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voulait former contre lui n'avaient d'autre
fondement que la haine qu'on lui portait;
qu'il en appelait donc au Saint-Siége, qui
lui accorderait ce qu'il accordait à tous les
accusés, de le juger ou par lui-même ou par
ses vicaires. Il ajoutait, qu'ayant. demandé
un sauf-conduit au roi, il n'avait pu l'obte-
nir; et qu'autant qu'il pouvait en juger par
les menaces qui lui avaient été faites, il ne
lui serait pas permis dans le concile de Reims
de dire impunément la vérité, puisque c'était
l'avoir dite et pour avoir obéi au Saint-
pour
Siége qu'on le traitait si durement, qu'on l'ac-
cosait de parjure et de crime d'Etat. « On au-
rait, continue-t-il, plus de raison d'en accuser
ceux qui fomentent une plaie qui ne se peut
guérir que par le fer et le feu: car, si vous
aviez tenu ferme comme moi, notre malade,
c'est-à-dire le roi, serait guéri; qu'il fasse
contre moi tout ce que Dieu lui permettra de
faire, qu'il m'enferme, qu'il m'éloigne, qu'il
me proscrive, j'ai résolu, avec la grâce de
Dieu, de tout souffrir pour sa loi. »

26. Le pape Urbain avait confirmé, au P-mois de novembre de l'an 1091, à Raynaud,

abbé de Saint-Cyprien à Poitiers, tout le droit canonique qu'il avait sur l'église de SainteCroix d'Engle; il mit cette clause à la sollicitation d'Yves qui était allé à Rome pour se faire sacrer par le pape; la précaution de l'évêque de Chartres était pour empêcher qu'à l'avenir l'abbé de Saint-Cyprien ne prétendit un droit absolu et général sur l'église de Sainte-Croix, et qu'il n'en chassât les clercs pour y mettre des moines. Il arriva dans la suite que Pierre, évêque de Poitiers, demanda à Yves un chanoine régulier pour gouverner l'église de Sainte-Croix. L'évêque de Chartres l'accorda; mais ce chanoine étant arrivé à l'église qu'on lui destinait, l'évêque de Poitiers voulut le soumettre à l'abbé de Saint-Cyprien, ce qui était contre le privilége accordé à l'église de Sainte-Croix qui ne dépendait de l'abbaye de Saint-Cyprien qu'à certains égards. Yves de Chartres s'en plaint dans sa lettre à cet évèque, et prend de là occasion de relever l'état des chanoines réguliers, dont il était comme l'instituteur en France, au-dessus de la profession des moines; il loue néanmoins ceux-ci, mais à condition qu'ils aimeront mieux obéir que de commander.

1 Mabill., lib. LXVIII Annal., num. 27, pag. 291.

Lettres aux évêques de Winchester

et de Cantor

83, 39.

27. Il pria l'évêque de Winchester de lui envoyer un vase à mettre le saint chrême; cet évêque lui en fit présent d'un dont la béry epist. forme était inconnue aux ouvriers français. Sa lettre à saint Anselme de Cantorbéry est. pour l'assurer qu'il avait favorisé de tout son pouvoir les moines du Bec contre ceux de Molesme, et qu'ils auraient déjà eu justice touchant le monastère de Poissy, s'ils n'eussent voulu auparavant avoir l'agrément du roi.

28. Geoffroi demanda à l'évêque de Chartres si un moine qui n'avait été béni que par un autre moine, devait recevoir une nouvelle bénédiction de son abbé. L'évêque répondit : 1° que la bénédiction d'un moine ne se faisant point par l'imposition des mains, et n'étant pas un sacrement, on pouvait la réitérer, ou ne pas la réitérer; 2° que cette bénédiction n'est point essentielle à la qualité de moine, puisque les instituteurs des ordres monastiques, saint Paul, saint Antoine, n'en avaient point reçu; 3° que si dans la suite des siècles on a exigé des moines une profession solennelle accompagnée de bénédiction, ce n'a été qu'afin qu'étant liés plus fortement devant Dieu et devant les hommes, ils observassent leur promesse avec plus de ferveur, et qu'au cas qu'ils vinssent à y manquer, ils eussent plus de témoins de leur prévarication; que la bénédiction prise dans ce sens peut être réitérée par l'abbé, s'il le juge à propos: 4° mais que, si par la bénédiction on entend la consécration, comme il était d'usage chez les clunistes, on ne devait pas la réitérer, comme les évêques ne réitérent pas la consécration d'une vierge, quand un prêtre en a fait la cérémonie.

Lettre à Geoffroi, de Vendôme, epist. 41.

Lettres à

Soissons; an

FUX évêques France epist. 42, 43.

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29. Yves aurait bien souhaité s'entretenir de vive voix avec Hugues, élu depuis peu Hugues, de évêque de Soissons, afin de l'instruire sur pape Urbain; beaucoup de choses; ne le pouvant, il lui écrivit d'occuper sa jeunesse à des exercices". honnêtes, à la lecture, à la prière, à la méditation des vérités de la loi de Dieu; de reprendre les méchants sans appréhender leur haine et leurs calomnies, et de ne point s'excuser là-dessus par la rareté des pasteurs qui en usent ainsi, parce que cette excuse ne sera point reçue du souverain Juge. Sa lettre au pape Urbain est un compliment de congratulation sur le rétablissement de la paix en Italie. Il remarque encore qu'on venait d'élire évêque de Paris, Guillaume, qui avait été nourri dans l'église de Chartres. Le sujet

Lettre aux clercs de Pois

Lettre au pape Urbain,

epist. 46. et chal, epist.

à Gai, séné47, 48.

de sa lettre circulaire aux évêques de France est de les exhorter au maintien de la trève pendant quatre jours de la semaine.

30. Informé que le comte de Melun vousy, epist. 45. lait épouser la fille de Hugues, comte de Crépy, il défendit aux clercs de l'archidiaconé de Poissy de les marier, parce qu'ils étaient parents; il le prouve par la généalogie de l'un et de l'autre, s'offrant toutefois à les entendre pour savoir d'eux-mêmes s'ils sont parents dans les degrés défendus, ou non. 31. Il sut à temps que le roi Philippe devait envoyer à Rome des députés pour faire lever son excommunication, et qu'ils seraient chargés de faire entendre au pape que s'il ne rendait au roi la couronne et ne levait l'excommunication, le prince se retirerait de son obéissance avec tout son royaume. Yves de Chartres en donna avis à Urbain II, en l'avertissant que cette députation n'était que mensonge et artifice, et que si l'on accordait le pardon à ce prince impénitent, ce serait donner lieu aux pécheurs de continuer dans leurs désordres. Il ajoutait que, par ordre du roi, les archevêques de Reims, de Sens et de Tours avaient invité leurs suffragants au concile de Troyes, le premier dimanche d'après la Toussaint, en suite de la réponse de Rome: mais qu'il n'y assisterait point sans l'avis du pape, de crainte qu'il ne se passât quelque chose dans cette assemblée contre la justice et l'honneur du Saint-Siége. D'un autre côté, Yves pria Gui, le sénéchal, de dire au roi qu'en vain il promettait de faire beaucoup de bien, si Rome ratifiait son mariage avec Bertrade; que son péché ne lui serait point remis, tant qu'il ne quitterait pas cette femme. Dans une autre lettre, il manda au pape Urbain l'élection de Manassès Il à la place de Renaud, mort le 21 janvier l'an 1096. Yves s'était beaucoup intéressé auprès du pape pour faire valoir cette élection, par l'avantage qui en reviendrait à l'Eglise romaine, à cause de la grande autorité de celle de Reims dans toutes les Eglises de France; il fait ressouvenir Urbain II, que l'église de Reims gardait le diadème ou la couronne du royaume.

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avait été exempt de tout temps de la puissance séculière jusque sous l'épiscopat de Geoffroi, et qu'il y avait là-dessus plusieurs décrets ecclésiastiques; sur la seconde, que ne lui devant le serment que pour la ville de Chartres, c'était dans cette ville qu'il devait le lui rendre.

Lettre à Ri. cher, dazens,

33. Il était tout prêt à partir pour Sens avec quelques-uns des plus savants de son epist. 50. chapitre, lorsqu'il apprit qu'il n'y avait pas de sûreté pour lui sur les chemins, à cause de son opposition aux desseins de Bertrade; ne pouvant donc faire ce voyage, il écrivit à Richer ce qu'il lui avait dit, étant avec lui. Le premier article de sa lettre regarde la primatie de Lyon sur les quatre provinces de Lyon, de Rouen, de Tours et de Sens; celleci refusait de se soumettre, parce que l'archevêque se prétendait lui-même primat. Yves conseille à Richer de produire ses titres, s'il en a, et de vouloir bien les lui envoyer par ceux qui lui rendraient sa lettre; ou, s'il n'en a point, de se soumettre aux décisions du Saint-Siége sur ce sujet, sans préjudice de ses droits ni de ses titres, qu'il ferait valoir lorsqu'il les retrouverait. Le second article roule sur l'élection de Guillaume pour évêque de Paris. Yves assure Richer que cette élection s'est faite canoniquement, et lui dit de la part du pape qu'il peut le sacrer avant la fête de saint Remy, si l'Eglise de Paris l'en prie, et que dans cette consécration il pourra se servir de son pallium, quoique l'usage lui en cût été défendu pour un temps. En troisième lieu, il prie l'archevêque d'empêcher que la paix procurée par le pape à toutes les Eglises de France, ne soit violée dans une partie du diocèse de Chartres, contiguë à celui de Sens.

Lettres à Sanction

doyen d'o 51, 53.

léans, epi

34. Après la mort de Jean, évêque d'Orléans, l'archevêque de Tours, son frère, essaya de lui faire donner pour successeur Jean, archidiacre de la même église d'Orléans; mais Sanction eut le plus grand nombre de suffrages; le parti opposé manda à Yves de Chartres que Sanction avait été élu par simonie, et par l'autorité de la puissance séculière. Yves en écrivit à Sanction, l'exhortant à se retirer, s'il était coupable; mais ayant été informé de la canonicité de l'élection, il en prit Epist. 5. la défense auprès de Hugues, archevêque de Lyon, avec Guillaume de Paris et Gauthier de Meaux. Ces trois évêques, priés par le clergé d'Orléans de la part de l'archevêque

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de Sens d'aller sacrer Sanction à ChâteauLandon, le refusèrent, à cause que cet archevêque était interdit par le Saint-Siége; mais enfin ils le sacrèrent, après lui avoir fait promettre obéissance à l'archevêque de Lyon, comme primat. Le jour de son entrée à Orléans, Sanction délivra un clerc de prison, suivant la coutume de la ville, mais aussitôt après il le fit maltraiter et remettre en prison. Yves en fut averti; il en fit de vives. reproches à Sanction, et lui témoigna qu'il l'abandonnerait, s'il ne remettait ce clerc en liberté, et qu'il n'enverrait point à l'archevêque de Lyon la lettre qu'il lui avait écrite pour lui prouver la canonicité de son élection.

35. Yves disait dans cette lettre que les adversaires de Sanction qui l'accusaient de simonie et de brigue, n'étaient point venus à Chartres où il leur avait donné jour pour soutenir leur accusation, et que Sanction s'étant purgé par serment, lui septième, il l'avait envoyé à son église où il avait été reçu unanimement. Par une autre lettre, il priait l'archevêque de Lyon, en sa qualité de légat du Saint-Siége, de confirmer l'élection de l'évêque de Beauvais, que le pape avait différé de confirmer lui-même. On ne sait pour quelle raison l'Eglise de Beauvais pressait extrêmement cette confirmation; Yves de Chartres rend témoignage à l'élu qu'il y avait peu de chose à dire contre sa personne. 1 36. Il ne fut pas si favorable à un nommé Ebrand qui, de chanoine, s'était fait moine à Marmoutier, et voulait en sortir pour rentrer dans le clergé. Yves dit à Geoffroi, doyen de l'Eglise du Mans, que cet homme ne doit pas être reçu facilement de ceux qui ne connaissent ni ses mœurs ni son savoir, et que si Geoffroi se sent de la peine à le recevoir, il peut librement le renvoyer.

37. Le roi Philippe fit savoir à Yves qu'outre les deux conciles que le pape avait tenus en 1095, Hugues, son légat, voulait en tenir un troisième général la même année, et y inviter tous les évêques du royaume. L'évêque fit réponse au roi qu'il avait reçu depuis peu des lettres du légat, qu'il n'y était point question de concile, et que le porteur de ces lettres ne lui en avait rien dit. Il ajoutait que si l'archevêque de Lyon convoquait un troisième concile dans le royaume de France en une même année, il agirait contre l'institution apostolique et la coutume de l'Eglise; lorsqu'un évêque est appelé par les légats

apostoliques dans un espace de temps raisonnable, il doit se présenter devant eux, s'il n'en est empêché légitimement; mais s'ils veulent imposer aux évêques un joug nouveau, c'est au roi à s'y opposer.

Lettre à Geoffroy, de

epist. 57.

38. Geoffroy de Vendôme avait reçu une quatrième fois un de ses moines qui était vendome sorti autant de fois du monastère, et lui avait, par commisération, accordé après sa mort la sépulture comme aux religieux du monastère. Yves de Chartres approuva assez la conduite de l'abbé; mais informé que ce moine n'avait point rapporté au monastère en y rentrant ce qu'il en avait emporté, il fut d'avis que, puisqu'il n'avait pas réparé entièrement sa faute, on l'enterrât ailleurs, afin que les autres, intimidés par le châtiment, n'emportassent jamais rien du monastère : ce qu'il appelle un sacrilége.

Lettres tou

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tion de Dim bert, archev`. que de Sens,

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39. Après la mort de Richer, archevêque de Sens, en 1097, on élut pour lui succéder chant l'e ecDaïmbert, vidame de la même Eglise; son élection s'était faite sans consulter les évê- epist. 58, 59, ques de la province; cela n'empêcha pas le clergé de Sens d'inviter Yves de Chartres à venir ordonner prêtre Daïmbert le jour de la Purification en 1097, et à le sacrer évêque le dimanche suivant. Yves répondit que les ordinations ne devaient se faire qu'aux Quatre-Temps, qu'il ne pouvait ordonner ni sacrer Daïmbert qu'après avoir conféré avec ses confrères et avec l'élu même. Il en écrivit aussi à Hugues de Lyon, légat du SaintSiége; et sur la défense que Hugues lui fit d'ordonner Daïmbert, il lui écrivit une seconde lettre dans laquelle il lui disait : « Vos ordres ont été suivis, nous nous sommes abstenus de sacrer l'archevêque élu de Sens, et nous avons envoyé nos lettres aux évêques de notre province pour obéir à l'autorité apostolique; mais nous vous prions et nous. vous conseillons d'user à l'avenir de cette autorité avec plus de retenue; quant aux ordres du Saint-Siége qui regardent la conservation de la foi, ou la correction des mœurs, nous sommes résolus à les observer, quoiqu'il nous en coûte; mais quand vous nous enjoignez si expressément des choses. indifférentes pour le salut, ou quand vous changez comme il vous plaît ce qui est établi par la coutume et par l'autorité des pères, faites attention à qui l'on doit plutôt obéir, aux pères ou à vous qui prétendez suivre leurs traces. » Il rapporte les autorités des papes Zosime, Grégoire Ier, Léon IV,

Gélase ler, Nicolas Ier, et la profession qu'ils font d'ordinaire à leur intronisation, de ne rien innover contre la tradition et l'autorité des canons. Puis il fait voir qu'ils ont réglé que l'ordination des métropolitains doit se faire par les évêques de la province, el que, suivant le pape Nicolas, les primats ou les patriarches n'ont à cet égard aucun privilége au-dessus des autres évêques, qu'autant que les canons ou la coutume leur en donnent. L'archevêque de Lyon avait trouvé mauvais que Daïmbert eût reçu de la main du roi l'investiture de l'évêché. Yves répond que, quand cela serait, la foi et la religion n'en seraient pas offensées, puisque cette cérémonie n'a aucune force de serment, et qu'il n'y a aucune défense aux rois de la part du Saint-Siége d'accorder les évêchés après l'élection canonique; qu'il est arrivé au contraire que les papes ont intercédé quelquefois auprès des rois pour les évêques élus, afin qu'ils leur accordassent les évêchés, et qu'ils ont différé le sacre de quelques-uns, parce qu'ils n'avaient pas encore obtenu la concession des rois. Il ajoute ce qui suit le pape Urbain II n'avait défendu que l'investiture réelle ou corporelle; il ne les avait pas exclus de l'élection ni de la concession, en tant qu'ils sont chefs du peuple; le huitième concile général, qui leur défend d'être présents à l'élection, ne leur défend pas de mettre l'élu en possession; il importe peu que cette concession se fasse de la main ou par un signe de tête, ou de la bouche, ou par une crosse, puisque les rois ne prétendent rien donner de spirituel, mais seulement consentir à l'élection, ou accorder à l'élu les terres et les autres biens extérieurs que les Eglises ont reçus de leurs libéralités; si les investitures étaient défendues par la loi de Dieu, on devrait les condamner généralement et ne les tolérer dans personne; mais n'étant défendues que par ceux qui président, et n'étant permises que quand ils les permettent, elles sont la cause d'une infinité de maux dans l'Eglise. Yves en fait le détail, et remarque en particulier la division entre le royaume et le sacerdoce, dont toutefois la concorde est nécessaire pour la sûreté des choses humaines. Il finit sa lettre en demandant au primat de permettre le sacre de Daïmbert suivant l'ancienne coutume, protestant que lui et les évêques de la province de Sens ne se relâcheront point de leur droit. Cette lettre fut écrite vers l'an

1097; quelques-uns la rapportent à l'an 1099. Goldast l'a insérée dans l'Apologie pour l'empereur Henri IV, pag. 183. Nous verrons dans la suite qu'Yves de Chartres fut moins. favorable aux investitures.

ar

Lettre Hugues, chevêque de Lyon, epist.

40. Le légat voulut encore obliger le nouvel évêque de Nevers de le venir trouver à Antun pour y recevoir l'ordination. Yves de i Chartres lui écrivit que c'était une entreprise contraire aux canons et à la coutume; que les évêques devaient être sacrés par le métropolitain, ou à son défaut par les évêques de la province. Guillaume de Montfort, évêque de Paris, alla dans ce temps-là à Rome; Yves le chargea d'une lettre pour le pape, à qui il demandait ses ordres touchant l'archevêque de Sens, dont le légat Hugues avait arrêté le sacre, parce qu'il ne voulait pas lui promettre obéissance à cause de la primatie. Il disait dans cette lettre : « Quoique personne n'ait fait opposition à ce sacre, nous n'avons pas passé outre, par respect pour vous, encore qu'il n'y ait ni loi ni coutume qui oblige les métropolitains de promettre obéissance aux primats. » Quelque temps après, Yves Epist. 67. apprit que le pape Urbain n'était point content de lui; n'en connaissant point d'autres raisons que la lettre un peu vive qu'il avait écrite au légat Hugues au sujet du sacre de Daïmbert, il écrivit au pape qu'ayant relu cette lettre, il n'y avait rien trouvé contre 60. l'Eglise romaine, mais plusieurs choses à son avantage; qu'apparemment le légat, choqué de quelques paroles de cette lettre, en avait pris occasion de le rendre odieux, sans avoir égard à ses intentions; qu'au reste il ne connaissait personne au-deçà des monts qui eût souffert autant d'affronts et d'injustices que lui pour avoir été fidèle au Saint-Siége et avoir soutenu ses ordres. Il ajoutait : « Si mes paroles vous ont irrité, ce n'est pas à moi à contester avec vous, et j'aime mieux renoncer à l'épiscopat, que de soutenir votre indignation juste ou injuste. »>

41. Parlant ensuite de Jean, évêque d'Orléans, il conjurait le pape de n'écouter aucun de ceux qui viendraient le solliciter pour un jeune homme nommé Jean, que le clergé d'Orléans avait élu pour son évêque. Yves détaille les infamies de sa vie, et prie le pape, tant pour son honneur que pour l'intérêt de l'Eglise, de ne pas permettre qu'il fût consacré. Il l'avertit aussi que l'archevêque de Tours avait couronné le roi à Noël, contre la défense du légat, et obtenu à cette

Lettres tonchant Jean II,

évêque d'Or66, 63.

léans, ep. 67,

Synction

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condition l'évêché d'Orléans pour Jean, le même que cet archevêque avait voulu mettre sur ce siége dès l'an 1096, à la place de Sanction, élu canoniquement. Yves écrivit à l'archevêque de Lyon une lettre qui n'était pas moins au désavantage de celui de Tours et de l'élu évêque d'Orléans. «Il m'a été, lui dit-il, présenté avec les lettres du roi et du chapitre pour l'ordonner prêtre, et ensuite le sacrer évêque; je n'en ferai rien que par un ordre du pape ou de vous; mandezmoi ce que je dois répondre à ceux d'Orléans qui espèrent que vous confirmerez cette élection. » L'archevêque invita Yves de Chartres et tous ceux qui attaquaient l'élection de Jean à comparaitre devant lui le premier jour de mars de l'an 1099. Yves lui écrivit qu'on n'avait besoin d'accusateurs que pour les péchés secrets, et non pour ceux qui étaient manifestes; il montre que l'élection de Jean était reconnue publiquement pour simoniaque. Cependant son élection fut confirmée, et il tint le siége épiscopal d'Orléans plus de vingt ans, pendant lequel temps il écrivit à l'évêque de Chartres sur plusieurs affaires.

Lettre à 42. Yves fit savoir à Sanction, son prédé , cesseur, qu'il pouvait traiter suivant la rigueur canonique les clercs et les moines du Puiset qui, malgré son interdit, avaient célébré l'office divin; mais qu'auparavant il devait se concerter là-dessus avec l'archevêque de Lyon; et sur ce que Sanction lui avait témoigné être surpris qu'il eût admis Gervais à la communion pascale, il répond qu'il en a agi ainsi par honneur pour le roi, fondé sur un canon où il est dit que, si le roi reçoit ou fait manger à sa table un excommunié, il doit être reçu par les évêques à la £62. communion de l'Eglise. Il prouve dans sa

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lettre au prêtre Leudon qu'il n'y a que ceux qui sont dans les ordres sacrés qui aient droit de prononcer les paroles du Seigneur pour la consécration de l'eucharistie, c'està-dire de consacrer et d'administrer les sacrements de l'Eglise.

43. Gauthier, prévôt de l'Estreppe, s'était plaint de ce que l'évêque de Limoges avait défendu dans son synode à tous les chanoines réguliers l'administration des cures et du sacrement de pénitence. Yves, en lui faisant réponse, convient que cet évêque eût mieux fait d'inviter tous les prêtres à mener une vie régulière, que d'ôter le gouvernement des âmes à ceux qui vivent régulièrement;

que cette défense, quoique faite peut-être avec quelque mécontentement contre l'ordre des chanoines réguliers, pourra leur être utile en ce qu'elle leur procurera le moyen de faire plus facilement leur salut; que son sentiment n'est pas que l'on doive leur ôter absolument le soin des âmes, mais qu'on ne doit pas aussi le confier à tous indistinctement, parce que, d'un côté, ce serait faire injure à l'ordre, et de l'autre, y introduire le relâchement, en imposant à tous la charge des âmes; que l'on doit prendre un milieu, qui est de choisir les plus sages et les plus prudents pour les présenter à l'évêque, afin qu'ils reçoivent de lui le soin des fidèles. Yves s'excusa d'écrire là-dessus à l'évêque de Limoges, disant qu'il ne le connaissait. pas bien, et qu'il prendrait son temps pour lui dire ce qu'il pensait sur ce sujet.

Lettre à Gauthier, évêque de Meaux, ep.st.

44. Sur les plaintes des moines de Marmoutier et les lettres de la comtesse Adélaïde, que le désordre était parmi les reli- 70. gieuses de Faremoutier, Yves en écrivit à Gauthier, évêque de Meaux, pour le prier, ou d'obliger ces filles à rentrer dans leur devoir dans le monastère même, ou de le donner à des moines avec tous les biens en dépendants, à la charge de fournir aux religieuses de quoi subsister dans un lieu où il leur ferait pratiquer une exacte discipline. 45. Yves reçut une lettre de Guillaume, roi d'Angleterre, qui lui demandait pour- roi d'anglequoi il avait absous Nivard de Septueil, du serment qu'il lui avait prêté. « Je l'ai absous, lui répondit cet évêque, parce que le serment qu'il vous avait prêté était contraire à celui qu'il avait fait à ses naturels et légitimes seigneurs de qui il tenait ses biens, et qu'il ne pouvait observer ce qu'il vous avait promis sans violer ses premières promesses.» Il cite sur cela les autorités des conciles, des papes et des pères.

Lettre à Guillaume

terre,

71.

epist

Lettre à l'abbé de Stepist. 72. Voy. tre-vingtième

Wandrile,

sur le mème

sujet.

46. Consulté par l'abbé de Saint-Wandrille s'il fallait consacrer de nouveau une pierre d'autel, quand on la transportait d'un autela lettre quadétruit à un autre; il décide pour l'aflirmative, disant que si l'on doit, suivant les canons, consacrer l'église entière quand l'autel en a été renversé, à plus forte raison doit-on consacrer cet actel, quand on le rétablit. Les moines de Saint-Wandrille avaient objecté à leur abbé que les autels portatifs ne perdaient pas leur consécration quand on es changeait de place. Yves répond que les pierres de ces autels portatifs y sont atta

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