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V. JOUR.

Sur le bon esprit.

I. VOTRE Père céleste donnera son bon esprit ù ceux qui le lui demanderont (1). Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu. L'esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu'il soit pour nous procurer des biens corruptibles, n'est qu'un esprit d'illusion et d'égarement. Voudroit-on être porté sur un char brillant et magnifique, qui mèneroit dans un abîme? L'esprit n'est fait que pour conduire à la vérité et au souverain bien. Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu, parce qu'il n'y a que son esprit qui nous mène à lui. Renonçons au nôtre, si nous voulons avoir le sien. Heureux l'homme qui se dépouille pour être revêtu, qui foule aux pieds sa vaine sagesse pour posséder celle de Dieu !

II. Il y a bien de la différence entre un bel esprit, un grand esprit, et un bon esprit. Le bel esprit plaît par son agrément; le grand esprit excite l'admiration par sa profondeur; mais il n'y a que le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. Ne conformez pas vos idées à celles du monde. Méprisez l'esprit autant que le monde l'estime. Ce qu'on appelle esprit est une certaine facilité de produire des pensées brillantes. Rien n'est plus vain. On se fait une idole de son esprit, comme

(1) Luc. XXI. 13.

une femme, qui croit avoir de la beauté, s'en fait une de son visage. On se mire dans ses pensées. Il faut rejeter non-seulement ce faux éclat de l'esprit, mais encore la prudence humaine qui paroît la plus sérieuse et la plus utile, pour entrer, comme de petits enfans, dans la simplicité de la foi, dans la candeur et dans l'innocence des mœurs, dans l'horreur du péché, dans l'humiliation, et dans la sainte folie de la croix.

VI. JOUR.

Sur la patience dans les peines.

I. Vous posséderez vos ames dans votre patience (1). L'ame s'échappe à elle-même quand elle s'impatiente; au lieu que, quand elle se soumet sans murmurer, elle se possède en paix et possède Dieu. S'impatienter, c'est vouloir ce qu'on n'a pas, ou ne pas vouloir ce qu'on a. Une ame impatiente est une ame livrée à sa passion, que la raison ni la foi ne retiennent plus. Quelle foiblesse ! quel égarement! Tant qu'on veut le mal qu'on souffre, il n'est point mal. Pourquoi en faire un vrai mal, en cessant de le vouloir? La paix intérieure réside non dans les sens, mais dans la volonté. On la conserve au milieu de la douleur la plus amère, tandis que la volonté demeure ferme et soumise. La paix d'ici-bas est dans l'acceptation des choses contraires, et non pas dans l'exemption de les souffrir.

(1) Luc. XXI. 19.

que

II. A vous entendre gronder et murmurer, il semble que vous soyez l'ame la plus innocente qu'il y ait au monde, et que c'est vous faire une injustice criante que de ne pas vous laisser rentrer dans le paradis terrestre. Souvenez-vous de tout ce que vous avez fait contre Dieu, et convenez qu'il a raison. Dites-lui avec la même humilité l'enfant prodigue: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contie vous. Je sais ce que je dois à votre justice; mais le cœur me manque pour y satisfaire. Si vous vous en remettiez à moi, je me flatterois, je m'épargnerois, et je me trahirois moi-même en me flattant. Mais votre main miséricordieuse exécute elle-même ce qu'apparemment je n'aurois jamais eu le courage de faire. Elle me frappe par bonté. Faites que je porte patiemment ses coups salutaires. C'est le moins que puisse faire le pécheur, s'il est véritablement indigné contre lui-même, que de recevoir la pénitence qu'il n'auroit pas la force de choisir.

VII. JOUR.

Sur la soumission et la conformité à la volonté de Dieu.

I. QUE votre volonté se fasse sur la terre comme dans le ciel (1). Rien ne se fait ici-bas, non plus que dans le ciel, que par la volonté ou par la permission de Dieu; mais les hommes n'aiment pas toujours cette volonté, parce qu'elle ne s'accorde pas toujours

() Matth. v. 10.

avec leurs désirs. Aimons-la; n'aimons qu'elle, et nous ferons de la terre un ciel. Nous remercierons Dieu de tout, des maux comme des biens, puisque les maux deviennent biens quand il les donne. Nous ne murmurerons plus de la conduite de sa providence; nous la trouverons sage, nous l'adorerons. O Dieu, que vois-je dans le cours des astres, dans l'ordre des saisons, dans les événemens de la vie, sinon votre volonté qui s'accomplit? Qu'elle s'accomplisse aussi en moi; que je l'aime.; qu'elle m'adoucisse tout; que j'anéantisse la mienne, pour faire régner la vôtre car enfin c'est à vous, Seigneur, de vouloir; et c'est à moi d'obéir.

II. Vous avez dit, ô Seigneur Jésus, en parlant de vous-même, par rapport à votre Père céleste, que vous faisiez toujours ce qui lui plaisoit (1). Apprenez-nous jusqu'où cet exemple nous doit mener. Vous êtes notre modèle. Vous n'avez rien fait sur la terre que selon le bon plaisir de votre Père, qui veut bien être nommé le nôtre. Agissez en nous comme en vous-même, selon son bon plaisir. Qu'unis inséparablement à vous, nous ne consultions plus que ses désirs. Non-seulement prier, instruire, souffrir, édifier, mais manger, dormir, converser; que tout se fasse par la seule vue de lui plaire : alors tout sera sanctifié dans notre conduite; alors tout sera en nous sacrifice continuel, prière sans relâche, amour sans interruption. Quand sera-ce, ô mon Dieu, que nous serons dans cette situation! Daignez nous y conduire : daignez dompter et assujettir par votre grâce notre volonté rebelle; elle ne sait pas (1) Joan. VIII. 29.

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ce qu'elle veut; il n'y a rien de bon que d'être comme vous voulez.

VIII. JOUR.

Sur les avantages de la prière.

I. PRIEZ sans interruption (1). Telle est notre dépendance à l'égard de Dieu, que non-seulement nous devons tout faire pour lui, mais encore que nous devons lui demander les moyens de lui plaire. Cette heureuse nécessité de recourir à lui pour tous nos besoins, bien loin de devoir nous être incommode, doit au contraire faire toute notre consolation. Quel bonheur de lui parler en confiance, de lui ouvrir tout notre cœur, et d'être par la prière dans un commerce intime avec lui! Il nous invite à le prier. Jugez, dit saint Cyprien, s'il ne nous accordera pas les biens qu'il nous sollicite de lui demander. Prions donc avec foi, et ne perdons pas le fruit de nos prières par une incertitude flottante, qui, comme dit saint Jacques (2), nous fait hésiter. Heureuse l'ame qui se console dans l'oraison par la présence de son bien-aimé ! Si quelqu'un d'entre vous, dit saint Jacques (3), est dans la tristesse, qu'il prie pour se consoler. Hélas! malheureux que nous sommes! nous ne trouvons que de l'ennui dans cette céleste occupation. La tiédeur de nos prières est la source de nos autres infidélités.

II. Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, (1)I Thess. v. 17. (2) Jac. 1. 6.

- (3) Ibid. v. 13.

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