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miséricorde. On ne cherche plus rien, et l'homme tout entier se repose en lui. Plus de raisonnemens incertains et inquiets, plus de désirs, plus d'impatience à changer sa place. La place où nous sommes, c'est le sein de Dieu; car c'est Dieu qui nous y a mis de ses propres mains, et qui nous y porte entre ses bras. Peut-on se trouver mal où il nous met, et où nous sommes comme un enfant que sa mère tient et embrasse? Laissons-le faire, reposons-nous sur lui et en lui. Ce repos de confiance, qui éteint tous les mouvemens de la prudence charnelle, c'est la véritable vigilance du cœur. S'abandonner à Dieu sans s'appuyer sur la créature ni sur la nature, c'est faire veiller son cœur tandis qu'on dormira. Ainsi l'amour aura toujours les yeux ouverts avec jalousie, pour ne tendre qu'à son bien-aimé, et nous ne nous endormirons point dans la mort.

XVIII.

Qu'il n'y a que Dieu qui puisse apprendre à prier.

Enseignez-nous à prier. S. Luc. XI. 1.

SEIGNEUR, je ne sais ce que je dois vous demander. Vous seul savez ce qu'il nous faut; vous m'aimez mieux que je ne sais m'aimer moi-même. O père ! donnez à votre enfant ce qu'il ne sait pas lui-même demander. Je n'ose demander ni croix ni consolations; je me présente seulement à vous; je vous ouvre mon cœur. Voyez mes besoins, que je ne connois pas;

voyez, et faites selon votre miséricorde. Frappez ou guérissez, accablez ou relevez-moi j'adore toutes vos volontés sans les connoître; je me tais, je me sacrifie, je m'abandonne. Plus d'autres désirs que ceux d'accomplir votre volonté. Apprenez-moi à prier; priez. vous-même en moi.

XIX.

De l'amour de Dieu.

Seigneur, vous savez-bien que je vous aime. S. Jean. xx1. 16.

SAINT Pierre le disoit à notre Seigneur; mais oserions-nous le dire? Aimons-nous Dieu pendant que nous ne pensons point à lui? Quel est l'ami à qui nous n'aimons pas mieux parler qu'à lui? Où nous ennuyons-nous davantage qu'au pied des autels? Que faisons-nous pour plaire à notre maître, et pour nous rendre tels qu'il veut? Que faisons-nous pour sa gloire? Que lui avons-nous sacrifié pour accomplir sa volonté? La préférons-nous à nos moindres intérêts, aux amusemens les plus indignes? Où est donc cet amour que nous pensons avoir? Malheur pourtant à celui qui n'aime pas le Seigneur Jésus (1) qui nous a tant aimés! Donnera-t-il son royaume éternel à ceux qui ne l'aiment pas? Si nous l'aimions, pourrions-nous être insensibles à ses bienfaits, à ses inspirations, à ses grâces? Ni la vie, ni la mort, ni le présent, ni l'avenir, ni la puissance,

(1) I Cor. XVI. 22.

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Seigneur, vous savez bien que je vous aime. S. Jean. xxi. 16.

Vous le savez mieux que moi, ô mon Dieu, ô mon père, ô mon tout, combien je vous aime. Vous le savez, et je ne le sais pas : car rien ne m'est plus caché que le fond de mon cœur. Je veux vous aimer; je crains de ne pas vous aimer assez; je vous demande l'abondance du pur amour. Vous voyez mon désir; c'est vous qui le faites en moi. Voyez dans votre créature ce que vous y avez mis. O Dieu, qui m'aimez assez pour m'inspirer de vous aimer sans bornes, ne regardez plus le torrent d'iniquités qui m'avoit englouti; regardez votre miséricorde et mon

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XXI.

Que rien ne sauroit manquer à celui qui s'attache à Dieu.

C'est le Seigneur qui me conduit; rien ne pourra me manquer. Ps. XXII. I.

N'AVONS-NOUS point de honte de chercher quelque chose avec Dieu ? Quand nous avons la source de tous biens, nous nous croyons encore pauvres. On cherche dans la piété même les commodités et les consolations temporelles; on regarde la piété comme un adoucissement aux peines qu'on souffre, et non comme un état de renoncement et de sacrifice; de là viennent tous nos découragemens. Commençons par nous abandonner à Dieu. En le servant, ne nous mettons jamais en peine de ce qu'il fera' pour nous. Un peu plus ou un peu moins souffrir, dans une vie si courte, ce n'est pas grand'chose.

Que peut-il me manquer lorsque j'ai Dieu? Oui, Dieu lui-même est le bien infini et l'unique bien. Disparoissez, faux biens de la terre, qui portez indignement ce nom, et qui ne servez qu'à rendre les hommes mauvais! Rien n'est bon que le Dieu de mon cœur, que je porterai toujours au dedans de moi. Qu'il m'ôte les plaisirs, les richesses, les honneurs, l'autorité, les amis, la santé, la vie : tant qu'il ne se dérobera point lui-même à mon cœur, je serai toujours riche; je n'aurai rien perdu ; j'aurai conservé ce qui est tout. Le Seigneur m'a cherché dans

mes égaremens, m'a aimé quand je ne l'aimois pas, m'a regardé avec tendresse, malgré mes ingratitudes : je suis dans sa main; il me mène comme il lui plaît. Je sens ma foiblesse et sa force. Avec un tel appui rien ne me manquera jamais.

XXII.

Que Dieu doit être l'unique portion du cœur de

l'homme.

O Dieu de mon cœur, et mon éternelle portion! Ps. LXXII. 26.

SEIGNEUR, vous êtes le Dieu de toute la nature; tout obéit à votre voix : vous êtes l'ame de tout ce qui vit, et même de tout ce qui ne vit point. Vous êtes plus mon ame que celle même que vous avez donnée à mon corps: vous êtes plus près de moi que moi-même. Tout est à vous: mon cœur n'y sera-t-il pas, ce cœur que vous avez fait, que vous animez? Il est à vous, et non à moi.

Mais, ô mon Dieu! vous êtes aussi à moi; car je vous aime. Vous êtes tout pour moi. Je n'ai nul autre bien, ô mon éternelle portion! Ce n'est point les consolations d'ici-bas, ni les goûts intérieurs, ni les lumières extraordinaires que je souhaite; je ne demande aucun de ces dons qui viennent de vous, mais qui ne sont point encore vous-même. C'est de vousmême, et de vous seul, que j'ai faim et soif. Je m'oublie, je me perds; faites de moi ce qu'il vous plaira, n'importe; je vous aime.

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