher formé de couches alternatives de lichen rouge, qui avoit acquis la dureté du granite. Le manuscrit de ces voyages, dont on trouvera quelques extraits dans l'ouvrage que je donne ici au public, a péri avec le reste de ma fortune, dans la révolution.

ment fondée. Les corps marins transportés au sommet des montagnes, ou enfouis dans les entrailles de la terre; les lits de pierres calcaires; les couches parallèles et horisontales des sols, se réunissent avec les traditions des Juifs, des Indiens, des Chinois, des Egyptiens, des Celtes, des Negres* de l'Afrique et des Sauvages,† même du Canada, pour prouver la submersion du globe.

* Koben's Acc. of the C. of Good Hope, Sparrm. Voy. among the Hott. v. 1, ch. 5.-Ce dernier auteur raconte que les Hottentots ont une si grande horreur de la pluie, qu'il est impossible de leur faire convenir qu'elle soit quelquefois nécessaire. Le voyageur Suédois, attribue la cause de cette singularité à des opinions religieuses : il est plus naturel de croire que, cette antipathie tient à un sentiment confus des malheurs, occasionnés par le déluge. Il est vrai que cette tradition a pu être portée en Afrique, soit par les Mahométans qui y pénétrèrent dans le huitième siècle, ou long-temps auparavant par les Carthaginois; dont quelques voyageurs modernes ont retrouvé des monumens, jusques sur les bords du Sénégal et du Tigre. Cependant si les Carthaginois ont suivi les opinions de leurs ancêtres, les Phéniciens, ils ne croyoient pas au déluge.

↑ Le docteur Robertson, dans son excellente histoire de l'Amérique, adopte le systême des premières émigrations à ce continent, par le Nord-Est de l'Asie et le Nord-Ouest de l'Europe. D'après les voyages de Cook, et ceux encore plus récens des autres navigateurs, il paroît maintenant prouvé, que l'Amérique méridionale a pu recevoir ses habitans des îles de la mér du Sud; de même que ces dernières reçurent les leurs des côtes de l'Inde, qui en sont les plus voisines. Cette chaîne d'îles enchantées, semble être jettée comme un pont sur l'Océan, entre les deux mondes, pour inviter les hommes à parcourir leurs domaines. Les rapports de langage et de religion entre les anciens Péruviens, les insulaires des Sandwich d'Othaïti, &c. et les Malais, donnent quelque solidité à cette conjecture. I

Posons donc pour base de l'histoire ces deux vérités l'antiquité des hommes, et leur renouvellement, après la destruction presque totale de la race humaine.

*

Mais en ne commençant l'histoire qu'à l'époque très-incertaine du déluge, vous êtes loin d'avoir vaincu toutes les difficultés. Sanchoniathon ne vous apprend d'abord que la fondation des villes et des Etats. Cronus, fils du roi Ouranus, saisit son père auprès d'une fontaine ; le fait cruellement mutiler; entreprend de longs voyages, dispense à son gré les empires: donnant à sa fille Athena, l'Attique, et au dieu Taautus, l'Egypte. Hérodote et Diodore vous introduisent ensuite dans le pays des merveilles. Ce sont des villes de vingt lieues de circuit, élevées comme par enchantement; des jardins suspendus dans les airs; des lacs entiers creusés de la main des hommes. L'Orient se présente soudainement à nous, dans toute sa corruption et dans toute sa gloire. Déjà trois puissantes monarchies se sont assises sur les ruines les unes des autres ;* partout des conquêtes démesurées, désastreuses aux vaincus, inutiles ou funestes aux vainqueurs. En Perse une nation avilie et des Satrapes exaltés; en Egypte un peuple ignorant et superstitieux, des prêtres savans et despotiques. Dans ce monde où le palais du Sar

est alors plus que probable; que la tradition du déluge se répandit en Amérique, avec les peuples de l'Inde, de la Tartarie et de la Norvège.

* Les Assyriens, les Mèdes et les Perses.

danapale, s'élève auprès de la hute de l'esclave; où le temple de la Divinité ne rassemble que des misérables, sous ses dômes de porphyre; dans ce cahos de luxe et d'indigence, de souffrances et de voluptés, de fanatisme et de lumières, d'oppression et de servitude, laissons dormir inconnus les crimes des tyrans et les malheurs des esclaves. Un rayon émané de l'Egypte, après avoir lutté quelque temps contre les ténèbres de la Grèce, couvrit enfin de splendeur ces régions prédestinées. Les hordes errantes qu'Inachus, Cecrops, Cadmus avoient d'abord réunies, dépouillèrent peu-à-peu leurs mœurs sauvages et se formant à différentes époques, en républiques, nous appellent maintennant à la première révolution.

CHAPITRE II.

Première Révolution. Les Républiques Grecques.

LES républiques de la Grèce, considérés comme les premiers gouvernemens populaires parmi les hommes, offrent un objet bien intéressant à la philosophie. Si les causes de leur établissement nous avoient été transmises par l'histoire, nous eussions pû obtenir la solution de ce fameux problême en politique; savoir: quelle est la convention originale de la société ?

* Ceci n'est pas d'une exactitude rigoureuse. La république des Juifs commence à la sortie de ce peuple d'Egypte, l'an 1491 avant notre Ere, et Tyr fut fondée l'an 1252 de la même chronologie.

Jean Jacques Rousseau prononce et rapporte l'acte ainsi: "Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre, comme partie indivisible du tout."

Pour faire un tel raisonnement ne faut-il pas supposer une société déjà préexistante? Sera-ce le sauvage, vagabond dans ses déserts, à qui le mien et le tien sont inconnus, qui passera tout à coup de la liberté naturelle à la liberté civile? sorte de liberté purement abstraite; et qui suppose de nécessité, toutes les idées antérieures de propriété, de justice conventionnelle, de force comparée du tout à la partie, &c. Il se trouve donc un état civil intermédiaire, entre l'état de nature et celui dont parle J. J. Rousseau. Le contrat qu'il suppose n'est donc pas l'original.

Mais quel est, dira-t-on, ce contrat primitif? C'est ici la grande difficulté.

Que si on reçoit, pour un moment, celui de Rousseau comme authentique ; dumoins est-il certain que ce pacte fondamental, remonte au-delà des sociétés, dont nous nous formons quelque idée; puisque pas une des hordes sauvages, qu'on a rencontrées sur le globe, n'existoit sous un gouvernement populaire. Or, de ces deux choses l'une :

Ou il faut admettre avec Platon que le gouvernement monarchique, établi sur l'image d'une famille,

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