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jusque dans le fond par le feu vengeur de la justice divine, ou en ce monde ou en l'autre tout ce qui n'est pas dans l'entier renoncement à soi, et dans le pur amour qui rapporte tout à Dieu sans retour, est encore souillé. O sainteté de mon Dieu, aux yeux duquel les astres mêmes ne sont pas assez purs! O Dieu juste, qui jugerez toutes nos imparfaites justices! mettez la vôtre au dedans de mes entrailles pour me renouveler; ne laissez rien en moi de moimême.

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XXI. POUR LA COMMEMORATION DES MORTS.

MON Dieu, je regarde avec consolation cette cérémonie de votre Église qui met la mort devant nos yeux. Hélas! faut-il que nous ayons besoin qu'on nous en rappelle le souvenir ! Tout n'est que mort ici-bas; le genre humain tombe en ruine de tous côtés à nos yeux; il s'est élevé un monde nouveau sur les ruines de celui qui nous a vus naître; et ce nouveau monde, déjà vieilli, est prêt à disparoître : chacun de nous meurt insensiblement tous les jours; l'homme, comme l'herbe des champs, fleurit le matin; le soir i languit, il se dessèche, il est flétri, et il est foulé aux pieds. Le passé n'est qu'un songe; le présent nous échappe dans le clin d'œil où nous voulons le voir; l'avenir n'est point à nous, peutêtre n'y sera-t-il jamais ; et, quand il y seroit, qu'en faudroit-il croire? Il vient, il s'approche, le voilà, il n'est déjà plus, il est tombé dans cet abîme du passé où tout s'engouffre et s'anéantit.

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O Dieu, il n'y a que vous; vous seul êtes l'être véritable; tout le reste n'est qu'une image trompeuse de l'être, qu'une ombre qui s'enfuit. O vérité, ô tout ! je me réjouis de ce que je ne suis rien à vous seul appartient d'être toujours: vous êtes le vivant au siècle des siècles. O hommes aveugles, qui croyez vivre, et qui ne faites que mourir !

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Mais cette mort, qui fait frémir toute la nature, la craindrai-je lâchement? Non, non; pour les enfans de Dieu elle est le passage à la vie; elle ne nous dépouille que de la vanité et de la corruption; c'est elle qui doit nous revêtir des dons éternels. O mort, ô bonne mort! quand voudras-tu me réunir à ce que j'aime uniquement? Quand viendras-tu me donner le baiser de l'époux? Quand est-ce que les liens de ma servitude seront rompus? O amour éternel, ô vérité qui ferez luire un jour sans fin ! O paix du royaume de Dieu, où Dieu lui-même sera tout en tous ! O céleste patrie ! ô aimable Sion, où mon cœur enivré se perdra en Dieu ! qui ne vous désire, que désirera-t-il ?

Mais, ô mon Dieu et mon amour, c'est votre gloire, et non mon bonheur, après quoi je soupire; j'aime mieux votre volonté que ma béatitude: je consens donc, pour l'amour de vous, à demeurer encore loin de vous dans ce lieu d'exil, dans cette vallée de larmes, autant que vous le voudrez. Vous savez que ce n'est point par attachement à la terre ni à ce corps de boue, ce misérable corps de péché; mais par un sacrifice de tout moi-même à votre bon plaisir, que je consens à languir encore ici-bas. Mais faites que je meure à tout avant que de mourir :

éteignez en moi tout désir; déracinez toute volonté ; arrachez tout intérêt propre : alors je serai mort, et vous vivrez, vous, en moi: alors je ne serai plus moi-même.

O précieuse mort, qui doit précéder la naturelle ! O mort, qui est une mort divine et transformée en Jésus-Christ, en sorte que notre vie est cachée avec lui dans le sein du Père céleste ! O mort, après laquelle on est également prêt à mourir ou à vivre! O mort qui commences sur la terre le royaume du ciel! O germe de l'être nouveau ! Alors, mon Dieu, je serai dans le monde comme n'y étant pas ; j'y paroîtrai comme ces morts sortis du tombeau, que vous ressusciterez au dernier jour.

MÉDITATIONS

POUR UN MALADE.

I.

Je me suis tu, Seigneur, parce que c'est vous qui l'avez fait. Ps. xxxvI. 10.

EST-CE à moi à me plaindre, quand mon Dieu me frappe, et qu'il me frappe par amour, afin de me guérir? Frappez donc, Seigneur, j'y consens. Que vos coups les plus rigoureux sont doux, puisqu'ils cachent tant de miséricordes! Hélas! si vous n'aviez point frappé mon corps, mon ame n'auroit point cessé de se donner à elle-même le coup de la mort. Elle étoit couverte d'ulcères horribles. Vous l'avez vue, vous en avez eu pitié. Vous abattez ce corps de péché; vous renversez mes ambitieux projets ; vous me rendez le goût de votre éternelle vérité, que j'avois perdu depuis si long-temps. Soyez donc à jamais béni! Je baise la main qui m'écrase, et j'adore le bras qui me frappe.

II.

Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme. Ps.vi. 3.

O mon Dieu, je n'ai point d'autre raison que ma misère pour exciter votre miséricorde. Voyez le besoin que j'ai de votre secours, et donnez-le-moi. J'en sens le besoin, Seigneur : heureux de le sentir, si ce sentiment me tient dans la défiance de moimême! Vous avez frappé ma chair pour la purifier; vous avez brisé mon corps pour guérir mon ame. C'est par la douleur salutaire que vous m'arrachez aux plaisirs corrompus. L'infirmité de ma chair m'afflige, moi qui n'avois point d'horreur de l'infirmité de mon esprit. Il étoit en proie à la vaine ambition, à la fièvre ardente de toutes les passions furieuses. J'étois malade, et je ne croyois pas l'être. Mon mal étoit si grand que je ne le sentois pas. Je ressemblois à un homme qui a une fièvre chaude, et qui prend l'ardeur de la fièvre pour la force d'une pleine santé. O heureuse maladie, qui m'ouvre les yeux et qui change mon cœur!`

III.

Il vous a été donné non-seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui. Philip. 1. 29.

O don précieux, qu'on ne connoît point! La douleur n'est pas moins précieuse que la foi répandue

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