Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

quel on voit percer la secrète joie du | qu'ils finissent, dans leur aveugle fureur correspondant, ce récit se trouve dans et leur zélotisme insensé, par se déchaî le numéro 324 du même journal, et ner les uns contre les autres et se déporte la date du 20 novembre. Il a done chirer réciproquement; de l'autre, ils été écrit un mois et deux jours après le devaient accorder la paix du ciel à tous vingt-cinquième anniversaire de la grande ceux qui de bon cœur reçoivent sa parole bataille de Leipsick, vingt-trois ans après sainte, afin que, trouvant la vraie lula promulgation de la patente royale qui mière, le repos et la confiance de l'âme, promet et garantit aux provinces catho-ils puissent vivre en paix les uns auprès liques récemment acquises une liberté religieuse pleine et entière. Ce qui doit faire réfléchir tous les ayans-cause, ce n'est pas qu'une telle mesure ait été prise, mais qu'elle soit devenue nécessaire au milieu de la paix.

- Or, qu'a fait le Dieu de nos pères en présence de tous ces événemens? Croyezvous qu'il se laisse intimider par les fanfaronnades des hommes, ou qu'il se laisse tromper par leurs ruses? Il a connu les pensées secrètes de leur cœur avant que celui-ci n'ait commencé à battre; il a lié au cours ordinaire des choses les événemens par lesquels il déjouera leurs projets. Voilà pourquoi, dans le moment critique, il a placé à la tête de son Eglise un pontife qui, rempli de l'esprit du Très-Haut, sait prendre sagement les résolutions que les circonstances commandent, et exécuter avec une inébranlable fermeté, avec une volonté de fer, ce qu'il a une fois résolu. La parole de vérité que Dieu a mise sur les lèvres de son représentant et qui, découlant d'elles et réunissant les eaux des hauteurs, est devenue bientôt un torrent majestueux, cette parole n'a point tardé à trouver un assez puissant défenseur dans la personne d'un souverain qui comprend la mission honorable assignée depuis des siècles à sa race et à sa nation. Ce prince a su arrêter le premier choc des puissans adversaires de T'Eglise, comme avait fait jadis déjà son illustre aïeul. De cette manière, Dieu a voulu donner également aux hommes de bonne volonté une part à l'œuvre et à la bénédiction qui s'y trouve attachée. Ensuite le Seigneur a envoyé ses anges au milieu des peuples de la terre ; ils eurent ordre, d'une part, de frapper d'anathème et d'aveuglement tous ceux qu'ils trouveraient avoir péché contre l'EspritSaint, de couvrir leurs yeux d'un épais nuage, de troubler tellement leur raison

[ocr errors]

des autres. Aussitôt il s'est répandu sur les peuples catholiques un souffle semblable aux doux zéphir qui rase la surface des eaux; les ondulations, qui se sont formées çà et là, ont communiqué leur mouvement au flot voisin et étendu de la sorte la vie dans toute cette masse naguère encore livrée à une dangereuse inertie; le calme, qui avait duré trop long-temps déjà, préparant la dissolution et la corruption, a cessé pour faire place à une joyeuse agitation, à un bouillonnement par lequel toutes choses se renouvellent par le fond même de leur être. Les populations catholiques ont donc un juste sujet de ne pas perdre courage; car elles ont un Sauveur qui ne les abandonne jamais et qui jamais ne trompera la confiance qu'elles mettront en lui. On sait du reste que, dans la lutte des intelligences, les canons, les baïonnettes, les sabres, la force brutale, ne sont pour rien dans la balance; la tête et le cœur entrent seuls en ligne de compte; du moment où ces deux choses sont bien organisées, toute puissance extérieure sera confondue et réduite au néant. Les soulèvemens et les excès ne pourraient que retarder le triomphe de la bonne cause, parce que, naissant du principe mauvais, ils ne peuvent servir en rien le bon principe: ce qui assure le succès, c'est un maintien ferme, calme et invariable. C'est ce maintien que les populations ont su prendre et conserver jusqu'ici avec une énergie à laquelle on ne saurait assez donner d'éloges, et ce, dans tous les rangs de la société ; il n'en faut pas davantage 2 quant à l'extérieur, pour ne laisser aucun doute sur l'issue de la lutte. Le souffle répandu sur les ossemens arides pour les rappeler à là vie passe de l'Occident à l'Orient; il éveillera toujours un plus grand nombre de frères endormis, afin d'en faire des combattans et des auxi

mensonge verra clairement l'impossibilité d'arriver jamis à la réalisation de ses plans, il rebroussera chemin de luimême pour prendre la fuite.

liaires valeureux; et quand l'esprit de | tion tellement abondante, que la plus prodigieuse activité humaine n'aurait jamais pu opérer rien de semblable, eux qui, par conséquent, trouvent dans leur propre cœur la plus douce satisfaction. Quand ces deux pontifes, et tous les prê tres qui souffrent persécution, rediront dans leur office de chaque jour la prière du Psalmiste: « Salvum me fac, Domine, quoniam defecit sanctus; quoniam di

Telles sont les réflexions qui se sont présentées à l'esprit de l'observateur dans le cours de la mémorable année qui vient de finir. Il n'est pas un homme impartial qui ne reconnaisse la vérité et l'évidence incontestable qu'elles portent en elles-minutæ sunt veritates à filiis hominum. mêmes; il n'est pas un esprit loyal qui ne désire les voir accueillies par tous ceux dans lesquels elles peuvent se réaliser et porter fruit. Puissent ces mêmes réflexions consoler le pasteur de Cologne enlevé à l'amour de son troupeau et tenu captif loin de son église! puissentelles consoler aussi son digne confrère dans l'épiscopat, lequel, au mépris de toutes les menaces du pouvoir, défend énergiquement les droits et les immunités de la communion catholique! Si toutefois ils avaient, l'un et l'autre, besoin de consolation, eux que Dieu a choisis pour opérer de si grandes mer. veilles, au dévouement et à la persévérance desquels il a attaché une bénédic

Vana loculi sunt unusquisque ad proxi-
mum suum: labia dolosa, in corde et
le Seigneur leur
corde locuti sunt ; » —
répondra aussitôt par la bouche du même
prophète royal : ‹ Propter miseriam in-
opum et gemitum pauperum nunc exur-
gam, dicit Dominus; ponam in salutari;
fiducialiter agam in eo;...disperdam uni-
versa labia dolosa et linguam magnilo-
quam, qui dixerunt : Linguam nostram
magnificabimus; labia nostra à nobis
- Ces
sunt; quis noster Dominus est? ›
paroles déposées par le Très - Haut au
fond de leur âme ranimeront en eux une
sainte confiance, et ils commenceront
avec allégresse la seconde année de la
lutte glorieuse. ›
GOERRES.

[ocr errors]

BULLETINS BIBLIOGRAPHIQUES.

LE CATHOLIQUE DE SPIRE.

Octobre 1838.

I. Histoire du droit de collation dans l'Église catholique (suite et fin), depuis la sécularisation de 1803 jusqu'en 1830.

(Nous signalons à nos lecteurs ce travail excellent et approfondi sur les usurpations graduelles du pouvoir temporel dans l'Église; il acquiert dans les circonstances actuelles un intérêt nouveau : il mérite une étude sérieuse, et peut-être les honneurs de la traduction.)

II. Lettre pastorale de Mgr l'évêque d'Ermeland, sur les mariages mixtes.

III. Examen des thèses de Mgr l'archevêque de Cologne contre l'hermésianisme.

IV. État de l'Église en Suisse.
BIBLIOGRAPHIE.

1. Conférence pastorale du diocèse de Constance, de
1803 à 1827.

2. Continuation de l'Histoire de la religion du comte de STOLBERG, par M. de KERZ; vol. 30 et 31, de l'année 936 à 987.

3. Le Pontificat romain expliqué archéologiquement, par M. NICKEL, chanoine de Mayence.

4. Introduction à la Philosophie de Baader, par Fr. HOFFMANN, professeur à l'Université de Würtzbourg.

5. OEuvres posthumes de GUGLER.

6. Lettre sur le Saint-Siége, par M. l'abbé LACORDAIRE, avec une introduction de GUIDO GOSBRES.

CATHOLIQUE.

Numéro 39.

Mars 1839.

Sciences Physiologiques.

COURS DE PSYCHOLOGIE CHRÉTIENNE.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Dans la leçon précédente, qui était destinée à servir d'introduction à notre

cours de psychologie chrétienne, après avoir jeté un coup d'œil sur l'état actuel de la science psychologique, en général, nous avons essayé d'indiquer les causes qui en ont arrêté les progrès, nous appuyant surtout sur l'erreur capitale de tous les psychologues modernes, qui consiste à vouloir se retrancher exclusivement dans les recoins ténébreux de la conscience, sans faire attention aux opinions généralement reçues, et surtout sans se soumettre à cet enseignement divin qui a résolu la plupart des questions

(1) Voir la pre leçon, t. vi, p. 243. TOME VII. - N° 59, 1839.

fondamentales de la science, telles que la nature de l'âme comme substance, son origine, sa fin, et avant tout, son état actuel par rapport à la liberté. Nous avons alors esquissé la méthode que nous nous proposons de suivre, et indiqué sommairement la classification que nous comptons adopter.

Tout phénomène quelconque, tant dans l'ordre physique que dans l'ordre métaphysique, implique l'existence d'une substance de laquelle il dépend. Nous commencerons donc cette première leçon, par un examen de l'âme comme substance. En remontant jusqu'à l'étymologie du mot substance (sub se stans), nous trouverons que l'idée qui s'y attache est extrêmement générale, et partant très vague. On pourrait peut-être la formuler ainsi : ce qui EST d'une ma nière absolue, c'est-à-dire indépendam.

ment de tout mode et de tout accident. Nous arrivons à la connaissance de le

substance de deux manières opposées, par l'intuition et par l'analyse. D'abord par l'intuition. C'est une vérité bien simple, que toute chose avant d'agir doit exister, et que par conséquent tout phénomène implique nécessairement l'existence d'une substance dont il dépend comme condition sine quâ non. D'un autre côté, dans les expériences ordi, naires de la physique, où nous procé

11

dons par l'analyse, nous finissons par ar- | physiologiques on est parvenu à découriver à la substance en détachant un par vrir que toute la substance du corps est un les accidens qui l'enveloppent. L'ana- renouvelée plusieurs fois dans le courant lyse rigoureuse des corps nous conduit à d'une vie de longueur ordinaire, il faut une substance unique et identique, qu'on que l'âme, que le moi, cette unité perest convenu de nommer matière; sub- manente et invariable, soit.substantielstance sans laquelle aucun phénomène lement indépendante du corps. Or, nous physique ne peut avoir lieu, et dont ne connaissons que deux substances, la l'existence permanente reste démontrée, matière et l'esprit. Si l'on nous répond quoiqu'elle échappe à tous nos sens. L'a- que nous ne connaissons pas l'esprit nalyse nous conduit aussi à certaines comme substance, nous pouvons en dire qualités constantes qui ne lui manquent autant de la matière, comme nous vejamais, et sans lesquelles nous ne pou- nons de voir; nous ne connaissons ni l'un vons pas concevoir son existence, même ni l'autre que par leurs phénomènes resdans ses formes les plus subtiles. Ces pectifs. Pour éluder cette déduction riqualités, qui s'appellent des qualités es- goureuse de la spiritualité de l'âme, il sentielles, constituent en effet tout ce faut se jeter dans des formules ténébreuque nous savons de la matière comme ses où le sens des paroles se voile dans substance. Mais la substance qui forme un vague insaisissable, dernière resl'objet de notre examen est loin d'être source de ces esprits qui sont aveuglés sujette aux mêmes conditions primor- par l'orgueil : telles que, l'âme est le rédiales au lieu d'être étendue et impé- sultat de l'organisme comme la vie; ou, nétrable, elle est sans rapports avec l'es- la pensée peut être un accident de la mapace; au lieu d'être divisible, elle est tière tout comme l'attraction. De telles essentiellement une; et au lieu d'être propositions, étant des propositions très inerte, elle est douée de spontanéité. complexes, ne sont pas sans danger pour Nous voilà donc saisis d'une substance un certain nombre d'esprits. Elles rennouvelle. Comment la nommerons-nous? ferment, en effet, de quoi arrêter les Si nous procédons par la méthode à pos- personnes qui n'ont pas une connaisteriori, en partant du corps pour trouver sance suffisante des sciences physiques l'âme, nous serons réduits à l'emploi et métaphysiques sur lesquelles elles red'une formule négative, et nous l'appel- posent. Ainsi, chacun s'empare de palerons une substance im-matérielle. Mais reilles discussions à ses risques et périls. si, au contraire, nous laissons là l'ana- | L'ordre établipar Dieu dans la connaislyse, qui ne peut guère nous servir dans sance de l'être, c'est la foi, puis la une matière où la parole de Dieu nous a science. Nous avons tous commencé par déjà éclairés de sa divine lumière, nous connaître Dieu et la sainte vérité, avant reconnaîtrons la substance par excel- de bâtir tous ces vains systèmes qui nous lence, la substance spirituelle, commune perdent, et pour lesquels nous aurons à la nature divine comme à la nature hu- un jour à répondre devant un tribunal maine et aux anges. Dieu est un esprit rigoureux; car il ne suffit pas de renier (Deus est spiritus); les anges sont de Dieu pour échapper à sa justice terrible. purs esprits; et l'homme? L'homme, Mais quand la foi est affermie, il n'est lon la belle définition de M. de Bonald, pas seulement louable de recourir à la est une intelligence (un esprit) servie par science pour comprendre ce que nous des organes. Il dépend, c'est vrai, dans croyons; c'est même une négligence l'ordre actuel des choses, de son organi- coupable de ne pas le faire, comme nous sation physique ; cependant, un examen enseigne le grand saint Anselme: Neglipeu approfondi suffit pour découvrir que gentia mihi videtur si, postquàm confir son corps est à lui, et non pas lui. mati sumus in fide, non studemus quod credimus intelligere.

se

Si de nos jours on avait besoin d'une démonstration physique de l'immatérialité de l'âme, Lous la trouverions dans la conscience permanente de notre identité. Comme par une série d'expériences

Cette substance spirituelle dont nous venons d'établir l'existence, a-t-elle aussi des qualités essentielles reconnues? Bien certainement; et nous verrons qu'elles

peuvent être réduites à trois, c'est-à-dire | l'activité : d'ailleurs, il nous parait que à l'unité, à la spontanéité et à la con- l'identité n'est que la conséquence logiscience. Nous ne pouvons pas même con- que de l'unité; car ce qui est un est incevoir un esprit, soit l'esprit souverain, variable et par conséquent identique à créateur de toutes choses, soit un ange lui-même ; ce que M. Damiron paraît adou un homme, comme divisible ou mul- mettre quelques pages plus loin. Quant à tiple. Quant à leur mode d'action, il est ses attributs secondaires, nous préférons nécessairement spontané, puisqu'il ne n'y voir que des formes de la conscience peut pas être le résultat d'une force ma- | objective; car le moi a la conscience non térielle; et quant à la conscience, comme seulement de son être propre, mais aussi nous ne pouvons pas supposer des ac- des objets qui l'entourent et qui le mòtions spontanées et libres sans intention, difient, dans l'ordre contingent par les. nous ne pouvons pas supposer que ceux sens, dans l'ordre absolu par la raison, qui en sont les sujets soient privés de et dans l'ordre divin par la foi; car conscience. Pour agir, il faut avoir une après tout, l'objet immédiat du moi dans perception nette de l'objet sur lequel on la sensation n'est qu'une modification veut agir; et la perception d'un objet est de sa propre substance; ce qui est telleinséparable de la perception du sujet, ment vrai, que les argumens de Berke c'est-à-dire de la conscience dans sa ley et de Hume contre l'existence d'un forme objective; le moi et son objet, monde extérieur, restent sans réponse. l'objet réfléchi dans le moi, et le moi, Tout ce que la psychologie peut établir du centre de son unité, tendant vers sans l'aide de l'enseignement, c'est le moi l'objet par une action spontanée. et ses modifications; car toutes ces perceptions des sens, par lesquelles nous connaissons l'univers matériel, par lesquelles nous le voyons, nous le palpons à ne pouvoir douter de son existence réelle, ne sont, en dernière analyse, qué des manières d'être du moi, substance purement spirituelle. Pour les personnes qui désirent mettre notre nomenclature en harmonie avec celle de M. Damiron, nous observerons que ses qualités secondaires, de l'intelligence et de la sensibilité, nous les conservons, avec un léger changement dans les termes, comme des facultés; seulement, nous y ajoutons une troisième, la foi. Quant à la liberté, sans la regarder comme une qualité de l'âme, nous l'examinons attentivement comme conséquence de la spontanéité, et surtout dans ses rapports avec le péché.

Nous rappellerons ici à nos lecteurs ce que nous avons dit dans notre leçon d'introduction sur le caractère arbitraire des classifications, et sur l'intention que nous avions de mettre la nôtre, autant que possible, en harmonie avec celles qu'ont adoptées nos prédécesseurs. Nous croyons donc qu'il est convenable de dire quelques mots sur la classification adoptée par un auteur très répandu en France et qui peut être regardé en quelque sorte comme résumant les travaux de l'école éclectique (1). Cet auteur commence par poser le moi, l'être qui se sait el se voit, sui conscius, et il lui attribue les propriétés ou attributs suivans: l'activité, l'unité, l'identité personnelle, l'intelligence, la sensibilité, la liberté et ses conséquences. Trois de ces propriétés, savoir, l'activité, l'unité et l'identité, sont regardées comme primitives. Nous n'avons pas cru pouvoir adopter cette classification pour plusieurs raisons. D'abord, il nous paraît que la conscience doit figurer parmi les qualités primitives ou essentielles de l'âme; car la conscience n'est pas le moi, mais bien une qualité ou un attribut du moi tout comme

(1) M. Damiron, auteur d'un Cours de Philosophie divisé en deux parties, dont la première est consacrée à la psychologie.

Le peu de mots que nous venons de prononcer aurait pu suffiré, à ce qu'il nous paraît, pour établir les faits primitifs qui doivent servir de base à notre science, savoir: que le moi est une substance essentiellement une, et qu'elle est douée de spontanéité et de conscience; cependant, nous ajouterons encore quelques mots sur ces deux dernières qualités.

La conscience, qui est la première des qualités essentielles dans l'ordre logique et celle que nous pouvons nommer, par

« ZurückWeiter »