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leurs vainqueurs. Permis à l'Italie de s'applaudir de ses barrières naturelles. Les poitrines des Français, contrairement à la prévision du Tasse, en ont toujours été de plus impénétrables aux envahissemens étrangers, que les Alpes elles-mêmes ne l'ont jamais été pour l'Italie. Et afin que le poète errât jusqu'à la fin, tandis que l'Italie, suivant lui, domine l'Afrique de sa puissance, c'est nous qui avons brisé les fers des Toscans et des Napolitains esclaves dans les bagnes des pirates. Nous avons porté nos armes par-delà la mer ; et en dépit de la prédiction, nous les y avons maintenues. On voit que l'opinion du Tasse n'était généralement pas favorable à la France, et cependant il y avait été bien accueilli. Quelques auteurs prétendent même qu'il retourna en Italie riche et comblé de présens (1). Suivant d'autres, sa philosophie s'opposa aux grâces qu'on voulait lui faire (2). Mais ce qu'il y a de singulier, c'est que Balzac le représente au contraire comme réduit à la mendicité en quelque sorte pendant ce voyage de France. Ce fait, s'il était vrai, expliquerait peut-être la rancune du Tasse, habitué qu'il était aux largesses des grands seigneurs italiens. —‹ Monsieur l'admiral de Joyeuse, raconte Balzac, donna une abbaye pour un sonnet. La peine que prit M. Desportes à faire des vers lui acquit un loisir de dix mille escus de rente. Mon père, qui l'a vu, m'en a assuré. Mais il m'a assuré aussi que dans cette même cour où l'on exerçait de ces

(1) Ménage, Observations sur l'Arioste. (2) De Charnes, Vie du Tasse.

libéralités et où l'on faisait de ces fortunes, plusieurs poètes étaient morts de faim, sans compter les orateurs et les historiens dont le destin ne fut pas meilleur. Dans la même cour, Torquato Tasso a eu besoin d'un escu, et l'a demandé par aumône à une dame de sa connaissance. Il rapporta en Italie l'habillement qu'il avait apporté en France, après y avoir fait un an de séjour. Et toutefois, je m'assure qu'il n'y a point de stance de Torquato Tasso qui ne vaille autant pour le moins que le sonnet qui a valu une abbaye (1). ►

Ce qu'il y a de certain, c'est que vers cette époque, le Tasse se plaignait vivement de l'avarice du cardinal, avarice dont il n'usait peut-être envers nul autre, et les cartes commençaient à se brouiller entre eux. Quelle fut la première cause de cette mésintelligence? On ne sait; mais il paraît que Torquato fut accusé de se montrer trop peu fervent catholique au milieu des troubles religieux qui désolaient alors l'état (2). Le cardinal lui fit visage de pierre, et le poète demanda son congé. Ce fut vers la mi-décembre 1571 qu'il quitta la France. Il se rendit d'abord à Rome, puis à Ferrare où l'appelait Alphonse II, et où ses illusions de poète devaient être suivies de déceptions si cruelles. EUGÈNE DE LA GOURNERIE.

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LES CAPTIFS, OU LA FOI SAUVÉE EN ISRAEL,

Poème en douze chants, par A.-N.-B. DELAVAULt (1).

L'ENFANTEMENT DE LA VIERGE,

Poème de Sannasar, traduit du latin en vers français par le marquis de VALORI (2).

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Où en est, par le temps qui court, la poésie, la belle et sainte poésie? Est-elle vivante? est-elle morte? est-elle seulement endormie? Telles sont les questions qu'au milieu du mouvement politique et industriel qui nous emporte s'adressent encore avec anxiété quelques âmes choisies qui prennent en pitié tout ce qui n'est pas de leur ciel. On ne peut nier qu'après plusieurs années de splendeur la poésie ne subisse aujourd'hui une sorte d'éclipse. Parmi les astres qui s'étaient levés sur elle et qui promettaient de la féconder et de la faire fleurir, les uns, et ce sont les plus brillans, commencent à pålir; les autres sont entièrement éteints; en sorte qu'elle n'a plus rien pour se vivifier, ni les encouragemens publics, ni la grandeur des événemens, ni la lutte qui s'était établie entre deux écoles littéraires, et qui aujourd'hui est tout-à-fait épuisée; elle n'est plus soutenue que par l'immortalité qui lui a été promise comme à l'âme de l'homme ; car la poésie, c'est l'âme avec toutes ses sublimités et toutes ses délicatesses, l'âme élevée à sa plus haute puissance, l'âme divinisée. Ne dites donc pas qu'elle est morte; elle n'est qu'endormie : Non est enim mortua puella, sed dormit. Elle peut se réveiller à la voix d'un Dieu; mais il faudrait peut-être auparavant, comme l'ordonne le Christ dans l'Evangile, mettre dehors les joueurs de flûte et

(1) 1 vol. in-8o, chez Debécourt.

la foule, tibicines et turbam, c'est-à-dire cet essaim de poètes frivoles qui font du bruit autour de sa couche, et qui la déshonorent par leurs chants vulgaires ou profanes.

Tel n'est pas M. Delavault. Il a puisé au contraire à la source la plus pure et la plus élevée ses inspirations poétiques: c'est dans la Bible et dans l'un de ses récits les plus touchans, dans l'Histoire de Tobie, qu'il a pris le sujet de son poème des Captifs. Il n'y a rien dans l'antiquité et dans les temps modernes de comparable, pour la grâce et la suavité du coloris, à cette églogue des anciens jours, devant laquelle pâlissent toutes celles des Grecs et des Romains, remplies pourtant de ravissantes beautés. M. Delavault, préoccupé d'une idée plus haute, n'a pas craint de transformer l'églogue en épopée; il n'a pas seulement vu dans Tobie le modèle de la piété filiale, mais encore le sauveur de la foi en Israël, le père des apôtres futurs du Christ. S'appuyant sur divers passages de l'Ecriture qui donnent à la tribu de Nephtali, à laquelle appartenait Tobie, une sorte de prééminence, et notamment sur celui-ci Nephtali sera comme un cerf qui s'échappe, et la grâce sera répandue sur ses paroles; se rappelant que le Sauveur a prêché plus souvent et plus long-temps dans cette partie de la Judée que partout ailleurs, et enfin que les

(2) Vol. in-8°, chez Curmer, rue de Richelieu, no 49, et chez Rusand, rue Hautefeuille, no 9; prix : 7 f. 80 (3) 1 vol. in-8o, à Paris, chez Belizard, éditeur, rue de Verneuil; prix: 7 fr. 80.

(4) 1 vol. in-8°, à Paris, chez Urbain Canel.

:

apôtres saint Simon, saint Matthieu, saint Pierre, saint Jacques, saint André, saint Philippe en sont issus, il a fait du jeune Tobie un autre Abraham et un autre Jacob, chargé des destinées de l'humanité; il a sans cesse mêlé dans son poème l'avenir au passé, la loi nouvelle à la loi ancienne; en sorte que ce sont comme deux voix harmonieuses qui se répondent à travers les siècles, et dont l'une prélude aux chants que l'autre doit faire entendre. Cette idée a fourni à l'auteur de riches et brillans développemens; mais je crains qu'elle n'ait altéré un peu le type primitif et ce parfum de simplicité patriarcale qu'on respire dans le naïf récit de l'écrivain sacré. Ainsi, le pèré de Tobie n'est plus cet humble captif qui ensevelit dans la nuit les morts de sa tribu, qui vit et meurt ignoré c'est le représentant d'Israël à la cour d'Assyrie; il devient même vers la fin de sa carrière le ministre et le favori d'un roi; le jeune Tobie n'est plus ce simple et timide enfant qui ne connaît d'autre gloire que de rapporter fidèlement à son père l'argent de Gabael, d'autre bonheur que d'unir sa main à celle de la modeste Sara: c'est déjà un grave et prophétique personnage, dont tous les pas sont comptés et qui marche courbé sous le poids de l'avenir; l'ange même a perdu ce voile doux et transparent qui couvrait sa céleste origine; il quitte trop souvent le ton familier du frère et de l'ami, pour prendre l'attitude et le langage d'un ardent révélateur des décrets éternels; le bâton de voyage devient dans sa main la verge de Moïse. Ce ne sont pas les seuls inconvéniens du plan choisi par l'auteur; il lui a fallu, pour le remplir, appeler à son aide les épisodes les plus étrangers à son sujet, et parler de tout à propos de Tobie, même de Jeanne d'Arc! il a fallu aussi, selon l'usage antique et solennel, représenter en deux chants parallèles l'enfer et le paradis, vieilles machines à reléguer pour jamais dans l'arsenal de l'épopée classique. Un enfer et un paradis, après Dante et Milton, c'est refaire le Jugement dernier de Michel-Ange, et encore je comprends la copie d'un beau tableau qui ne peut être admiré que dans un seul lieu à la fois; mais la copie de chefs

d'œuvre qui remplissent le monde, à quoi bon?

Voilà les défauts du poème des Captifs. Voici maintenant les beautés : elles ressortent presque toutes du fond et non des accessoires du sujet ; ce qui prouve à l'auteur qu'il a eu tort de s'en trop écarter. Lorsqu'il revient au récit simple de la Bible, il en rend assez fidèlement les couleurs; son style est plus pur, moins diffus, plus harmonieux; il y a de la grâce et du sentiment, comme on en peut juger par la peinture du Mariage de Tobie :

Le couple est à genoux; quel moment pour Edna!
Elle a couvert le front de la chaste Sara
De ce voile sacré, symbole du mystère;
Le ciel en ce moment s'abaisse vers la terre.

Les époux consacrés, image du séjour
Qu'au sein de ses enfans choisit le Dieu d'amour,
Du Testament nouveau renfermaient l'espérance.
D'un pas majestueux l'heureux vieillard s'avance;
Et joignant les deux mains de ses enfans pieux,
Il leur a présenté l'anneau mystérieux;
Il a dit la formule antique et révérée
Qui doit éterniser cette union sacrée.
Dans leurs sermens d'amour et de fidélité,
Le Dieu qui les unit est par eux attesté;
Pour eux témoigne aussi cette auguste assemblée.
Quel brillant avenir pour Sion consolée!...
Par les anges de Dieu ces sermens solennels,
Inscrits au livre saint des décrets éternels,
De fastes glorieux sont la première page.
De leurs chants vers le ciel remonte encor l'hom-
mage:

UNE VOIX.

<< Croissez, ô nobles fils des saints! « Ah! que votre race immortelle «S'élève, beau platane au milieu des jardins, << Pour rendre au Dieu de paix un hommage fidèle; « Et que votre postérité,

<< Couronne de votre vieillesse,

«Se groupe autour de vous, ainsi que la richesse « D'un cep inépuisable en sa fécondité!

CHOEUR.

<< Toi que nous invoquons sur la terre étrangère,
« Dieu d'Abraham! bénis ce couple heureux!
« Au bien-aimé du ciel cette race si chère
« Doit réconcilier la terre avec les cieux! >

Un modeste banquet finit cette journée.
Cette tribu coupable, à l'exil condamnée,
Holocauste sans tache, et baume à leurs douleurs;
A de chers souvenirs donnait encor des pleurs,

Et quand le Mède, esclave au sein de la mollesse,
A chercher le bonheur se fatigue sans cesse,
Ges vertueux captifs, dans leur adversité,
Avec des plaisirs purs trouvent la liberté.
Mais ce n'est point ce chant de gloire et d'allégresse

Dont les fils de Sion, dans une sainte ivresse,
Fatiguaient les échos du temple profané!
Du temple saint, hélas! au crime abandonné!

Leurs harpes, dès long-temps veuves mélancoliques,
Oubliant du Seigneur les immortels cantiques,
Des douleurs de l'exil traînent les longs soupirs.

Nous devons aussi en terminant des éloges à la partie lyrique du poème, qui donne de la variété et du mouvement à la narration quand elle ne la prolonge pas outre mesure. Quant à la versification, pâle et traînante dans les premiers livres, elle se colore et se relève dans les derniers. En résumé : sujet religieux et poétique, défauts d'ensemble, nombreuses beautés dans les détails; au demeurant, excellente étude des livres saints; voilà, il me semble, un jugement qui n'a rien de décourageant ni pour l'auteur ni pour ses lecteurs.

L'Enfantement de lalierge, traduit de

Sannasar. Un auteur dont la vie et les Ouvrages sont l'expression fidèle de son siècle est toujours pour la critique et pour l'histoire une curieuse étude; on éprouve à sa lecture le même intérêt qu'à la vue d'une vieille peinture, image et témoin d'un autre âge, ou de quelque antique édifice qui porte gravé sur ses murailles noircies le cachet du temps et des hommes qui l'ont vu s'élever. Aujourd'hui on est si avide de couleur lo cale, qu'elle tient presque lieu de tout autre mérite. C'est donc un véritable service que M. le marquis de Valori a rendu aux lettres en nous faisant connaitre, par une savante notice, la personne de Sannasar et en traduisant son meilleur ouvrage : De Partu Virginis.

Sannasar est né à Naples, au milieu du quinzième siècle (1458), à cette époque dite de la Renaissance, où la littérature classique, jaillissant de toutes parts comme d'une source ignorée, fermentait dans toutes les têtés, et portait une sorte de trouble et d'enivrement dans les plus fortes intelligences, abreuvées jusqu'àlors des eaux pures et bienfaisantes du Christianisme. Issu d'une famille illustre, déchue de son ancienne opulence, il passa ses premières années dans l'é tude et dans la retraite, sans aller se corrompre dans ces petites cours d'Italie, qui reproduisaient alors les mœurs avec

les idées du paganisme; contemporain des Vida, des Sadolet, des Bembo, des Ange Politien, il était à la fois poète, érudit, théologien, et même homme d'é tat au besoin. Sa jeunesse exhale déjà je ne sais quel parfum d'antiquité, qui pour nous à perdu sa saveur, mais qui était alors dans toute sa nouveauté. Il se choisit pour conseiller et pour guide Jean Pontanus, qu'on appelait le cheval de Troie, à cause des grands poètes, des capitaines illustres et des fameux orateurs sortis de son école; il prend lui. même le surnom latin d'Actius Sincerus, Devenu amoureux d'une jeune Napolitaine, il la chante sous les noms d'Ardmante, de Phyllis et de Charmosyne, qui signifient en gree joie, amour, immortelle; il déplore sa mort dans une longue églogue, où un sentiment vrai est noyé dans les flots d'une poésie mythologique et virgilienne. Il a au pied du Pausilippe une délicieuse campagne, appelée VillaMergillina, et la célèbre dans une ode charmante, digne d'Horace et de Tibur. Mais le poête, vaincu par le chrétien, n'ose pas consacrer son toit domestique à Vénus ou Apollon; il le place sous le patronage de saint Nazaire, qu'il comptait parmi ses ancêtres. L'ode d'Horace finit comme une hymne de Santeul :

O Deus cœli, simul et tuorum
Rite quem parva veneramus æde,
Cui frequentandas populis futuris
Ponimus aras.

Il avait un tel enthousiasme pour Virgile, qu'il ne cessait tous les ans, comme Silius Italicus, d'en solenniser la naissance dans un banquet, auquel assistaient ses plus intimes amis; et pour compléter l'illusion, le repas était servi par un jeune esclave d'Ethiopie, nommé Hiempsal, qu'il avait affranchi, et auquel il avait appris à chanter les élégies de Tibulle sur une musique qu'il avait composée lui-même. Son premier ouvrage, l'Arcadia, est une pastorale en langue vulgaire, dans le goût de l'Aminte et du Pastor fido. Mais, revenu bientôt à la muse latine, il composa ses églogues maritimes (piscatoria), comparables, pour la grâce et l'élégance, à celles de Théocrite.

Voulez-vous savoir maintenant qui lui

apôtres saint Simon, saint Matthieu, saint Pierre, saint Jacques, saint André, saint Philippe en sont issus, il a fait du jeune Tobie un autre Abraham et un autre Jacob, chargé des destinées de l'humanité; il a sans cesse mêlé dans son poème l'avenir au passé, la loi nouvelle à la loi ancienne; en sorte que ce sont comme deux voix harmonieuses qui se répondent à travers les siècles, et dont l'une prélude aux chants que l'autre doit faire entendre. Cette idée a fourni à l'auteur de riches et brillans développemens; mais je crains qu'elle n'ait altéré un peu le type primitif et ce parfum de simplicité patriarcale qu'on respire dans le naïf récit de l'écrivain sacré. Ainsi, le père de Tobie n'est plus cet humble captif qui ensevelit dans la nuit les morts de sa tribu, qui vit et meurt ignoré : c'est le représentant d'Israël à la cour d'Assyrie; il devient même vers la fin de sa carrière le ministre et le favori d'un roi; le jeune Tobie n'est plus ce simple et timide enfant qui ne connaît d'autre gloire que de rapporter fidèlement à son père l'argent de Gabael, d'autre bonheur que d'unir sa main à celle de la modeste Sara : c'est déjà un grave et prophétique personnage, dont tous les pas sont comptés et qui marche courbé sous le poids de l'avenir; l'ange même a perdu ce voile doux et transparent qui couvrait sa céleste origine; il quitte trop souvent le ton familier du frère et de l'ami, pour prendre l'attitude et le langage d'un ardent révélateur des décrets éternels; le bâton de voyage devient dans sa main la verge de Moïse. Ce ne sont pas les seuls inconvéniens du plan choisi par l'auteur; il lui a fallu, pour le remplir, appeler à son aide les épisodes les plus étrangers à son sujet, et parler de tout à propos de Tobie, même de Jeanne d'Arc! il a fallu aussi, selon l'usage antique et solennel, représenter en deux chants parallèles l'enfer et le paradis, vieilles machines à reléguer pour jamais dans l'arsenal de l'épopée classique. Un enfer et un paradis, après Dante et Milton, c'est refaire le Jugement dernier de Michel-Ange, et encore je comprends la copie d'un beau tableau qui ne peut être admiré que dans un seul lieu à la fois; mais la copie de chefs

d'œuvre qui remplissent le monde, quoi bon?

Voilà les défauts du poème des Captifs. Voici maintenant les beautés : elles ressortent presque toutes du fond et non des accessoires du sujet ; ce qui prouve à l'auteur qu'il a eu tort de s'en trop écarter. Lorsqu'il revient au récit simple de la Bible, il en rend assez fidèlement les couleurs; son style est plus pur, moins diffus, plus harmonieux; il y a de la grâce et du sentiment, comme on en peut juger par la peinture du Mariage de Tobie :

Le couple est à genoux; quel moment pour Edna!
Elle a couvert le front de la chaste Sara
De ce voile sacré, symbole du mystère;
Le ciel en ce moment s'abaisse vers la terre.
Les époux consacrés, image du séjour
Qu'au sein de ses enfans choisit le Dieu d'amour,
Du Testament nouveau renfermaient l'espérance.
D'un pas majestueux l'heureux vieillard s'avance;
Et joignant les deux mains de ses enfans pieux,
Il leur a présenté l'anneau mystérieux;
Il a dit la formule antique et révérée
Qui doit éterniser cette union sacrée.
Dans leurs sermens d'amour et de fidélité,
Le Dieu qui les unit est par eux attesté;
Pour eux témoigne aussi cette auguste assemblée.
Quel brillant avenir pour Sion consolée!...
Par les anges de Dieu ces sermens solennels,
Inscrits au livre saint des décrets éternels,
De fastes glorieux sont la première page.
De leurs chants vers le ciel remonte encor l'homa-
mage:

UNE VOIX.

« Croissez, ô nobles fils des saints!
« Ah! que votre race immortelle

« S'élève, beau platane au milieu des jardins,
<< Pour rendre au Dieu de paix un hommage fidèle;
« Et que votre postérité,
«Couronne de votre vieillesse,

«Se groupe autour de vous, ainsi que la richesse << D'un cep inépuisable en sa fécondité!

CHOBUR.

<< Toi que nous invoquons sur la terre étrangère, « Dieu d'Abraham! bénis ce couple heureux!

« Au bien-aimé du ciel cette race si chère
« Doit réconcilier la terre avec les cieux ! »

Un modeste banquet finit cette journée.
Cette tribu coupable, à l'exil condamnée,
A de chers souvenirs donnait encor des pleurs,

Holocauste sans tache, et baume à leurs douleurs;
Et quand le Mède, esclave au sein de la mollesse,

A chercher le bonheur se fatigue sans cesse,

Ces vertueux captifs, dans leur adversité,
Avec des plaisirs purs trouvent la liberté.
Mais ce n'est point ce chant de gloire et d'allégresse

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