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Personne ne répondit aux sarcasmes | parition de l'Esprit des Lois éveilla l'atirréligieux de ce livre, alors on ne pensait qu'à la bulle Unigenitus. › Ce ne fut que trente ans après qu'il s'éleva, pour en montrer l'impiété, une voix tardive, quand le funeste effet de l'ouvrage était produit depuis bien long-temps (1). L'ap- Il parut en effet une foule d'imitations bien inférieures en tous points à leur modèle; preuves déplorables et heureusement oubliées de cette corrup

tion des mœurs dont les Lettres persanes, en badinant, traçaient déjà le triste tableau (lett. 55, 36), et qu'elles avaient contribué à répandre.

(1) Les Lettres persanes convaincues dimpiété, 1731. - Réplique du gazetier ecclésiastique à la Défense de l'Esprit des Lois, à la fin, 1750.

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tention; on vit le rapport de ces deux ouvrages, et dans le second le développement des principes semés dans le premier (1). Mais jusque là l'auteur jouit en paix de son succès. Le secret de son nom fut bientôt découvert; on sut que l'on devait les Lettres persanes à un jeune magistrat de trente-deux ans, né d'une noble famille de Guienne, Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu.

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LES MOEURS CATHOLIQUES, OU LES AGES DE FOI.
ARCHÉOLOGIE, LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE CATHOLIQUE.

Il se fait depuis quelque temps, en Angleterre, un mouvement vers le catholicisme que l'on doit remarquer. Quelques uns des plus savans hommes et des plus belles intelligences de ce pays se trouvent dans ce mouvement, l'accélèrent et le dirigent, Déjà il s'y forme une littérature catholique qui promet d'avoir sa gloire ainsi que ses résultats. Nous avons déjà parlé des travaux scientifiques du docteur Wiseman. Nous en annonçons aujourd'hui d'un autre genre, mais de la même tendance, du même intérêt, et peut-être d'un intérêt plus curieux; les recherches aussi sont plus vastes, et les sujets abordés plus nom. breux : nous voulons parler du grand ouvrage de M. Digby, si avantageusement connu en Angleterre, sous le titre de Mores catholici, Mœurs catholiques, ou Ages of Faith, Ages de Foi. Ces âges de foi, c'est le moyen âge, et ces mœurs catholiques, ce sont les mœurs d'alors; c'est la vie chrétienne que l'on menait partout, quand partout régnait la foi : cette vie-là commence à être bien ou bliée aujourd'hui, et ce n'est pas sans étonnement que l'on en retrouve la description si belle, si vivante et si fraîche, dans le livre de M. Digby. On ne saurait dire combien d'ouvrages l'auteur a lus pour composer le sien; il les a lus tous,

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je crois; sa science étonne, et les choses inconnues qu'il nous révèle ont le charme le plus vif et l'intérêt le plus puissant. Nous ne savions plus comment vivaient nos pères quand ils étaient chrétiens; l'ouvrage de M. Digby nous l'apprend.

Frappées de la solidité, de l'agrément et de l'utilité de cet ouvrage pour la religion et la foi, des personnes zélées, des prêtres instruits, ont cru avec raison qu'il fallait que cet ouvrage passât dans notre langue; mais il fallait un bon traducteur, et ils sont rares; il fallait quelqu'un versé, non seulement dans la lan+ gue anglaise, mais encore dans les ma tières dont traite cet ouvrage anglais; et l'on s'est adressé à M. Daniélo, qui, par ses connaissances variées, par les re cherches qu'il a faites pour les Études historiques de M. de Châteaubriand, par les savans travaux qu'il a donnés luimême ensuite sur les villes de France, par ceux qu'ont exigés l'Histoire de la reine Blanche, la Vie de Madame Isabelle de France, sa fille, sœur de saint Louis et fondatrice de l'abbaye de Longchamp, qui vont paraître, a eu l'occasion, le besoin, la nécessité même de se familiariser avec le moyen âge et ses mœurs. Malgré la difficulté de l'entreprise, malgré ses travaux particuliers, M. Daniélo s'en est chargé avec tout le dévouement et le zèle

d'un homme qui se trouve toujours là où il y a du bien à faire. Il est inutile de parler ici du style de M. Daniélo; M. Daniélo a fait ses preuves depuis long

sons donc parler M. Digby par la bouche de son interprète.

CHAPITRE PREMIER.

temps; son style est vif, coloré, plein Introduction révélant l'origine et le dessein de cet

le

de verve et de chaleur, tel qu'il le faut en un mot pour faire lire en France un ouvrage anglais. Voici un assez long échantillon de la traduction de M. Daniélo. Ce n'est pas le passage le plus beau ni le plus curieux de l'ouvrage, mais c'en est l'introduction, le discours préliminaire, qu'il est important de connaître, car on y voit un aperçu du plan de l'ouvrage. C'est sans contredit, de l'aveu de l'auteur anglais lui-même, qui a vu et approuvé fort la traduction de M. Daniélo, c'est sans contredit de tout l'ouvrage, morceau le plus difficile, celui où le traducteur a eu le plus à lutter contre la phraséologie de son texte. L'auteur anglais, alors, dans sa première jeunesse littéraire, y a peut-être un peu trop sacrifié au vague obscur et aux généralités; le style est verbeux, la phrase est longue, la marche est lente, tous autant de tourmens pour la langue française. On verra qu'à ces petits défauts il y a de grandes indemnités. La rêverie de M. Digby est tendre et douce, pittoresqué et poétique; quelquefois la pensée est profonde, le coup d'œil vaste, l'érudition immense, et la philosophie élevée. On y reconnaît un homme d'un grand talent, un ouvrage d'une haute portée, d'un plan tout neuf; cet ouvrage, où une science profonde soutient et relève la piété et la foi; où la foi colore et inspire la science; où la piété la plus vraie, la plus douce, lui donne sa tendre onction, cet ouvrage manquait aux amis de la religion, aux personnes pieuses et aux défenseurs de la foi; nous l'avons lu avec admiration, et nous le leur offrons avec plaisir et le leur recommandons avec confiance.

Plus tard, lorsque l'auteur sort des considérations, des réflexions préliminaires, et entre dans les faits, il devient précis, net et rapide; tout y est substance, tout intérêt. Nous ferons connaître aussi des morceaux de ce genre; mais il faut lire auparavant celui-ci, et l'on verra qu'on en sera content, et que l'on finira par le trouver trop court. Lais

ouvrage.

Intérêt général attaché à l'histoire du moyen âge. Opinions de certains auteurs modernes sur cet âge. C'était l'âge de la foi. Avantage du plan qu'on se propose. Importance générale de l'instruction par les exemples. Avantages particuliers des exemples pour les chrétiens. - La religion est intimement liée avec l'histoire. - Ces études rétrospectives sbat précieuses surtout pour ceux qui vivent dans des contrées qui ont perdu la foi. L'Angleterre a encore un grand attachement pour les associations de l'antiquité chrétienne. Inconséquence de la direction exclusive des études vers la littérature classique. Droit du moyen âge à l'attention générale. De quelles sources seront tirés les matériaux de ces volumes, et quel style on y adoptera. L'objection qu'il n'est qu'un système, formulée et réfutée, ainsi que celle qui l'accuse de ne point suivre un plan suffisamment défini. - Remarques sur les objections réelles auxquelles il peut donner lieu.

( Encore à la troisième station de cette vie, si la moitié en est la sixième, et en ce jour d'allégresse où l'on parle de cette grande foule que nul ne peut compter, je me trouvai dans le cloître d'une abbaye où j'étais venu chercher la grâce de cette grande fête; c'était l'heure où le jour décline, et déjà le Placebo Domino avait retenti en accens solennels pour annoncer l'heure où commence cet office particulier de la charité des vivans pour ceux qui sont encore de l'Église souffrante.

Le bruit aigre et sec de la fermeture simultanée d'autant de livres reliés en chêne et en fer qu'il y avait de voix dans le chœur religieux, annonça comme un éclat de tonnerre la fin de ces vêpres lugubres.

Les saints hommes sortaient un à un et lentement, pour aller chacun à ses exercices particuliers. Alors une porte se fermant sur une autre porte, laissa résonner de longs échos, jusqu'à ce que un calme silentout retombât dans cieux, et que je fusse laissé seul sous les arches du cloître pour méditer sur la félicité des esprits bienheureux, et sur le désir qui presse et les vivans et les habitans de cette région où l'âme se pu

rifie de ses taches coupables, de se joindre à leur heureuse société.

Il me sembla aussi les entendre chanter l'ange puissant et brillant qui s'élève de l'aurore, les douze mille douze fois marqués et les élus de toute nation, de tout peuple et de toute langue, et les anges qui entourent le trône des cieux. Il me sembla entendre alors une voix semblable à celle qui dit au Dante: « Ce que tu entends, on le chante afin que tu ouvres ton âme aux eaux de la paix qui coulent et s'épanchent de leur source éternelle. Quel serait l'homme assez grossier et insensible pour n'avoir pas quelquefois passé un moment semblable à celui que décrit le chantre du Paradis, auquel le monde apparut comme s'il gisait au loin sous ses pieds; quivit ce globe sous un aspect si pitoyable que force lui fut d'en sourire, et qu'il tenait réellement pour le plus sage celui qui l'estimait le moins, et qu'il appelait et le plus digne et le meilleur celui dont les pensées étaient fixées autre part. Mais bientôt cet élan retombe, car l'esprit humain doit d'abord remplir sa tâche dans cette école de la vie où il est placé, pour préparer cette demeure à laquelle il aspire làhaut.

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suivi le Christ; âge d'une intelligence vaste et bienfaisante, dans lequel il plut au saint Esprit de déployer le pouvoir de ses sept dons dans la vie d'un Anselme, d'un Thomas d'Aquin, et de tout le saint troupeau dont les pas ont gardé le cloitre; âges de la plus haute vertu civile, qui donnèrent naissance aux lois et aux institutions d'un Edouard, d'un Louis, d'un Suger; âge des plus nobles arts, qui vit un Giotto, un Michel Ange, Raphaël, un Dominiquin; âge de poésie, qui entendit un Avitus, un Cœdmon, un Dante, un Shakespeare, un Caldéron; âge d'un héroïsme plus qu'humain, qui produisit un Tancrède et un Godefroy; âges de majesté, qui connurent un Charlemagne, un Alfred, et la sainte jeunesse qui porta les lys ; âge aussi de gloire anglaise, où elle se montra non indigne d'entrer en parallèle avec celle de l'empire d'Orient, le pays le plus véritablement civilisé du globe; où le souverain de la plus grande portion du monde occidental s'adressait à ses écoles pour avoir des maîtres; où elle envoya ses saints évangéliser les nations du nord, et répandre le trésor spirituel sur le monde entier; où les héros accouraient en foule à ses cours pour voir des mo

empereurs descendaient de leurs trônes pour aller adorer Dieu sur la tombe des martyrs, de sorte que, comme dit le Dante, il n'est point de langue qui puisse égaler un sujet si vaste, et que pour le célébrer la pensée et la parole sont impuissantes.

Et, toutefois, je ne me sentis nulle-dèles d'irréprochable chevalerie; où les ment affligé de cette vision brillante, et je ne la mis point en oubli; mes pensées se reportèrent sur les âges que la muse de l'histoire m'a depuis long-temps appris à aimer; car ce fut durant cet obscur et humble moyen âge, aux saintes annales, que ces multitudes d'esprits brillans prirent leur vol de ce sombre' monde vers les cieux. Le moyen âge, me dis-je alors, fut donc pour les hommes l'âge de la grâce la plus haute, un âge de foi, un âge où l'Europe entière était catholique, où l'on voyait en chaque lieu de réunion d'hommes s'élever des temples pour rendre gloire à Dieu, pour porter, élever les âmes à la sainteté ; où, au sein des bois et des monts désolés, aussi bien que sur les rives des lacs tranquilles, que sur les rocs solitaires de l'Océan, se trouvaient des maisons d'une règle et d'une paix saintes; âge de sainteté, comme le prouvent un Benoît, un Alcuin, un Bernard, un François, et la foule de ceux qui les ont suivis, comme ils eussent

TOME VII. — No 42, 1839.

Dans un petit ouvrage qui renfermait les réflexions, les espérances et même les joies d'une première jeunesse, nous avons autrefois essayé de passer en revue le moyen âge, sous le rapport chevaleresque; et bien que dans cette revue nous ayons eu l'occasion de visiter le cloître, et d'entendre, comme un voyageur qui ne s'arrête qu'une nuit, les conseils des sages et des saints, cependant nous ne pûmes jamais regarder la maison de la paix comme notre demeure. Nous en fûmes bientôt rappelé pour revenir dans le monde et à la cour de ses princes.

Je me propose maintenant de commencer une course plus paisible et sans prétention, car elle suppose uniquement

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que l'on a quitté le monde, et que l'on a été donné à leur faiblesse de sentir ce s'est séparé de ces vains fantômes d'hon-contraste cruel, mais non de le redresneur et de gloire qui troublent si souvent le matin du jour de l'homme.

C'est ainsi que nous avons lu que plusieurs ayant quitté le cloître, étourdis par la circonstance et par la pompe d'une fière et trompeuse chevalerie, ils s'empressèrent dans peu d'y retourner, poussés qu'ils y étaient par le sentiment des vanités de la terre, et d'y venir terminer le court pélerinage de cette vie qui se hâte vers son terme sur une aile sans repos. Oui, tout est vanité, excepté d'aimer Dieu. Les hommes ont reconnu par une longue expérience que rien autre chose que l'amour divin ne peut satisfaire cette vidité toujours régnante en l'âme humaine, qui «ne trouve point sa pâture sur cette terre ›; oui, les hommes ont reconnu que toute beauté, tout trésor, toute joie, doit, d'après la loi qui gouverne les choses passagères et contingentes, s'évanouir comme un songe; et que, pour chacun, il ne demeurera tôt ou tard qu'une nuit sombre et noire, qu'une nuit de chaos, s'il n'est point pourvu du flambeau de la foi. Les hommes qui, par leurs raisonnemens, ont poussé jusqu'aux plus hautes profondeurs, sont arrivés à la même conclusion; ils ont trouvé que les travaux des savans et les visions des poètes ne diffèrent point, sous ce rapport, par leur propre nature, des plaisirs des sens. Tout cela est ténèbres, c'est l'ombre de la chair, ou autrement son poison. › Oui, tel fut le résultat de l'expérience de ces hommes. Ce travail de l'esprit, ces vaines extases idéales, ne sont point une sûre garantie de la seule chose nécessaire, de l'amour de Jésus; dans un nombre infini de circonstances, elles conduisent à un bien qui n'est point substantiel leur objet est bientôt oublié; l'esprit, dans le sentiment de leurs imperfections, a recours à la pratique; et cependant toujours le cœur crie:Encore! encore! Que peut-on lui donner qui le contente? de nouveaux travaux, de nouveaux objets! Ah! ils ont déjà commencé à soupçonner combien cela vaut peu; car, en prêtant l'oreille à l'âme sainte qui fait voir les déceptions du monde à tous ceux qui l'écoutent, les hommes ont appris qu'il

ser; à connaître que ce n'est qu'un motif illusoire et vain qui les poussait au travail dans la vue de plaire aux hommes; car les hommes passent rapidement avec la scène changeante de la vie ; et la pauvre jeunesse qui, se méprenant sur la véritable fin du travail de l'homme, a follement compté sur un long échange de respect et d'amitié, au moment où ses espérances sont le plus brillantes et l'ardeur de ses affections portées jusqu'à l'extase, se réveille soudain de ce rêve si doucement prolongé, et se trouve sans honneur, sans amour sans souvenirs même, et réellement dans une, solitude aussi grande que si elle était déjà dans la tombe.

A bon droit pourrait-on trembler à la pensée de ce froid éternel, de cet isolement spirituel, de cet état cruel et profane. En effet, c'est un état terrible, et quelque chose que l'on ne saurait assez déplorer. Doux Jésus! combien différent eût été cet état si l'on n'avait pensé qu'à vous aimer et à vous servir! car ton amour seul peut donner au cœur le bonheur et le repos, une joie sûre et durable; les autres biens sont faux, et l'homme n'y trouve point son bonheur; ce n'est point là la vraie jouissance, ni cette essence, ni cette branche, ni cette racine sacrées de tout bien.

Changeons donc le but et l'objet de nos recherches, et que nos relations avec ce qui a précédé le cèdent à ce qui va nous occuper maintenant; et si nous rencontrons encore des chevaliers et la chevalerie du monde, que ce ne soit que par hasard, et comme si c'était une visite de ceux qui passent près de notre demeure, et dorénavant prenons pour lieu de notre repos la forêt et la cellule. Il y a des temps où même le dernier des sages peut saisir une vérité constante, à savoir, que le cœur doit appartenir tout entier, soit au monde, soit à Dieu; mais il y aura un temps aussi où l'on priera, où l'on fera des supplications mêlées de larmes, pour que cette dernière condition soit la nôtre, et pour que le repos des saints nous soit garanti pour partage durant l'éternité.

Revenons maintenant à notre médita

tion du cloitre : combien, pensais-je, | clésiastique et la règle du gouvernement, combien, dans le monde entier, ont appris aujourd'hui la cause et la consommation de la félicité des saints? combien y ont été appelés? A combien n'a-t-il pas été dit que la voie est courte, que la montée est facile pour y atteindre? et cependant en bien petit nombre sont ceux qui s'avancent après avoir entendu de pareilles nouvelles! O race des hommes! bien que née pour t'élever, pourquoi souffres-tu qu'un vent si léger fasse de toi son jouet ?

Mais quant à ceux qui ont paru sentir combien doux étaient ces accens solennels chantés huit fois, et qui leur apprenaient quels étaient les bienheureux, ne serait-il pas bien que, laissés seuls et sans distraction, ils prisent l'histoire, et suivissent la route foulée par les pieds sacrés des justes, et marquassent comme du haut d'une montagne qui purifie l'âme, les voies et les œuvres des hommes sur la terre, tenant les yeux fixés avec une attention respectueuse sur le symbole dont il est ici question, pour remarquer combien la forme et les actes de cette vie des âges passés, dont il reste encore autour de nous des innombrables monumens, ont de rapports, non pas avec cette moderne théorie de bonheur et de grandeur politique et sociale, mais avec ce qui, par la bonté du ciel, nous donne droit à la divine et éternelle béatitude?

Une telle vue présenterait un horizon immense et varié, comprenant les mœurs, les institutions et l'esprit de plusieurs générations d'hommes depuis long-temps disparus ; nous verrions de quelle manière le type entier comme la forme de la vie, étaient chrétiens, quoique les détails en aient pu quelquefois rompre l'ordre, l'ensemble et Pharmonie; nous verrions comment les recherches des savans, par exemple, les consolations du pauvre, les richesses de l'Église, les exercices et les disposi- | tions des jeunes gens, et l'espérance et la consolation commune de tous les hommes s'harmoniaient avec le caractère de ceux qui cherchaient à être pauvres d'esprit ; comment encore le principe de l'obéissance, la constitution de l'Église, la division de la hiérarchie ec

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les mœurs et les institutions de la société, s'alliaient avec la douceur et en héritaient la récompense; comment les souffrances des justes et les exercices de la pénitence étaient en rapport avec l'état de ceux qui se consacraient à la tristesse et aux larmes ; comment le caractère des hommes revêtus de l'ordre sacré, le zèle des laïcs et la vie de tous les rangs dénotaient la faim et la soif de la justice; comment les institutions, les fondations et le principe reconnu de la perfection, proclamaient la miséricorde des hommes; comment la philosophie, qui prévalait alors, et les monumens spirituels érigés par la piété et le génie, déposaient de la pureté du cœur ; comment l'union des nations et le lien de la paix qui existaient, même au milieu des discordes sauvages, des guerres et de la confusion; comment aussi les saintes retraites de l'innocence, qui alors abondaient de toutes parts, étaient une preuve du grand nombre des hommes pacifiques ; et comment enfin les avantages tirés des événemens funestes, et les actes de sainte et héroïque renommée révélaient l'esprit qui bravait toutes les souffrances en faveur de la justice.

Mais tout récemment, un professeur distingué de l'Académie de Paris admettait, dans le cours de ses leçons sur Phistoire, qu'il serait inutile de nier la tendance actuelle de l'esprit public vers les mœurs et les monumens du moyen âge. Il continuait en faisant ressortir Pavantage d'entretenir ce goût pour l'histoire poétique de son pays, avantage qui résulterait de la simple impartialité dé P'histoire. N'est-ce pas quelque chose, demandait-il, que d'avoir une nouvelle source d'émotions et de plaisir ouverté à l'imagination des hommes? Toute cette longue période, toute cette vieille histoire, où l'on avait coutume de ne voir qu'absurdité et barbarie, devient riché pour nous en grands souvenirs, » en nobles événemens, et en sentimens qui inspirent le plus vif intérêt. C'est un domaine rendu à ceux qui sentent le besoin d'émotion et de sympathie que rien në peut étouffer en nous.

L'imagination joue un rôle immense dans la vie des hommes et des nations:

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